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Le clasico Limoges-Pau (2) – Jean Fauret (journaliste à La République des Pyrénées): « A Limoges, il y a une ferveur, une pression sur le club, qu’il n’y a pas à Pau »

Après avoir donné récemment la parole à son confrère du Populaire du Centre à Limoges, Matthieu Marot, le micro est dirigé cette fois vers le responsable de la rubrique basket à la République des Pyrénées à Pau, Jean Fauret. Thème de l’interview : le clasico.

okobo bokolo fauret

Après avoir donné récemment la parole à son confrère du Populaire du Centre à Limoges, Matthieu Marot, le micro est dirigé cette fois vers le responsable de la rubrique basket à la République des Pyrénées à Pau, Jean Fauret. Thème de l’interview : le clasico.

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Depuis quand êtes-vous responsable de la rubrique basket de la République des Pyrénées ?

Je suis aux sports depuis 2002 et responsable du basket depuis 2008. Auparavant, c’était Gérard Cayron qui était en numéro 1 et moi en backup. C’est quand il a quitté les sports que j’ai repris la rubrique quasiment tout seul. Je fais aussi le tennis, c’est mon sport, j’y ai beaucoup joué. A Pau, nous avons Jérémy Chardy que je suis depuis qu’il a treize ans, on est copains, et je vais chaque année à Roland-Garros pour le suivre ou pour les matches de Coupe Davis.

Votre journal est vendu exclusivement dans les Pyrénées Atlantiques ? Pas dans les Landes ?

Non, ça n’a jamais été le cas. J’imagine qu’il y a quelques Landais qui passent la « frontière » et qui vont jusqu’à Orthez acheter La République. Maintenant avec le numérique, on a des abonnés de toute la France. Je sais qu’il y a pas mal de gens à Paris qui sont abonnés pour suivre entre autre le sport et l’Elan en particulier.

Pour votre journal, le Clasico est-il toujours un moment fort de l’année ?

Surtout le match à domicile. Pour celui au palais on en parlera plus que le match lambda. Je n’ai pas encore réfléchi au traitement de la semaine prochaine (NDLR : l’interview a eu lieu la semaine dernière) mais on en parlera jeudi, vendredi, samedi. Peut-être une page le jeudi et le vendredi et une double le samedi.

De l’extérieur, on a l’impression que la rivalité est surtout féroce à Limoges vis-à-vis de l’Elan Béarnais. Qu’en est-il exactement ?

C’est aussi mon impression. A Limoges, ils n’ont que le CSP qui cristallise 100% de l’attention alors qu’à Pau c’est plus diffus. Et l’Elan ne devient « intéressant » que quand il gagne. Cette année, l’affluence a eu du mal à décoller et il y a eu une montée en puissance sur les derniers matches. C’est parce que ça gagne que ça devient un produit attractif quelque soit l’adversaire.

Alors qu’à Limoges toute nouvelle est importante, peu importe le contexte sportif ?

Voilà. Victoire ou défaite, à la limite peu importe. Le basket cristallise toute l’attention. A Limoges, il y a une ferveur, une pression sur le club, qu’il n’y a pas à Pau.

« Les Limougeauds ont trouvé une nouvelle tête de Turc avec Léo Cavalière »

A l’époque d’Orthez, le public de la Moutète était au moins aussi chaud et inconditionnel que celui de Limoges. Pourquoi cette ardeur a-t-elle décliné au fur et à mesure ? C’était un public plus campagnard, plus proche de ses joueurs ?

Oui, par la force des choses certainement moins urbain. Avant, il y avait des Palois qui se déplaçaient à Orthez mais peut-être que 80% du public c’était de l’orthézien et du landais. Un public rural qui pouvait s’identifier, s’attacher à l’équipe de l’époque qui ne changeait pas tous les ans comme aujourd’hui. C’est compliqué aujourd’hui pour un public de s’identifier à des joueurs et, par rapport au clasico, aux joueurs de s’identifier à l’histoire. Qui dans l’équipe de Pau va avoir le palpitant qui va monter parce que c’est Limoges le week-end suivant ? Il n’y en a pas beaucoup.

Léopold Cavalière ?

C’est le seul aujourd’hui qui véhicule cette fibre beaucoup plus qu’un (Yannick) Bokolo pour qui c’est la cinquième saison au club mais c’est un garçon gentil qui ne va pas polémiquer parce que c’est Limoges. Je ne pense pas qu’il soit anti-Limougeaud primaire !

Rémi Lesca avait bien repris le flambeau ?

Oui et ça avait redonné un peu de souffle au rendez-vous. Ils se sont un peu perdus de vue durant les saisons Pro B. Je l’ai bien vu avec la décla qu’a balancé Léo il y a quinze jours. « Le scenario vraiment sympa serait de gagner là-bas et de priver Limoges de Leaders Cup. Ce serait la cerise sur la gâteau. » Derrière le tweet a été vu quasiment 20 000 fois. Au-delà de tous les commentaires où il se fait défoncer. Je pense qu’il va être bien reçu là-bas. Ça a donné un peu de grain à moudre aux Limougeauds qui pour le coup savent à qui s’attaquer cette année. Ils ont trouvé la nouvelle tête de Turc avec Léo.

Léopold Cavalière a-t-il un lien particulier avec les supporters ?

Oui mais ils sont tous assez prêts des supporters. Ils vont boire des coups après les matches à la fan zone. Ils vont discuter. Ici, il n’y a pas trop de frontières entre les joueurs et les supporters. Après, Léo c’est un garçon d’ici, il est né à Albi, il a grandi à Toulouse, il a été formé au club. Il véhicule les valeurs de l’Elan. Ce n’est pas le plus doué mais il donne tout, il ne s’échappe pas. On dit que c’est un peu le style de Didier Gadou, en moins délié et en plus intérieur. Le coéquipier que l’on adore et l’adversaire que l’on déteste.

Le fait que ce soit les Américains qui soient les moteurs de l’équipe a-t-il un impact négatif sur le public ?

Oui et non. Non dans le sens que tant que les joueurs se battent à 100%, il y a une reconnaissance de l’effort fourni qu’ils soient français ou américains. S’il n’y a pas de tricheurs, le public va s’en rendre compte et s’identifier assez facilement aux étrangers. C’est le cas avec Vitalis Chikoko pour qui c’est sa troisième saison. C’est un garçon très gentil et on peut l’identifier à l’Elan Béarnais. Tous les nouveaux de cette année, ce ne sont pas des cons. On le voit avec la cote d’amour de (Mickey) McConnell.

Les dernières années, les piques étaient surtout balancées entre Didier Gadou, le directeur exécutif de l’Elan Béarnais, et Frédéric Forte, le président du CSP. Cela avait relancé le clasico.

C’est venu à partir du 100e il y a deux ans où les deux ont commencé à se chamailler et c’est vrai que ça a remis un peu d’épice pour ce rendez-vous. Avec le décès de Forte, je ne pense pas que Didier va cette année s’amuser à allumer les Limougeauds. Il n’y a plus d’angles d’attaque.

Frédéric Forte représentait vraiment le CSP ?

Et il avait du répondant.

C’était du premier ou du deuxième degré ?

Je pense qu’au départ c’est du deuxième degré mais une fois attaqué, on va dire que c’était du premier degré et demi. L’idée au départ c’était de faire rire mais ne me marche pas trop sur les pieds quand même ! Mais je pense que les deux se respectaient.

Quand vous vous déplacez à Limoges, avez-vous des remarques sur le fait d’être palois, notamment à l’hôtel ?

A l’hôtel, non, car je vais à l’Ibis au centre-ville et je pense qu’ils s’en foutent un peu. Mais, oui, on y va en voiture et avec la plaque minéralogique, on se fait vite repérer. On fait toujours attention où on se gare. Il y a quelques précautions à prendre mais je n’ai jamais eu peur pour ma personne.

Pour la 100e édition, vous aviez échangé des articles avec Le Populaire ?

Oui. C’était vraiment chouette. Ils avaient fait les articles de Limoges et moi de Pau. Je leur avis pris une page sur Bonato car si c’est moi qui l’avait eu, il ne se serait pas livré autant. A contrario, j’avais fait une double page avec Freddy Hufnagel.

Cela prouve qu’il y a eu une paix des braves également du côté des médias qui à la grande époque se cherchaient un peu ?

Oui, on s’entend bien et les uns comme les autres, on a aucun problème à s’échanger des articles. C’est gagnant-gagnant.

C’était important pour tout le monde de gagner la 100e édition à domicile ?

Oui. On sentait les jours précédents la pression des grands rendez-vous comme pour une finale des playoffs ou un gros match d’Euroleague. Un peu comme pour l’inauguration du palais : le match à ne pas louper, à gagner absolument.

Et ils leur ont mis une plumée (89-57) ?

C’était même frustrant car les Limougeauds n’ont pas existé.

« Il y a toujours ces braises qui sont là et qui pourraient raviver la flamme si les deux équipes se retrouvaient en playoffs sur une série »

Cela faisait longtemps que l’Elan Béarnais n’avait pas connu de tels résultats. Ca se ressent dans l’intérêt de vos lecteurs ?

Sur la première année de Eric Bartecheky, il y a eu une troisième place partagée. C’était juste avant la Leaders Cup. C’était presque aussi bien. Pour retrouver une deuxième place, il faut remonter à la saison 2003-2004. C’est l’année du dernier titre quand ils ont battu Gravelines 2-0 en finale à l’époque de Marc Salyers. Au niveau des ventes, c’est difficile de savoir si les victoires font davantage vendre que les défaites ou les crises mais il n’y a pas un bond spectaculaire le jour des victoires de l’Elan. Pour doper les ventes, il faudrait qu’il y ait des titres, pas des victoires de saison régulière. Par contre, on se fait un devoir de bien les traiter à chaque match. Ce qui démontre que le clasico est un évènement spécial, c’est qu’on y va à deux avec le photographe comme pour Boulazac. On peut voir quand ça gagne sur le site Internet, il y a un peu plus de commentaires. Ça ne se traduit pas forcément par plus d’argent pour le journal (rires). En revanche, un gros fait divers, là, oui, on voit une montée des ventes, + 5, 8, 10%. Mais le sport, non.

C’est toujours la Section Paloise en rugby qui est le club numéro 1 de la ville et a-t-elle droit à ce type de rivalité ?

Toujours mais dans le top 14, il n’y a pas ce rendez-vous annuel. Pour la Section chaque rendez-vous à domicile est un gros match. J’y suis allé pour la première fois de la saison samedi, il y avait 13 000 spectateurs alors qu’ils sont 11e. Ils font un peu plus que deux fois plus que l’Elan. Le stade a été agrandi l’an dernier et je pense pas qu’ils soient descendus une fois en-dessous de 12 000. C’est entre 12 et 16 000.

Ce clasico Limoges-Pau a maintenant plus de trente ans d’âge. Va-t-il perdurer ?

Selon le prési Seillant, la vraie rivalité a commencé quand Orthez a gagné la Korac en 1984 puisque Limoges l’avait gagnée en 82 et 83. On peut dire vue d’ici qu’aujourd’hui c’est un peu artificiel. Il n’y a plus de personnes à qui s’identifier, les dirigeants c’est un peu calme plat. Quelque part on peut dire que nous, les journalistes, on entretient le mythe du clasico. Pour la première fois l’an dernier ce n’était pas plein ; il y avait 7 000 spectateurs. C’était un lundi soir à 20h45 hors vacances scolaires et c’était télévisé. Même en Pro B c’était plein. Mais il y a toujours ces braises qui sont là et qui pourraient raviver la flamme si les deux équipes se retrouvaient en playoffs sur une série. Une demi-finale, deux matches à Pau, deux matches à Limoges ou le contraire et la belle chez l’un, chez l’autres, oui. Je pense qu’il y aurait de nouveau des histoires à raconter. Cette année c’est la première fois depuis longtemps où les deux équipes pourraient se qualifier pour les playoffs. Autrement, Pau n’a fait qu’une fois la Leaders Cup et cette année-là, Limoges n’y était pas. Par contre, ce qui peut être sympa, c’est que Limoges devrait jouer sa qualif à la Leaders Cup face à Pau. Il faudrait que ça arrive assez vite car chaque année, il y a le match aller, le match retour. On le fait mousser avant, pendant, et voilà (…) Je lisais ce matin les vœux du président de l’Elan Didier Rey et il y écrit qu’il a déjà parlé aux joueurs du match alors qu’il y a celui contre Fos auparavant. Il leur a dit : « Limoges approche à grands pas et ce match-là n’est pas comme les autres. C’est LE match à gagner. » Il faut dire qu’avant d’être président Didier Rey était un vieux de la vieille de La Moutète qui est au courant de toute l’histoire. Je pense qu’il maîtrise mieux ces clasicos qu’un Youri Verieras (NDLR : le président de Limoges). Il n’a pas du louper beaucoup des 100 clasicos. S’il a pris du galon au club c’est qu’à la base c’est un fidèle parmi les fidèles. C’est un chef d’entreprise sur le Bassin de Lacq qui est d’abord devenu partenaire du club. Il s’est retrouvé naturellement président. C’est d’abord par amour du basket et de l’Elan.

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Depuis quand êtes-vous responsable de la rubrique basket de la République des Pyrénées ?

Je suis aux sports depuis 2002 et responsable du basket depuis 2008. Auparavant, c’était Gérard Cayron qui était en numéro 1 et moi en backup. C’est quand il a quitté les sports que j’ai repris la rubrique quasiment tout seul. Je fais aussi le tennis, c’est mon sport, j’y ai beaucoup joué. A Pau, nous avons Jérémy Chardy que je suis depuis qu’il a treize ans, on est copains, et je vais chaque année à Roland-Garros pour le suivre ou pour les matches de Coupe Davis.

Votre journal est vendu exclusivement dans les Pyrénées Atlantiques ? Pas dans les Landes ?

Non, ça n’a jamais été le cas. J’imagine qu’il y a quelques Landais qui passent la « frontière » et qui vont jusqu’à Orthez acheter La République. Maintenant avec le numérique, on a des abonnés de toute la France. Je sais qu’il y a pas mal de gens à Paris qui sont abonnés pour suivre entre autre le sport et l’Elan en particulier.

Pour votre journal, le Clasico est-il toujours un moment fort de l’année ?

Surtout le match à domicile. Pour celui au palais on en parlera plus que le match lambda. Je n’ai pas encore réfléchi au traitement de la semaine prochaine (NDLR : l’interview a eu lieu la semaine dernière) mais on en parlera jeudi, vendredi, samedi. Peut-être une page le jeudi et le vendredi et une double le samedi.

De l’extérieur, on a l’impression que la rivalité est surtout féroce à Limoges vis-à-vis de l’Elan Béarnais. Qu’en est-il exactement ?

C’est aussi mon impression. A Limoges, ils n’ont que le CSP qui cristallise 100% de l’attention alors qu’à Pau c’est plus diffus. Et l’Elan ne devient « intéressant » que quand il gagne.

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Photos: En haut: Jean Fauret avec Elie Okobo et Yannick Bokolo. En bas: au palais des sports de Beaublanc.

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