Même si le score final (69-74) n’a guère d’importance, la France n’a pas montré son meilleur visage lors de ce premier match de préparation à la Coupe du monde. Quelques facettes sont prometteuses, mais il reste encore énormément de travail pour que l’équipe de France justifie son rang de médaillé potentiel.
Au sortir d’une lourde semaine d’entraînement, qui a visiblement pesé dans les jambes de la plupart des joueurs, la France n’a pas laissé une impression bouleversante pour son premier match de préparation face à la Turquie (perdu 69-74, ce qui est anecdotique), une bonne équipe européenne, bénéficiant de forts joueurs extérieurs (Cedi Osman, Furkan Korkmaz, Melih Mahmutoglou…) mais quelque peu dépourvue à l’intérieur. Pour autant, les intérieurs français n’en ont pas profité, souffrant même parfois au rebond offensif, plus par manque de concentration que par domination turque.
Globalement, l’équipe de France n’a fait que montrer ce qu’était une équipe en tout début de sa préparation – la Turquie était son premier opposant : un manque de liant collectif (aussi bien offensif que défensif), des joueurs en retrait car visiblement impactés par le travail effectué lors de ce stage à Pau (Batum et Fournier en premier lieu), des joueurs manquant parfois de sens du partage (n’est-ce pas, Heurtel ou Fournier ?).
Après avoir démarré avec le cinq majeur décidé depuis longtemps par Vincent Collet, à savoir Heurtel-Fournier-Batum-Moerman-Gobert, l’équipe de France a d’abord commencé par souffrir sur les flèches à trois points turques, 3/5 dans le premier quart-temps, un « pêché mignon » qui s’est prolongé tout le match : 13/29 au final à trois points pour les Turcs (dont 3/3 pour Mahmutoglou), la faute à des défenseurs incapables de passer un écran ou à d’autres débordés en un contre un (et permettant ainsi de créer le décalage et de renverser vers un shooteur libre).
Peu en jambes, les Français ont « fait l’accordéon », dominant les premier et troisième quart-temps mais sombrant plus ou moins lors des deuxième et quatrième (perdus 11-17 puis 13-20). Très approximatif en première mi-temps (11 balles perdues pour 10 passes décisives), le jeu offensif tricolore s’est quelque peu amélioré après la pause, l’équipe ne perdant « que » 6 ballons pour 9 passes.
Le gros souci français a concerné la défense sur le pick’n’roll, laissant des trous béants, quels que soient les joueurs sur le terrain. Plus souvent un problème de communication et de réglages collectifs que de défaillances individuelles. Le travail effectué lors des prochains jours devrait permettre de régler – au moins en partie – cette faiblesse.
Une mention à Adrien Moerman et Paul Lacombe
Au tout début de sa préparation (alors que la Turquie l’a déjà commencé il y a quelques semaines), l’équipe de France a donc montré un visage mi-figue mi-raisin, parfois intéressante par les prestations de Thomas Heurtel (quoique trop soliste et dribbleur par moments), d’Adrien Moerman (3/4 à trois points et présent en permanence) ou Rudy Gobert (11 rebonds pour aller avec ses 9 points), mais collectivement assez pauvre.
Sur le plan individuel, si les cadres n’ont pas forcément cherché à montrer tout leur talent (on pense à Nicolas Batum ou à Evan Fournier), d’autres, en quête d’une place pour le Mondial en Chine, ont su se mettre en valeur – avec un élément à relever : aucun n’a cherché à jouer le « sauveur de la patrie » en se montrant hyper individualiste, un très bon point.
À l’intérieur, Vincent Poirier a alterné le bon et le moins bon, perdant trois ballons en 7 minutes lors de son premier passage, mais assurant points, rebonds et passes. Louis Labeyrie a été discret en attaque mais s’est bien fondu dans le collectif, tout comme Amath M’Baye, également auteur d’un dunk tonitruant pour les un peu plus de six minutes qu’il a passées sur le terrain.
À la mène, Andrew Albicy n’a guère forcé son talent, défendant fermement mais se montrant sans trop de relief en attaque, alors que Frank Ntilikina a laissé une impression mitigée : trop maladroit pour jouer poste 2 (ce qu’il a pourtant fait pendant un bon moment, mais pour 0/3 aux shoots), il n’a guère montré pouvoir driver l’équipe, ses six passes décisives étant un peu un trompe-l’œil. Et sa défense n’a pas forcément impressionné.
À l’inverse, Paul Lacombe a joué comme il le fait depuis toujours, collectif, combatif, et sans les scories qui entâchaient son jeu dans ses jeunes années. Sur ses passages, il s’est montré a minima bon, voire important dans l’équipe. Quant à Thimotée Luwawu-Cabarrot, il n’a eu droit qu’à un peu plus de quatre minutes en seconde mi-temps, ce qui lui a guère laissé le temps de montrer quoi que ce soit. À revoir, peut-être face à la Tunisie.
En conclusion, la seule réelle leçon à tirer de ce premier match est que l’équipe de France a encore beaucoup de travail à abattre avant de pouvoir songer prétendre à une médaille en Coupe du monde. Certains joueurs sont en avance, d’autres un peu en retard, d’autres encore (Nando de Colo, Axel Toupane, Mathias Lessort) blessés. Mais rien n’est fait pour la sélection finale. Et encore moins pour l’acmé de la sélection française.
Ce qui tombe bien : ce n’est pas maintenant que l’équipe de France doit tout casser, mais dans environ un mois en Chine…
La boxscore est ICI.
Photo: Rudy Gobert (FFBB)