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Rétro Coupe du monde – 1963 : Les hommes de Rio

La France s’attribua une superbe 5e place à Rio, dans une ambiance de folie pure. Meilleur Français du tournoi, Maxime Dorigo s’en souvient encore avec émotion.

La France s’attribua une superbe 5e place à Rio, dans une ambiance de folie pure. Meilleur Français du tournoi, Maxime Dorigo s’en souvient encore avec émotion.

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Pas de Mondial aux Philippines en 1962 car le gouvernement refusa de délivrer des visas aux joueurs et officiels des pays socialistes. C’est donc pour le Brésil qu’embarque la délégation française après avoir posé sur la passerelle de l’aérogare d’Orly avec le chanteur Gilbert Bécaud. Un périple de 27 000 km les attend, sur sept appareils différents, et des visites à Rio, Belo Horizonte, Port of Spain, La Barbade, Fort-de-France et Point-à-Pitre.

Sur place, les basketteurs sont dans l’hôtel voisin où séjourne Jean Paul Belmondo, qui tourne l’Homme de Rio avec Françoise Dorléac. L’acteur réalise lui-même toutes les cascades sans protection, notamment en passant d’une chambre à l’autre en empruntant le bord de la façade de l’hôtel qui donne sur Copacabana. A ce sujet, Maxime Dorigo nous livre une anecdote : « Notre masseur, Jean-Paul Serini, s’occupait par ailleurs de Paul Belmondo, le sculpteur, le père de Bébél. C’est comme ça que j’ai fait sa connaissance. Un jour, il me dit : je tourne toute la journée en haut du gratte-ciel et, comme un con, je me fais une entorse en traversant la route pour aller à la plage. »

L’équipe de France est amputée de Jean-Paul Beugnot, son pivot, et de Philippe Baillet. La préparation a été sommaire avec, avant de partir, seulement trois tests contre l’URSS. Bernard Mayeur et Henri Grange se blessent et ne disputent que quatre matches alors que Jean Degros est terriblement décevant. Et pourtant la France va s’offrir une belle cinquième place. Une performance qui ne sera jamais égalée avant la médaille d’argent olympique à Sydney, 37 ans plus tard !

Christian Baltzer qui a excellé dans les « récupérations » (en d’autres termes, le rebond), Michel Rat, Jean-Baptiste Ré, Jean-Claude Lefèbvre et ses 2,18 m – « Délivré de certains complexes, adopté entièrement par ses camarades, volontaire et adroit, l’Antibois est classé parmi les meilleurs joueurs du tournoi », note le coach Robert Busnel – et Alain Gilles – « qui est déjà à 18 ans un authentique champion » – ont vaincu l’adversité. Ils ont été aussi propulsés par un Max Dorigo qui a été tout simplement époustouflant.

« On n’avait rien à perdre », se rappelle Max. « Comme les Japonais à la Coupe du monde de foot qui courent partout sur le gazon, on s’était battu comme des chiens. Après le dernier match contre la Yougoslavie, j’ai quitté la salle comme un automate. Je m’étais complètement défoncé, j’étais en coton, vidé. Et à l’époque, on ne prenait pas de tétine (sic), rien, on était sur nos ressources propres. On m’a ramené à l’hôtel, on a mis le panneau « ne pas déranger » à l’entrée de ma chambre, en vérifiant que je n’étais pas mort, et j’ai dormi pendant 24 heures, sans manger et sans boire ! »

« Que pensez-vous de Brigitte Bardot » ?

Maxime Dorigo, 1,92m, 27 ans, reconnaissable à sa petite moustache et son manque de cheveux, sociétaire de l’Alsace de Bagnolet, frère aîné de Laurent, doté d’un shoot extérieur meurtrier à deux mains, qui partait au-dessus de la tête, voilà ce que l’on savait du basketteur. Mais Max avait une double vie. Avec deux collaborateurs, il était artisan-couturier, à Paris, dans le XXe. Une profession exercée dans le but de pouvoir se libérer pour l’équipe de France, même si Max devait déclarer forfait pour la majorité des matches amicaux, et qu’il n’a jamais honoré, par manque de disponibilité, ses trois sélections dans l’équipe d’Europe.

Un jour, pour un match contre l’URSS à Tours, il n’arriva qu’à une demi-heure de l’entre-deux et, une fois douché, il repartit illico à Paris pour être d’attaque dans son atelier dès cinq heures du matin. Le Simmental de Milan voulait profiter de ses racines italiennes et lui offrit trois ans de contrat et la possibilité d’ouvrir dans la citée lombarde un magasin de prêt-à-porter. Il refusa. « Qu’est-ce j’avais dans la tête à l’époque ? », rigole-t-il. À la fin de sa carrière sportive, il deviendra pendant 25 ans directeur commercial chez Adidas.

À ce Mondial brésilien, le grand Max a la main en feu. Il a pu se consacrer à fond au basket et aux soins pendant un mois et il n’a jamais été aussi en forme. Avec 16,8 points en moyenne, il va terminer 4e marqueur du tournoi derrière le Péruvien Enrique Duarte, le Soviétique Alexander Petrov et le Yougoslave Radivoj Korac. Il en met 28 contre Porto Rico. « La moitié de mes paniers venaient d’au-delà de 6,25 m alors que la ligne à trois-points n’existait pas ! » Max Dorigo est élu dans le « Cinq idéal » du tournoi. Avec deux équipiers, il est invité à dîner par le consul de France et interviewé par les télévisions et radios brésiliennes qui lui demandent son avis sur la star planétaire française… Brigitte Bardot.

Hystérie collective

Max et tous ceux qui ont ferraillé durant ce championnat du monde se souviennent de l’équipe du Brésil, qui sera cousue d’or, et de l’ambiance extraordinaire au Maracanazinho. « Leur cinq majeur aurait eu sans soucis sa place en NBA », assure-t-il. Wlamir Marques et Amaury Pasos sont entrés en ce mois de mai au Panthéon du sport brésilien.

Tous les observateurs sont formels, plus de 40.000 spectateurs avaient pris place dans l’enceinte pour les matches du Brésil. « Toutes les écoles de samba de Rio avaient investi le dernier étage et, à chaque fois qu’un Brésilien prenait le ballon, ils faisaient tous tou… tou… toum… Et quand il tirait, babababababa… De la folie complète ! »

« 40.000 personnes rivalisaient d’ardeur, d’initiatives, de fantaisies, d’extravagance », écrivit à son retour, dans un style emphatique, Robert Busnel, « pour faire le plus de bruit possible en agitant frénétiquement les objets les plus divers : drapeaux, lampions lumineux aux couleurs nationales, mouchoirs comme aux corridas madrilènes, et même chemises balancées comme des fanions. » Le tout sur des airs de samba, de bossa nova, en hurlant, en sifflant, en crachant et en jetant des pétards !

Busnel raconte que, pour immortaliser les héros, une centaine de photographes se jetèrent sur eux, qu’un mètre d’épaisseur de serpentins (!) recouvrit le sol – la cérémonie de clôture fut ainsi annulée – et que l’hystérie collective au Maracanazinho dura une bonne heure. Claude Lambert de France Soir ajouta : « Dans la tribune de presse, nous sommes cinq journalistes français stupéfiés, bouleversés par le spectacle. Des sambas résonnent un peu partout dans les rues de Rio. Nous sommes pris par cette ambiance. On nous embrasse. Nous dansons aussi comme si cette victoire nous concernait. Ce jour-là, des centaines de milliers de Cariocas ont passé une nuit blanche. »

Du jamais vu, jura Busnel qui avait déjà tout vu.

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Pas de Mondial aux Philippines en 1962 car le gouvernement refusa de délivrer des visas aux joueurs et officiels des pays socialistes. C’est donc pour le Brésil qu’embarque la délégation française après avoir posé sur la passerelle de l’aérogare d’Orly avec le chanteur Gilbert Bécaud. Un périple de 27 000 km les attend, sur sept appareils différents, et des visites à Rio, Belo Horizonte, Port of Spain, La Barbade, Fort-de-France et Point-à-Pitre.

Sur place, les basketteurs sont dans l’hôtel voisin où séjourne Jean Paul Belmondo, qui tourne l’Homme de Rio avec Françoise Dorléac. L’acteur réalise lui-même toutes les cascades sans protection, notamment en passant d’une chambre à l’autre en empruntant le bord de la façade de l’hôtel qui donne sur Copacabana. A ce sujet, Maxime Dorigo nous livre une anecdote : « Notre masseur, Jean-Paul Serini, s’occupait par ailleurs de Paul Belmondo, le sculpteur, le père de Bébél. C’est comme ça que j’ai fait sa connaissance. Un jour, il me dit : je tourne toute la journée en haut du gratte-ciel et, comme un con, je me fais une entorse en traversant la route pour aller à la plage. »

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Article paru dans BasketNews en juillet 2010

Photo d’ouverture: L’équipe de France en partance pour Rio pose avec le chanteur Gilbert Bécaud (Le Musée du Basket); Le 5 Majeur de l’équipe du Brésil.

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