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Interview – Vincent Collet et les JO : « On va utiliser beaucoup plus qu’à l’accoutumée les joueurs majeurs »

En début d’après-midi, le coach des Bleus Vincent Collet a livré beaucoup d’informations. Sur l’état de ses troupes dont Thomas Heurtel , sur sa stratégie pour les deux France-Espagne, sur les raisons du format de préparation choisi, et encore sur ce qu’il pense de la République Tchèque, qui s’est i

En début d’après-midi, le coach des Bleus Vincent Collet a livré beaucoup d’informations. Sur l’état de ses troupes dont Thomas Heurtel , sur sa stratégie pour les deux France-Espagne, sur les raisons du format de préparation choisi, et encore sur ce qu’il pense de la République Tchèque, qui s’est invitée par surprise dans le groupe de l’équipe de France aux JO de Tokyo.

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Comment s’est passée la dernière séance d’entraînement à Pau avant de rejoindre Malaga demain ?

Cette dernière séance a été dans la dernière lignée des précédentes depuis que l’on a eu l’opportunité de récupérer nos jeunes challengers. Avec un peu moins d’énergie que les deux précédentes, celles de dimanche et d’hier étant de vraiment bonne facture. Aujourd’hui, on ressentait un peu de fatigue par rapport à l’enchaînement de ces séances. C’était le gros bloc d’entraînement dont on disposait. On en a profité un maximum, même si on était obligé malgré tout d’aménager certaines séances par rapport à la fatigue, et parfois aussi d’économiser certains joueurs touchés par des petits pépins sans gravité, mais qui nécessitaient malgré tout de les mettre au repos sur une ou deux séances.

Pouvez-vous nous faire un état des lieux de l’effectif, notamment à propos de Thomas Heurtel, de Rudy Gobert et de Nicolas Batum ?

Thomas nous a quittés à nouveau ce matin. Il ne s’est jamais entraîné avec nous puisque sa participation est conditionnée par l’examen de contrôle qu’il va passer en Espagne, vendredi, avec son club. A la suite de celui-ci, on aura ou non l’autorisation de le faire jouer. Rudy Gobert va nous rejoindre directement en Espagne, à Malaga, demain. Il ne devrait probablement pas jouer le premier test contre l’Espagne jeudi soir. Quant à Nicolas Batum, il sera parmi nous vendredi, à Paris, sachant qu’il arrive en France demain matin. Pour ce match à Malaga, Isaia Cordinier va compléter l’effectif et nous emmenons également Paul Lacombe qui était avec les challengers, ce qui fait que nous aurons 11 joueurs sur la feuille de match.

En ce qui concerne Thomas Heurtel, réfléchissez-vous à une autre option en cas de forfait pour les JO ?

La priorité est de se débrouiller avec le groupe actuel, en particulier Isaia Cordinier qui prendrait numériquement sa place. On décalerait comme troisième meneur Nando De Colo, sachant que même si Thomas devait venir, Nando pourrait déjà jouer dans cette position. On travaille en particulier depuis le début de la préparation dans les différents cinq, les différentes associations, où il est souvent associé à Frank (Ntilikina). On trouve que ça fonctionne bien tous les deux, ils sont assez à l’aise en étant capables à des moments différents de prendre la mène, et l’autre jouant deuxième arrière, et vice-versa. On souhaite que Nando soit souvent le joueur qui joue les picks, on veut profiter de son expérience, de sa maîtrise dans ce registre-là. Voilà pourquoi on remplacerait directement Thomas par quelqu’un du groupe actuel.

Photo: Rudy Gobert (FIBA)
« On a fait le choix de partir au Japon le 14 juillet et d’y faire malgré tout deux matches. On va jouer contre le Japon le 18 et probablement le 20 contre l’Italie »

Petr Cornelie n’a pas de sélection en équipe de France et il est retenu dans les 12 pour les JO. Comment a-t-il gagné sa place ?

Petr bénéficie de circonstances particulières. La blessure d’Amath (Mbaye), qui était bien sûr antérieure, mais qui a été constatée pendant les tests médicaux à l’INSEP, nous a obligés à réfléchir à comment le remplacer. Toutes les qualités que Petr a pu afficher les premiers jours du stage nous ont amenés à penser qu’il pouvait être la solution idoine. C’est aussi dû au contexte. A savoir le format de compétition. Pour atteindre les quarts-de-finale, il n’y a que trois matches espacés chacun d’entre eux de trois jours. Ce n’est pas un format habituel dans les compétitions internationales. D’habitude, on joue beaucoup plus et au mieux le délai est de deux jours. On considère que c’est une chance pour nous de pouvoir utiliser davantage les joueurs leaders du groupe. Par conséquent, les derniers joueurs de l’équipe sont amenés probablement -on ne sait jamais, il peut se passer beaucoup de choses-, à avoir un rôle moindre que dans une compétition classique. Le format est très spécial. Imaginez que nous battions la République tchèque, il ne suffira pas seulement de gagner le match contre l’Iran, mais probablement en réalisant un écart. La compétition est telle que les places vont être attribuées avec le goal-average. Nous avons l’objectif de nous qualifier et le mieux possible. Par conséquent, tout va être important. Ça sous-entend que dans l’utilisation des joueurs, on va utiliser beaucoup plus qu’à l’accoutumée les joueurs majeurs.

Quelle sera la hiérarchie de l’équipe ? Nicolas Batum va-t-il par exemple démarrer au poste 4 ?

Nicolas Batum va être beaucoup plus responsabilisé au poste 4, et ça répond en partie à la question précédente. Quand j’ai dit que Peter Cornelie a saisi une opportunité, c’est aussi lié à ces aspects-là. Ça nous semble très important que Nicolas Batum puisse occuper de façon importante le poste 4 par son côté facilitateur, bon passeur. On sait que dans le jeu international moderne, le poste 4 fait souvent figure de deuxième meneur de jeu. C’est une des raisons pour lesquelles je souhaite utiliser Nico beaucoup en 4. Je pense qu’il peut nous donner un bonus dans ce registre-là. La hiérarchie n’est pas amenée à être très différente de celle de 2019. On va beaucoup compter sur nos deux fers de lance offensifs que sont Nando De Colo et Evan Fournier, qui vont être très responsabilisés, et pour lesquels on a essayé de mettre en place un certain nombre de choses pour leur donner la balle dans les meilleures conditions, pour qu’ils puissent créer avec efficacité. Dans le registre intérieur, même s’il n’est pas encore arrivé, il est évident que Rudy (Gobert) va être une plaque tournante d’une part de notre défense, et globalement de notre équipe. On a profité de toutes ces journées pour aussi positionner nos autres intérieurs. Par exemple Mous Fall, à qui on aimerait, lorsqu’il sera sur le terrain, pouvoir confier quelques situations de poste bas avec autour de lui une mobilité qui nous permet de trouver des solutions, en utilisant ses qualités de passeur pour créer une autre façon de jouer. Cette préparation sert à affiner les rôles de chacun. Quand on a commencé le stage le 24 juin, on n’était pas encore une équipe. On avait un roster qui nous plaisait, mais maintenant il faut que l’on apprenne à travailler ensemble. On a aussi utilisé toutes ces journées pour repérer les gens qui fonctionnent bien ensemble. C’est important pour construire le collectif. Bien sûr, il faut qu’il y ait des systèmes mais ce n’est pas forcément le plus important. Ce qui l’est, ce sont les associations, les complicités entre les uns et les autres. Cette partie de préparation, et les matches encore plus, devraient faire émerger ces complicités. Il y en a qui fonctionne mieux avec untel qu’avec un autre, et on va essayer dans les jours qui viennent de développer ça pour avoir un fonctionnement le plus optimal possible.

Qu’attendez-vous spécialement des deux matches contre l’Espagne ?

A l’époque de Tony (Parker), parfois il n’avait pas considéré ces matches-là comme de la préparation, et en terme d’agressivité, il n’était pas encore à fond, et ça peut aisément se comprendre. En tant que coach, on va essayer de regarder un maximum de choses. On ne va pas choisir entre l’attaque et la défense, mais effectivement, comment on est ensemble. Ça, c’est important. En défense, sur les articulations, est-ce que par exemple, côté faible, est-on capable d’être concerné par l’action qui se déroule ou au contraire, on ne l’est pas. Un ensemble de petits détails qui font que tu donnes la sensation d’être vraiment ensemble. A mes yeux, en attaque, ce qui est importants, ce sont les enchaînements, notre capacité à ne pas arrêter la balle. Notre adversaire pour ça est parfait parce que si tu n’as pas cette qualité offensive, tu es très vite à l’arrêt contre l’Espagne. C’est l’équipe qui arrive le plus à te faire déjouer par son activité défensive. Ça va nous passer au révélateur. Contre d’autres équipes, tu arrives parfois à trouver des solutions individuelles plus facilement, qui pourraient cacher la forêt, ce n’est pas le cas contre l’Espagne. Il va déjà falloir que l’on ait l’utilisation de l’espace qui soit cohérente, et surtout de la vitesse et de l’enchaînement dans ce que l’on fait. Si on est trop lent, en particulier dans les prises de décision, on sait que contre l’Espagne, on peut très vite être malmené (…) Le problème, c’est qu’on va jouer le premier sans Nicolas Batum et sans Rudy Gobert, et le deuxième a minima sans Nicolas Batum. Quand on connaît leur importance dans notre dispositif… Je veux que l’on montre que l’on est sur le chemin de la construction de notre jeu et surtout sur nos principes et habitudes défensives, qui vont nous permettre, je l’espère, dans la compétition d’être performant. Je n’ai pas d’attentes particulières sur le score, mais j’espère que l’on sera sur ces deux matches challenger cette équipe d’Espagne, qui apparemment est au complet. Il faut voir si on est capable, à un peu moins de trois semaines de la compétition, d’avoir un niveau d’intensité adéquat.

Après ses deux matches contre vous, l’Espagne va aller à Las Vegas faire un tournoi relevé notamment contre les Etats-Unis. Auriez-vous aimé faire ce type de tournoi ? Est-ce les circonstances qui ont fait que ce n’était pas possible ? Et la question annexe : est-ce que vous pouvez vous procurer facilement des vidéos sur de type de matches qui ont lieu aux Etats-Unis ?

Aujourd’hui, on arrive relativement facilement à avoir des images de tout. On a déjà vu le premier Espagne-Iran et je pense pouvoir regarder le deuxième de hier soir aujourd’hui. Et je pense effectivement que l’on aura accès aux images de Las Vegas. Je crois que les Américains enchaînent cinq rencontres entre le 10 et le 18 juillet à Las Vegas. Pour être très clair, ce tournoi a été long à se mettre en route. On avait été contacté par les Américains en amont, mais sans garantie, et à un moment donné, on a décidé de partir au Japon. Il y avait d’autres enjeux. Il faut savoir que le Comité d’Organisation des Jeux (COJO) a précisé que toute équipe qui n’arriverait pas plus d’une semaine avant au Japon devrait rentrer au Village Olympique cinq jours avant sa première compétition. La cérémonie d’ouverture est le 23 juillet, et tu sais que lorsque tu es dans le village olympique, tu ne peux pratiquement pas t’entraîner. Tu disposes d’un créneau qui est souvent de 45-50 minutes et on te chasse de la salle à 49’50. C’est vraiment particulier comme organisation. C’était un peu risqué à ce niveau-là de rentrer au dernier moment. Peut-être que les Américains ont pu négocier, je ne le sais pas. Je sais qu’ils sont en dehors du village, ce qui est quand même très particulier quand on sait la somme des contraintes qui vont nous être imposées. Mais c’est comme ça. On a fait le choix de partir au Japon le 14 juillet et d’y faire malgré tout deux matches. On va jouer contre le Japon le 18 et probablement le 20 contre l’Italie. On avait contractualisé avec les adversaires potentiels du TQO de Belgrade et ça aurait pu être la Serbie. C’est un choix différent, qui fait aussi le pari d’un déplacement moins compliqué : le fait de rejoindre directement Tokyo et de ne pas faire deux déplacements consécutifs lourds. Et, à l’époque où nous avons décidé, on ne savait pas combien il y aurait d’adversaires. Les Américains n’étaient pas capables de nous dire si c’était juste pour jouer contre eux un ou deux matches. Et après est survenu le tirage au sort et les deux matches confirmés, contre les Américains, on ne pouvait plus trop les faire puisqu’on allait les jouer dix jours après.

Photo: Tomas Satoransky (République Tchèque, FIBA)
« Pour moi, la République Tchèque monte en puissance depuis 2015. On les a découvert à l’Euro en France, et depuis c’est une progression constante »

Que pensez-vous de l’élimination du Canada et de la Serbie ? Ne surcote-t-on pas les équipes avec beaucoup de joueurs NBA ? Le plus important n’est-il pas d’avoir un collectif, ce qui n’est pas possible quand on se prépare dans un minimum de temps. Et deuxièmement, que pensez-vous de la République Tchèque qui sera votre adversaire avec les Etats-Unis et l’Iran aux JO ?

On est effectivement un peu victime de l’effet NBA dans l’évaluation. Je crois que ce qui est important, c’est l’écart type dans les performances. J’ai regardé les matches du Canada et la finale du TQO (République Tchèque-Grèce), avec mes assistants, Evan Fournier et Thomas Heurtel. C’était un peu tard ! Le Canada a montré qu’il n’avait pas de vécu collectif, c’était une association de joueurs qui jouaient à tour de rôle. Ils se sont cassé les dents contre le collectif des Tchèques. De mon point de vue, ce qui était surprenant, c’est au niveau défensif. Je les ai trouvés sur la réserve. S’ils avaient eu l’intensité défensive adéquate, ils auraient quand même pu s’en sortir. Là, cela aurait été un miracle. Déjà, dans le temps règlementaire, le 9-0 infligé dans les quarante dernières secondes étaient un peu spécial. Avant, ils avaient quand même subi la domination des Tchèques. Dans votre question, il y a quelque chose de fondamentalement juste. C’est un sport d’équipe et il faut arriver à en constituer une, et c’est de plus en plus difficile car les temps de préparation sont réduits d’année en année. En plus cette année, avec la pandémie, la saison NBA qui est en cours, les joueurs arrivent de façon échelonnée, ça complique les choses. C’est encore plus mis en exergue par une équipe comme la République Tchèque qui, pour moi, a pratiqué un basket de club avec beaucoup de précisions dans les articulations collectives. Ils se trouvent quasiment les yeux fermés. Lors de la finale de ce TQO contre la Grèce, ils ont eu une adresse hors norme. C’est une excellente équipe typée européenne, jeu Euroleague, avec des grands qui sont de redoutables passeurs. (Jan) Vesely, on le sait, mais même (Ondrej) Balvin a montré son intelligence de jeu, (Patrik) Auda également. Il faudra que l’on soit dans l’intensité, dans l’agressivité, pour les faire déjouer car si tu les laisses dérouler, ils deviennent vraiment redoutables. L’intérêt que j’y vois, c’est que, comme c’est une équipe très en place, il faut qu’on ait matière à les perturber. Sincèrement, si le Canada s’était qualifié, l’importance du un-contre-un dans leur jeu était telle qu’on n’avait pas beaucoup de moyens de réduire leur jeu collectif parce qu’il était pas très important. Là, c’est une équipe qui joue très collectivement, donc on va essayer de casser cette alchimie et cette qualité de jeu qu’ils ont affiché lors du TQO mais pas seulement. Pour moi, la République Tchèque monte en puissance depuis 2015. On les a découvert à l’Euro en France, et depuis c’est une progression constante. Ils ont fini 6e de la Coupe du monde, et quelque part c’était la meilleure équipe du plateau. On pensait que ça serait inversé car des joueurs devaient arriver dans les autres équipes, mais ils ont confirmé leurs résultats en Chine et ils ont ajouté Vesely. C’est une équipe contre laquelle il faudra être à notre meilleur niveau.

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Comment s’est passée la dernière séance d’entraînement à Pau avant de rejoindre Malaga demain ?

Cette dernière séance a été dans la dernière lignée des précédentes depuis que l’on a eu l’opportunité de récupérer nos jeunes challengers. Avec un peu moins d’énergie que les deux précédentes, celles de dimanche et d’hier étant de vraiment bonne facture. Aujourd’hui, on ressentait un peu de fatigue par rapport à l’enchaînement de ces séances. C’était le gros bloc d’entraînement dont on disposait. On en a profité un maximum, même si on était obligé malgré tout d’aménager certaines séances par rapport à la fatigue, et parfois aussi d’économiser certains joueurs touchés par des petits pépins sans gravité, mais qui nécessitaient malgré tout de les mettre au repos sur une ou deux séances.

Pouvez-vous nous faire un état des lieux de l’effectif, notamment à propos de Thomas Heurtel, de Rudy Gobert et de Nicolas Batum ?

Thomas nous a quittés à nouveau ce matin. Il ne s’est jamais entraîné avec nous puisque sa participation est conditionnée par l’examen de contrôle qu’il va passer en Espagne, vendredi, avec son club. A la suite de celui-ci, on aura ou non l’autorisation de le faire jouer. Rudy Gobert va nous rejoindre directement en Espagne, à Malaga, demain. Il ne devrait probablement pas jouer le premier test contre l’Espagne jeudi soir. Quant à Nicolas Batum, il sera parmi nous vendredi, à Paris, sachant qu’il arrive en France demain matin. Pour ce match à Malaga, Isaia Cordinier va compléter l’effectif et nous emmenons également Paul Lacombe qui était avec les challengers, ce qui fait que nous aurons 11 joueurs sur la feuille de match.

En ce qui concerne Thomas Heurtel, réfléchissez-vous à une autre option en cas de forfait pour les JO ?

La priorité est de se débrouiller avec le groupe actuel, en particulier Isaia Cordinier qui prendrait numériquement sa place. On décalerait comme troisième meneur Nando De Colo, sachant que même si Thomas devait venir, Nando pourrait déjà jouer dans cette position. On travaille en particulier

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Photo d’ouverture: Nando De Colo (FIBA)

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