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Les finances des clubs de Jeep Elite et de Pro B à livres ouverts

Comme chaque année, la Ligue Nationale de Basket a ouvert ses livres de comptes. Une démarche exemplaire dans un basket européen souvent opaque. On y constate que les budgets augmentent et qu’ils sont très généralement à l’équilibre. Après des dérapages, l’ASVEL, le Limoges CSP et le Paris Basketbal

Comme chaque année, la Ligue Nationale de Basket a ouvert ses livres de comptes. Une démarche exemplaire dans un basket européen souvent opaque. On y constate que les budgets augmentent et qu’ils sont très généralement à l’équilibre. Après des dérapages, l’ASVEL, le Limoges CSP et le Paris Basketball sont entrés dans les clous, les uns grâce à la bienveillance des actionnaires, les autres en puissant dans les fonds propres.

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Ce dossier comporte quantité de graphiques et pour les rendre plus comestibles, nous bénéficions de l’expertise de Philippe Ausseur, le président de la Direction Nationale du Conseil et du Contrôle de Gestion des clubs Professionnels (DNCCGCP).

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JEEP ELITE

PRO B

« Il y a une vraie fierté dans le bilan général des clubs de Jeep Elite et Pro B. L’indicateur qui nous paraît être le plus important pour la santé des clubs, que l’on retrouve dans le monde économique en général, c’est la situation nette. C’est celui qui reflète le plus la valeur d’un club et d’une façon générale d’une société. Pour l’ensemble du basket professionnel, la courbe de progression est très parlante. Sur les cinq dernières années, la situation nette d’ensemble a pris 6,3M€ soit multiplié par trois. Je ne crois pas qu’il y ait d’équivalents dans les autres grands sports professionnels de ce type d’évolution.

Sur la Jeep Elite, on est à + 4,5M€ sur les 5 dernières années et là aussi c’est à peu près une multiplication par trois. Il y a évidemment des situations très disparates mais il y a un phénomène de fond qui peut nous faire dire que le basket professionnel est sur ses deux divisions dans une situation solide qui permet d’amortir un certain nombre d’aléas.

Sur la Pro B, il y a aussi une très forte progression qui se caractérise sur les 5 dernières années sur + 5M€ et une multiplication par 4 de la situation nette. Si l’on prend les deux divisions, à la fin de la saison dernière, l’ensemble des clubs à une exception près, le SLUC Nancy, était en situation nette positive. Et pour la majorité des clubs nous avons une situation nette largement positive.

Avec le Paris Basketball, on a un club qui affiche une très forte perte sur les années précédentes qui a été comblée par du résultat exceptionnel. C’est-à-dire que les actionnaires du club ont décidé d’abandonner leur compte courant pour redresser le résultat net du Paris Basketball. On est absolument vigilant sur l’équilibre à la fin de la situation net. Le Paris Basketball est entré dans une ère où il doit trouver son public, ses sponsors, etc. Si on fait une photo à l’instant T ce n’est pas encore le cas. Il faut viser assez vite l’équilibre du compte de résultat. Mais fidèles à leurs engagements pris devant nous, les actionnaires ont fait le nécessaire pour redresser les comptes en fin de saison. »

« Si l’on reste concentré sur l’exploitation, c’est-à-dire le quotidien d’un club, les produits sont stables. Par rapport à d’autres sports, on a en Pro B un équilibre général qui est intéressant avec du sponsoring pour 44%, 29% d’autres produits et surtout une part de recettes match qui est à 15%. Si l’on compare avec le handball, le rugby et le football sur les divisions correspondantes, la Pro B est au-dessus en termes de recettes match. Il ne faut pas s’attendre à avoir, un tiers, un tiers, un tiers mais le modèle est assez équilibré. La part du sponsoring privé est importante et ça donne un élément supplémentaire sur la pérennité et la stabilité des clubs. Avec 17M€, la Pro B n’a jamais atteint un tel niveau de sponsoring. L’apport des collectivités territoriales est en baisse de 15% vis-à-vis de la saison précédente ce qui montre que la progression s’est faite sur des recettes privées. On est en Pro B sur une économie qui gère ses propres recettes. On s’attendait à ce que les collectivités territoriales amènent moins d’argent et ça s’est traduit par ces 15% et pourtant la Pro B a réussi à avoir des résultats économiques plus que satisfaisants. A noter qu’il y a deux clubs qui sont sortis de la Pro B si l’on compare avec l’exercice précédent : un par le haut, Fos, qui était très marqué par la part des subventions, et Le Havre, qui est descendu et où la part des subventions étaient aussi importantes. On note aussi que la part du sponsoring public baisse aussi, de 4%.

Au niveau des charges, elles ont augmenté de 7,6% sans inflation de la masse salariale qui reste stable et elle est assez comparable à ce qui se passe sur les autres disciplines même si le rugby est un peu atypique avec 60% au-dessus de ce qui se passe sur le handball, le football et le basket. L’augmentation des charges d’exploitation concourent souvent à une meilleure organisation du club et à de meilleurs aspects VIP, etc. Il n’y a pas eu de transferts massifs vers les salaires, au contraire on a continué à développer le club.

Le salaire moyen est stable, identique à celui de l’année précédente à quelques décimales près. On est sur un ratio masses salariales ramenées au produit d’exploitation qui est sain, c’est-à-dire que l’on ne met pas tout dans la masse salariale, ce qui est différent à d’autres sports dans des divisions comparables. »

Salaires brut mensuel des joueurs en Jeep Elite (saison 2018-2019), hors avantages en nature

SALAIRE MINIMUM  2 750 €

SALAIRE MOYEN 12 146 €

SALAIRE MAXIMUM 38 850 €

Salaires brut mensuel des joueurs en Pro B (saison 2018-2019), hors avantages en nature

SALAIRE MINIMUM 1 542 €

SALAIRE MOYEN 5 040 €

SALAIRE MAXIMUM 9 795 €

« En ce qui concerne la corrélation entre les budgets et les résultats sportifs. Plus vous êtes sur la droite et plus vous êtes proche d’un résultat attendu. Le premier et le deuxième avaient des budgets qui normalement les amenaient à cette place-là. Avec un budget supérieur à 2,75M€, vous êtes quasiment assuré d’avoir une place en playoffs. Il y a donc un lien entre le budget et le résultat sportif. Et avec un budget supérieur à 2,25M€, vous êtes normalement à l’abri d’une relégation en Nationale 1. Ça veut dire qu’un club qui monte de Nationale 1 doit atteindre ce budget pour se stabiliser, ce qui n’est pas évident car quand on monte de N1 on est souvent un peu éloigné de ce ratio.

Un certain nombre de commentaires faits sur la Pro B se retrouvent pour la Jeep Elite avec un niveau différent mais les mêmes tendances de fond. Le graphique est assez parlant. Lyon-Villeurbanne et Limoges sont un peu atypiques en Jeep Elite et représentent une très grande part de la perte cumulée de la saison précédente. Mais une grande majorité des clubs dégagent des bénéfices donc s’autofinancent. Comment peut-on faire le lien entre une situation cumulée résultats déficitaires et une situation nette qui augmente ? C’est par le jeu soit des résultats exceptionnels comme par exemple un abandon de comptes courants ou par le jeu des augmentations de capital. 16 des 18 clubs présentent une situation nette supérieure à 100 000€. On a constitué une vraie réserve. Le Limoges CSP avait heureusement accumulé un certain nombre de réserves qui lui ont permis d’absorber le résultat fortement déficitaire de la saison passée. A eux seuls, Limoges et l’ASVEL font 5,3M€ de pertes, ce qui est significatif.

Les produits d’exploitation progressent de 3%. Cette progression régulière, ce n’est pas de la fausse monnaie et elle ne se fait pas au travers de recettes très fortes mais un peu comme les produits dopants, qui peuvent être les droits TV et les indemnités de transferts. Ce qui marque l’économie côté produits de la Jeep Elite, c’est du sponsoring pour 50%, 20% d’autres produits. Les recettes de match sont à 16% et on est au-dessus des autres sports y compris le handball. Les droits TV sont à 4%. Ça ne veut pas dire que l’on ne souhaiterait pas qu’il y ait plus de droits TV. Mais ça veut dire que l’on a une base dans l’économie des clubs dans leur ensemble et individuellement qui est très saine.

Comme pour la Pro B, on est sur un montant record de sponsoring qui en cumul s’établit à à peu près 50M€. Et le sponsoring est à +5% et ce pour la troisième saison consécutive. On peut dire que la Jeep Elite a trouvé sa place dans le paysage économique. Un petit bémol : on a du sponsoring public, qui contrairement à la Pro B, est en augmentation de 8%.

Il y a une assez grande hétérogénéité entre clubs. La part du sponsoring à Fos c’est 20%. A l’inverse, l’AS Monaco Basket a une part de sponsoring, que vous qualifierez peut-être de mécénat avec des personnes privés, qui représente 85%. »

« Sur les charges, comme pour la Pro B, il n’y a pas eu d’inflations des masses salariales, avec une part des rémunérations, charges sociales comprises, qui se situent à 57% avec une petite anomalie pour le top 14 de rugby où l’on est à 64%. Ce n’est pas un hasard si un salary cap a été mis en place sur le rugby. On est sur une hausse globale des charges d’exploitation de 8% mais c’est une hausse vertueuse car on a continué à se donner les moyens pour le marketing, le réceptif, etc, de faire monter le niveau des clubs.

En ce qui concerne les masses salariales, l’écart type s’est réduit mais demeure relativement important avec Fos d’un côté et l’ASVEL de l’autre. Le salaire moyen de 12 146 euros hors avantages en nature a augmenté de 6%, ce qui est un bon indicateur. »

« Au-dessus de 6,5M€, on a à 90% de chances d’être en playoffs et il faut un budget supérieur à 4,75M€ pour se maintenir en Jeep Elite. Il y a donc une marche à franchir entre le haut de la Pro B et se maintenir en Jeep Elite. Le tout dans un contexte où cette année la course à la montée et au maintien va être renforcée. »

On peut le constater: les affluences ne sont pas à leur Zénith puisque la moyenne en 2018-19 était de 316 spectateurs inférieure à celle de la saison 2013-14. Vous pouvez consulter ICI celles des matches allers de la présente saison et avoir un point ICI dans le championnat italien.

Photo: Philippe Ausseur et Alain Béral (LNB)

A propos de la saison en cours en Jeep Elite et Pro B:

« Les budgets en Jeep Elite sont en augmentation cumulée de 5,8 millions ce qui représente quand même 10% avec le fait que les budgets doivent être à l’équilibre. En Pro B, c’est 2,2M€ et c’est une hausse de 3%. Donc le basket professionnel continue sa progression régulière. Sur les 5 dernières années, les budgets en Jeep Elite c’est 25% d’augmentation et 15% en Pro B. C’est très significatif. Va-t-on continuer sur ces grandes tendances ? Je pense que oui. Dans les modèles économiques, il y a des différences très marquées entre un club comme Monaco et l’ASVEL. En Pro B, le Paris Basketball va-t-il entrer dans le modèle économique qu’il recherche ? Autre question : quel va être l’impact du resserrement de l’élite cette année et les suivantes ? Ça sera aussi intéressant de voir l’impact de l’Euroleague dans les comptes de l’ASVEL. On aura un premier retour au 31 décembre. Sachant, et le président (Alain Béral) l’a rappelé, cette bonne santé financière n’est pas très partagée en Europe. Le basket pro français fait un peu exception dans la vertu. »

A propos de la transparence des autres ligues en France et en Europe :

« On était à un colloque à l’université de Lille sur le sport pro et le contrôle de gestion où les quatre grands sports étaient présents. Oui, en France, les ligues professionnelles du foot, du rugby, du hand, et probablement du volley même si j’ai moins d’éléments là-dessus, sont transparentes. Les résultats sont très différents d’un sport à l’autre et le basket est presque une anomalie vertueuse. Si vous regardez les situations nettes dans le foot et le rugby, on est sur du fortement négatif mais on ne masque pas cette réalité, c’est transparent. En Europe, il y a peu d’équivalents au cadre général français du contrôle de gestion y compris certains endroits avec pas ou peu de transparence. Je trouve par exemple que le modèle de l’Euroleague est tout sauf transparent y compris sur les comptes de l’Euroleague elle-même. Les montants de pertes de certains clubs d’Euroleague sont abyssaux et posent vraiment la question d’un modèle. Quand un club a un budget de 25M€ et qu’il en perd 18, je ne vois pas bien le futur. D’où la vigilance avec nos clubs qui demain seront en Euroleague : où se situe le point d’équilibre ? Je regrette qu’il n’y ait pas cette transparence avec un vrai contrôle de gestion. On n’a pas d’influence directe sur l’Euroleague mais de façon indirecte on restera sur nos grands principes : 1) Transparence. 2) Equilibre. L’ASVEL a atteint un niveau de budget qui n’avait jamais été atteint avant, c’est très bien, mais ça se fait dans un cadre où à la fin de saison, on demandera à ce que les compteurs soient remis à zéro. J’espère que le côté vertueux qu’il y a à la Ligue Nationale de Basket se propagera ailleurs. De mon point de vue, on ne fera pas mieux (…) Je trouve que la philosophie du cahier des charges de l’Euroleague est discutable. Elle pousse à dépenser plus qu’à assurer les produits. En gros, on vous demande de dépenser 10M€ peu importe si vous en avez 8 ou 12. Ça pousse à l’inflation des charges et évidemment des salaires. »

A propos de l’impact en Jeep Elite de trois descentes au lieu de deux :

« La présentation des budgets s’accompagne d’un certain nombre de contrôles qui permettent de corroborer ou non ceux-ci. Or, on n’a pas vu de dérives dans les budgets, pas d’éléments d’inquiétude particuliers si ce n’est quelques clubs dont il va falloir voir l’évolution (Limoges et Villeurbanne). Le prochain rendez-vous se situe à partir du 29 février où l’on aura les situations intermédiaires et on sera sur une réalité puisque l’on demande aux clubs de nous établir des comptes intermédiaires. A ce stade, il n’y a pas d’alertes particulières. On n’a pas énormément de demandes d’augmentation des masses salariales, on reste dans un cadre budgétaire initial. »

A propos des investisseurs privés :

Alain Béral :

« J’ai compté cinq clubs avec des propriétaires : Paris, Antibes, ASVEL, Dijon et Monaco. Il n’y en a jamais eu autant. Ce n’est pas une pression de notre part, c’est une réalité logique. Je rencontre beaucoup d’investisseurs financiers et les comptes des clubs, le rapport financier, sont de nature à réveiller ou à éveiller des structures de fond d’investissement sur le produit basket. Ils ont été très étonnés de découvrir cette situation financière cumulée ou unique dans les clubs. Ils sont en train de plus en plus de conseiller aux investisseurs qui aiment le sport que le basket puisse être une solution. C’est ça qui peut dessiner une tendance parce que on sort des résultats et si on les met en relation avec des investissements qu’ils veulent faire, ça peut passer. On est en train d’imaginer qu’il y ait un projet qui puisse être celui d’un club qui soit propriétaire de sa salle et qui ait le soutien d’investisseurs privés. Vous savez que c’est le cas à Lyon, à Dijon. Vous savez que Paris ira dans la nouvelle arèna de la Porte de la Villette. On était la semaine dernière à Monaco où le propriétaire (NDLR : l’Ukrainien Sergey Dyadechko) a annoncé qu’il resignait ferme pour dix ans. C’est important pour la stabilité. Et ils sont en train de parler d’une salle. On ne sait pas encore qui sera propriétaire de cette salle. La principauté voudra, je pense, garder ça. On entend ce genre de discours et ça nous rassure. »

A propos de la marge entre la N1 et la Pro B :

Alain Béral:

« La marge entre la Nationale 1 et la Pro B va augmenter et donc, en accord avec la fédération, on travaille sur ce sujet-là. Encore ce matin j’ai demandé aux équipes de rencontrer un club de Nationale 1 qui a un projet de Pro B. Mon souhait c’est que les clubs de Nationale 1 déposent un projet s’ils veulent aller en Pro B et on décidera avec la fédération s’il est prêt ou pas. Les clubs ont bien compris le processus, qu’il faut d’abord bien structurer le club pour ensuite imaginer être dans le secteur professionnel. «

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Ce dossier comporte quantité de graphiques et pour les rendre plus comestibles, nous bénéficions de l’expertise de Philippe Ausseur, le président de la Direction Nationale du Conseil et du Contrôle de Gestion des clubs Professionnels (DNCCGCP).

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JEEP ELITE


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