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Interview – Endy Miyem : « On ne laisse pas les gens respirer »

A 29 ans (déjà !), Endy Miyem (1,88m) est l’un des murs porteurs de l’équipe de France. Des qualifs pour l’Euro en 2008 jusqu’au Jeux Olympiques de Rio, elle a été de toutes les aventures des Bleues. C’est la seule dans ce cas. Avec la retraite d’Isabelle Yacoubou et le forfait de Sandrine Gruda, En

A 29 ans (déjà !), Endy Miyem (1,88m) est l’un des murs porteurs de l’équipe de France. Des qualifs pour l’Euro en 2008 jusqu’au Jeux Olympiques de Rio, elle a été de toutes les aventures des Bleues. C’est la seule dans ce cas.

Avec la retraite d’Isabelle Yacoubou et le forfait de Sandrine Gruda, Endy va avoir un job encore plus important dans la peinture. On peut compter sur elle tant la constance dans la performance est l’une de ses marques de fabrique. Ses expériences à Koursk et à Schio -avec qui elle a été championne d’Italie- n’ont fait qu’améliorer encore son savoir-faire.

N’es-tu pas partie une année trop tôt de Koursk puisque cette saison l’équipe a gagné l’Euroleague ?

Vue comme ça, oui. Mais à titre personnel, je crois qu’il était temps que je parte. Les résultats dépendent parfois du facteur chance, aux rencontres, et sur ce coup-là, oui, j’étais un peu en avance (sourire). Je n’avais signé qu’un an.

La vie est-elle dure là-bas (1) ?

Les Russes la décrivaient comme une petite ville mais pour nous Français, c’est quand même assez grand. Il n’y a pas énormément de choses à faire, en plus les gens parlent essentiellement russe et c’est assez compliqué de se faire comprendre, de rencontrer d’autres personnes que celles que l’on voit dans une salle de basket.

Comment étais-tu logé ? A Ekaterinbourg, il y a tout le confort pour les étrangères, un chauffeur, un interprète. C’était le cas aussi à Koursk ?

J’avais mon chauffeur que je partageais avec Frida Edelbrink. Je n’ai jamais eu un appart aussi grand. La Russie, en général, c’est assez tristounet. Il fait froid à Koursk mais je pense moins qu’à Ekaterinbourg.

Etiez-vous suivi par beaucoup de fans ?

Oui surtout pour les grosses affiches alors que pour les matches de saison régulière, ce n’était pas forcément toujours plein.

As-tu eu affaire aux journalistes russes ?

Non, pas du tout.

C’était la première fois que tu te retrouvais en dehors de l’équipe de Bourges en professionnel. L’ambiance était-elle la même au sein de l’équipe ?

Non. Je sortais d’une année à Bourges où on avait un groupe assez solide qui s’entraînait vraiment bien et qui a vécu pas mal de choses ensemble. Je suis arrivée en Russie où je ne connaissais qu’une seule fille, c’est sûr que ça m’a un peu changé. A Bourges, c’était un peu plus famille, copines alors que là-bas c’était très pro, un peu chacun pour soi. On se voyait pour les entraînements et il y avait peu de choses qui étaient organisées à côté. Ça dépend des saisons, ça dépend des clubs. Ce que j’ai vécu l’année dernière à Koursk, d’autres peuvent l’avoir vécu ailleurs, alors qu’Helena (NDLR : Ciak, qui a porté cette saison le maillot de Koursk), quand je lui demande comment ça s’est passé cette année, elle me dit qu’elles ont fait pas mal de fêtes ensemble, elles ont mangé ensemble.[arm_restrict_content plan= »registered, » type= »show »]Ce n’est donc pas forcément à cause du lieu ou du club.

« J’avais un nouveau statut à assumer et je n’avais pas forcément pris conscience de l’ampleur que ça pouvait représenter »

Pourquoi n’as-tu pas resigné ? Pour le sportif ou la vie en dehors ?

Pour un peu tout. La saison a été assez difficile pour moi. Avec le recul, je me suis rendu compte que c’était à cause du fait que c’était ma première expérience à l’étranger et en plus en Russie. J’avais un nouveau statut à assumer et je n’avais pas forcément pris conscience de l’ampleur que ça pouvait représenter. De Bourges à Koursk, je suis passé aux Antipodes. Je me dis que si j’étais passée par Schio auparavant, ça aurait peut-être plus facile. Là, c’était radical.

Pourquoi ensuite es-tu allée à Schio, un club qui est aussi engagée en Euroleague ? Le climat ? La présence de Isabelle Yacoubou ?

Il y avait Isabelle Yacoubou, un visage connu. L’Italie, dans la façon de vivre, ça se rapproche davantage de la France. Au niveau des ambitions, Schio vise un peu moins haut car ce n’est pas non plus les mêmes moyens, il y a un peu moins de pression qu’à Koursk.

Et les journalistes italiens se sont-ils intéressés à toi ?

J’ai fait une conférence de presse, rien de plus.

C’est une petite ville, Schio (2)?

Ca ressemble à Bourges, un peu plus petit, ce n’est pas loin de Venise. C’est un coin basket avec donc Venise qui a un club féminin et un club masculin.

Quel niveau a le championnat italien vis-à-vis du Russe et du championnat de France ?

J’aurais tendance à dire que le championnat français est plus fort. Le championnat russe aussi car il y a trois-quatre équipes d’un très, très bon niveau. Il ne faut pas oublier qu’il y a Ekaterinbourg, le Spartak Moscou, Koursk.

En Russie, pour Koursk, il y a des matches « faciles » ?

Oui, le niveau est très hétérogène. Les quatre premiers se détachent vraiment. Ce sont des équipes qui jouent l’Euroleague avec de fortes américaines alors qu’à côté il y a peu d’étrangères voir pas du tout. La même chose en Italie. Il y a Schio qui joue l’Euroleague et Venise en Eurocup, et Lucca qui nous a battus alors je suis obligée de les compter (rires). Si on compare ces équipes au top 4 russe, ce n’est pas la même chose.

Dans quel domaine sens-tu avoir progressé durant ces deux années à l’étranger ?

J’ai surtout progressé sur le plan mental. Quand on est dans son petit cocon français, son club de toujours, je ne dis pas que l’on risque rien mais on a plus de sécurité. A l’étranger, on a vraiment un devoir d’efficacité. Les gens regardent beaucoup les statistiques et quand ça ne va pas les premières que l’on regarde, ce sont les étrangères. Il y a plus de pression et forcément, il faut prendre ses responsabilités.

« Les entraînements se font en italien alors qu’à Bourges c’était en anglais »

Tu comprends mieux aujourd’hui la situation des étrangères quand elles étaient à Bourges ?

Oui et encore, j’ai l’impression qu’à Bourges il n’y avait pas énormément de pression pour les étrangères.

Comment as-tu accueilli le retour de Pierre Vincent avec toi ?

Plutôt bien ! (sourire) Je pense qu’il va être obligé de se mettre à l’italien.

Toi, tu t’es mis à l’italien et aux russe ?

J’ai essayé un peu le russe. J’avais demandé des cours mais on ne me les a pas donnés alors j’ai essayé d’apprendre toute seul. J’ai appris à lire. Bien sûr je suis incapable de tenir une conversation en russe. L’italien, je le comprends et si je n’ai pas d’autres choix, je peux parler. Les entraînements se font en italien alors qu’à Bourges c’était en anglais.

As-tu un plan de carrière comme de rester encore à l’étranger quelques années ?

Dans l’idéal, oui. J’aimerais bien faire ma deuxième saison à Schio et ensuite encore une ou deux années à l’étranger et après, je pense que je rentrerai.

As-tu encore des liens avec le club de Bourges ?

Après neuf saisons passées là-bas, c’est sûr que c’est encore spécial. J’ai encore des copines qui sont là-bas et j’ai des liens avec quelques dirigeants. Ils sont toujours dans mon cœur.

Ton statut a complètement changé en équipe de France. Tu fais partie des anciennes surtout à l’intérieur avec la retraite d’Isabelle Yacoubou et le forfait de Sandrine Gruda?

Des vieilles ! (rires) La transition a déjà commencée précédemment, Valérie (Garnier) m’a préparé en me disant qu’il fallait que je prenne mes responsabilités. C’est d’autant plus vrai cette année où je suis la plus ancienne.

C’est le dernier championnat d’Europe de Céline Dumerc et Gaëlle Skrela, le temps tourne vite ?

Le temps passe vite. Quand je me retourne et que je regarde en 2008, je vois que l’on n’est plus que deux, Céline (Dumerc) et moi. C’est bien pour l’équipe de France que les gens se renouvellent et que l’on arrive à maintenir un niveau de performance très intéressant.

Quand tu es entrée en équipe de France, il fallait gagner sa place au championnat d’Europe. Maintenant, c’est une finale, un titre sinon rien ?

Oui, c’est vrai (rires). Quand je suis arrivée en 2008, c’était pour les qualifs. Tout s’est plutôt bien passé depuis. On a d’autres attentes, c’est bien.

« On a de jeunes joueuses qui n’ont pas peur de grand-chose »

Comment trouves-tu cette équipe de 2017 ?

Comme je le disais après le match contre l’Italie, je la trouve audacieuse. On a de jeunes joueuses qui n’ont pas peur de grand-chose, qui tentent des choses. C’est cette audace qui va certainement nous aider à imposer notre jeu, à j’espère gagner des titres.

Qu’est-ce qui a fait que lors de votre dernier match de préparation les Espagnoles sont apparues déboussolées ? Le fait que vous ayez mis une grosse pression défensive ?

Sûrement. Je pense que c’est sûrement l’une de nos forces. On a une défense assez intense et on est capables de se relayer, de former un rouleau compresseur. C’est ça qui est bien, on ne laisse pas respirer les gens. Il faut vraiment que ça soit notre marque de fabrique.

Pour finir, à propos de ton petit frère Essomé. C’est un pivot de 2,07m qui est actuellement en stage avec l’équipe de France U16. Tu le bats encore en un-contre-un ?

(Rires) La dernière fois que l’on a joué, j’ai quand même réussi à lui mettre deux ou trois feintes de grand-mère. C’était il y a deux ans. Là, avec les centimètres qu’il a gagnés, j’ai peur que ça soit un peu plus compliqué.

  • Koursk est une ville de 450 000 habitants, à 460 kmau sud-ouest de Moscou.
  • Schio est une ville de 40 000 habitants en Vénitie.

https://www.facebook.com/EquipeDeFranceFeminineDeBasketBall/videos/1101008763365796/

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Photo: FIBA Europe

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