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Pro B: comment le basket s’installe à Blois

Ahmed Doumbia Paul Seignolle a pris la présidence de l’ADA Blois 41 en 2014 alors qu’il était sponsor du club avec la société Sidamo qu’il codirigeait. Depuis l’équipe pro est montée de NM1 en Pro B. Le président explique comment son club est bâti et ce qu’il souhaite pour son avenir.

Ahmed Doumbia

Paul Seignolle a pris la présidence de l’ADA Blois 41 en 2014 alors qu’il était sponsor du club avec la société Sidamo qu’il codirigeait. Depuis l’équipe pro est montée de NM1 en Pro B. Le président explique comment son club est bâti et ce qu’il souhaite pour son avenir.

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« L’ADA Blois Basket avait flirté à plusieurs reprises avec une possible montée en Pro B. Mais je pense que si on était monté en Pro B en 2014, c’était trop tôt, le club n’était pas prêt structurellement. Je suis un ancien rugbyman et j’ai été vice-président d’un club de rugby de première division et lorsque je suis arrivé à Blois, j’avais un challenge personnel, c’était de pouvoir faire monter un club de sport collectif au haut niveau. Ma première mission en 2014 en tant que président, ce fut de structurer le club en termes de compétences, un petit peu comme une entreprise. J’ai été chef d’entreprise, j’ai cédé ma société il y a très peu de temps, et le rôle d’un chef d’entreprise c’est de s’entourer de collaborateurs. Ma première mission a été de trouver des gens qui ont la même passion que moi. Cette ville de Blois souhaitait depuis des années avoir un club de basket pro. J’ai fait entrer un commissaire aux comptes, un directeur financier, un avocat, un médecin. L’objectif en 2015, c’était que nous soyons champion de France de Nationale 1. Avec un peu de chance, j’ai réussi à atteindre mon objectif, ce qui a donné de la crédibilité au projet vis-à-vis notamment du milieu politique. Et à partir de là, on travaille sur un projet qui s’appelle « top 20, 2020 ». C’était un clin d’œil au président du Conseil Départemental qui disait « Loir-et-Cher, 2020 ». Ca veut dire qu’il faut que Blois soit en 2020 parmi les 20 meilleures équipes françaises. En début de saison on était 21e, aujourd’hui on est 23e. J’espère que l’on arrivera à être cohérent par rapport à notre communication.

« En 2014, on avait une centaine d’entreprises dans notre « Basket Club Entreprise ». Aujourd’hui, on en a 210 ou 215. L’objectif c’est qu’en 2020 on en est 300 qui croit au projet sportif »

Il y a trois axes de travail dans ce projet : pour moi le cœur central du projet c’est l’économique. Un projet sportif sans projet économique sur une ville comme Blois, 50 000 habitants, à terme ce n’est pas viable. On n’est pas par exemple comme Bourg-en-Bresse, on n’a pas beaucoup de concurrence sportive. Il n’y a pas de rugby, il n’y a pas de foot. Il faut faire sentir notamment auprès des pouvoirs publics que le monde économique est derrière ce projet sportif. En 2014, on avait une centaine d’entreprises dans notre « Basket Club Entreprise ». Aujourd’hui, on en a 210 ou 215. L’objectif c’est qu’en 2020 on en est 300 qui croit au projet sportif. Je suis convaincu que les entreprises ne sont pas philanthropes. Quand elles mettent de l’argent pour soutenir un projet sportif c’est aussi pour avoir un retour. Le Loir-et-Cher a 340 000 habitants et l’objectif, c’est que les entreprises se parlent et puissent à un moment donné faire du business entre elles. Ca sera d’autant plus facile pour nous de leur dire, « vous voyez le projet sportif lié au projet économique a du sens car ça vous permet de faire du business. J’ai différentes casquettes au niveau de la ville de Blois entre le MEDEF et la Chambre de Commerce et force est de constater qu’aujourd’hui il y a beaucoup trop de business qui quitte le département. En sensibilisant les partenaires d’abonder financièrement et de travailler ensemble, on donne de la solidité au dossier.

J’ai aussi une sensibilité au sociétal et notamment par rapport au monde du handicap. Le triptyque sportif, économique et sociétal fait que le club est écouté et pourra progresser.

Les performances ne se limitent pas à l’équipe pro. On a 26 équipes, 388 licenciés, 116 féminines, 28 entraîneurs, 70 bénévoles, plus de 40 000 spectateurs l’année dernière alors que l’année d’avant on était à 10 000. Une progression suite à la dotation d’une salle qui a été mise à disposition avec un public qui est relativement chaleureux. On essaye d’en faire une ambiance conviviale et familiale. Il faut absolument que l’on est de la proximité avec notre public. Au-delà de penser Chambord et Zoo de Beauval et notamment aux pandas, l’objectif quand on rentre dans le Loir-et-Cher, je veux que l’on pense basket. Les pandas dans deux ans seront repartis alors que l’ADA Basket sera là. Au-delà du projet du club on doit donner du rayonnement à notre territoire et ça doit être un lieu de rencontres pour tous les Blésois.

« Quand on a reçu Orléans, il y avait 2 800 personnes donc on a dépassé le PV de sécurité »

Le président de l’agglomération blésoise m’avait dit : « vous voulez une salle mais si c’est pour faire l’ascenseur, ce n’est pas la peine ». Je lui ai répondu que chez moi l’ascenseur ne fait que monter. C’est un petit clin d’œil car il était persuadé que on passait d’une salle de 1 100 à 2 550 et que je n’arriverai pas à la lui remplir. Je lui ai dit que j’étais un homme de challenge et que rapidement j’allais dépasser le PV de sécurité. Quand on a reçu Orléans, il y avait 2 800 personnes donc on a dépassé le PV de sécurité. Quand il a vu ça, je lui ai dit que je lui avais dit que la salle serait trop petite ! Et contre Quimper le 27 décembre, on a aussi dépassé le PV de sécurité.

On avait aussi l’objectif de structurer le club qui était encore en association. On avait tellement de choses à faire que l’on a été étape par étape. Depuis le 22 décembre, l’ADA Basket s’est dotée d’une structure SASP avec pour mission de dissocier le secteur pro d’avec le secteur amateur. La première décision de prise a été de faire l’acquisition d’appartements. C’est en route. Et de louer, à travers un partenaire, des bureaux à hauteur de 225m2. Sans faire ce que Aulas a fait à Lyon, à Blois vous aurez la salle du Jeu de Paume et un univers basket juste en face avec donc des bureaux, des appartements pour les joueurs et une petite boutique. L’objectif est d’animer le quartier, l’entrée de la ville qui à travers cet axe pénétrant et de son embellissement va donner un dynamisme à Blois.

J’attache une grande importance à la notion de formation. On a reçu au mois de janvier quelqu’un de la FFBB pour réfléchir, même si ce n’est pas une priorité, à la mise en place éventuellement d’un centre de formation. On est en réflexion. Il faut que l’on étudie le dossier car comme je le dis à chaque fois au manager général, Julien Monclar, et à l’entraîneur (Mickaël Hay), pour moi le 1er septembre, l’année est terminée. J’ai fait mon job, mon budget et je travaille pour l’année suivante. On est en train de travailler pour 2018-19 et 2019-20.

Au niveau de Blois, on a mis en place des partenariats. Avant de créer éventuellement un centre de formation, j’avais essayé de me rapprocher d’un club de Nationale 3. Vous avez Blois, le pont Charles-de-Gaulle et la Loire et une commune qui s’appelle Vineuil. On n’y est pas arrivé. Non pas pour des problèmes de clochers. L’objectif était de faire comprendre aux dirigeants de Vineuil que compte tenu des problématiques des collectivités locales et territoriales, à un moment donné, les finances ne pourraient pas être de manière continuelle attribuées à tous les clubs. Je voulais éventuellement me servir de cette structure pour créer le centre de formation. Mais ça ne s’est pas fait. C’est regrettable car je pense que ça va être au détriment du basket. Ca veut dire que l’ADA va voler de ses propres ailes.

Jonathan Augustin-Fairell

« Tant que je serai président il est hors de question que je perde un euro sur une année »

Blois se situe en termes de budget à la neuvième place. 1,9M€ pour le secteur professionnel. En 2014 on était à 1M€. Quand j’ai pris la présidence j’avais prévu que l’on soit à 2,4M€ en 2020. On est dans le tableau de marche. On essaye de maîtriser les chiffres. Le 5 du mois je fais une réunion financière en prenant tous les postes du budget. Quand il y a un écart, mesure corrective, on ferme les robinets car pour moi un club de basket c’est une entreprise qui doit gagner de l’argent. On ne peut pas construire le futur avec des dettes. Tant que je serai président il est hors de question que je perde un euro sur une année. A un moment on doit être capable de prendre des décisions pour toujours continuer à investir. Soit on comprime les charges, soit on augmente les recettes.

On a continué à étoffer le staff. Quand j’ai pris la présidence, il y avait un manager général et une demi-secrétaire. Aujourd’hui on a cinq salariés au niveau de l’administratif. Je veux être aussi le plus indépendant par rapport aux dotations des collectivités locales. En Pro B, Blois est le 12e club en termes de collecte des subventions, que ce soit municipales, conseil départemental ou Région. C’est sûr que ça peut être un frein mais quand on sait que les collectivités ont des baisses de dotation, je préfère progresser un peu moins vite. A mon sens, on ne peut pas construire un projet économique ou sportif avec l’impôt du contribuable.

J’ai une grande sensibilité par rapport au handicap car je suis engagé personnellement puisque j’avais créé le premier fond de dotation pour le handicap, « tendez la main au handisport». J’essaye au quotidien, au niveau des joueurs, de l’encadrement, de dire que le sportif et l’économique c’est bien mais qu’il y a aussi le sociétal. On s’est engagé à mettre plusieurs choses en place. Un partenariat avec les bailleurs sociaux, les gens qui gèrent les HLM, qui ont donc un public relativement défavorisé. On essaye de rentrer dans les HLM pour détecter des pépites en mettant en place depuis deux ans des actions. On essaye de mettre des terrains de basket dans les quartiers. Quand Julien Monclar m’avait proposé de mettre un distributeur de ballons dans les cités, j’avais dit que ça allait nous coûter. Au lieu de faire les cons dans les cages d’escalier, ça permet aux jeunes le soir de jouer au basket. Julien Monclar m’avait dit « président, le soir, il n’y aura plus de ballon. » J’avais dit « on en remettra ». Le deuxième soir, pareil. Et puis au bout d’une semaine, les ballons ne disparaissaient plus. On s’est dit « ça y est ! ». Aujourd’hui, on a des gamins qui jouent au basket le soir et je pense que c’est aussi notre rôle de pouvoir les accompagner à ce niveau-là.

Le sport c’est bien mais le sociétal c’est aussi une très belle chose. »

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« L’ADA Blois Basket avait flirté à plusieurs reprises avec une possible montée en Pro B. Mais je pense que si on était monté en Pro B en 2014, c’était trop tôt, le club n’était pas prêt structurellement. Je suis un ancien rugbyman et j’ai été vice-président d’un club de rugby de première division et lorsque je suis arrivé à Blois, j’avais un challenge personnel, c’était de pouvoir faire monter un club de sport collectif au haut niveau. Ma première mission en 2014 en tant que président, ce fut de structurer le club en termes de compétences, un petit peu comme une entreprise. J’ai été chef d’entreprise, j’ai cédé ma société il y a très peu de temps, et le rôle d’un chef d’entreprise c’est de s’entourer de collaborateurs. Ma première mission a été de trouver des gens qui ont la même passion que moi. Cette ville de Blois souhaitait depuis des années avoir un club de basket pro. J’ai fait entrer un commissaire aux comptes, un directeur financier, un avocat, un médecin. L’objectif en 2015, c’était que nous soyons champion de France de Nationale 1.

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Photos: Tuan Nguyen et ADA Blois

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