« Récemment opérée du genou, je me rééduque tranquillement chez mes parents dans la Loire. Le téléphone sonne, c’est pour moi. On m’apprend que 2 joueuses du club tchèque du Sparta de Prague souhaitent faire défection lors du match de leur équipe à Clermont-Ferrand et demander l’asile politique en France. Je saute dans ma voiture avec ma patte folle et fonce pied au plancher pour essayer d’arriver à temps au traditionnel banquet d’après match. J’ai 200 kilomètres à parcourir et pour ceux qui la connaissent, la 2CV n’est pas un bolide, le trajet me parait très très long mais j’arrive à temps ! Tout a été organisé. Edith Tavert, alors présidente du club, a prévenu les services de sécurité et des amies ont discrètement récupéré dans l’après-midi les affaires des joueuses à l’hôtel et prévu un hébergement d’urgence. La stratégie est bien définie : quand je quitte la table, Blanka et Ivana doivent me suivre, naturelles et décontractées. Nous sortons tranquillement, avec quand même la peur au ventre. Les dirigeants tchèques, qui connaissent mes liens avec les 2 joueuses, ne s’en formalisent pas. Ils doivent penser que je les emmène boire un pot quelque par. On apprend que le lendemain matin, stupéfaits de trouver la chambre vide, ils préviennent l’Ambassade de Tchécoslovaquie que 2 joueuses de l’effectif ont disparu (droguées, enlevées ?). On leur répond qu’elles ont demandé à être sous protection de l’État français. Que faire d’autre que repartir sans elles ! Cachées encore quelques jours par mesure de sécurité, elles demandent officiellement l’asile politique à la France. »
C’est ainsi que l’ancienne internationale Cathy Malfois raconte sur BasketRétro une histoire un peu folle: comment Blanka Tomsova et son équipière Ivana Tresnak ont décidé en 1982 de plaquer leur équipe, le Sparta Prague, et leur pays, la Tchécoslovaquie, alors sous le joug des communistes, pour demander l’asile politique en France. Digne d’un roman d’espionnage de John Le Carré!
Une réfugiée politique, Blanka Tomsova ? Dans un article que nous lui avions consacré dans Maxi-Basket, en mars 1984, intitulé » Prague-Clermont, un aller simple », elle nous avait dit:
« Je pensais que nous allions parler basket, pas politique. Je veux tout oublier… J’ai quitté mon pays pour mon problème… Je ne veux pas parler de ça… » Et à propos des VRAIS réfugiés politiques: « Ces gens-là parlent très mal de notre pays. Ils disent que là-bas ça ne marche pas du tout. Ce n’est pas vrai. Les Tchèques ont deux mains, deux pieds comme vous. Ils peuvent aussi être heureux. La Tchéco, c’est un beau pays, tu sais… Je voulais vivre en France, pas ailleurs… »
Le 31 décembre 1992, la Tchécoslovaquie a été dissoute et sur ses cendres sont nées la République Tchèque et la Slovaquie. Trente-sept ans plus tard, Blanka Tomsova, qui a fondé une famille vit toujours en France comme le raconte Cathy Malfois.
« Après deux saisons au SLUC, pour des problèmes récurrents au genou, Blanka met définitivement un terme à sa carrière de basketteuse, obtient avec succès le diplôme d’entraîneure (BEES 1er degré) et s’occupe des garçons en Excellence Régionale à Vandoeuvre, dans le club de Jean-Pierre Mougeolle. A ce jour, elle occupe toujours son poste d’assistante sociale mais a pris du recul avec le basket. La vie suit son cours, les chemins se séparent, les années passent, les souvenirs affleurent et notre amitié est restée intacte. »