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Portrait – Alexia Chartereau (Bourges): Un QI basket élevé

Alexia Chartereau est Mancelle d’origine et les journaux locaux en sont fiers au point que Le Maine Libre a publié il y a quelque temps son faire-part de naissance comme preuve irréfutable. Et si Iliana Rupert est née à Sèvres dans les Hautes-Seine, à une époque où son père Thierry jouait à Paris, e

Alexia Chartereau est Mancelle d’origine et les journaux locaux en sont fiers au point que Le Maine Libre a publié il y a quelque temps son faire-part de naissance comme preuve irréfutable. Et si Iliana Rupert est née à Sèvres dans les Hautes-Seine, à une époque où son père Thierry jouait à Paris, elle a été formée au basket comme Alexia aux JS Coulaines, un club d’une ville encastrée dans Le Mans, car la famille avait élu domicile dans la Sarthe. Si Le Mans est connu dans le basket par son MSB et ses garçons, la ville peut s’enorgueillir d’avoir ainsi enfanté deux pépites du basket féminin aujourd’hui à Bourges.

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Alexia pouvait difficilement échapper au basket. Sa mère, Sylvie Chiron, 1,85m, fut internationale junior, a joué jusqu’en Nationale 3 avec le SC Moderne puis en Ligue Féminine, alors appelée Nationale 1, à Bordeaux. Son père, Roland, 1,96m, est monté moins haut (N3 à Coulaines) mais il est très endurant puisqu’à près de 58 ans, il est toujours actif en Départementale. Maman Sylvie a terminé sa carrière de joueuse aux JS Coulaines dont elle est devenue vice-présidente.

« Elle commence à lâcher un peu pour pouvoir nous suivre avec mes sœurs (NDLR : Marion et Nina), qui sont près de Montauban, à Montech, en Pré-Nationale. Ma grande sœur a fait le centre de formation de Mondeville, elle est allée ensuite à Nantes. Elle a joué en N1 et en Ligue 2 un petit peu. Maintenant elle joue pour le loisir, » précise Alexia.

Alors qu’elle a connu toute gamine Marine Fauthoux à Pau -un autre club de Thierry-, Iliana Rupert a joué aussi avec Alexia Chartereau à Coulaines même si trois sans les séparent. D’ailleurs, si elle porte le numéro 12, c’est dit Alexia en hommage à Thierry Rupert.

« On a joué ensemble à Coulaines en minimes France. C’était ma dernière année et elle, elle était sur-surclassée. Elle était déjà impressionnante à cet âge-là, très grande et très technique comme elle l’est maintenant », commente Alexia.

Pour en finir avec les JS Coulaines, c’est aussi le club des débuts de Jérémy Leloup (JDA Dijon) dont la sœur a joué avec celle d’Alexia et Pierre-Etienne Drouault (ESSM Le Portel). C’est aussi accessoirement le club de base du champion de tennis Jo-Wilfried Tsonga dont le frère Enzo a joué un temps avec les espoirs du MSB.

« En garçons, le club numéro un c’est le SCM mais je pense qu’avec Pierre-Etienne Drouault on a eu aussi de très bons formateurs, Jean-François Alisse, Anne Le Fur, des personnes qui nous ont appris les bases du basket, ça nous a permis d’apprendre plus vite. Ce qui manque d’ailleurs maintenant un peu en Sarthe, ce qui fait que plus trop personne n’en sort », analyse Alexia. Laquelle s’est également nourrie des exemples qu’elle avait sous les yeux à Antarès. «J’allais souvent voir le MSB. C’était la belle époque ». Je me souviens de JP Batista. C’est un joueur comme lui qui m’a donné envie de jouer en professionnelle. On y est allé avec Iliana voir un match l’année dernière. On n’a pas trop le temps de revenir au Mans. Ce sont plus mes parents qui viennent à Bourges, moi, j’ai du mal à me déplacer. »
Photo: A l’Euro U18

« Je ne pense pas à l’enjeu mais plutôt au jeu »

La précocité d’Iliana Rupert, en équipe de France à l’Euro, à même pas encore tout à fait 18 ans, a fait le buzz l’été dernier. Celle d’Alexia Chartereau mérite également d’être conté. A l’Euro U18 en 2016 et alors qu’elle est capitaine des Bleues, elle porte l’équipe sur ses épaules vers le titre européen. Mieux : invaincues jusque-là, les Françaises mettent une rouste historique aux Espagnoles en finale : 74 à 44. La ligne de stats d’Alexia vaut davantage que des lignes de commentaires : 19 points (5/8 à trois-points), 12 rebonds et 3 passes. Elle est élue tout naturellement Meilleure Joueuse du tournoi. A-t-elle toujours eu un temps d’avance sur les autres joueuses de sa génération comme la Tarbaise Tima Pouye ?

« Au début, pas forcément, répond t-elle. « Après j’ai rapidement su que je voulais faire du basket mon métier et je me suis donnée les moyens d’y arriver. Déjà à Coulaines je savais que j’avais peut-être quelque chose en plus et j’ai tout fait pour le développer. »

Le mot qui vient tout de suite à l’esprit quand on évoque cette jeune femme qui a fêté ses 21 ans en septembre, qui en est déjà à sa quatrième saison en Ligue Féminine, et qui fait partie des meubles en équipe de France avec 47 sélections pour 337 points, c’est « maturité ».

« Elle fait preuve d’une grande maturité depuis que je la connais, c’est-à-dire depuis qu’elle a 16-17 ans », témoigne la coach des Bleues, Valérie Garnier. « Cela a toujours été l’une de ses grandes qualités, en plus elle a une intelligence de jeu, une connaissance de notre sport très importante pour une joueuse de cet âge-là. Elle a fait ses premiers pas avec nous à l’INSEP en sparring partner, elle arrivait à Bourges et deux mois après je l’intégrais en équipe de France. Elle fait une très bonne saison et c’est quelqu’un qui va prendre de plus en plus de place dans notre équipe. C’est quelqu’un qui est toujours à l’écoute, qui est toujours très pertinent. »

On recueille le même son de cloche auprès d’Olivier Lafargue, assistant avec les Bleues et surtout son coach à Bourges :

« Elle comme Iliana sont des gens qui ont une maturité précoce, qui sont très intelligents dans le jeu. Ça ne fait pas tant de temps que ça qu’elle est en équipe de France et en ligue professionnelle mais on a l’impression qu’elle y est depuis longtemps. Par son intelligence de jeu, ses qualités, elle a réussi à trouver rapidement un rôle dans les équipes qu’elle a. C’est particulièrement fort. »

Outre l’héritage parental de la taille, Alexia n’a-t-elle pas bénéficié d’un entourage qui a fortifié son QI Basket ?

« Tous les enfants de basketteurs ont-ils ça ? », questionne Olivier Lafargue, ce qui induit la négative. « C’est là où ces gens ne sont pas ordinaires. Ils ont une réflexion basket qui est au-dessus de la moyenne. Même des gens qui ont démarré très tôt, ce n’est pas pour ça qu’ils peuvent réfléchir très bien le basket. Alex n’a pas des qualités athlétiques au-dessus de la norme. Par contre, elle a réussi à créer sa différence d’une autre manière. »

Dans la courte mais déjà riche carrière d’Alexia Chartereau, il ne faut pas oublier l’étape du 3×3. Déjà parce qu’elle a décroché une médaille d’or mondiale en U18 et ce n’est pas rien. Et aussi en raison du côté formateur de la pratique.

« Oui ça m’a beaucoup apporté car en 3×3, on joue sur demi-terrain, il n’y a que trois attaquants et trois défenseurs et il y a forcément beaucoup plus d’espace que dans le 5×5 et ça m’a apporté plus d’alternance dans mon jeu. Ça m’a permis aussi d’avoir plus confiance en moi, de franchir un cap. Ça donne l’opportunité à des joueuses d’aller en équipe de France alors qu’elle en n’ont pas forcément la possibilité en 5×5, c’est génial pour elles. »

Dans ses caractéristiques majeures, on croit également repérer sur le terrain des nerfs d’acier. Est-ce la réalité ?

« Quand je suis sur le terrain, je ne pense pas à l’enjeu, je pense plutôt au jeu et je pense que c’est important. C’est plus stressant lorsque tu regardes un match sur le banc que lorsque tu le joues. C’est pour ça que lorsque je suis sur le terrain, je ne montre pas mes émotions car j’arrive à les canaliser, à rester toujours stable. »

« C’est un super exemple pour les gens qui ne font pas 2,10m, qui n’ont pas des qualités athlétiques de fou »

Evidemment, Alexia Chartereau est une shooteuse. Avoir ainsi l’instinct du filet alors que l’on mesure 1,91m est un don d’une très grande rareté. De l’or en barres. Elle était à 33% de réussite à trois-points la saison dernière en ligue féminine, à 15/24 sur l’ensemble des tirs du champ lors du dernier EuroBasket. A se demander pourquoi elle n’a pas shooté davantage.

« Il y a des choses qui sont innées. Le toucher, les sensations avec le ballon c’est quelque chose que j’ai tout de suite eu. Le shoot ça se travaille et je l’ai fait tout au long de ma carrière. Au début, je me suis focalisée sur mon shoot et j’essaye maintenant de trouver de la polyvalence car on ne peut pas se contenter d’un point fort. J’essaye de m’améliorer un peu partout et même mon tir qui est aujourd’hui mon point fort. En attaque, il faut que j’améliore l’alternance entre le tir et le jeu poste bas et le drive. En défense, la dureté, le rebond. Les choses simples mais qui font de toi une bonne basketteuse. »

Quand on interroge ses deux coaches, ils sont davantage louangeurs que critiques.

« Elle peut aujourd’hui développer un jeu d’agressivité offensive, constate ainsi Valérie Garnier. « Elle a ce tir à longue distance mais son tir intermédiaire est aussi très intéressant. Elle peut jouer postée. Elle développe de plus en plus un panel de qualités différentes et surtout elle a la connaissance du jeu, des placements. C’est une joueuse très intelligente sur le terrain. Dès que je l’ai pris à 17 ans, on lui disait une chose une fois, on n’avait pas besoin de répéter. Elle corrige, elle adapte. Elle est encore en devenir. Il faut qu’elle soit encore un peu plus dur physiquement dans ce monde-là. Elle a des efforts à faire dans le contact physique défensif, dans la dureté. »

Et quand on reprend à notre compte ce « besoin de dureté » en interrogeant Olivier Lafargue, celui-ci ne dit pas le contraire mais distribue aussi des bons points :

« Certainement mais quand on prend sa courbe de progression physique, entre ce qu’elle était capable de faire quand elle a débarqué et ce qu’elle fait maintenant, c’est très bon. Il lui faut encore un peu de temps pour qu’elle soit plus costaude, plus dure, mais c’est ce qu’on lui a dit et c’est ce qu’elle commence à acquérir et il faut qu’elle continue dans cette démarche-là. Elle a continué à progresser de manière vertigineuse. Il faut qu’elle continue à prendre des responsabilités, à se tromper parfois, à être en difficulté, à trouver des moyens de… Comment faire contre des gens très athlétiques pour arriver à les défendre et les attaquer ? C’est en s’y confrontant, en essuyant des échecs, en réessayant. C’est un super exemple pour les gens qui ne font pas 2,10m, qui n’ont pas des qualités athlétiques de fou car on peut quand même arriver au plus haut niveau. »

« Pour l’instant, je suis focus sur la saison que j’ai à faire à Bourges. Ça va être important sur mes choix futurs »

Alexia Chartereau n’est pas une artiste comme Marine Johannès, mais leur complicité sur et en dehors du terrain est une évidence, même si elle dit en blaguant lui reprocher de tout le temps lui couper la parole. Et si elle n’a rien d’une fofolle, c’est Alexia qui est la plus extravertie des deux.

« Ce n’est pas compliqué d’être plus extravertie que Marine », sourit-elle. « On a une bonne relation en dehors du terrain et je pense que sur le terrain aussi. D’un regard on sait ce que l’autre va faire donc on arrive facilement à se trouver. »

Etait-ce un crève-cœur de voir partir sa copine à l’ASVEL après deux ans passés ensemble à Bourges ?

« Non. J’étais contente pour elle qu’elle puisse saisir cette opportunité. C’est sa décision, on en a discuté ensemble, ce n’est pas un crève-cœur car c’est notre métier et c’est mon amie donc je suis contente pour elle. Elle était heureuse de partir aussi j’étais heureuse pour elle. »

Marine Johannès était biberonnée par la NBA et rêvait de la WNBA où sa gestuelle fait merveille. La Ligue américaine est tout sauf une obsession pour Alexia qui pourrait être draftée à l’été prochain.

« Je ne ferme aucune barrière mais je ne me mets pas d’objectifs précis. Si ça doit arriver, ça arrivera. Je ne me pose pas de question. Pour l’instant, je suis focus sur la saison que j’ai à faire à Bourges. Ça va être important sur mes choix futurs. Mais oui pourquoi pas un jour franchir le pas et partir à l’étranger. »

La Mancelle est d’ailleurs davantage profilée pour l’Euroleague et les joutes internationales. L’un de ses traits de caractère, c’est de ne jamais lâcher le morceau. Lors d’un France-Suède du dernier Euro, elle s’était fait contrer par Amanda Zahui mais aussitôt elle avait enchaîné une interception, un trois-points et une pénétration. Alexia Chartereau n’a peut-être pas un jeu glamour mais question efficacité, c’est du haut de gamme.

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Alexia pouvait difficilement échapper au basket. Sa mère, Sylvie Chiron, 1,85m, fut internationale junior, a joué jusqu’en Nationale 3 avec le SC Moderne puis en Ligue Féminine, alors appelée Nationale 1, à Bordeaux. Son père, Roland, 1,96m, est monté moins haut (N3 à Coulaines) mais il est très endurant puisqu’à près de 58 ans, il est toujours actif en Départementale. Maman Sylvie a terminé sa carrière de joueuse aux JS Coulaines dont elle est devenue vice-présidente.

« Elle commence à lâcher un peu pour pouvoir nous suivre avec mes sœurs (NDLR : Marion et Nina), qui sont près de Montauban, à Montech, en Pré-Nationale. Ma grande sœur a fait le centre de formation de Mondeville, elle est allée ensuite à Nantes. Elle a joué en N1 et en Ligue 2 un petit peu. Maintenant elle joue pour le loisir, » précise Alexia.

Alors qu’elle a connu toute gamine Marine Fauthoux à Pau -un autre club de Thierry-, Iliana Rupert a joué aussi avec Alexia Chartereau à Coulaines même si trois sans les séparent. D’ailleurs, si elle porte le numéro 12, c’est dit Alexia en hommage à Thierry Rupert.

« On a joué ensemble à Coulaines en minimes France. C’était ma dernière année et elle, elle était sur-surclassée. Elle était déjà impressionnante à cet âge-là, très grande et très technique comme elle l’est maintenant

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Photos: FIBA sauf ouverture avec Marine Johannes, ffBB

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