Aller au contenu

Walter Tavares, le géant capverdien du Real Madrid

En raison de son physique et de sa faculté à dévier les trajectoires de balle, Walter « Edy » Tavares (2,21m, 2,40m d’envergure, 27 ans) ne passe pas inaperçu sur les terrains de l’Euroleague. L’ASVEL se retrouve ce mardi face à une montagne.

En raison de son physique et de sa faculté à dévier les trajectoires de balle, Walter « Edy » Tavares (2,21m, 2,40m d’envergure, 27 ans) ne passe pas inaperçu sur les terrains de l’Euroleague. L’ASVEL se retrouve ce mardi face à une montagne.

[arm_restrict_content plan= »registered, » type= »show »]

Il y a quelques semaines, le Real Madrid a prolongé le contrat de son géant Walter Tavares jusqu’en 2024 soit quatre saisons supplémentaires. Dans cette constellation d’étoiles, c’est bien la preuve que le pivot du Cap Vert est un joueur unique. Il est arrivé au Real en novembre 2018 après une expérience peu concluante en NBA et avec lui l’équipe blanche a remporté les deux derniers titres nationaux, une Euroleague en 2018 et une Super Cup. Tavares a été désigné comme meilleur défenseur de l’Euroleague pour la saison 2018-19 et a intégré le Cinq all-Star de la liga Endesa.

« C’est bien que je reste avec une équipe comme le Real Madrid », commente t-il. « C’est une équipe dans laquelle il y a beaucoup de pression, dans laquelle vous devez vous améliorer chaque jour et être au meilleur niveau possible. Madrid m’a donné de la stabilité pour les cinq prochaines années. Quand j’étais en NBA, j’ai déménagé partout aux États-Unis, maintenant j’ai cinq ans pour me concentrer, travailler avec cohérence et avoir une bonne carrière ».

Walter Tavares est sorti de nulle part. Du Cap-Vert, un état insulaire africain de 4 000m2 et d’un peu plus de 500 000 habitants situé au large du Sénégal où le basket-ball était très peu implanté.

« Une église se trouvait à côté de la maison de ma grand-mère et chaque fois que je passais devant, je priais pour pouvoir aider ma famille », a-t-il raconté à El Pais. « Mais le rêve de tout le groupe d’amis était d’être des joueurs de football. À Maio, il n’y avait pas de paniers … s’il y en avait, ceux qui jouaient au football le cassaient parce qu’ils voulaient tout l’espace pour eux. Maintenant tout a changé. J’y ai porté des paniers et tout le monde les respecte parce qu’ils savent que l’avenir peut aussi être là. Le Cap-Vert a découvert un nouveau sport. Maintenant, vous voyez beaucoup de basket-ball dans mon pays. »

Walter Tavares est heureux d’être devenu une source d’inspiration pour les jeunes de son archipel mais il affirme que sa motivation ultime est de s’occuper de sa famille. Depuis qu’il gagne très confortablement sa vie, il l’a pris en charge permettant à sa grand-mère d’avoir un suivi médical adapté. S’il est venu au basket c’est grâce à un voisin allemand qui tenait un petit bar devant la maison de sa grand-mère et qui lui a demandé un jour de 2009 s’il voulait y jouer. Il lui a proposé également de le prendre en photo avec une personne de taille moyenne. Il a choisi sa belle-soeur et forcément la différence de taille était saisissante. L’Allemand a ensuite montré le cliché à un ami lors d’un séjour à Las Palmas en lui disant que cet individu était plus grand que tous les joueurs de l’équipe de jeunes de Grand Canaria. Cet Allemand a réussi à faire en sorte que des personnes qui travaillaient au sein de l’académie du club partent en vacances au Cap-Vert. Elles ont rencontré Walter Tavares, l’ont testé pendant quelques jours et un peu plus tard, un émissaire est venu le chercher pour l’emmener aux Iles Canaries. Il n’avait jamais touché un ballon de basket jusque-là et il avait déjà 17 ans.

https://www.youtube.com/watch?v=QKiqKbpvVW8

Un documentaire lui a été consacré, Little Edy 2’20 x 2’40

Son histoire a été racontée dans un documentaire intitulé « Little Edy 2’20 x 2’40 », un clin d’œil à sa taille et à son envergure. Lentement mais sûrement Walter Tavares s’est amélioré jusqu’à ce qu’il soit choisi dans la première équipe All-Eurocup en 2015 faisant preuve d’une rare efficacité aux contres et dans la réussite aux tirs grâce à nombre de dunks.

« J’ai pris le basket comme une chance et j’ai commencé à l’aimer quand j’ai déménagé à Gran Canaria. J’ai vu que je pouvais bien jouer et les gens derrière moi m’ont beaucoup soutenu. J’ai commencé à travailler dur chaque jour et petit à petit, j’aimais de plus en plus le basket-ball. Ce n’était pas difficile de s’adapter à Gran Canaria, ils ont beaucoup plus de ressources ici et les gens sont vraiment gentils. J’adore l’expérience que je vis », expliquait-il alors. Tavares a eu le privilège d’être entraîné par deux sommités espagnols, Pedro Martinez et Aito Garcia Reneses : « Les deux ont été très importants. Les deux sont vraiment ambitieux et pensaient que je n’avais pas de limites. Ils m’ont enseigné tout ce que je dois faire. Les deux sont stricts ; ils veulent que j’aille dans les moindres détails et fasse les choses vraiment bien. C’est important pour moi, qu’ils aient pu corriger chaque erreur, même dans les moindres détails. Quand je fais des erreurs, tous les deux cessent notre entraînement pour me dire ce que je fais mal. Et si je fais bien les choses, ce n’est pas suffisant, je dois vraiment très bien les faire, toujours. Cela m’a permis d’apprendre énormément. «

S’il avait dépassé en si peu de temps toutes les attentes, le jeu de Walter Tavares était encore à ce moment-là brut de décoffrage. Son manque de mouvements offensifs, son incapacité à prendre correctement position dans la peinture, son maniement de balle imparfait étaient criards. Ne comptez pas sur lui pour marquer beaucoup de points. Seulement 9,0 points en moyenne lors de sa dernière année à Gran Canaria. Cela n’empêcha pas les Atlanta Hawks, qui l’avaient choisi en 43e position en 2014, de faire appel à lui. Pour seulement 11 matches la première année et un seul la deuxième… C’est en D-League que le géant capverdien a poursuivi son séjour américain.

« C’était dur. Je ne m’attendais pas à ça. Je sentais que j’avais tout donné. Ils m’ont dit de travailler dur, de rester en forme et que l’occasion se présenterait. Et du jour au lendemain, ils ont changé d’avis. Vous savez comment est la NBA. Les joueurs sont comme des cartes à échanger. Ils ne veulent plus de vous donc ils vous échangeront contre un autre. Ce n’est pas comme en Espagne, par exemple, où vous êtes à l’aise et où vous pouvez rester dans une équipe pendant six ou sept ans. Ici, c’est différent. Je suis un peu déçu car je pensais pouvoir jouer à Atlanta et pendant de nombreuses années. Au moins trois ans. Ça fait très mal parce que c’est l’équipe qui m’a choisie lors de la draft de la NBA. Et du jour au lendemain, ils ont cessé d’avoir confiance en moi et ont cassé mon contrat. J’ai choisi la D-League parce que je pense que la NBA ne m’a pas donné l’opportunité que je pensais qu’elle me donnerait. Et j’ai donc décidé de ne pas retourner en Europe. Je veux rester ici. Je veux faire de mon mieux et voir si une équipe m’appelle, ça me donne l’opportunité et la confiance de m’installer en NBA. Je ne serais pas à l’aise de retourner en Europe car je n’ai rien fait ici. »

En fait, Walter Tavares va avoir l’opportunité de porter le maillot des Cleveland Cavaliers, de jouer 24 minutes dans un match, de marquer 6 points et de prendre 6 rebonds et… C’est tout ! Le Capverdien tire néanmoins du positif de cette aventure avortée.

« J’ai appris à être fort mentalement et à continuer à me battre, à continuer à m’améliorer et à m’entraîner plus que d’habitude pour arriver là où je voulais être. Je sais que c’est une compétition difficile car vous n’avez pas le soutien de tout le monde. Ici en Europe, tout le monde essaie de vous aider et vous pousse à vous améliorer. Là-bas, si vous ne le faites pas par vous-même, personne va vous aider. »

Walter Tavares n’a pas souhaité repartir en D-League. A cause des longs trajets, des départs à 5h du matin, du jeu qui ne lui convenait pas. C’est alors que le coach du Real Pablo Lasso l’a appelé. Nous étions en novembre 2017 et le pivot mexicain Gustavo Ayon venait de se blesser à l’épaule gauche et devait subir une opération chirurgicale. Pablo Lasso s’est montré convaincant :

« C’est un vainqueur absolu, il respire la victoire à chaque pas qu’il fait », dit de lui Edy Tavares. « C’est un entraîneur qui vous presse au maximum, mais il a été un joueur et il sait comment le corps et la tête de chacun fonctionnent. Il a été à notre place et, avec cette expérience, il sait très bien gérer le groupe. J’ai trouvé un vestiaire très uni et ambitieux. Nous avons eu beaucoup de problèmes de blessures mais cela n’a pas changé l’objectif d’atteindre toutes les finales et de remporter tous les titres. Ici, vous pensez toujours à tout gagner. J’ai aussi trouvé beaucoup de personnes désireuses de m’aider à faciliter mon adaptation. Le personnel d’encadrement m’a donné un cours intensif sur les systèmes, avec tous les plays à étudier. Je suis arrivé tellement affamé et tellement habitué aux changements que j’ai appris rapidement. »
Photo: Euroleague

Sergent Swat

La principale vertu de Walter Tavares, c’est son impact défensif. Cet homme gentil, souriant et un peu timide est une terreur dans la peinture. Sa seule présence au sol est intimidante. Il considère que recevoir le prix de meilleur défenseur est aussi important que si on lui décernait un trophée de MVP. S’inspirant d’une série TV américaine, l’ancien Madrilène Joe Arlauckas l’a surnommé « Sergent Swat ».

« J’aime beaucoup », s’exclame l’intéressé. « Je ne bloque pas les tirs, je les tape ! En pré-saison, quand je n’avais pas encore le bon rythme, le bon timing pour bloquer les tirs et que je me sentais un peu lourd, Pablo Laso m’a demandé d’arrêter de tuer les papillons et de commencer à mettre la main là-haut et à sauter dans le bon sens ! Le sergent Swat est un surnom parfait pour moi car je ne bloque pas les tirs, souvent je tape la balle. »

Certains de ses coaches lui ont demandé de contrôler sa force et d’autres de la libérer.

« C’est vrai. Au début, ils m’ont demandé de contrôler ma force lorsque je jouais avec des enfants plus petits, mais lorsque vous atteignez l’élite, ils vous apprennent qu’il faut écraser, car ils vous donnent des coups de bâtons de tous les côtés. Nous devons toujours y aller fort et chercher un partenaire pour ne pas donner d’options à notre rival. Je dois d’abord protéger mon panier, puis demander à l’arbitre de siffler la faute ou d’exiger qu’il regarde mes adversaires qui me donnent toujours des coups. »

Souvent les big men sont frustrés de constater que des joueurs plus petits les charcutent sans être puni. Walter Tavares a parfois des problèmes d’autocontrôle et l’autre soir contre Saragosse, il a applaudit l’arbitre devant son nez et a été expulsé. Ses coups de colère non réprimés lui ont coûté pas moins de cinq techniques en sept matches (deux contre Saragosse, deux contre Barcelone et une contre le CSKA Moscou). Cependant, les dégâts qu’il infligent parfois à son équipe demeurent bien inférieures à ce qu’il apporte. Lorsqu’il est sur le terrain, le Real prend en moyenne 10,6 points à ses rivaux de la ligue espagnole, ce qui en fait le leader du championnat au +/- ; il est par ailleurs le quatrième au contre (1,3) et le cinquième au pourcentage de réussite à deux-points (72,5%). Sans compter son énorme pouvoir d’intimidation qui n’est pas mesurable par des chiffres.

« Je vis de la défense, de l’effort, du fait de faire de mon mieux et d’être concentré », répète- t-il habituellement comme un mantra.

Le Real Madrid aime Walter Tavares et Walter Tavares aime le Real Madrid. Quand on lui demande s’il rêve toujours de NBA, il répond :

« La NBA est toujours là comme objectif de tous les basketteurs, mais ici je suis heureux. Je suis dans le meilleur club du monde et, si Dieu le veut, je serai là toute ma vie. Madrid est ma NBA. Être ici fait que je n’ai besoin de rien d’autre. »

x

[armelse]

Il y a quelques semaines, le Real Madrid a prolongé le contrat de son géant Walter Tavares jusqu’en 2024 soit quatre saisons supplémentaires. Dans cette constellation d’étoiles, c’est bien la preuve que le pivot du Cap Vert est un joueur unique. Il est arrivé au Real en novembre 2018 après une expérience peu concluante en NBA et avec lui l’équipe blanche a remporté les deux derniers titres nationaux, une Euroleague en 2018 et une Super Cup. Tavares a été désigné comme meilleur défenseur de l’Euroleague pour la saison 2018-19 et a intégré le Cinq all-Star de la liga Endesa.

« C’est bien que je reste avec une équipe comme le Real Madrid », commente t-il. « C’est une équipe dans laquelle il y a beaucoup de pression, dans laquelle vous devez vous améliorer chaque jour et être au meilleur niveau possible. Madrid m’a donné de la stabilité pour les cinq prochaines années. Quand j’étais en NBA, j’ai déménagé partout aux États-Unis, maintenant j’ai cinq ans pour me concentrer, travailler avec cohérence et avoir une bonne carrière ».

Walter Tavares est sorti de nulle part. D’un état insulaire africain de 4 000m2 et d’un peu plus de 500 000 habitants situé au large du Sénégal où le basket-ball était très peu implanté.

« Une église se trouvait à côté de la maison de ma grand-mère et chaque fois que je passais devant, je priais pour pouvoir aider ma famille », a-t-il raconté à El Pais. « Mais le rêve de tout le groupe d’amis était d’être des joueurs de football. À Maio, il n’y avait pas de paniers … s’il y en avait, ceux qui jouaient au football le cassaient parce qu’ils voulaient tout l’espace pour eux. Maintenant tout a changé. J’y ai porté des paniers et tout le monde les respecte parce qu’ils savent que l’avenir peut aussi être là. Le Cap-Vert a découvert un nouveau sport. Maintenant, vous voyez beaucoup de basket-ball dans mon pays. »

Walter Tavares est heureux d’être devenu une source d’inspiration pour les jeunes de son archipel mais il affirme que sa motivation ultime est de s’occuper de sa famille. Depuis qu’il gagne très confortablement sa vie, il l’a pris en charge permettant à sa grand-mère d’avoir un suivi médical adapté. S’il est venu au basket c’est grâce à un Allemand qui tenait un petit bar devant la maison de sa grand-mère et qui lui a demandé un jour de 2009 s’il voulait y jouer. Il lui a proposé également de prendre une photo de lui avec une personne de taille moyenne. Il a choisi sa belle-soeur.

[/arm_restrict_content]

[arm_restrict_content plan= »unregistered, » type= »show »][arm_setup id= »2″ hide_title= »true »][/arm_restrict_content]

Commentaires

Fil d'actualité