Avec douze ans de recul, que vous évoque cette médaille d’argent aux JO de Londres ?
“C’est une grande fierté, une immense joie. Je pense que ça demeurera comme ça jusqu’à la fin. Dès que j’y pense, ce sont systématiquement des émotions qui m’envahissent. C’était un parcours assez incroyable, que ce soit sur le terrain ou humainement où on a vécu plus qu’une quinzaine car c’était près de deux mois de préparation en comptant le TQO. C’est l’ensemble du parcours qui rend cette médaille d’argent totalement dingue.
Tout commence lors d’un TQO à Ankara - victoires en poule contre le Canada et le Mali puis la Corée du Sud - pour acter la qualif. Avez-vous d’abord eu peur de ne pas aller à Londres alors que vous étiez médaillée de bronze européen un an plus tôt ?
C’était assez particulier. Ce n’est pas tant la peur de ne pas y aller qui nous animait mais cette volonté de nous qualifier. Je me souviens d’avoir vraiment étudié le processus de qualification, contre qui on pouvait jouer en quarts de ce TQO… C’était plus ça qu’une peur réelle. Je me sentais prête à aller sur le terrain et faire en sorte de ne rien donner aux adversaires.
Y a-t-il eu un moment fondateur bien en amont du premier match à Londres ?
Je ne dirais pas qu’il a eu lieu au TQO mais après. Une fois qualifiées, on était vraiment comme des gamines, c’était assez fort. Mais le moment où il y a un truc qui se passe, en tout cas pour moi, c’est quand on se retrouve en stage à Deauville (NDLR : du 6 au 12 juillet, à moins de trois semaines du match d’ouverture). En plus du groupe des 12, quelques filles sont venues s’entraîner avec nous, notamment Anaël Lardy. Pierre Vincent a été clair en nous disant que 12 joueuses partiraient à Londres mais qu’on avait besoin d’autres filles pour nous accompagner et continuer à travailler. Le jour où elles nous quittent, je paraphrase un peu mais elles nous disent : “On est venues là en sachant qu’on ne viendrait pas avec vous, c’est une douleur de faire ça et en même temps ça nous tient à cœur. Donc, ne déconnez pas : faites quelque chose aux Jeux !” Pour moi, c’est ce moment-là où on passe dans une autre dimension. On se dit “ok, on est là pour représenter le pays, donner le maximum, et on a un brin d’âme supplémentaire et ce truc-là, il ne faut pas qu’on le gâche”.
“C’est le match de l’Australie qui change la donne. En même temps, j’ai l’impression qu’il y a plein de petits moments qui changent la trajectoire”
Il y a ensuite ce premier tour parfait (5-0) où vous battez le Brésil en ouverture, l’Australie de Lauren Jackson après prolongation, le Canada de Shona Thorburn, la Grande-Bretagne après prolongation puis la Russie pour valider la première place. Cela vous permet d’éviter la partie de tableau avec les Etats-Unis. Quand prenez-vous conscience que vous pouvez faire quelque chose de grand ?