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Conflit FIBA-Euroleague : Et si on demandait leur avis aux joueurs ?

La Fédération Internationale monte au créneau afin de défendre ses « fenêtres » qui seront ouvertes à partir de novembre et qui doivent mener à la Coupe du Monde 2019. Elle rappelle que jusqu’à présent les équipes nationales de basket-ball sont privées d’exposition au-delà du mois de septembre, qu’i

La Fédération Internationale monte au créneau afin de défendre ses « fenêtres » qui seront ouvertes à partir de novembre et qui doivent mener à la Coupe du Monde 2019.

Elle rappelle que jusqu’à présent les équipes nationales de basket-ball sont privées d’exposition au-delà du mois de septembre, qu’il s’agit d’une exception dans les sports co. Football, rugby, hand, volley font vivre des événements de l’automne à l’hiver. D’ailleurs, des compétitions de ce type ont déjà existé dans le basket et elles étaient qualificatives pour les championnats d’Europe et du Monde.
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La nouvelle formule va permettre à chaque équipe nationale de se produire devant ses propres fans. 150 pays sont concernés pour 1 250 matches. Cela devrait avoir un certain retentissement médiatique. Les sponsors devraient aussi être satisfaits.

Tout ceci est vrai.

Kirilenko, Gladyr, Dettmann à l’unisson

La FIBA a demandé à quelques personnalités de s’exprimer pour défendre le concept. Ainsi le président de la fédération russe et ancienne superstar du basket européen, Andrei Kirilenko, est formel:

« Le seul moment où nous voyons l’équipe nationale est une fois par an, en août, et bien sûr, pour les fans, c’est un désastre. Avec le nouveau système de compétition, tous les trois mois, vous allez exposer votre équipe nationale et vos joueurs devant les fans de différentes villes. C’est donc une très bonne idée. L’équipe nationale est comme le joyau de la couronne, c’est la cerise sur le gâteau. »

L’Ukrainien de l’AS Monaco, Sergii Gladyr, va dans le même sens:

« Ce calendrier sera une super opportunité pour chacun de jouer pour son équipe nationale durant l’année à un moment où on est en forme. Aussi les matches durant l’année seront une super opportunité pour les fans d’y aller et de les voir. »

L’éphémère coach de Strasbourg, toujours à la tête de la sélection de Finlande, Henrik Dettmann, souligne que l’équipe nationale :

« C’est la locomotive du sport… Sans elle nous ne serons jamais en mesure d’aller au-delà du cercle des inconditionnels du basket. »

Quant au general manager de la ligue belge, Wim Van de Keere, il assène:

« Ce nouveau système de compétition n’est pas seulement favorable aux joueurs, mais aussi, stratégiquement, économiquement et commercialement, c’est une excellente décision. »

Bien.

Jordi Bertomeu fait toujours obstruction

Seulement, ce beau concept est enrayé par un -énorme- grain de sable: la National Basketball Association, pour qui il n’est évidemment pas question d’interrompre son championnat pour les beaux yeux des équipes nationales. En basket, voyez-vous, la NBA, qui s’est construite et développée totalement en dehors de l’univers international, est une superpuissance qui n’obéit qu’à ses propres intérêts.

La conséquence: une équipe nationale qui a des joueurs dans la ligue américaine sera doublement pénalisée. 1) Sportivement. Ca n’échappe à personne.  2) Populairement et médiatiquement puisqu’elle ne présentera à ses fans que des seconds couteaux. Ainsi une équipe de France au prochain EuroBasket sans Nicols Batum et Rudy Gobert est déjà défigurée, mais sans Evan Fournier, Boris Diaw, Joffrey Lauvergne, et on en passe… Ce sera un ersatz.

Au mieux verra t-on les NBAers au cours des « fenêtres » qui correspondront à leurs vacances, soit juin/juillet et septembre. Au mieux.

Mais voilà donc que l’Euroleague Commercial Assets, qui gère l’Euroleague et l’Eurocup, et dont la philosophie est très comparable à celle de la NBA, n’est pas du tout disposée à libérer ses joueurs pendant sa propre compétition partant du principe que ce sont des rentrées d’argent en moins. Car tout est question d’argent, le reste… Or, il y a désormais 30 matches de saison régulière plus les playoffs à caser dans un calendrier surchargé. Certains clubs d’Euroleague jouent d’ailleurs cette saison davantage de matches européens que nationaux.

La FIBA a informé qu’elle a reçu en novembre dernier un courrier de ECA qui paraissait disposer à libérer ses joueurs durant les périodes des « fenêtres » mais les dernières déclarations de son directeur Jordi Bertomeu ne vont pas du tout dans le sens d’un apaisement.

« Ces décisions doivent être prises par les protagonistes du basket-ball »

D’autres interlocuteurs pourraient avoir -enfin- leur mot à dire, ce sont les joueurs à travers leurs associations.

Ainsi le Madrilène Alfonso Reyes, président en Espagne de l’ABP, déclare :

« Retour au temps (avant 2003) où nous jouions les fenêtres FIBA et où il n’y avait pas de problèmes. La Ligue européenne était plus rationnelle que celle d’aujourd’hui et il y avait moins de matches. Le problème est dû aujourd’hui à ce grand nombre de matches en Euroleague. Bertomeu présume qu’il a le pouvoir de décider qui ira ou qui n’ira pas jouer avec l’équipe nationale. Qui est-il pour dire ça? »

C’est par le biais d’un communiqué que l’association des joueurs grecs informe qu’elle partage la même sensibilité:

« Nous exprimons notre désapprobation envers les récentes déclarations de Jordi Bertomeu en relation avec les Qualifications pour la Coupe du Monde de Basket-ball FIBA et les obligations des joueurs vis à vis de l’Euroleague. Nous comprenons son souhait car il veut protéger son « produit », mais l’argent n’est pas tout… Les équipes nationales sont au-dessus de tout et nous sommes catégoriquement en désaccord avec M. Bertomeu. Nous sommes solidaires des basketteurs espagnols qui n’ont pas hésité à s’opposer à leur compatriote (Bertomeu). Ces décisions doivent être prises par les protagonistes du basket-ball. Cela signifie les joueurs comme la fédération de chaque pays. »

Il serait temps en effet de revenir aux fondamentaux et de demander à tous les joueurs concernés leur point de vue sur ces lourds dossiers qui agitent depuis plusieurs mois le basket européen de haut niveau; le deuxième aspect du conflit, qui concerne la FIBA Champions League et l’Eurocup étant tout aussi délétère. En NBA, rien ne peut se décider sans le puissant syndicat des joueurs. Or, visiblement, l’autocrate Jordi Bertomeu ne fait pas l’unanimité.

Autrement dit: peut-on interdire à des joueurs de jouer avec leurs équipes nationales?
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Photo: Felipe Reyes (Real Madrid)

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