À 30 ans, le Limougeaud Nicolas Lang (1,98m) réalise le meilleur début de saison de sa carrière sur le plan comptable. Meilleur scoreur du championnat après trois rencontres de Jeep Élite, l’arrière-ailier tourne désormais à 16,5 points en 28,7 minutes par match à 57% à trois-points. De très belles performances, au point d’avoir été appelé pour la première fois de sa carrière en équipe de France pour les deux rencontres de qualification à l’Euro 2022. Basketteur expérimenté, le shooteur alsacien est devenu au fil des années un homme plus structuré, plus équilibré.
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« David Blatt disait : “Wins never lead, always follow”. C’est pareil pour le succès de Nico en ce début de saison. C’est une conséquence du travail qui est fait quotidiennement de sa part et depuis des années ». Coach du CSP Limoges depuis décembre 2019, Mehdy Mary ne tarit pas d’éloges sur son capitaine, Nicolas Lang. Lui, qui le connait de longue date après l’avoir côtoyé sur les bancs de l’ASVEL en 2016, lorsqu’il était encore coach des espoirs villeurbannais, sait l’éthique de travail portée par son joueur. « Il est extrêmement rigoureux, perfectionniste. Il a bien compris qu’il y avait des déterminants dans la performance sportive : l’entraînement collectif, individuel, la nutrition, la préparation mentale… Tout ce qui touche à l’hygiène de vie. Et tout ça, il l’a compris tôt. »
À 30 ans, Nicolas Lang a effectivement pris de l’épaisseur au fil du temps. Formé à Chalon, le natif de Mulhouse a toujours connu le haut, voire le très haut niveau du championnat de France, jusqu’à obtenir deux titres en Pro A en 2012 avec son club formateur et en 2016 à l’ASVEL. Passé par Paris-Levallois, Villeurbanne, Strasbourg, puis enfin Limoges depuis 2019, il a engrangé un peu d’expérience partout où il est passé. « C’est un leader par l’exemple, un métronome. Il est précis à l’entrainement, c’est tout le temps pareil. On sent quelqu’un qui veut réussir. Il se donne les moyens et ça se voit », poursuit son coach. « Son éthique de travail est vraiment un plus pour notre équipe », ajoute même son coéquipier Jerry Boutsiele. De là à se considérer lui-même leader ? Sûrement pas. « Le fait d’avoir joué avec des gars qui pensaient être des leaders, alors que je ne trouvais qu’ils n’en étaient pas, ça m’a amené à ne jamais m’auto-proclamer leader, assure Nicolas Lang, entre deux références sur ses mentors et amis Stéphane Risacher et David Andersen. « En revanche, j’essaie de montrer l’exemple, d’être très professionnel, de continuer à progresser, même à 30 ans. Si ça peut aider, si des gens peuvent se reconnaître dans mon travail, tant mieux. »
« Au-delà de la gestuelle, le shoot, c’est du mental »
Structuré, le Limougeaud travaille notamment avec un nutritionniste, un psychologue du sport afin de rester concentré pendant les matchs… Il a ses routines et elles ne changent jamais. « Je suis très équilibré dans ma vie privée aussi, je passe beaucoup de temps avec mes deux enfants. J’ai repris les cours à distance à l’école de management de Grenoble. Ça me permet de garder un certain équilibre, de ne pas être focus sur le basket 24/24. Mais quand je vais à la salle, je suis totalement concentré : j’ai mes routines de gainage, de musculation, spécifiques à mon basket. »
Pour cela, Nicolas Lang peut compter sur son atout numéro un : son shoot. Il tourne à un exceptionnel 57% à trois points (20/35) depuis le début de la saison, avec un magnifique 7/7 à Gravelines lors de la deuxième journée de Jeep Élite. « Depuis tout petit, mon père adore le shoot. Il me faisait répéter depuis la raquette pour que j’ai un geste correct. Je suis un peu son Frankenstein », s’amuse l’intéressé. « J’arrive à un âge où j’ai tellement shooté que la gestuelle, je n’y touche plus, c’est automatique. Maintenant, j’essaie de progresser sur les shoots après une mauvaise passe, quand la balle arrive un peu haut… Au-delà de la gestuelle, le shoot, c’est du mental. Ça passe par avoir confiance en soi, en son coach, ses coéquipiers. » Et justement, cette année, c’est bien de confiance dont Nicolas Lang se nourrit. Avec près de 29 minutes de moyenne, l’utilisation de Mehdy Mary lui va à merveille : « Nicolas est à un moment de sa carrière où il a tellement de choses à apporter. Il connait ses points forts. Insister dessus, c’est une grande qualité. Je suis en connexion très régulière avec lui, pour avoir son avis, il sait qu’il a toute ma confiance », expose le coach limougeaud.
D’ailleurs, le CSP Limoges a conservé huit joueurs à l’intersaison, une première depuis une certaine intersaison 1993. Pas si anecdotique. Le coach a souhaité « conserver les joueurs dont le CSP était satisfait » et « compléter l’effectif par des créateurs, comme Phil Scrubb, pour valoriser les shooteurs, les finisseurs exceptionnels : Nico, Marcus Ginyard ou Hugo Invernizzi ». Alors, tout devient pour simple pour l’Alsacien. « J’essaie juste de rester concentré, d’aider l’équipe. Au final, je n’ai pas changé. Je dépends aussi de la tactique défensive adverse. À Limoges, on a de très bons passeurs et j’ai été assez ouvert jusqu’à maintenant. » Mieux cerné par exemple par la défense de Monaco, Nicolas Lang n’a pas pris le moindre shoot derrière l’arc le week-end dernier. Qu’importe, l’homme se sent bien dans ses baskets, dans son rôle de capitaine.
« Avant toute chose, je suis marié et père de deux enfants »
Arrivé en 2019, il a prolongé l’aventure en Haute-Vienne cet été jusqu’en 2023. Un projet de moyen terme, donc, pour celui qui n’était jusqu’à présent jamais resté plus de trois saisons consécutives dans la même ville. La raison ? Elle est professionnelle mais aussi personnelle. « Avant toute chose, je suis marié et père de deux enfants, Leo et Tom. Ma femme Clarisse fait un super boulot au quotidien pour que je puisse me concentrer sur le basket, explique-t-il. C’est beaucoup de fatigue, mais la famille permet de garder une certaine perspective, de garder les pieds sur terre. » Il a d’ailleurs profité de son premier confinement pour se recentrer sur sa famille. « Je pense avoir bien géré mon premier confinement, mais ce n’est pas du tout ce que les gens pensent. Je n’ai pas beaucoup travaillé physiquement ». Et plutôt que de prendre quelques semaines à l’intersaison, Nicolas Lang a coupé, deux fois, en se recentrant notamment sur la naissance de son deuxième enfant, avant de reprendre progressivement en juillet. « J’ai essayé d’être intelligent sur la récupération. Il y a eu des étés où j’en faisais un peu trop, j’arrivais en début de saison fatigué. Cette fois, on peut dire que je me suis ressourcé. »
Même s’il a quitté très tôt le cocon familial pour intégrer le centre de formation de Chalon à l’âge de 15 ans, Nicolas Lang est très famille. Ce fils unique entretient toujours une relation forte avec ses parents. « Mes premiers souvenirs de basket, c’est à la salle, à Lutterbach, seul avec mon père. Il a toujours été mon modèle. C’est peut-être la seule personne au monde qui pense comme moi… » Qu’entendait Nicolas Lang par cela ? Son père, Thierry, répond : « Je vois plutôt le verre à moitié vide qu’à moitié plein. J’ai l’impression qu’on est un peu pareil : on ne s’émerveille pas pour une fleur. Si je dois lui écrire, c’est plutôt quand il fait un mauvais match que quand il en fait un bon ». L’ancien basketteur ajoute : « Quand il était petit, son idole, c’était Michael Jordan. Je lui disais « tu te rends compte, il ne peut même pas aller dans la rue sans qu’il y ait 100 personnes autour ». Si tu dois prendre une idole, prends quelqu’un qui est comme toi, quelqu’un qui ne va pas vite et qui ne saute pas haut, par exemple Larry Bird. Ce n’est pas son cas à Limoges mais il me dit « je commence à comprendre un peu mieux ce que tu disais parfois ». »
Une physionomie qui lui permet sans doute aujourd’hui de continuer à progresser, même 30 ans passés. Mais pas seulement. Sa mère aussi a joué un rôle important dans son approche du basket, dans son éthique de travail. C’est notamment elle qui lui a fait découvrir et aimer la lecture. Lecture qui aujourd’hui lui apporte beaucoup dans sa recherche de performance. Ainsi, tous deux l’ont aidé à leur manière à se construire. Tout comme ses amis. Il a les mêmes depuis 20 ans. Loyal, donc, mais aussi discret et sarcastique. « Il faut savoir que c’est l’un des plus vanneurs de l’équipe. La moindre faiblesse, il l’exploite », plaisante son coéquipier en club mais aussi néo-international Jerry Boutsiele.
L’équipe de France, pas une fin en soi
Les deux coéquipiers du CSP effectuent d’ailleurs ensemble leurs débuts sous le maillot de l’équipe de France A lors de la fenêtre de qualification au championnat d’Europe 2022 à Pau. Pour Nicolas Lang, c’est plus précisément un retour en Bleu, dix ans après sa dernière sélection en équipe de France jeune, lors du titre de champion d’Europe U20. « Ce retour ce n’est pas quelque chose que j’attendais à chaque annonce, concède-t-il, longtemps barré par la forte concurrence à son poste. J’ai été très bien accueilli par tout le groupe que ce soit par les joueurs ou le staff. » Posé, le discret et travailleur Nicolas Lang est bien fixé sur ses objectifs. « Ce serait se tromper que de déjà penser au long terme. Je me focalise uniquement sur mon prochain match : j’ai toujours eu cet état d’esprit là. Je veux vraiment gagner les deux matchs, à commencer par celui de vendredi (NDLR, contre la Grande-Bretagne). Si je dois revenir en équipe de France, c’est tant mieux. À 30 ans, j’ai beaucoup plus de recul qu’à l’époque. Je viens à Pau pour profiter et progresser. »
C’est donc sans pression que Nicolas Lang prépare ces deux rendez-vous, comme toujours. À 30 ans, le Limougeaud est sûr de ses forces : « J’ai connu de très belles saisons, notamment à l’ASVEL, mais c’est vrai que je suis très épanoui cette année. J’ai des responsabilités, je suis capitaine, j’ai un staff et des coéquipiers qui croient en moi… Je joue probablement le meilleur basket de ma vie ». Son coach, Mehdy Mary, confirme la tendance. « Pour Nico, l’équipe de France, c’est une juste finalité, ça ne me surprend pas du tout. J’ai toujours pensé qu’il était un joueur de ce niveau-là. À 30 ans, c’est un mélange d’énergie forte, d’ambition associée à une meilleure connaissance de soi. Il est à la croisée de deux chemins. »
Crédits photos : FFBB et CSP Limoges
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« David Blatt disait : “Wins never lead, always follow”. C’est pareil pour le succès de Nico en ce début de saison. C’est une conséquence du travail qui est fait quotidiennement de sa part et depuis des années ». Coach du CSP Limoges depuis décembre 2019, Mehdy Mary ne tarit pas d’éloges sur son capitaine, Nicolas Lang. Lui, qui le connait de longue date après l’avoir côtoyé sur les bancs de l’ASVEL en 2016, lorsqu’il était encore coach des espoirs villeurbannais, sait l’éthique de travail portée par son joueur. « Il est extrêmement rigoureux, perfectionniste. Il a bien compris qu’il y avait des déterminants dans la performance sportive : l’entraînement collectif, individuel, la nutrition, la préparation mentale… Tout ce qui touche à l’hygiène de vie. Et tout ça, il l’a compris tôt. »
À 30 ans, Nicolas Lang a effectivement pris de l’épaisseur au fil du temps. Formé à Chalon, le natif de Mulhouse a toujours connu le haut, voire le très haut niveau du championnat de France, jusqu’à obtenir deux titres en Pro A en 2012 avec son club formateur et en 2016 à l’ASVEL. Passé par Paris-Levallois, Villeurbanne, Strasbourg, puis enfin Limoges depuis 2019, il a engrangé un peu d’expérience partout où il est passé. « C’est un leader par l’exemple, un métronome. Il est précis à l’entrainement, c’est tout le temps pareil. On sent quelqu’un qui veut réussir. Il se donne les moyens et ça se voit », poursuit son coach. « Son éthique de travail est vraiment un plus pour notre équipe », ajoute même son coéquipier Jerry Boutsiele. De là à se considérer lui-même leader ? Sûrement pas. « Le fait d’avoir joué avec des gars qui pensaient être des leaders, alors que je ne trouvais qu’ils n’en étaient pas, ça m’a amené à ne jamais m’auto-proclamer leader, assure Nicolas Lang, entre deux références sur ses mentors et amis Stéphane Risacher et David Andersen. En revanche, j’essaie de montrer l’exemple, d’être très professionnel, de continuer à progresser, même à 30 ans. Si ça peut aider, si des gens peuvent se reconnaître dans mon travail, tant mieux. »
« Au-delà de la gestuelle, le shoot, c’est du mental »
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