Pour l’Eurobasket (du 27 juin au 7 juillet en Lettonie et Serbie), l’équipe de France féminine avance avec quelques armes létales mais aussi rajeunie et diminuée ce qui la repositionne en outsider. Reportage à Rennes à l’occasion du tournoi majeur de sa préparation.
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« Je suis fatiguée, » lâche Bria Hartey en français. Fatiguée la Franco-Américaine ? La vie d’une basketteuse professionnelle de ce calibre peut ressembler parfois à des travaux forcés. Sitôt la saison avec Fenerbahçe clôturée, championnat turc et Euroleague cumulés, elle s’est envolée pour New York pour prendre à bras le corps la saison WNBA, une obligation contractuelle. L’attendaient cinq matches au Liberty du 24 mai au 4 juin avec au final une victoire -enfin- sur les Las Vegas Aces dans laquelle elle a pris une part prépondérante : 17 points, 6 rebonds, 6 passes même si son adresse fut défectueuse (5/15 aux tirs).
La fédération française lui avait ensuite préparé un voyage transatlantique, un transit par Paris avant de rejoindre Rennes où l’équipe de France s’est mesurée le week-end dernier à la Turquie, la Russie et la Serbie, trois oppositions très consistantes.
Plutôt prudente dans sa gestuelle jusque-là, Bria Hartley a été démonstrative face à la Russie, se jetant sur les ballons avec ardeur et levant le poing après une action réussie. Elle a surtout fait étalage de sa vitesse, de jambes et de bras, et de sa sûreté de main made-in-USA, prenant délibérément le jeu à son compte dans le troisième quart-temps puis en prolongation, scorant 15 et 5 points au cours de ces deux fractions du temps de jeu.
« Nous avons débuté lentement mais dans le troisième quart-temps, nous avons fait un vrai bon run, une bonne poussée, nous avons augmenté le tempo », commenta-t-elle en anglais avant de poursuivre en français afin de prouver qu’elle bosse le sujet : « Merci à tous, à demain. Voilà. » Puis de reprendre de nouveau en anglais pour expliquer sa poussée de fièvre, « dans le troisième quart-temps, je suis devenue folle car j’ai reçu un coup de coude au visage. J’ai été agressive et j’ai scoré. »
Bria Hartley était donc un peu lasse mais elle a bien mérité de la patrie et elle a profité des quelques heures de repos qui ont suivi le séjour en Bretagne pour recharger ses accus et visiter Paris, la ville de naissance de sa grand-mère. Elle a posté sur Instagram une photo d’elle devant la Pyramide du Louvre. En interrompant sa saison de WNBA au Liberty où elle est souvent membre du cinq majeur, la Newyorkaise a prouvé que son engagement avec les Bleues, ce n’est pas du flan.
Dans quel état sera Sandrine Gruda ?
La blessure est devenue au fil des années le pire ennemi des basketteuses et des basketteurs et pour les équipes nationales une sorte de deuxième sélectionneur avant même les choix du head coach. L’équipe de France n’a pas été épargnée avec celles conjuguées de Helena Ciak, Diandra Tchatchouang et Sarah Michel, respectivement les 5e, 6e et 10e évaluations des Bleues à la Coupe du Monde l’été dernier sachant que depuis Helena Ciak a réalisé une saison de MVP. Trois cadres, trois défenseurs de premier ordre, donc trois défections majeures.
« La blessure de Sarah Michel avait été un peu anticipée car quand je l’avais mis sur la liste, je savais qu’elle pouvait ne pas être là, » explique la coach Valérie Garnier. « Quant à Helena et Diandra, je pensais vraiment les récupérer. Les examens médicaux ont dit le contraire. Il a fallu s’adapter et ça n’a pas été facile. On a eu un stage de Mont-de-Marsan très perturbé. Qu’est-ce qu’on fait avec la joueuse ? On y croit ? Les examens médicaux, les allers-retours avec Bordeaux, et puis au final la reprise d’Helena était trop tardive et la douleur de Diandra n’était pas supportable pour qu’elle puisse s’entraîner et participer. On a pris des décisions qui n’étaient pas faciles humainement pour elles et pour moi. On ne pouvait pas faire autrement. Helena a passé quinze jours avec nous et elle n’a pas mis un pied sur un terrain et Diandra a fait un entraînement. A côté, on avait des joueuses valides, qui montraient des choses et il fallait prendre des décisions. »
Au-delà de la volonté fédérale exprimée par son président Jean-Pierre Siutat de viser la médaille d’or à l’Euro, le power rankings de la FIBA n’a pas hésité à placer l’équipe de France comme favori de la compétition. Au complet, pourquoi pas, mais ainsi handicapée, le pronostic ne tient plus forcément.
« Est-ce que ça change nos objectifs ? Moi, j’annonce un objectif de maîtrise, de contrôle de tout ce que l’on a à faire pour nous emmener le plus loin possible. Je pense que normalement, on devrait nous changer de position. Déjà nous mettre favori était assez surprenant. »
D’autant qu’à ces trois forfaits, il faut ajouter le fait que Sandrine Gruda en raison d’une douleur à la cuisse a été jusqu’ici privée des matches de préparation et qu’elle doit faire son retour ce dimanche pour l’ultime test à Rouen face à la Chine. Or l’intérieure antillaise était encore et de très loin la numéro 1 à l’évaluation des Bleues à la Coupe du Monde (15,7), la Reine sur l’échiquier étant donné sa capacité à scorer, à prendre des rebonds et à défendre dur.
« Il faut attendre même si ce matin elle a fait du 3×3 et hier du 5×5 mais on va prendre zéro risque. C’est la décision que l’on a pris en interne. Je pense qu’elle aimerait être sur un terrain étant donné ce qu’elle fait en prépa physique… Mais tout va bien… », a rassuré Valérie Garnier à Rennes.
Soyons clair : si Sandrine Gruda n’est pas compétitive en Lettonie et en Serbie, c’est tout l’édifice qui s’écroule. Il n’y a pas de solution de rechange.
Les deux jeunettes
Quelques heures auparavant, Valérie Garnier a rendu sa sentence : Romane Bernies, 26 ans, et Marie-Michelle Milapie, 23 ans, ont été les deux derniers cuts, au profit de deux gamines, Marine Fauthoux, 18 ans depuis janvier, et Iliana Rupert qui les aura en juillet.
Il y a à peine un an, les deux copines d’enfance de l’époque paloise lorsque leurs paternels, Freddy et Thierry, portaient le maillot vert et blanc, obtenaient la médaille d’argent au championnat du monde U17. On avait remarqué la maturité, la hargne et les qualités de stratège de la première, les dons d’ubiquité de la seconde du haut de ses 194 cm. L’une pouvait être la nouvelle Céline Dumerc et l’autre l’héritière de Sandrine Gruda, mais de là à pronostiquer de les voir ensemble si tôt à l’Euro des adultes, il y avait un pas de géant…
« Pour en avoir discuté avec Marine, on n’avait jamais imaginé être parmi les douze au bout. On l’a appris tout à l’heure et la réaction était un peu bizarre. Qui dit coupe, dit joueuses qui sont contentes d’être là mais aussi des joueuses qui sont tristes de ne pas faire partie du groupe. On se doit d’avoir une réaction pas trop expressive mais mesurée. On a attendu d’être un peu écartées du groupe et d’être à deux pour entre guillemets célébrer cette sélection », révélait Iliana la Berruyère, tout en pudeur.
Marine est devenue à peine majeure meneuse titulaire d’une équipe de Ligue Féminine, Tarbes, ce qui est formidable, mais Iliana a visé encore plus haut : se frayer son chemin dans la peinture du Bourges Basket déjà forte de Nayo Raincok, Alexia Chartereau, Katherine Plouffe et Elodie Godin. Passer de la Ligue 2 à l’Euroleague c’est un peu comme de sauter trois classes dans un parcours scolaire. Iliana n’est pas devenue titulaire d’un coup de baguette magique mais à force de travail individuel, d’observation, de confrontation, elle a fait le job obtenant davantage de temps de jeu avec la blessure de Elodie Godin et assurant par exemple 9,0 points et 5,3 rebonds lors de la série de quart-de-finale de playoffs en trois manches face à Landerneau. Disputer la reine des compétitions européennes constitue forcément un apprentissage accéléré.
« Ça m’a beaucoup aidé car il y a beaucoup de joueuses qui jouent en Euroleague qui font partie de ces équipes-là ce soir. Et pas qu’en Euroleague, tous les jours à l’entraînement. Les intérieures qui étaient à Bourges cette année, c’était des grosses intérieures. Tous les jours et tous les week-ends, à chaque match, d’avoir en face de soi des intérieures qui sont vraiment dures, forcément ça aide et on s’habitude à cette dureté. »
Jusque-là la pièce centrale des équipes de France de jeune, la surdouée berruyère a dû s’habituer forcément à un de temps de jeu plus réduit mais l’impression d’ensemble, c’est qu’elle n’a pas froid aux yeux et qu’elle optimise les minutes qu’on lui donne.
« Chaque rôle est différent suivant les équipes où l’on va. En allant à Bourges, je savais que je n’allais pas avoir un rôle majeur mais c’est ça aussi la chose sur laquelle je devais travailler cette année, être une joueuse du banc. Et plus vite on comprend son statut et mieux après c’est. On sait que dans des moments difficiles on ne va pas beaucoup jouer. Si on est frustrée par ça quand on rentre et qu’il faut être efficace, justement on ne va pas l’être. Il faut comprendre son rôle et j’ai réussi à le comprendre assez vite. »
Ça cogne Illiana, au niveau international ?
« Oui, oui, oui !, » sourit-elle. « Ce n’était pas simple contre la Turquie et la Russie et ce soir non plus mais c’est le haut niveau… J’aime bien mine de rien ! »
A l’évidence, la jeune prodige ne sera qu’une backup à cet EuroBasket. Dans l’histoire, les internationales françaises pas encore majeures sont rarissimes. Pour sa première compétition, la Coupe du Monde de 2006 au Brésil, Sandrine Gruda avait assuré 10,0 points et 2,9 rebonds mais c’était une vieille de 19 ans !
« Iliana, qui n’a pas encore 18 ans, joue 13 minutes. C’est positif pour le basket français », commentait Valérie Garnier après sa sortie face à la Russie. « C’est bien qu’elle soit sur le terrain pour prendre de l’expérience et pour se trouver à l’aise. Ça n’a rien à voir avec un championnat qui soit français ou étranger quand on joue au niveau international. C’est bien qu’elle le découvre sur les matches de préparation. C’est fait pour ça. »
Un rajeunissement général
Marine Fauthoux et Iliana Rupert ne sont que la partie immergée de l’iceberg. Avec les forfaits de Sarah Michel (30 ans), Helena Ciak (29 ans) et Diandra Tchatchouang (28 ans), la moyenne d’âge de l’équipe de France 2019 est tombée à 24 ans avec seulement deux « anciennes », Sandrine Gruda (32 ans) et Endy Miyem (31). Autres chiffres-clé : cinq joueuses ont six sélections et moins et quatre d’entre-elles ne font pas partie de la liste des 20 joueuses ayant participé aux qualifications à cet Euro.
« L’état d’esprit qui a régné durant tout le match et sur le banc a été formidable et ça a poussé les joueuses dans cette énergie », a commenté Valérie Garnier après la victoire sur la Russie. « On a enfin trouvé le rythme même si j’ai explosé les temps de jeu et que la préparatrice physique (NDLR : Sabine Juras) n’est pas contente. Normalement, il faut que je m’en tienne autour des 20’ et là ce n’est pas bien. 25’, 28’, 29’, 24’, 22’. Mais je pense que les joueuses ont la satisfaction d’un travail qui commence à porter ses fruits. C’était bien après le match pas très positif d’hier (NDLR: contre la Turquie) que l’on trouve des satisfactions. Pour moi c’est le cas. Bien sûr il y a des erreurs toujours dans la sélection des tirs. On tire 24 fois de plus qu’elles mais aller chercher 17 rebonds offensifs aux Russes et faire 14 interceptions, cette énergie qu’a montré ce soir cette très jeune équipe de France me plaît. Le débordement d’énergie fait que l’on perd parfois un peu de lucidité dans l’efficacité des tirs. On a raté des tirs sous le cercle que l’on a plutôt l’habitude de mettre. Le travail entrepris est plutôt satisfaisant. »
L’absence d’Héléna Ciak a libéré une place et Iliana Rupert en a profité pour la subtiliser au détriment de la Landaise Marie-Michelle Milapie. Quant à Marine Fauthoux, elle a dû s’imposer à une joueuse plus chevronnée, Romane Berniès, qui avait assuré 13’ de temps de jeu moyen à la Coupe du Monde et qui pouvait faire valoir ses aptitudes à défendre le plomb.
« C’est une complémentarité d’équipe et pas forcément l’une par rapport à l’autre, » répond Valérie Garnier interrogée sur la question. « J’aurais pu partir plus petit, sans une joueuse un peu plus athlétique. On a fait le choix de la complémentarité entre Olivia (Epoupa) et Bria (Hartley) et puis l’apport de la jeunesse pour des places un peu plus lointaines sur le banc. Pourquoi ? Parce qu’il y a l’immédiateté et l’Euro qui arrive dans dix jours et aussi le moyen et le long terme. Je me dois d’avoir des résultats mais aussi de préparer l’avenir. Mais quand je les vois jouer sur un terrain de basket, elles n’ont pas volé leur place en équipe de France ces deux jeunes joueuses. »
Marine et Iliana ont signé un long bail avec les Bleues et leur trajectoire passera par les Jeux de Paris en 2024. Elles n’auront que 23 ans.
Un coup de fatigue
De l’extérieur, les résultats du tournoi de Rennes avec une victoire (+7 contre la Russie) pour deux défaites (-9 contre la Turquie, -7 contre la Serbie) peuvent apparaître décevants. L’équipe de France est-elle amoindrie ? Incontestablement. Faut-il s’alarmer et envisager des lendemains qui déchantent ? Pas si sûr. On a constaté les flashes de grande classe de Bria Hartley et Marine Johannès, la hargne constante de Olivier Epoupa, la présence rassurante d’Endy Miyem et encore les performances offensives de Alexia Chartereau, qui n’a pas encore 21 ans. On attend donc le retour de Sandrine Gruda et aussi la montée en puissance de Valériane Ayayi auteure d’une saison très convaincante avec Prague. Le collectif doit encore prendre forme, l’agressivité être constante sur un match entier. Les propos de la coach n’étaient pas alarmistes après l’insuccès face à la Serbie.:
« On sort d’une période de douze jours de stages et de matches. On a souhaité avoir cette période très longue pour être un peu dans la fatigue et la difficulté, ce qui a été le cas. Je vois la naissance d’un groupe donc ce sont des choses positives. Dans le négatif, le haut niveau ne tolère pas le manque de contrôle des détails. On perd ce soir car on n’a pas été dans le contrôle du rebond, on a fait des aides qui n’étaient pas assurées, on a perdu des ballons. »
Même si Sabine Juras souhaitait que Valérie Garnier ménage ses cadres, la coach a donc un peu tiré sur la corde, ce qui explique notamment que Bria Hartley se plaignait de son état de fatigue.
« Quand je vois Valériane à 29 minutes et Marine à 27, ce n’est pas bien (sourire). Mais on joue les matches pour les gagner que ce soit les joueuses ou l’entraîneur. On savait qu’elles seraient fatiguées sur ce tournoi. C’était la grosse période d’entraînement. On les a même entraînées les matins des matches. Elles vont pouvoir maintenant se reposer un petit peu, se régénérer en famille et revenir en pleine forme à Rouen pour commencer à monter en puissance et surtout tirer les renseignements de ce magnifique tournoi de Rennes qui envoie à tous un signal et pas simplement à nous, que l’Euro 2019 va certainement être d’un très bon niveau. C’est un Euro Pré-Olympique donc obligatoirement tout le monde va vouloir la même chose. »
Etre au moins dans le top 6
C’est effectivement une année riche et baroque qui se profile. Monter sur le podium est une chose, se qualifier pour les Jeux Olympiques une autre, d’une valeur encore plus importante.
Même si elle est privée de sa fer de lance, Alba Torrens, et si elle n’effectue pas un sans-faute en préparation, l’Espagne a tout à fait la capacité à conserver son titre que la Belgique dans le dernier carré mondial l’été dernier, devrait vivement lui contester. Le tournoi de Rennes en a apporté la preuve : la Serbie à domicile, la Russie et la Turquie seront des challengers de premier ordre. Et même la Suède et encore l’Italie ne sont pas à négliger.
Le tableau des Bleues n’est pas un cadeau. Si finir en tête de la phase de groupe permettrait d’éviter un match de barrage toujours piégeux, l’adversaire en quart devrait être la Belgique, la Russie ou la Serbie, donc trois candidats sérieux au podium. En cas de faux-pas, il faudra retrouver de suite ses esprits pour se classer dans le top 6, la condition sine qua non pour participer au Tournoi de qualification Olympique qui va se tenir… en février prochain soit au milieu de la saison des clubs et entre deux fenêtres réservées aux qualifications pour l’Euro 2021. Vous imaginez le pire ? La FIBA le fait pour vous ! D’autant que le champion olympique en titre, les Etats-Unis, et le pays organisateur, le Japon, ont l’obligation de prendre part à ce TQO même s’ils sont qualifiés d’office ! Ubuesque. Ceci dit, il apparaît plus complexe de se hisser dans le top 6 européen plutôt que de se classer dans les trois premiers de l’une des quatre poules de quatre équipes qui seront alors constituées.
« L’objectif primordial est d’être dans les six pour participer à ces fenêtres du TQO en février 2020 qui sont jouées par tout le monde, on ne sait pas où. C’est pour cela que je dis que c’est un Euro qui va être très relevé, tout le monde les veut ces six premières places », observe Valérie Garnier questionnée sur la difficulté à gagner l’or après trois Euros de suite en argent. « Bien sûr c’est un objectif fédéral mais c’est valable pour toutes les nations et donc ça ne va pas être simple. Il y aura aussi une fenêtre en novembre et c’est pour cela que l’on a pris soin aussi de nos joueuses blessées pour qu’elles essaient de se remettre sur pied le plus rapidement possible. »
Le site de paris Givemebet fait de l’Espagne son favori (2,90) devant la France (4,00), la Belgique (6,50) et la Russie (10,00). Ça nous paraît déjà plus raisonnable. ★
Quand Valérie Garnier était obligée de sacrifier Bria Hartley
Nous avons élucidé un mystère ou du moins eu la confirmation d’une intuition. Bria Hartley n’a joué avec Fenerbahçe que 24 matches de saison régulière du championnat turc alors qu’elle n’était pas blessée et que ses performances étaient satisfaisantes : 11,0 points, 3,7 rebonds et 3 passes. Valérie Garnier a levé le voile sur un pan du règlement national.
« J’avais sept étrangères et je ne pouvais en mettre que quatre à la fois dans le championnat turc. Je coupais toutes les semaines donc maintenant je suis entraînée (sourire). En plus quand Bria a intégré le championnat turc elle n’avait pas encore sa nationalité française FIBA et donc elle était américaine. Quand je mettais Stokes, qui était américaine et pas turque à l’époque, et si je la couplais avec (Kelsey) Plum, je n’avais pas droit à plus d’Américaines. Donc j’étais obligée d’en sortir une. C’était un casse-tête chinois régulier. Ça expliquait pourquoi parfois Bria ne jouait pas et c’était un problème d’association de passeports. »
Un problème de riche. Kelsey Plum est membre de Team USA. Kiah Stokes du New York Liberty comme Bria Hartley et Kia Vaughn, une pivot de 1,93m, qui possède le passeport tchèque. Anastasia Veremenko est la meilleure joueuse biélorusse. Cecilia Zandalasini est une référence du basket italien tout comme Giorgia Sottana qui n’a joué que l’Euroleague.
La stratégie a été payante puisque le Fener a gagné une deuxième fois de suite le championnat turc en battant en finale Cukurova, qui depuis a déposé son bilan. ★
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« Je suis fatiguée, » lâche Bria Hartey en français. Fatiguée la Franco-Américaine ? La vie d’une basketteuse professionnelle de ce calibre peut ressembler parfois à des travaux forcés. Sitôt la saison avec Fenerbahçe, championnat turc et Euroleague, clôturée, elle s’est envolée pour New York pour prendre à bras le corps la saison WNBA, une obligation contractuelle. L’attendaient cinq matches au Liberty du 24 mai au 4 juin avec au final une victoire -enfin- sur les Las Vegas Aces dans laquelle elle a pris une part prépondérante : 17 points, 6 rebonds, 6 passes même si son adresse fut défectueuse (5/15 aux tirs).
La fédération française lui avait ensuite préparé un voyage transatlantique, un transit par Paris avant de rejoindre Rennes où l’équipe de France s’est mesurée le week-end dernier à la Turquie, la Russie et la Serbie, trois oppositions très consistantes.
Plutôt prudente dans sa gestuelle jusque-là, Bria Hartley a été démonstrative face à la Russie, se jetant sur les ballons avec ardeur et levant le poing après une action réussie. Elle a surtout fait étalage de sa vitesse, de jambes et de bras, et de sa sûreté de main made-in-USA, prenant délibérément le jeu à son compte dans le troisième quart-temps puis en prolongation, scorant 15 et 5 points au cours de ces deux fractions du temps de jeu.
« Nous avons débuté lentement mais dans le troisième quart-temps, nous avons fait un vrai bon run, une bonne poussée, nous avons augmenté le tempo », commenta-t-elle en anglais avant de poursuivre en français afin de prouver qu’elle bosse le sujet : « Merci à tous, à demain. Voilà. » Puis de reprendre de nouveau en anglais pour expliquer sa poussée de fièvre, « dans le troisième quart-temps, je suis devenue folle car j’ai reçu un coup de coude au visage. J’ai été agressive et j’ai scoré. »
Bria Hartley était donc un peu lasse mais elle a bien mérité de la patrie et elle a profité des quelques heures de repos qui ont suivi le séjour en Bretagne pour recharger ses accus et visiter Paris, la ville de naissance de sa grand-mère. Elle a posté sur Instagram une photo d’elle devant la Pyramide du Louvre. En interrompant sa saison de WNBA au Liberty où elle est souvent membre du cinq majeur, la Newyorkaise a prouvé que son engagement avec les Bleues, ce n’est pas du flan.
Dans quel état sera Sandrine Gruda ?
La blessure est devenue au fil des années le pire ennemi des basketteuses et des basketteurs et pour les équipes nationales une sorte de deuxième sélectionneur avant même les choix du head coach.
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