« Edwinsider » : la chronique d’Edwin Jackson en direct de Guangdong, Chine

Attendu en Euroleague ou en NBA après une saison de meilleur marqueur et de meilleur joueur à l’évaluation en Espagne passant tout près du titre de MVP de l’année, Edwin Jackson a surpris tout le monde cet été en s’engageant avec les Southern Tigers de Guangdong, en Chine. Pour le premier épisode de sa chronique, l’ancien Villeurbannais revient essentiellement sur les fameuses fenêtres internationales et sa découverte de la Chine.

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« Si je me blesse, ils se retrouvent dans la merde parce que tu sais comment sont importants les étrangers dans le championnat chinois, tu ne peux pas te permettre de te passer des étrangers là-bas. »

Les fenêtres internationales :

Tu ne peux pas couper au milieu de l’année comme ça et convoquer les gars. Et en plus les gens disent « mais si, ils peuvent venir ! ». Bien sûr qu’ils peuvent venir mais regarde, je te donne mon exemple avec mon club chinois. Ils m’ont dit « officiellement, on ne peut pas t’empêcher de jouer. Mais si en fin de saison je dois faire un choix entre toi et un autre gars qui ne participe pas aux fenêtres internationales et qui n’est pas blessé… » Parce que si tu te blesses sous le maillot du club c’est une chose, mais si tu te blesses en faisant autre chose… Ici, ils ne peuvent pas rembourser les étrangers au-delà d’une certaine date et ce n’est pas un truc qui se fait. Quand ils prennent des étrangers, c’est pour toute l’année, ils ne les coupent pas. Ils honorent toujours les contrats, même si ça ne va pas ils ne coupent pas les mecs. Et si je me blesse, ils se retrouvent dans la merde parce que tu sais comment sont importants les étrangers dans le championnat chinois, tu ne peux pas te permettre de te passer des étrangers là-bas.

Il faut comprendre que les ligues ne sont pas toutes régies par la FIBA. L’Euroleague, par exemple, elle se dirige toute seule. La FIFA, elle met tout le monde d’accord parce que c’est comme, ça c’est tout. Il n’y a pas cinq organismes, il y en a un c’est tout, c’est la FIFA. La, la FIBA et l’Euroleague ce sont deux entités différentes. Dans la logique des gens ça devrait être simple mais non, les ligues sont privées. L’Euroleague c’est privé. La FIFA, c’est elle qui décide de tout dans le football. C’est un grand organisme qui dit que ça sera pour tout le monde pareil et c’est tout. Là en Euroleague, les mecs veulent faire de l’argent donc ils veulent faire comme ça les arrange et ils ne veulent pas se préoccuper de ce que veut la FIBA.

Tu ne peux pas prendre 20 mecs pendant la prépa. On n’a déjà plus que 26 jours de prépa puisque les mecs en NBA n’ont pas le droit de faire plus. On n’a pas le temps de convoquer des mecs en plus, qui ne participeront certainement pas à la compétition mais qui seront là pour se mettre dans le moule de l’Equipe de France.

Ca ne me dérangerait pas d’aller en Equipe de France, qu’on me donne la balle dans l’aile et qu’on me dise de jouer mon un contre un. Je serais parfois bien plus content qu’en ayant 50 000 systèmes. Par exemple, je ne sais pas si ça peut le faire ou pas avec Vincent Collet, l’avenir nous le dira. C’est vrai que ça amène de la réflexion parce que c’est un technicien, ce n’est pas quelqu’un qui met en place du basket olé olé, ce n’est pas un coach qui va dire de la lâcher les chevaux pour prendre que des shoots en première intention. Il a un fonds de jeu qui est très bien mais qu’il faut mettre en place et c’est sur que ça va mettre du temps pour les gars qui n’ont jamais joué avec lui. Ca se fait pas du jour au lendemain, ils vont devoir s’adapter. On voit même en club que ses équipes montent en puissance au fil de la saison et en playoffs ils sont super bien réglés. Ce sont des bonnes équipes mais pas toujours régulières. Après, en playoffs, surtout quand il a des nouveaux joueurs, ils se cherchent. On leur demande peut-être quelque chose de plus pointu que ce qu’ils ont vu jusque-là. Lui aussi est intelligent et il changera peut-être certaines choses. Comme il aura moins de temps, il s’appuiera peut-être sur autre chose pour rendre le jeu plus simple pour ceux qui viennent.

La reprise de la Pro A :

Je n’ai pas vu de match donc je ne peux pas te dire, je ne suis pas quelqu’un qui va se prononcer sur quelque chose qu’il n’a pas vu. Après, je peux te dire que les équipes qui étaient plutôt attendues sont au rendez-vous. L’ASVEL, qui a une grosse équipe, commence par deux victoires avec une à domicile et l’autre même si c’est à Boulazac, c’est une salle dans laquelle c’est dur de jouer. Monaco fait un bon départ aussi. Les grosses équipes sont là, à part Chalon qui est un peu en difficulté, mais ça arrive. Il n’y a eu que deux journées de championnat. Même si tu es à 0 victoire et 2 défaites, ça veut tout et rien dire.

« Ce qu’il y a de drôle c’est qu’ici je ne suis pas Français, je joue avec mon passeport américain »

Ses débuts en Chine :

Ils sont vraiment au diapason, ils sont venus me chercher à Hong Kong. Ce qu’il y a de drôle c’est qu’ici je ne suis pas Français, je joue avec mon passeport américain. Le fait qu’on soit allé en Turquie avec l’Equipe de France c’était plus simple de prendre mon passeport américain pour obtenir le visa chinois parce que la Chine et la Turquie ne sont pas en très bons termes. Ca me fait sourire. Pour donner le visa ici ils sont plus tatillons, ça n’aurait peut-être pas posé de problèmes mais pour éviter tout problème ils m’ont dit de jouer avec mon passeport américain donc je suis qualifié en tant que Ricain ici, ça me fait rire.

Je joue avec un étranger qui est super-technique, il s’appelle Andrew Nicholson. Il a fait toute sa carrière en NBA, il est super-technique que ce soit avec la main droite ou la main gauche, il a des bons hooks. Il me rappelle Ali Traoré dans le jeu, quelqu’un qui a de très bonnes mains, qui joue très bien sans ballon, qui roll, qui finit bien près du cercle. C’est un vrai joueur. Il y a aussi Yi Jianlian. C’est un vrai joueur ! Personne n’en parle parce qu’en NBA il n’a jamais eu de gros rôles et après il est rentré en Chine où il est super bien payé, où c’est la star. S’il jouait en Europe, il ferait de sacrés dégâts parce qu’il a un vrai corps, il est athlétique ! C’est un vrai joueur par rapport aux autres Chinois.

Il y a d’autres mecs qui ont un peu de talent dans mon équipe, surtout les jeunes parce qu’ils regardent beaucoup de NBA etc. Balle en main ils sont talentueux, ce qui leur manque beaucoup c’est la connaissance du jeu, le QI basket et je pense qu’ils vont beaucoup progresser là-dessus parce qu’ils ont un vrai bon coach européen qui a été médaillé avec la sélection lituanienne en la personne de Jonas Kazlauskas. C’est pas pour faire de la propagande ou je sais pas quoi. Les gens qui disaient que je disais que j’étais agréablement surpris pour justifier mon choix, ça n’a rien à voir. Il y a vraiment des joueurs qui sont loin d’être mauvais. Les jeunes qui sont là au club ont un vrai potentiel. Si on était en Europe, les gens travailleraient vraiment d’arrache-pied pour en faire quelque chose. Il y a des mecs qui sont beaucoup plus athlétiques que je pensais. Ils bossent sauf que c’est un peu n’importe comment. Cette année c’est mieux parce qu’on a un super staff, on a que des gens qui connaissent le basket. Même notre préparateur physique, il a travaillé avec le Lokomotiv Kuban et le Zalgiris Kaunas. Ils ont pas pris un mec qui vient de n’importe où. Le mec sait ce qu’il fait, le coach sait ce qu’il fait. Ce sont des gens qui connaissent le basket, des vrais pros qui sont passés par des vraies structures. C’est ça qui leur manque ici, des coachs qui leur apprennent à jouer au basket. Là c’est que du basket de playground, ce n’est pas qu’ils ne sont pas talentueux, mais c’est que du shoot en première intention, ils n’ont pas forcément de principes offensifs ni défensifs, ils sont talentueux mais les fondamentaux il ne les ont pas forcément. Il y en a qui peuvent devenir des vrais joueurs.

Dans notre staff il y a énormément de personnes. Il y a le coach, deux assistants -un gars qu’il a amené avec lui et un Chinois-, un mec qui s’occupe du développement individuel des joueurs qui travaillent avec des joueurs NBA l’été et notamment Jimmy Butler, il y a le préparateur physique, le docteur, trois kinés à plein temps, trois traducteurs à plein temps qui sont là pour traduire aux coachs mais qui sont là tout le temps ! Même si on a besoin d’aller acheter quoi que ce soit, même un iPhone, ils sont là et ils nous aident. Juste à côté de l’hôtel où je suis, il y a un centre de massage avec tout ! Ultrasons, ondes de choc, plein de normatech, des gameready, il y a de l’acuponcture, tout ce que tu veux ! Il y a des gens qui sont là-bas à plein temps, c’est comme une clinique privée, tu viens tu parles avec le docteur, il va te dire de quoi tu as besoin et après tu peux passer toute la journée, quand tu veux et ils te font les soins dont tu as besoin.

« Ils sont très contents de moi sur ce qu’ils ont vu depuis le début »

Ce qui est bien c’est que le docteur parle anglais, c’est un mec super instruit. J’aimerais m’intéresser à la médecine chinoise mais pas faire n’importe quoi. L’acuponcture, par exemple, les points de pression, les trucs pour se relaxer et tout ça, ça m’intéresse. Mais après prendre des produits de médecine ? Non, merci. Quand tu vois que Sonny Weems est suspendu jusqu’en 2021, ça va aller.

Je n’ai pas encore croisé de Français mais pour l’instant on est en prépa, on ne fait pas grand-chose, on a deux entraînements par jour. Je ne suis sorti qu’une seule fois quand je suis allé visiter les deux villes. Sinon je suis resté à l’hôtel comme on a deux entraînements et que j’ai cours le matin avant l’entraînement. J’ai plus assez d’énergie pour quoi que ce soit d’autre. Parce que la saison, même si les gens vont dire que le niveau est pourri ou quoi, on joue le 22, 24, 26 et 30 octobre pour commencer. Ils avaient déjà prévu des matchs proches mais ils ont dû encore plus rapprocher à cause des fenêtres internationales. Ils sont obligés de couper le championnat. Moi ils m’ont dit qu’ils ne m’empêcheraient pas d’y aller mais qu’ils n’ont pas envie que j’y aille. En plus, ils sont très contents de moi sur ce qu’ils ont vu depuis le début, le coach m’a choisi depuis longtemps et il m’a dit qu’il m’a toujours apprécié en tant que joueur, qu’il est content de m’avoir. Il est vraiment content de travailler avec moi et il s’est inscrit dans le projet pour plusieurs années. Personnellement, je sais pas de quoi demain sera fait mais si je reste en Chine plusieurs années avec ce coach et dans cette situation et qu’ils me disent qu’ils ne sont pas trop pour que j’aille en équipe de France pendant les fenêtres ou qu’ils me disent qu’ils veulent faire de moi l’image du club pour les trois prochaines saisons, je vais risquer de m’embrouiller avec mon employeur. On verra bien en novembre quelle sera la situation mais pour l’instant… voilà quoi.

« Le choc culturel qu’on m’avait annoncé est beaucoup moins important que ce dont à quoi je m’attendais, mais vraiment »

La vie en Chine :

Franchement, ici ça « s’européanise ». C’est la mondialisation qui veut ça. Moi, je suis dans le Sud, ils sont peut-être moins conservateurs ici. Il y a plein de gens qui me disait « tu verras il y a plein de trucs qu’on a ici qu’ils n’ont pas ! ». Quand il y a personne qui me parle, parfois, j’oublie que je suis en Chine. Les gens vont te dire qu’ici ils sont sales. Ils crachent, ouais, c’est un truc chinois. Quand ils ont besoin de cracher, ils crachent. A part ça, rien à dire. Je suis allé dans deux grandes villes Shenzhen et Guangzhou, des villes où il y a 15 millions d’habitants, tu trouves tout ce que tu veux. Il y a des buildings de 500 mètres de haut, il y a des néons partout on se croirait à New York. Il y a Mcdo, il y a KFC, il y a tout ce que tu veux. Franchement, je ne me sens pas du tout dépaysé. Là où je suis, ce n’est pas une grande ville. La nourriture chinoise ne me dérange pas mais quand je veux manger un truc qui ressemble plus à ce que je connais d’habitude, il y a une rue où il y a deux restaurants italiens, il y a des burgers etc. Au final, il y a plein de gens qui parlent anglais. Le choc culturel qu’on m’avait annoncé est beaucoup moins important que ce dont à quoi je m’attendais, mais vraiment.

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Ses débuts en Chine :

Ils sont vraiment au diapason, ils sont venus me chercher à Hong Kong. Ce qu’il y a de drôle c’est qu’ici je ne suis pas Français, je joue avec mon passeport américain. Le fait qu’on soit allé en Turquie avec l’Equipe de France c’était plus simple de prendre mon passeport américain pour obtenir le visa chinois parce que la Chine et la Turquie ne sont pas en très bons termes. Ca me fait sourire. Pour donner le visa ici ils sont plus tatillons ça n’aurait peut-être pas posé de problèmes mais pour éviter tout problème ils m’ont dit de jouer avec mon passeport américain donc je suis qualifié en tant que ricain ici, ça me fait rire.

Je joue avec un étranger qui est super-technique, il s’appelle Andrew Nicholson. Il a fait toute sa carrière en NBA, il est super-technique que ce soit avec la main droite ou la main gauche, il a des bons hooks. Il me rappelle Ali Traoré dans le jeu, quelqu’un qui a de très bonnes mains, qui joue très bien sans ballon, qui roll, qui finit bien près du cercle. C’est un vrai joueur. Il y a aussi Yi Jianlian. C’est un vrai joueur ! Personne n’en parle parce qu’en NBA il n’a jamais eu de gros rôle et après il est rentré en Chine où il est super bien payé, où c’est la star.[/arm_restrict_content]

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