L’équipe de France ne connaîtra pas la saveur d’une finale de Coupe du monde. Comme il y a quatre ans, il lui faudra batailler dimanche face à l’Australie pour récupérer à défaut la médaille de bronze. Ca ne sera pas coton car les Bleus ont reçu un coup de massue sur la tête ce soir à Pékin (66-80)
Les Argentins ont effectué une démonstration collective. C’est pourtant une équipe petite, sans joueurs NBA, avec comme seul intérieur majeur un vieil homme de 39 ans. Mais ces gens-là dont la plupart ont été forgés au si talentueux championnat espagnol -ses deux « représentants » sont ainsi en finale-, rompus aux joutes des matches FIBA, sont malins, leur grinta est légendaire et leur mobilité inouïe et c’est ainsi qu’ils ont su se créer des moments d’euphorie.
Les Français sont demeurés englués dans la première ligne défensive argentine. Il y avait toujours une aide, un bras, une jambe qui venaient perturber leurs intentions. En attaque, les Gauchos ont tournoyé autour des Bleus avec des feintes, des changements de direction et 9 paniers à trois-points en bonus.
Luis Scola a réalisé un match d’anthologie avec 32 d’évaluation pour 28 points et 13 rebonds. Il n’y a pas de qualificatif pour saluer sa performance. Il va retourner en finale d’une Coupe du monde dix-sept ans après Indianapolis. A la fin du match, il est tombé dans les bras de son vieux pote Manu Ginobili.
Jamais les Bleus n’ont pu se libérer, à la fois psychologiquement et tactiquement, à l’image de Rudy Gobert qui, s’il a pris 11 rebonds, n’a marqué que 3 points en prenant 3 shoots. Ses équipiers n’ont pas réussi à impliquer le géant du Jazz totalement neutralisé par des intérieurs pourtant nettement moins grands et costauds que lui. Oui, le basket international ce n’est pas la NBA.
Un seul Français a véritablement échappé au naufrage et c’est inattendu si l’on se souvient des craintes que l’on pouvait avoir à son sujet étant donné son peu de vécu depuis qu’il est aux Knicks, c’est Frank Ntilinika, auteur de 16 points à 7/12 aux tirs. Evan Fournier a été limité à 16 points avec un quelconque 6/17 et Nando De Colo à 11 points dont 7 lancers.
Le sentiment d’un grand raté.
Luis Scola montrait tout de suite ses intentions avec 7 points en 3’40 et comme les Argentins défendaient haut et fort spécialement sur Evan Fournier, ils faisaient tout de suite une différence, 10-2. Vincent Collet réagissait en faisant entrer Nando De Colo et Louis Labeyrie et c’était payant (deux trois-points pour l’intérieur de Valence ainsi qu’une bonne défense). Malgré l’engagement des Gauchos notamment manifesté au rebond (5 à 10), les Bleus revenaient à 18-21 après dix minutes.
Mathias Lessort aussi était lancé au front et avec l’impact habituel de la paire Fournier/De Colo, la France doublait l’Argentine après 13 minutes, 24-23. Seulement les Bleus avaient perdu leur adresse à trois-points manifestée jusqu’ici dans le tournoi (0/11 en première mi-temps sinon les deux de Labeyrie) et avec une accélération argentine, ils retournaient en deuxième position (24-31). La débauche d’énergie et la vitesse tourbillonnante des Argentins, c’était quelque chose !
13 points et 10 rebonds pour Luis Scola en 17′
Avec un triples incroyable de Facundo Campazzo au buzzer, les Argentins viraient en tête à la mi-temps toujours munis un petit matelas (32-39). Les Français n’étaient pas encore vraiment entrés dans cette demi-finale, à l’image d’Evan Fournier en faillite à la finition (4/13). Le pressing argentin les avait contraint à totaliser seulement 4 malheureuses passes décisives.
Quant à Luis Scola, il avait rayonné sur ses 17 premières minutes de jeu: 13 points et 10 rebonds ! A l’inverse, Rudy Gobert n’avait pas été alimenté en ballons et s’était contenté d’un shoot raté et de deux lancers, un seul pénétrant le filet.
Les Argentins continuaient d’imposer leur basket fait de vitesse et d’agressivité. Rudy Gobert ratait un dunk (faute?) et Luca Vildoza partait en contre-attaque. Sur une faute de ce même Gobert, Tayavek Gallizzi mettait deux lancers et voilà la maison bleue en feu: 38-52. Andrew Albicy faisait un airball… Toute la détresse des Français résumé dans cet échec. Même les rebonds longs étaient trop souvent argentins et ce n’est pas toujours du au hasard.
Frank Ntilikina trop seul
On attendait, on espérait que les Argentins baissent un peu pied mais c’était le contraire qui survenait. Un creux était signalé à 40-55 (27e) et Evan Fournier écopait d’une quatrième faute.
C’est un épatant Frank Ntilikina qui tentait d’écoper mais la maladresse aux lancers (2/6 à ce moment-là, 13/25 au total) pesait lourd dans la balance. Les Bleus revenaient à 55-63 mais leurs visages n’étaient pas ceux de tueurs. Pas de remontada. Ce n’était pas leur soir. La fatigue? Une incapacité à s’adapter aux stratégies de l’adversaire? Un manque de réussite qui finit par vous dégoûter? Un peu de tout ça. En tous les cas, leur belle confiance s’était évaporé.
Ce sont deux paniers à trois-points de Luis Scola qui résonnaient comme un tocsin. Les Français lâchaient prise et les fans de l’Albiceste dans les tribunes, après avoir chanté tout le match, entonnait l’hymne national.
La boxscore est ICI.
Photo: FIBA
Photo d’ouverture: Rudy Gobert (FIBA)