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Interview Rolf Beyer (manager général de Bamberg): « La BCL? Un modèle sportif et économique fondé sur des idées saines »

Au printemps dernier, Bamberg, huit fois champion d’Allemagne, notamment en 2015, 2016 et 2017, neuf participations en Euroleague depuis 2005, décide avant la fin du championnat de s’engager pour les cinq prochaines saisons en BCL, à condition bien entendu que le club se qualifie sur le terrain. L

Au printemps dernier, Bamberg, huit fois champion d’Allemagne, notamment en 2015, 2016 et 2017, neuf participations en Euroleague depuis 2005, décide avant la fin du championnat de s’engager pour les cinq prochaines saisons en BCL, à condition bien entendu que le club se qualifie sur le terrain. Le club explique pourquoi il quitte le giron d’ECA, l’entreprise privée qui gère Euroleague et Eurocup, pour rejoindre la Basketball Champions League. Un éclairage intéressant au moment où des clubs français ambitionnent le retour dans cette compétition. Pour y faire quoi sportivement ? Pour s’y développer comment économiquement ?
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Pourquoi le choix de la Basketball Champions League et non plus l’Euroleague ?

Au printemps, nous avons commencé nos discussions avec Patrick Comninos (CEO de la BCL) qui nous a expliqué le projet de la BCL. Et tout à coup, nous avons découvert qu’il existait dans le basket européen un homme, un dirigeant, qui avait une vision différente de ce que nous avions expérimenté jusque-là. En 2017, nous avons gagné le championnat allemand, la coupe. Cela nous a ouvert les portes de l’Euroleague, pas en tant que détenteur d’une « licence A » (qui garantie 10 ans de participation) mais en tant que vainqueur du championnat d’Allemagne. En 2017-18, on a subi un calendrier très dur avec la nouvelle formule de l’Euroleague à 16 équipes. On a augmenté le budget de 5 millions d’euros, et ça n’a pas suffit à être compétitif au niveau sportif mais surtout, on a fini par comprendre qu’il n’y avait en face aucun revenu, aucun sponsor, aucune exposition médiatique ou aucun partenariat qui ne pouvait couvrir ces dépenses supplémentaires. Il était temps de faire autrement.

Le club n’était pas dimensionné pour l’Euroleague ?

Nous ne correspondons pas à ce que l’Euroleague recherche vraiment. Jordi Bertomeu cherche des opportunités dans les plus grandes villes, les plus gros marchés. Moscou, Munich, Berlin, Paris ou Londres. L’Euroleague veut des marchés, des grandes marques. Nous, nous faisons partie d’un grand marché, l’Allemagne, mais nous ne sommes pas Munich ou Belin.

Quel était votre objectif en entrant en Euroleague ?

Notre plan était qu’au bout de 5 ou 6 ans, nous nous serions installés parmi le Top 10 des équipes européennes. Mais ça n’est pas aussi facile que ça. Nous avons compris au début de la saison dernière que notre objectif maximum se situait entre la 10e et la 13e place. Et il ne faut jamais oublier que les résultats amènent les sponsors et l’argent. Et non l’inverse. En décembre 2017, nous avons compris que l’environnement dans lequel on était censé évoluer et être en compétition avec d’autres n’était pas sain. Et nous sommes également tombés d’accord sur le fait que la plus grosse erreur que nous pourrions faire serait de perdre notre passion pour le sport, la victoire.

Que vous a proposé Patrick Comninos, président de la BCL, pour vous convaincre ?

Il avait une vision différente, un autre modèle sportif et économique, fondé sur des idées saines, un esprit ouvert et une méritocratie au centre de tout. Plus important que tout à nos yeux: cette compétition est construite sur le mérite sportif, un classement rationnel et les ligues nationales. Cela correspond à notre vision des compétitions européennes. C’est d’ailleurs ainsi que nous avons débuté en Euroleague. En remportant le championnat. Il n’y avait pas de contrat de dix ans garantis pour nous. On sait aujourd’hui qu’on a fait le meilleur choix possible pour que le club reste sain dans les années à venir. On développe une approche très raisonnable et rationnelle. Ce changement nous permet aussi de restructurer le club, une renaissance. Avec un budget spécifique, cela nous donne également une opportunité de donner confiance à de supers gamins qui sortent de notre centre de formation. On peut arriver à faire plus de choses en étant en BCL. On a décidé de regarder les choses différemment. On sait que le niveau des équipes n’est pas le même qu’en Euroleague, qu’il y a moins de paillettes. Mais comme vous le voyez, le fait qu’on vienne d’Euroleague les années précédentes ne garantie pas qu’on gagne facilement en BCL. Les autres clubs sont forts aussi, on n’est pas tout seul. Notre objectif réaliste est de jouer les quarts de finale. Notre rêve, c’est le Final Four. Mais surtout, nous voulons des fondations saines et solides pour le club. Une structure qui puisse survivre, même quand les résultats sportifs ne sont pas bons. C’est la seule façon pour un club de bâtir son futur.
Selon vous, c’est impossible en Euroleague ?

Ecoutez, peut-être qu’on pourrait investir de l’argent, on l’a déjà fait, mais pour quoi faire ? Pour quelle raison ? Comment générer cet argent pour présenter une situation financière saine ? Même si vous avez un budget de 10 millions d’euros, comment être compétitif face à des équipes qui ont 25, 30 ou 40 millions ? Pour nous, le modèle du propriétaire très riche, comme Olympiacos ou Panathinaikos, qui perdent 10 ou 15 millions d’euros par an, qui en mettait d’ailleurs 20 ou 25 il y a quelques années, ce n’est pas un modèle. C’est une impasse. Il y a aussi des clubs comme Zalgiris Kaunas, qui ont une super structure de club, un état qui les aide beaucoup, une Arena énorme, a réussi à atteindre le Final Four. Ils ont investi dans un coach génial et une équipe qui est devenue très forte. Mais des clubs comme ça, il n’y en a pas beaucoup. Le CSKA ou Khimki Moscou sont financés par l’état. Barcelone ou Madrid, l’argent vient du foot. Et puis je ne parle pas des équipes qui perdent 10 millions par an, tous les ans. Mais pour les clubs normaux, qui sont des entreprises normales, qui ne sont pas soutenues par l’argent public ou un mécène ? Ce modèle ne va nulle part. Ce n’est pas viable, ce n’est pas fonctionnel. Le futur, c’est d’attirer les sponsors, de construire des budgets raisonnables qui correspondent à des recettes, de créer un environnement d’exposition médiatique. Le modèle d’une ligue fermée n’est pas le bon pour l’Europe. L’Euroleague doit travailler ensemble avec la FIBA. La ligue fermée accueillera des grands noms de clubs, oui, mais elle ne donne pas leur chance aux autres de se développer. Est-ce que l’on veut ? Depuis deux ans, on discute avec beaucoup de clubs et beaucoup sont d’accord sur le fait qu’il faut changer les choses. Mais au final, personne ne bouge. Patrick Comninos dit que le basket a besoin d’une organisation qui appartiennent aux équipes. Et je lui fais confiance.

 

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Pourquoi le choix de la Basketball Champions League et non plus l’Euroleague ?

Au printemps, nous avons commencé nos discussions avec Patrick Comninos (CEO de la BCL) qui nous a expliqué le projet de la BCL. Et tout à coup, nous avons découvert qu’il existait dans le basket européen un homme, un dirigeant, qui avait une vision différente de ce que nous avions expérimenté jusque-là. En 2017, nous avons gagné le championnat allemand, la coupe. Cela nous a ouvert les portes de l’Euroleague, pas en tant que détenteur d’une « licence A » (qui garantie 10 ans de participation) mais en tant que vainqueur du championnat d’Allemagne. En 2017-18, on a subi un calendrier très dur avec la nouvelle formule de l’Euroleague à 16 équipes. On a augmenté le budget de 5 millions d’euros, et ça n’a pas suffit à être compétitif au niveau sportif mais surtout, on a fini par comprendre qu’il n’y avait en face aucun revenu, aucun sponsor, aucune exposition médiatique ou aucun partenariat qui ne pouvait couvrir ces dépenses supplémentaires. Il était temps de faire autrement.

Le club n’était pas dimensionné pour l’Euroleague ?

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