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[REDIFF] Les cartons en France et en Europe – Radivoj Korac : 99 points dans un match de Coupe d’Europe

La Coupe Korac s’est échelonnée de 1972 à 2002 et a réussi aux clubs français avec quatre victoires : Limoges (1982 et 83), Orthez (84) et Nancy (2002). Cette C3 avait reçu le nom d’un formidable scoreur yougoslave, Radivoj Korac, qui avait planté 99 points dans un match de Coupe des Champions, l’éq

La Coupe Korac s’est échelonnée de 1972 à 2002 et a réussi aux clubs français avec quatre victoires : Limoges (1982 et 83), Orthez (84) et Nancy (2002). Cette C3 avait reçu le nom d’un formidable scoreur yougoslave, Radivoj Korac, qui avait planté 99 points dans un match de Coupe des Champions, l’équivalent de l’Euroleague de l’époque. Il fut le meilleur joueur de la première génération d’or yougoslave.

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Plantons le décor avec le palmarès de notre homme. Radivoj Korac, ailier-fort d’1,96m, né en 1938, fut sept fois meilleur marqueur du championnat yougoslave, un record, sachant que Drazen Petrovic ne l’a été que quatre fois. Personne n’a fait mieux que lui au nombre de points inscrits dans le championnat national : 5 281. Korac a été aussi le meilleur marqueur de l’Euro à trois reprises et aussi aux Jeux Olympiques de Rome en 1960 et de Tokyo en 1964. Il a été couronné quatre fois champion de Yougoslavie avec l’OKK Belgrade et avec l’équipe nationale, il s’est fait beaucoup d’argent : une fois aux JO (1968), deux fois au championnat du monde (1963, 67) et deux fois au championnat d’Europe (1961 et 65) avec aussi une autre médaille de bronze pour changer un peu (1963). Sa moyenne de points en sélection (21,3 points) demeurera à jamais un record de Yougoslavie. Il a été le meilleur marqueur d’un match international 91 fois, il a marqué plus de 20 points 83 fois et quatre fois plus de 30. Il a été accessoirement champion de Belgique (1968) avec le Standard de Liège, son meilleur marqueur comme il le fut ensuite une saison en Italie (1969). C’est ce que l’on appelle un monstre.

Une mise à mort

Et donc ses 99 points ? C’était lors d’un quart-de-finale de la Coupe des Champions face aux Suédois d’Alvik Stokholm lors de la saison 1964-65. Pas des terreurs, c’est sûr. D’ailleurs à l’aller, les Suédois avaient déjà pris une dérouillée : 90-136. Korac s’était fait la main : 71 points. Pour le retour, les Nordiques se sont rendus à Belgrade en train. Durée du voyage, deux jours ! C’était de purs amateurs et ils se sont déplacés à seulement sept plus l’entraîneur Rolf Nigren prêt à rentrer sur le terrain si nécessaire. Evidemment, Alvik fut dominé sur place dans des proportions considérables : 155 à 57. Ça ne devait pas être joli à voir.

Radivoj Korac a marqué 34 des 60 points de son équipe en première mi-temps. Les Yougoslaves auraient pu alors faire jouer leur banc. Au contraire, ils ont donné un maximum de munitions à leur artificier en chef. Et ce fut le carnage.

« Vous savez, ce n’était pas un match très drôle. Nous étions fatigués de regarder Korac marquer sur notre panneau », a commenté le meneur d’Alvik, Anders Gronlund, qui se souvient parfaitement de cette parodie de rencontre. Korac s’introduisait dans la raquette de son équipe et se jouait systématiquement des intérieurs, Jorgen Hansson et Aryan Swiden, qui n’avaient tout simplement pas le talent nécessaire pour le contenir. Les Suédois furent criblés de faute et terminèrent le match à quatre. Les 3 000 fans assis sur des bancs et des chaises de la salle de la Foire de Belgrade poussaient inlassablement Radivoj Korac à piétiner ses adversaires. Seulement, Korac n’était pas tenu au courant du nombre de points qu’il avait accumulé. « Personne immédiatement après le match ne savait que Radivoj avait marqué 99 points. Seul l’officiel chargé d’enregistrer les points marqués était au courant, mais il n’a pas immédiatement calculé le total. Il se contentait de prendre note de ce qu’on lui annonçait : « Le n ° 5 a marqué deux points. » Le total a été connu après le match. Si nous avions su qu’il manquait un point pour que Korac atteigne la centaine, alors il aurait assurément atteint cette marque », déclara l’entraîneur de Belgrade Borislav Stankovic, futur secrétaire-général de la FIBA.

La feuille de marque des 99 points de Radivoj Korac.

C’est ainsi que Radivoj Korac s’arrêta à une unité du record en NBA de Wilt Chamberlain obtenu le 2 mars 1962 avec Philadelphie contre New York. Chamberlain, qui avait bénéficié de huit minutes supplémentaires pour accomplir son exploit historique mais aussi face à des adversaires d’une autre trempe.

Après le match, Korac a serré la main de tous ses rivaux et en apprenant qu’il avait scoré juste un peu moins de 100 points, il ne montra aucun signe de déception. Il souligna aux journalistes présents que le plus grand mérite de sa performance revenait à ses équipiers et le lendemain le quotidien sportif de Belgrade titra, « Merci, camarades ». Avec une valise aussi lourde, le voyage retour des Suédois fut quelque peu pesant mais Anders Grolund y vit du positif dans cette débâcle. « Nous faisons désormais partie de l’histoire. Évidemment, il vaut mieux être le gars qui a marqué 99 points, mais quand même ! »

Il ne faut pas non plus dévaloriser la performance du Yougoslave jusqu’à l’excès. Il n’était pas du tout un scoreur de pacotille. Ainsi, cette saison-là, il passa 79 points en deux matches de quart-de-finale à l’AEK Athènes et 75 au Real Madrid en deux matches de demi-finale.

Un scoreur fan des Beatles

Radivoj Korac est né à Sombor, la même ville de naissance que la star de NBA, Nikola Jokic. C’est en Croatie où ses parents rendaient visite à de la famille que le jeune Radivoj fit connaissance avec le basket mais d’un naturel timide et ne sachant pas comment dribbler, il n’osa pas se mêler sur le terrain à un groupe d’enfants. Ce côté très réservé et un peu gauche, son premier entraîneur le retrouva au début dans ses gestes mais il est vite apparu que l’adolescent avait en fait des qualités innées pour le jeu. A 16 ans, Korac jouait pivot pour l’UCC Belgrade et l’un de ses amis raconta que pour son premier match, il marqua les 33 points de son équipe. Il fut ensuite d’une incroyable régularité au plus haut niveau yougoslave : 29,1 points en 1959, puis dans l’ordre, 35,2 pts, 37,0 pts, 30,5 pts, 34,5 pts, 26,3 pts et 31,6 pts en 1965, le tout avec l’OKK Belgrade.

Korac n’était pas un joueur élégant, c’était un faux-lent qui prenait de vitesse ses rivaux, qui était costaud, avec une très bonne détente, et sa technique de gaucher donnait le mal de mer. Outre le fait qu’il était imparable sur la ligne des lancers avec son tir à deux mains en partant d’entre ses jambes, une main de chaque côté, il avait aussi comme spécialité le rebond. Les feuilles de statistiques officielles de l’équipe nationale de l’époque montrent qu’il partageait dans cette catégorie la première place avec Kresimir Cosic et ses 2,10m avec 7 rebonds chacun. Il avait aussi des dons pour le foot, le hand et l’athlétisme plus particulièrement le saut en hauteur. C’était aussi un bon joueur d’échecs.

En 1967, Korac reçu l’autorisation de partir à l’étranger et se retrouva au Standard de Liège. Il fut invité à la télévision nationale pour inscrire des lancers-francs dans un panier installé dans un studio. On lui demanda en français -une langue qu’il avait appris en trois mois- combien il pensait mettre de lancers sur 100 tentatives. Il répondit « environ 80 ». Il enleva sa veste et en pantalon et chaussures de ville, il réalisa un parfait 100 sur 100 !

Ce qui a frappé tout ceux qui l’ont côtoyé, c’est son humilité. Radivoj Korac était quelqu’un de gentil, de généreux, toujours entouré d’amis notamment des acteurs, des chanteurs et des artistes de toutes sortes. Sa collection de disques en vinyle était l’une des plus fournies de Belgrade car il en rapportait toujours de ses voyages à l’étranger. Dans un pays qui était alors sous le joug du communiste Tito, c’est grâce à lui qu’une radio de Belgrade a pu passer un disque d’un groupe inconnu en Yougoslavie : les Beatles. « Korac était une star du rock and roll avant l’arrivée du rock and roll en Yougoslavie », a déclaré le réalisateur Gordan Matic auteur en 2011 d’un film biographique, L’histoire de Radivoj Korac.

Il était aussi amoureux de théâtre, d’opéra, de littérature étrangère et ses auteurs préférés étaient James Joyce, Norman Mailer, George Bernard Shaw et William Faulkner. Son autre passion était… les maillots. Il en avait des centaines, de toutes les couleurs. Il ne portait un costume qu’à des occasions très spéciales. Il fut un bon étudiant en génie électrique, même s’il n’a jamais obtenu son diplôme. Il l’avait presque terminé, mais l’avait abandonné en disant qu’il mettrait la touche finale « plus tard, quand j’aurai fini ma carrière ». Malheureusement, le destin en décida autrement.

Putain de camion !

Radivoj Korac conduisait un nouveau modèle Volkswagen que lui avait fait découvrir le président de Liège. Il aimait conduire bien qu’il ait été dit qu’il n’était pas très prudent au volant. La veille, un match amical de l’équipe nationale yougoslave contre la Bosnie-Herzégovine s’était tenu à Sarajevo ; il avait marqué 35 points. Dans la matinée, il a pris son petit-déjeuner et s’en alla pour un voyage de cinq heures vers Belgrade, où il avait prévu d’assister à la première d’une comédie musicale. Dans une autre voiture avait pris place l’entraîneur Ranko Zeravica et sa femme Zaga. À quelques kilomètres de Sarajevo, Korac a tenté de dépasser une voiture sur une route étroite et s’est écrasé contre un camion venant en sens inverse. Nous étions le 2 juin 1969. Radivoj Korac est décédé à l’âge de 30 ans.

Des milliers de personnes, dont les joueurs de l’équipe nationale yougoslave et ses coéquipiers italiens de Padoue, son dernier club, sont descendus dans les rues de Sarajevo pour pleurer leur copain. Une chaîne de personnes s’étirait sur environ deux kilomètres. Le basketteur a été enterré dans le cimetière Novo Groblje à Belgrade dans un coin réservé aux célébrités où aucun sportif n’avait pris place avant lui.

La fédération yougoslave décréta que plus un match de basket ne se jouerait le jour de sa mort. Le secrétaire-général de la FIBA, Renato William Jones, donna son nom à une coupe d’Europe. Lorsque celle-ci a été retirée du programme européen, la Serbie a repris son nom pour sa coupe nationale. Quatre clubs, deux de Serbie, un de Bosnie et un autre de Suisse ont été baptisés en son honneur. Radivoj Korac est entré tout naturellement au Hall of Fame de la FIBA et dans le top 50 des personnalités qui ont le plus contribué au développement de l’Euroleague. Le Sava-Center de Belgrade a fait le plein de ses 4 000 places pour la première du film que lui a consacré Gordan Matic. L’acteur Dejan Dedic a joué son rôle dans un autre film, Nous deviendrons champions du monde sorti en 2015. Pour le 43e anniversaire de sa disparition, la ville de Belgrade a dévoilé une plaque où est marqué « Radivoj Korac Corner » au pied de la rue Knez Mihajlova dans le centre-ville, près du café où il rencontrait quotidiennement ses amis. Une rue de Belgrade porte son nom et sa mère y a vécu centenaire.

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Plantons le décor avec le palmarès de notre homme. Radivoj Korac, ailier-fort d’1,96m, né en 1938, fut sept fois meilleur marqueur du championnat yougoslave, un record, sachant que Drazen Petrovic ne l’a été que quatre fois. Personne n’a fait mieux que lui au nombre de points inscrits dans le championnat national : 5 281. Korac a été aussi le meilleur marqueur de l’Euro à trois reprises et aussi aux Jeux Olympiques de Rome en 1960 et de Tokyo en 1964. Il a été couronné quatre fois champion de Yougoslavie avec l’OKK Belgrade et avec l’équipe nationale, il s’est fait beaucoup d’argent : une fois aux JO (1968), deux fois au championnat du monde (1963, 67) et deux fois au championnat d’Europe (1961 et 65) avec aussi une autre médaille de bronze pour changer un peu (1963). Sa moyenne de points en sélection (21,3 points) demeurera à jamais un record de Yougoslavie. Il a été le meilleur marqueur d’un match international 91 fois, il a marqué plus de 20 points 83 fois et quatre fois plus de 30. Il a été accessoirement champion de Belgique (1968) avec le Standard de Liège, son meilleur meilleur marqueur comme il le fut ensuite une saison en Italie (1969). C’est ce que l’on appelle un monstre.

Une mise à mort

Et donc ses 99 points ? C’était lors d’un quart-de-finale de la Coupe des Champions face aux Suédois d’Alvik Stokholm lors de la saison 1964-65. Pas des terreurs, c’est sûr. D’ailleurs à l’aller, les Suédois avaient déjà pris une dérouillée : 90-136. Korac s’était fait la main : 71 points. Pour le retour,

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A lire demain l’interview de Bob Thate

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