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ITW William Howard (ASVEL) : « J’essaie de faire abstraction des stats »

À ce jour, il est le shooteur le plus adroit de l’histoire de l’Euroleague à 3-points. Cette saison, William Howard (2,03 m, 28 ans) est l’un des facteurs X villeurbannais, en atteste sa performance contre Monaco ponctuée par un buzzer beater du milieu de terrain et un titre de MVP de la journée. Da

À ce jour, il est le shooteur le plus adroit de l’histoire de l’Euroleague à 3-points. Cette saison, William Howard (2,03 m, 28 ans) est l’un des facteurs X villeurbannais, en atteste sa performance contre Monaco ponctuée par un buzzer beater du milieu de terrain et un titre de MVP de la journée. Dans un entretien à Basket Europe, l’international tricolore se confie sur le début de saison de l’ASVEL, le travail de son shoot avec son père, ses expériences aux Etats-Unis ou encore ses envies d’équipe de France.

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Quelles émotions ça procure de marquer un tel tir de la gagne du milieu de terrain, en Euroleague, contre le rival monégasque ?
« Sur le coup, ça procure énormément d’émotions. Mais ça fait surtout plaisir parce qu’on a gagné et qu’on était limités en rotations. C’était un match très important pour nous, contre Monaco. Quand on dit qu’on ne lâche jamais à l’ASVEL, on l’a prouvé sur ce match. On a mis des actes sur les mots. »

Vous saviez au fond de vous-même que le ballon était parti à temps ?
« Pour moi, il était bon. Après, avec les ralentis, je comprends qu’on puisse avoir un doute. Il n’y en a pas un qui le montre clairement puisqu’avec l’angle de derrière, c’est flou. On ne peut pas savoir, c’est vrai, mais les arbitres l’ont validé. »

Est-ce le moment le plus intense de votre carrière ?
« Je ne pense pas, la montée en Pro A avec Toulon était quand même au-dessus parce que c’était sur toute une saison, et c’était vraiment beau. Même si ce shoot restera gravé, oui. »

Au-delà de ce tir, vous avez été élu MVP de la 12e journée avec un match à 33 d’évaluation. Vous n’aviez pas dépassé les 12 d’éval jusqu’ici cette saison. Comment vous l’expliquez ?
« (Hésitation) Je n’ai pas vraiment d’explication. Sur ce match, j’ai eu beaucoup d’adresse. Au basket, mettre des shoots, ça aide. Après, compte tenu des blessures, j’ai eu un très gros temps de jeu. Il y a des jours comme ça où tout rentre (NDLR : il termine à 23 points à 5/5 à 3-points, 10 rebonds). »

Elie Okobo et Chris Jones sont plus ciblés aujourd’hui qu’en début de saison, alors c’est aussi à d’autres de prendre des responsabilités…
« Tout à fait. Sur le début de saison, j’ai eu du mal à trouver ma place. Elie (Okobo) et Chris (Jones) marchaient tellement sur l’eau que j’oubliais presque de jouer, je leur redonnais la balle systématiquement. Maintenant, il faut que chacun amène du danger, que la création vienne d’ailleurs, pour qu’ils n’aient pas qu’à jouer du 1-contre-1 pendant 40 minutes, qu’ils aient aussi des tirs ouverts, et qu’on arrive à trouver les autres joueurs. Parce que tout le monde est capable de marquer des points. Vu la longueur de la saison, on sait bien qu’on ne fera pas 10 mois au top avec le nombre de matches à jouer, donc il faut varier. »

Vous êtes à ce jour toujours proches du top 8 de l’Euroleague, avec un bilan de 7 victoires pour 6 défaites. Quel est votre regard sur votre équipe cette saison ?
« Chez nous, tout part de la défense. Si on est bien défensivement, l’attaque va suivre, on ne sera pas obligés de jouer sur jeu placé, on va dérouler. C’est le rythme de notre défense qui va dicter notre attaque. Si on défend pas, on aura du mal à gagner des matches. Contre le Bayern Munich (jeudi), on fait un très bon premier quart-temps mais derrière, ils sont montés en agressivité, on a fait trop d’erreurs en défense, et on n’a pas réussi à enchaîner de l’autre côté du terrain.

« Dans le basket, on se concentre beaucoup sur les stats, on oublie souvent que ça reste un sport collectif avant tout. »

À ce jour, vous avez la meilleure adresse à trois-points de l’histoire de l’Euroleague avec 51,1 % de réussite (48/94 en 33 matches). Ce n’est pas rien… Vous y accordez de l’importance ?
« Ce n’est pas Kyle Kuric ? Parce qu’il a longtemps été à 60 % l’année dernière (NDLR : sa moyenne en carrière est de 46,0 % à 3-points, soit 181/384 (12e de ce classement), il avait terminé l’exercice précédent à 56,2 % derrière l’arc). En tout cas, ce qui est plutôt marrant, c’est que je ne vais plus trop voir mes stats, j’essaie de ne plus trop me prendre la tête avec ça. Ça reste important parce qu’on sait que, pour recruter, les coachs regardent systématiquement les chiffres. Mais après, j’essaie d’en faire abstraction. Mon but, à la base, ce n’est pas forcément de scorer, c’est surtout de jouer juste, faire la bonne action pour trouver le meilleur tir. Dans le basket, on se concentre beaucoup sur les stats et on oublie souvent que ça reste un sport collectif avant tout. »

Vous avez toujours eu un très bon tir à 3-points, mais vous n’aviez jamais tourné à plus de 40 % à 3-points sur une saison avant l’an dernier. Vous tournez à plus de 50 % en Euroleague depuis deux saisons, c’est une progression constante…
« Depuis que je suis jeune, je suis catégorisé comme shooteur. On ne m’a pas forcé, mais c’est vrai qu’on m’a toujours dit « si tu es ouvert, tu shootes », « tu es un shooteur, tu shootes, tu es là pour ça ». Je sais pas vraiment comment l’expliquer, mais c’est mon job. Quand des équipes me recrutent, ils attendent ça de moi, donc c’est bien de répondre présent sur ça, déjà. »

Votre ancien coach Kyle Milling avait tendance à dire que vous faisiez trop d’extra passes, que vous manquiez de confiance en vous. Un défaut qui semble avoir été corrigé aujourd’hui, on vous voit même pas mal alterner entre tir extérieur et percussion à l’ASVEL… Estimez-vous avoir trouvé l’équilibre parfait dans votre jeu ?
« Oui, en quelque sorte, j’essaie en tout cas. Avant, je cherchais trop à jouer juste, à faire l’action parfaite pour trouver le gars ouvert, mais j’ai appris qu’il fallait parfois mieux que je tire même en n’étant pas totalement ouvert, plutôt que quelqu’un d’autre qui shoote moins bien mais qui est plus ouvert. C’est vrai qu’il y a eu plusieurs coachs dans ma carrière qui m’ont dit et répété que j’étais là pour shooter donc ma mentalité a peut-être aussi évolué dans le temps. Mais il ne faut pas non plus que je ne fasse que tirer parce que je peux aussi apporter dans la création, pour que mes coéquipiers aient aussi des shoots ouverts. »

« Les musiciens font des heures et des heures de répétition pour arriver à jouer parfaitement leur partition. Le sportif, c’est pareil, et il n’y a pas qu’au basket. Au tennis, les joueurs répètent leurs gestes pendant des heures pour qu’en match, ça soit automatique. Il n’y a pas de secrets, tout vient de la répétition. »

Pendant votre jeunesse à Montbrison, il parait que vous privatisiez la salle pour shooter avec votre père (Skip Howard, deuxième meilleur scoreur de Nationale 1, l’ancienne Pro A, en 1979-1980 sous le maillot de Vichy), et que vous ne pouviez pas sortir avant d’avoir fait votre 100 % aux tirs ?
« (Rires) Non, ce n’est pas totalement vrai. Avec mon père, on a déjà demandé les clés de la salle à plusieurs reprises, c’est vrai, mais une fois qu’on avait fait ce qu’on avait à faire, je pouvais partir sans problème (rires). Il n’était pas dur comme ça ! »

En tout cas, vous avez travaillé votre tir très jeune. Ce qui explique peut-être votre adresse aujourd’hui ?
« Oui, peut-être. C’est sûr que plus on shoote, plus on met de tirs. C’est vrai que j’ai toujours shooté en dehors des entraînements pour répéter mon geste, pour avoir des habitudes de tir. Les musiciens font des heures et des heures de répétition pour arriver à jouer parfaitement leur partition. Le sportif, c’est pareil, et il n’y a pas qu’au basket. Au tennis, les joueurs répètent leurs gestes pendant des heures pour qu’en match, ça soit automatique. Il n’y a pas de secrets, tout vient de la répétition. »

Comment était votre père avec vous dans votre jeunesse ?
« Il m’a surtout transmis cette passion du basket. On regardait souvent ensemble l’émission du mercredi sur la NBA sur Canal+ par exemple. Quand j’étais petit, il coachait l’équipe de Nationale 2 de Montbrison. Ma mère était secrétaire pour le club également, donc je passais tous mes samedis dans une salle. Mon père m’a toujours donné des conseils, mais il n’a jamais décidé pour moi, il était assez tranquille. »

Durant la saison 2019-2020, William Howard est passé par la G-League, entre Salt Lake City et Houston.

Votre père est Américain, est-ce que ça a influencé dans votre choix de partir aux Etats-Unis dans votre adolescence, où vous avez passé une saison (2011-2012) à la New Hope Academy, dans le Maryland, après un cursus à l’INSEP ?
« Comme il est Américain, j’aurais bien aimé aller à l’université là-bas. Mais les cours, ce n’était pas trop mon truc, on va dire. Donc ça n’a pas fonctionné là-bas. C’est pour ça que je suis revenu en France. »

Plus tard, en 2019, vous êtes repartis en G-League entre Salt Lake City et Houston. Qu’est-ce que ces expériences vous ont apporté ?
« Ça m’a beaucoup apporté. Avant, je n’étais pas friand de muscu par exemple. Là-bas, je m’y suis mis assez sérieusement, disons. Je pense que je m’en suis rendu compte quand je suis rentré, en fait. Je n’ai pas joué en NBA (NDLR : en réalité 13 minutes en 2 matches NBA avec les Rockets) mais en G-League, le jeu est vraiment fou-fou, ça va vraiment vite. Et ça m’a aidé, physiquement mais aussi dans le jeu, parce que je trouvais que ça allait moins vite en Europe. Après, cette expérience était dans la continuité de ce que j’avais connu avant, mais poussée à l’extrême parce que c’était avec les Rockets façon Mike D’Antoni. Le coach de G-League recevait des consignes de l’équipe NBA qui était affiliée et on me disait qu’il fallait shooter rapidement. Avant le match, on faisait même des vidéos individuelles avec un coach, qui me disait « même si tu arrives en trailer et que tu es deux mètres derrière la ligne, il faut shooter, on sait que tu es capable de mettre ces tirs-là, ça nous dérange pas, on te dira rien ». Et je l’ai fait, et le coach me disait « tu vois, ce tir-là, tu l’as raté, mais il fallait que tu le prennes ».

Et la vie aux Etats-Unis vous a plu ?
« En dehors des terrains, c’était un peu spécial, disons. Je pensais que ça allait être mieux. A Utah, l’expérience était pas mal. Il y a encore des gars avec lesquels je suis en contact, d’autres contre qui j’ai joué cette année en Euroleague (NDLR : Jarrell Brantley à l’UNICS Kazan, Nigel Williams-Goss au Real Madrid). Mais Houston, c’était une mentalité différente, c’était un peu le cliché de la mauvaise G-League avec certains joueurs, des mecs qui traînent des pieds.

« C’est dommage de ne pas avoir pu participer à la fenêtre de novembre. Mais le plus dommage, c’est de ne pas avoir pu avancer le match contre Monaco pour que les joueurs d’Euroleague puissent venir en équipe de France. C’est dommage pour tout le monde, et pas que pour la France. Dans cette guéguerre FIBA/Euroleague, c’est le basket qui est perdant, au final. »

Vous avez été appelé par Vincent Collet en équipe de France pour la fenêtre de novembre. Finalement, seul Paul Lacombe a pu être libéré en raison des multiples blessures à l’ASVEL couplées à la décision de l’Euroleague de ne pas avancer la rencontre face à Monaco. Regrettez-vous de ne pas avoir pu tenter votre chance en équipe de France ?
« Déjà, j’étais dégoûté l’été dernier parce que j’étais remplaçant et je n’ai pas pu aller au rassemblement à cause d’une blessure au mollet. J’ai raté une très belle première opportunité. Après, en signant à l’ASVEL, je savais qu’on n’était même pas censés être convoqués (NDLR : en raison du calendrier de l’Euroleague). Pour cette fenêtre, il y a eu des discussions entre les présidents de la FFBB et de l’ASVEL, ils en ont décidé ainsi, moi je me plie aux règles. C’est dommage de ne pas avoir pu y participer, bien sûr. Mais le plus dommage, c’est surtout de ne pas avoir pu avancer le match contre Monaco d’un ou deux jours pour que les joueurs d’Euroleague puissent venir en équipe de France. C’est dommage pour tout le monde, et pas que pour la France, pour tous les autres pays aussi. Si les joueurs d’Euroleague sont disponibles, ça augmentera le niveau de toutes les équipes nationales. Dans cette guéguerre FIBA/Euroleague, c’est le basket qui est perdant, au final. »

L’équipe de France reste dans un coin de ta tête ?
« C’est clair. Tous les joueurs français espèrent avoir une opportunité de jouer pour l’équipe de France. Quelle que soit la compétition, on a envie d’y aller, de représenter le pays, et avoir une chance de gagner des médailles et des titres. Voire des titres tout court, avec les Bleus (sourires). »

Il y aura d’autres compétitions avant, mais peut-être que vous aimeriez être de la partie pour Paris 2024 ?
« Forcément, mais 2024, c’est loin. C’est dur de se projet aussi loin, surtout après ce qui m’est arrivé l’été dernier. Je veux prendre jour après jour, y aller petit-à-petit, et ça n’arrivera que si je suis d’abord performant en club. »

William Howard n’a plus porté le maillot des Bleus depuis 2018 et les matches de qualifications à la Coupe du Monde (c) FIBA

Au-delà de cette blessure au mollet, vous avez multiplié les petits pépins physiques depuis deux ans. Où en êtes-vous physiquement aujourd’hui ?
« Pour le moment, je touche du bois J’espère que ça va continuer comme ça, ne pas être trop embêté par la suite (NDLR : il a tout de même subi une infiltration au genou en novembre). Chez un joueur, dès qu’on ne peut pas jouer, peu importe le sport et la blessure, ça devient pénible, parce que tu ne peux pas montrer ce que tu vaux, et même parfois tu perds de la valeur. La blessure, c’est l’une des pires choses qui puisse arriver. »

Quand on joue l’Euroleague et la Betclic Élite, avec plus de 70 matches dans la saison, le rythme vous permet-il de faire autre chose que du basket à côté ?
« J’ai la chance d’avoir ma famille à une heure de chez moi. Quand on a des jours de repos, ça me permet d’aller m’aérer l’esprit. Après, avec le rythme des matches, ce n’est pas facile. On est actuellement en road trip, on joue tous les deux jours, on enchaine les voyages, les entrainements, les matches… Mais on reste des êtres humains, on arrive à se faire des petites sorties resto, cinéma, on arrive à trouver le temps de faire quelque chose en dehors des matches, en espérant qu’on ne finisse pas par être confinés comme les deux dernières saisons, parce que c’est le plus pénible. »

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Quelles émotions ça procure de marquer un tel tir de la gagne du milieu de terrain, en Euroleague, contre le rival monégasque ?
« Sur le coup, ça procure énormément d’émotions. Mais ça fait surtout plaisir parce qu’on a gagné et qu’on était limités en rotations. C’était un match très important pour nous, contre Monaco. Quand on dit qu’on ne lâche jamais à l’ASVEL, on l’a prouvé sur ce match. On a mis des actes sur les mots. »

Au-delà de ce tir, vous avez été élu MVP de la 12e journée avec un match à 33 d’évaluation. Vous n’aviez pas dépassé les 12 d’éval jusqu’ici cette saison. Comment vous l’expliquez ?
« (Hésitation) Je n’ai pas vraiment d’explication. Sur ce match, j’ai eu beaucoup d’adresse. Au basket, mettre des shoots, ça aide. Après, compte tenu des blessures, j’ai eu un très gros temps de jeu. Il y a des jours comme ça où tout rentre (NDLR : il termine à 23 points à 5/5 à 3-points, 10 rebonds). »

Elie Okobo et Chris Jones sont plus ciblés aujourd’hui qu’en début de saison, alors c’est aussi à d’autres de prendre des responsabilités…
« Tout à fait. Sur le début de saison, j’ai eu du mal à trouver ma place. Elie (Okobo) et Chris (Jones) marchaient tellement sur l’eau que j’oubliais presque de jouer, je…

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Photo : William Howard (Euroleague)

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