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[REDIFF] Interview (2) – Hervé Beddeleem (Directeur Exécutif de Gravelines-Dunkerque): « Ne pas avoir eu le titre de champion, oui, c’est une énorme déception »

Voici la deuxième partie de l’interview d’Hervé Beddeleem, le Directeur Exécutif du BCM Gravelines-Dunkerque. La première partie est à lire ICI.

Voici la deuxième partie de l’interview d’Hervé Beddeleem, le Directeur Exécutif du BCM Gravelines-Dunkerque. La première partie est à lire ICI.

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Seuls Pape Sy et Vojdan Stojanovski sont encore sous contrat. Cela entraîne une refonte quasi complète de l’équipe. C’est voulu ?

Il n’y avait que Pape Sy qui était sous contrat et on a réussi à conserver Vojdan Stojanovski. Il avait apporté beaucoup à son arrivée à Pau et ça s’est bien passé également chez nous. Cette refonte est voulue. Je l’ai dit : on fait une croix sur le passé, on a été sauvé par le gong à l’Assemblée Générale, profitons de cette chance qui nous est donnée de rester dans l’élite du basket français et redémarrons sur une nouvelle base avec des hommes neufs.

Vous avez réussi un gros coup avec Chris Horton. C’est une sorte d’assurances tous risques ?

Oui, il faut trouver maintenant le meneur qui va bien avec. Je fais confiance à Olivier (Bourgain) pour mettre Chris Horton dans les mêmes conditions qu’il avait à Cholet. C’est une bonne prise effectivement de sa part. Il a signé un an. Et contrairement à ce que j’ai pu entendre, ce n’est pas que financier, loin s’en faut.

Vous avez fait revenir le meneur Lucas Bourhis (1,77m, 20 ans) de Blois. C’est pour le faire jouer ?

On a formé beaucoup de gamins par le passé. On les a prêtés. Ils n’ont pas tout de suite franchi le seuil pour revenir en Jeep Elite mais Lucas est un très bon exemple car il a fait une très bonne saison en Pro B (NDLR : 5,3 points et 3,2 passes en 17’) et on pense qu’il est capable de franchir le pas, d’avoir du temps de jeu en Jeep Elite et apporter toutes ses qualités. C’est ce que l’on veut bâtir, mettre en place avec la formation, ce que font Cholet et Chalon depuis des années, deux clubs formateurs qui sortent des joueurs.

Vous avez aussi pris deux joueurs qui sont encore jeunes, Paul Rigot (25 ans) et Romuald Morency (24 ans) ?

Ce sont deux jeunes qui avaient de gros potentiels en Pro B. On va mettre autour d’eux un staff pour les faire travailler et progresser et j’espère qu’ainsi ils franchiront la marche de la Jeep Elite. Je n’entends que du bien sur ces joueurs, ils ont faim et on leur fait confiance.

Des clubs disent qu’ils ne vont pas utiliser tout leur quota de joueurs étrangers. Est-ce que ce sera le cas au BCM ?

On aurait bien aimé avoir cinq JFL plutôt que quatre mais pour l’instant dans nos recherches on est sur deux Bosman. A moins qu’il y ait un JFL qui pointe son nez, on restera à 4 JFL, deux Bosman et quatre US. L’an dernier on était à 9 joueurs et là ça fera 10. On prend un risque en faisant venir des gamins et on ne peut pas compter que sur eux. Il faut des joueurs confirmés autour pour qu’ils progressent et aussi avoir des résultats.

« Je me voyais à Bercy… Avec l’équipe que l’on avait, on aurait pu envisager de gagner le titre.«

Le BCM est après Villeurbanne et Cholet le club qui a la plus longue ancienneté sans discontinuer en Pro A/Jeep Elite et il possède le 7e budget pour la saison écoulée alors que la population de Gravelines est de 11 500 habitants. Avez-vous l’impression que cet historique et cette performance économique ne sont pas appréciées à leur juste valeur ?

C’est Gravelines et la communauté urbaine de Dunkerque et, il ne faut pas voiler la face, sans elle on ne serait pas là. On dépend d’une agglo de 210 000 habitants. Mais je répondrai, oui, c’est une performance qui n’est pas reconnue à sa juste valeur. Vous avez lu comme moi l’étude qui a été faite par ProBallers où sur les 20 dernières années, le BCM se situe à la cinquième place. Même si, si on fait des statistiques sur les cinq dernières années, ce n’est pas brillant pour nous. Dans le sport, il y a des hauts et des bas et c’est pour ça qu’il faut démarrer sur un nouveau cycle. A nous de remonter dans le classement du basket français et c’est pour ça que l’on se donne les moyens de bâtir une équipe compétitive pour redonner du plaisir à nos abonnés, nos supporters, et nos partenaires privés et publics.

Ils ne vous en n’ont pas trop voulu, vos supporters : il y avait encore du monde à Sportica même avec les mauvais résultats ?

C’est bien simple : avant que le championnat s’arrête, on était sold out jusqu’à la fin avec les soirées organisées à droite et à gauche. C’était un gros travail du service commercial qui avait réussi à vendre ces soirées malgré les mauvais résultats.

Le BCM a gagné deux fois la Semaine des As/Leaders Cup, une fois la Coupe de France, et aussi quatre fois le Trophée du Futur, a été finaliste du championnat de France en 2004 mais n’a jamais été champion. C’est une vive frustration ?

Enorme ! Pour moi qui suis avec Christian Devos comme dirigeants depuis la création de ce club en 1984, d’avoir connu les deux années où l’on finit premiers de la saison régulière (2012 et 13), et ne pas réussir à aller gagner le Graal, c’est-à-dire le titre de champion, oui, c’est une énorme déception, bien entendu. Après, c’est ce qui me motive au quotidien, c’est pour ça que l’on se bat pour avoir de gros budgets, pour avoir normalement des équipes compétitives, pour essayer qu’un jour ça puisse nous arriver. C’est ce qui nous manque alors que tous les autres clubs qui sont depuis longtemps dans l’élite du basket français y sont parvenus, que ce soit Cholet, Chalon, Roanne, Le Mans et Villeurbanne, je n’en parle pas, ils ont gagné plein de titres.

Dans les clubs qui sont en Jeep Elite depuis trois décennies, il n’y a que la JDA Dijon qui comme le BCM n’a pas été champion de France ?

Sauf qu’ils sont redescendus à un moment en division inférieure. Avec Christian Monschau, on a connu de belles années, on avait une dynamique avec le même entraîneur et des joueurs majeurs comme (Yannick) Bokolo et (Cyril) Akpomedah et aussi des Américains, mais on n’a pas gagné le titre. Dijon est dans la même dynamique avec le même entraîneur (NDLR : Laurent Legname), le même staff, et ils arrivent à bâtir autour. Cette année, j’aurais bien mis une petite pièce sur eux pour le titre.

Vous avez aussi fait une perf en coupe d’Europe en 2013 ?

On est allé au Final Four de l’EuroChallenge, la C3, et on s’est fait battre par des Russes (NDLR : Samara) dans une salle hostile (NDLR : à Izmir) car les Turcs s’étaient rangés de leur côté. C’était un moment énorme. On en parlait avec Romuald (Coustre) : Gravelines-Dunkerque est allé à Lisbonne, Madrid, Barcelone, à Berlin, à Perm, à Moscou, à Rome, à Jérusalem… Vous voyez les noms que je viens de citer ! Ce sont des capitales européennes. On a connu des épopées européennes extraordinaires.

Cela rejoint ce que je disais : même si le BCM est associé à Dunkerque, il est historiquement installé à Gravelines qui comme Orthez à l’époque, est un village et c’est quasi unique en Europe ?

Oui et même du temps de Jean Galle, on a joué Estudiantes Madrid dans une grande salle. On perd de 11 points là-bas et chez nous c’est l’euphorie. A un moment donné, on est devant eux et on ne gagne que de 10 points. C’était la grande équipe d’Estudiantes. Les mesures de sécurité d’aujourd’hui ne nous permettraient plus de mettre autant de monde.

C’est ce match-là qui a provoqué la plus belle ambiance jamais vue à Sportica ?

C’est celui-là. Le premier match de coupe d’Europe contre une grande équipe. C’était de la folie.

Vous avez aussi rempli Sportica à ras bord pour la finale du championnat de France contre Pau en 2004 * ?

Je me souviens que lorsqu’il a vu des gens assis à ses pieds, Pierre Seillant (NDLR : le président de Pau) a dit : « je vais remplir le palais des sports de Pau de la même manière ! ». Il l’a fait jusqu’aux cintres pour le match retour. Il avait fait une recette qui équivalait presque la mienne sur l’année. Ce sont effectivement les deux plus grosses affluences à Sportica. Il y a aussi la demi-finale contre Cholet en 10-11. Erman Kunter, c’était la bête noire de Monschau. Il y a ce match où l’on avait 16 points d’avance et il restait 12 minutes de jeu. Je me voyais à Bercy, c’était la dernière année où la finale se jouait en une finale sèche. Avec l’équipe que l’on avait, on aurait pu envisager de gagner le titre. Mais (Fabien) Causeur a commencé à mitrailler à trois-points et le match s’est retourné. Ça nous est aussi arrivé lors d’un match contre Le Portel où l’on avait 19 points d’avance et on ne met plus rien, rideau !

Photo: Sportica (BCM)
« La rénovation de Sportica à Gravelines toujours dédié au BCM qui serait agrandi à 5 000 places »

C’est important pour vous de disputer une Coupe d’Europe ?

Je ne cours pas après la FIBA Cup. C’est la BCL qui nous conviendrait parfaitement. L’Eurocup est financièrement moins intéressante même si elle est tout aussi bien sportivement. On n’a pas encore fait la BCL, la dernière fois c’était la FIBA Cup. On a fait un pré-tour d’Euroleague où l’on a joué Villeurbanne en Lituanie dans une salle de 15 000 places vide ! (NDLR : en 2011 à Vilnus). Il faut le faire ! On a eu un orteil en Euroleague. On a souvent fait l’Eurocup. A un moment donné, le BCM était très bien placé au ranking.

C’est la sempiternelle question. Où en êtes-vous de l’agrandissement de Sportica ou de la construction d’une nouvelle salle ?

Avant le coronavirus, deux projets tenaient la route : une nouvelle salle de 5 000 places à Dunkerque dédiée au hand et la rénovation de Sportica à Gravelines toujours dédié au BCM qui serait agrandi à 5 000 places aussi. Un projet financé par la Région et la CUD. Aux dernières nouvelles, avec cette période on ne peut plus délicate, les projets ont été mis dans les tiroirs mais je n’ai pas encore ni lu ni entendu que c’était mort. Le président de la CUD, Patrice Vergriet, et le maire de Gravelines, Bertrand Ringot, ont été élus au premier tour, l’un à 64% pour son deuxième mandat et l’autre à 81%. Concernant ces projets, ça aide aussi. Même s’il va faire construire une salle pour le hand et rénover et agrandir le stade pour l’équipe de foot qui monte en Ligue 2, Patrice Vergriet est un ancien basketteur, il mesure plus de deux mètres. Il a joué à Saint-Paul Dunkerque, à l’époque où j’étais arbitre, et il est parti faire des écoles d’ingénieur à Paris et son président dans un club de Nationale 3 de la région parisienne était Yvon Picard qui est devenu le numéro 2 à Levallois. Il est très souvent aux matches à Sportica et c’est bien pour nous. Bertrand Ringot est également très fidèle, très présent.

A propos de salle, Sportica est actuellement toujours fermé ?

Elle est toujours fermée au public. Tous les Français sont encore à Gravelines : Bangaly Fofana, Alain Koffi, Pape Sy, Benjamin Sene, et Jean-Michel Mipoka, qui ne va pas tarder à déménager à Fos. Ils font de l’entretien individuel mais pas de basket.

*Après la finale de 2004, Hervé Beddeleem nous déclarait: « on a joué avec le feu en mettant 4 000 personnes dans une enceinte où il y a 2 300 sièges. J’ai sacrément stressé ce soir-là… Pour cette finale, on a refusé 2-3 000 demandes sachant qu’il n’y avait qu’un seul point de vente… Il faut une salle d’au moins 5 000 places. C’est un enjeu régional. » (Maxi-Basket, juin 2004).

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Seuls Pape Sy et Vojdan Stojanovski sont encore sous contrat. Cela entraîne une refonte quasi complète de l’équipe. C’est voulu ?

Il n’y avait que Pape Sy qui était sous contrat et on a réussi à conserver Vojdan Stojanovski. Il avait apporté beaucoup à son arrivée à Pau et ça s’est bien passé également chez nous. Cette refonte est voulue. Je l’ai dit : on fait une croix sur le passé, on a été sauvé par le gong à l’Assemblée Générale, profitons de cette chance qui nous est donnée de rester dans l’élite du basket français et redémarrons sur une nouvelle base avec des hommes neufs.

Vous avez réussi un gros coup avec Chris Horton. C’est une sorte d’assurances tous risques ?

Oui, il faut trouver maintenant le meneur qui va bien avec. Je fais confiance à Olivier (Bourgain) pour mettre Chris Horton dans les mêmes conditions qu’il avait à Cholet. C’est une bonne prise effectivement de sa part. Il a signé un an. Et contrairement à ce que j’ai pu entendre, ce n’est pas que financier, loin s’en faut.

Vous avez fait revenir le meneur Lucas Bourhis (1,77m, 20 ans) de Blois. C’est pour le faire jouer ?

On a formé beaucoup de gamins par le passé. On les a prêtés. Ils n’ont pas tout de suite franchi le seuil pour revenir en Jeep Elite mais Lucas est un très bon exemple car il a fait une très bonne saison en Pro B (NDLR : 5,3 points et 3,2 passes en 17’) et on pense qu’il est capable de franchir le pas, d’avoir du temps de jeu en Jeep Elite et apporter toutes ses qualités. C’est ce que l’on veut bâtir, mettre en place avec la formation, ce que font Cholet et Chalon depuis des années, deux clubs formateurs qui sortent des joueurs.

Vous avez aussi pris deux joueurs qui sont encore jeunes, Paul Rigot (25 ans) et Romuald Morency (24 ans) ?

Ce sont deux jeunes qui

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Photo d’ouverture: Sportica, un soir de Carnaval (BCM)

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