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Le point sur la Jeep Élite par club : Pau-Lacq-Orthez à la croisée des chemins

En cette période de quasi-interruption de la Jeep Élite pour cause de confinement, et avant que la saison redémarre (éventuellement…) début décembre, Basket Europe vous propose de faire un premier bilan de la saison, en examinant un club après l’autre, avec l’avis d’expert de Christophe Denis, ancie

En cette période de quasi-interruption de la Jeep Élite pour cause de confinement, et avant que la saison redémarre (éventuellement…) début décembre, Basket Europe vous propose de faire un premier bilan de la saison, en examinant un club après l’autre, avec l’avis d’expert de Christophe Denis, ancien coach de Jeep Élite aujourd’hui consultant pour la chaîne L’Équipe. Aujourd’hui, Pau-Lacq-Orthez.

Photo d’ouverture : Élan Béarnais Pau-Lacq-Orthez – Éric Traversé

L’Élan Béarnais de Pau-Lacq-Orthez peut l’avoir mauvaise. Jusqu’à il y a quelques jours, le club cher au cœur de l’émblématique président Pierre Seillant semblait avoir en main toutes les cartes nécessaires pour jouer la qualification en playoffs, après une première partie de championnat des plus encourageantes alors qu’elle avait été bien perturbée par le coronavirus. Et puis patatras, Shannon Evans, la trouvaille du recrutement béarnais, le meneur qui avait porté l’équipe sur ses épaules, tirait sa révérence pour quelques dollars turcs de plus. Et Pau-Lacq-Orthez ne peut qu’espérer que son remplaçant, Justin Bibbins (1,73 m, 24 ans), soit aussi bénéfique à l’équipe.

Où en sont-ils ?

En championnat : 3 victoires-2 défaites

Peu étaient ceux qui voyaient Pau-Lacq-Orthez en haut de tableau avant le début de la saison. Et encore plus après un premier match certes terminé par une victoire face à l’autre Élan, celui de Chalon, mais envoyant le prolifique pivot Nicolas de Jong (17 points, 7 rebonds, 20 d’évaluation sur ce match) à l’infirmerie pour un bon moment. Mais c’était sans compter sur la révolte menée par les Béarnais, sur les épaules d’un Shannon Evans épatant, accompagné par un Petr Cornélie transfiguré et un ensemble de joueurs déterminés à montrer ce qu’ils valaient vraiment. En dehors d’une défaite logique à Dijon (71-87), Pau a toujours été dans la partie, s’imposant contre Boulazac et Le Mans à domicile puis ne perdant que dans les dernières minutes en déplacement à Boulogne-Levallois (77-84), l’un des principaux prétendants au titre. Autant dire que le début de saison de l’Élan Béarnais est réellement positif. Et même épatant. Mais, Shannon Evans…

Gérald Ayayi – Photo : Élan Béarnais Pau-Lacq-Orthez – Éric Traversé

Dans l’effectif

Le début de saison béarnais s’est révélé des plus chaotiques. Après une préparation relativement sereine et un premier match de championnat « normal », les soucis se sont accumulés. Tout d’abord, Nicolas de Jong a souffert du ménisque à la suite de la rencontre à Chalon-sur-Saône, et son absence devrait durer au moins jusqu’à la fin 2020. Pire, fin septembre, un cluster de SARS-CoV-2 a été détecté au club : en moins d’une semaine, tous les joueurs de l’effectif professionnel ainsi que des Espoirs et des membres du staff étaient positifs au coronavirus ! D’où, bien évidemment, moult reports de matchs (dont l’un, face au Mans, reporté à la dernière minute, entraînant quelques grincements de dents dans l’encadrement manceau), même si aucun joueur n’a déclenché la covid-19 (la maladie provoquée par le virus).

Nicolas de Jong – Photo : Élan Béarnais Pau-Lacq-Orthez – Éric Traversé

Pour remplacer Nicolas de Jong, l’Élan Béarnais a fait appel mi-octobre à Hamady Ndiaye, qui avait effectué la préparation avec Boulazac et se trouvait disponible. Le club ne s’attendait pas à ce moment-là à devoir encore recruter un mois plus tard. Mi-novembre, Shannon Evans manifestait en effet son envie d’ailleurs, attiré par le contrat (environ 500 000 $ sur 19 mois) proposé par le Bahcesehir Koleji Istanbul (Turquie). Une douche froide pour l’Élan, tant le meneur s’était révélé essentiel dans le bon début de saison palois. Pau a profité de l’indemnité versée par le club turc (un montant « à six chiffres », selon l’Élan Béarnais) pour recruter Justin Bibbins (1,73 m, 24 ans), un micro-meneur arrivant du Legia Varsovie, où il tournait en début d’exercice à 18,5 points (43,3 % aux tirs, 40,2 % à trois-points) et 7,0 passes décisives.

Ousmane Dramé- Photo : Élan Béarnais Pau-Lacq-Orthez – Éric Traversé
Quels sont les joueurs en vue ?

La révélation : Petr Cornélie

On nous a changé Petr Cornélie ! Catalogué inconstant, manquant d’intensité et de dureté, stagnant depuis 4 ou 5 saisons, le grand poste 4 (2,11 m, 25 ans) a montré un tout autre visage en ce début de saison, produisant de très belles statistiques (11,2 pts à 59,5 % aux tirs dont 36,4 % à trois-points, 8,4 rbds, 15,2 d’éval) mais plus encore dégageant une intensité, une énergie, une dureté qu’on ne lui connaissait que de manière trop épisodique jusqu’alors. Lorsqu’il joue à ce niveau, Petr Cornélie fait un bien fou à son équipe et peut même envisager devenir le poste 4 de grande taille qui manque à l’équipe de France. À lui de confirmer sur la durée.

Petr Cornélie – Photo : Élan Béarnais Pau-Lacq-Orthez – Éric Traversé

Les satisfactions

Il y avait 8 ans que Jérémy Leloup (2,02 m, 33 ans) n’avait plus scoré autant en Jeep Élite. Et deux saisons qu’il n’avait présenté une évaluation au-dessus des 10 de moyenne. Très responsabilisé par Laurent Vila (35,2 mn/match), l’ailier manceau a fait feu de tout bois : 10,0 pts (53,1 % aux tirs dont 36,4 % à trois-points), 3,4 rbds, 1,8 pd, 11,6 d’éval et toujours cette défense qui est sa marque de fabrique. À ses côtés, le Vincent « Vee » Sanford (1,90 m, 29 ans) en souffrance la saison passée à Limoges a retrouvé une bonne partie de ses sensations, se montrant presqu’aussi à l’aise à Pau (13,8 pts à 51,1 % aux tirs dont 43,8 % à trois-points, 2,3 rbds, 3,3 pds, 12,5 d’éval) qu’il l’était à Chalon en 2018-19 (15,3 pts, 16,4 d’éval). Autre satisfaction sur les lignes arrière, l’émergence de Gérald Ayayi (1,88 m, 19 ans), encore très irrégulier mais capable de jolies sorties comme ses 14 pts (6/13 aux tirs dont 2/5 à trois-points) et 4 interceptions pour 10 d’éval à Chalon-sur-Saône. À lui de reproduire plus souvent ces bonnes prestations. À l’intérieur, Ousmane Dramé (2,06 m, 28 ans), prévu comme rotation de Nicolas de Jong, s’est retrouvé propulsé pivot titulaire, assumant ce rôle avec ses qualités, en premier lieu la défense. Mais aussi en apportant son écot en attaque : 7,8 pts à 53,6 % dont 44,4 % à trois-points (sur 1,8 tentative par match). Le tout lui permet d’assurer une éval de 9,4 très correcte dans ce contexte, même si Laurent Vila le souhaiterait certainement plus présent au rebond (4,8 par match) comme l’ensemble de son équipe.

Jérémy Leloup – Photo : Élan Béarnais Pau-Lacq-Orthez – Éric Traversé
Quels sont les joueurs en difficulté ?

La déception : Shannon Evans

Si Shannon Evans (1,85 m, 26 ans) figure parmi les déceptions, ce n’est bien évidemment pas par la faute de son rendement. Avec 21,8 pts (50,7 % aux tirs, dont 51,6 % à trois-points), 2,8 rbds, 8,4 pds, 24,4 d’éval, il a plutôt un profil de MVP. Mais au vu de l’importance prise par l’ancien de Paks, en Hongrie, dans le jeu palois, son départ en plein confinement pour une équipe turque fait mal, très mal.

Shannon Evans – Photo : Élan Béarnais Pau-Lacq-Orthez – Éric Traversé

On en attend plus

Toujours prometteur, Digué Diawara (2,04 m, 22 ans) continue de décevoir d’année en année, ne parvenant pas à hausser son niveau de jeu. Pourtant, il l’a prouvé à Boulogne-Levallois, lorsqu’il ne force pas son jeu et prend les bonnes décisions, il peut évoluer à un niveau très intéressant : 12 pts à 5/7 aux tirs dont 2/3 à trois-points, 5 rbds, 3 ints, 19 d’éval. À lui de réitérer ce genre de performances pour que le staff palois lui accorde plus de confiance. Revenu dans son club formateur à l’intersaison, Rémi Lesca (1,80 m, 29 ans) fournit pour le moment ce qui est son plus mauvais début de saison depuis ses années en Espoirs. Avec 1,6 pt à 16,7 % aux tirs dont 15,4 % à trois-points, il présente des stats catastrophiques. Peut-être arrivera-t-il à faire mieux en complément de Justin Bibbins qu’à côté de Shannon Evans…

Digué Diawara – Photo : Élan Béarnais Pau-Lacq-Orthez – Éric Traversé
Le chiffre : 50,3

Pau-Lacq-Orthez prend 59,2 tirs par match, contre 63,8 pour ses adversaires. Principale explication à cette différence, les 11,6 rebonds offensifs pris par les opposants de l’Élan Béarnais, contre les 8,0 récupérés par les Palois. Pour autant, les Béarnais présentent une balance attaque-défense positive (7e attaque avec 81,0 pts marqués, 6e défense avec 77,6 pts encaissés) en s’appuyant sur une bonne défense (44,5 % de réussite aux tirs pour ses adversaires) et une belle adresse : 50,3 % aux tirs (3e meilleure adresse de Jeep Élite) dont 38,5 % à trois-points (4e du championnat). Ce qui compense la principale faiblesse de l’équipe, le rebond : 32,2 prises par match la classent 14e de la division en la matière et les 8,0 rebonds offensifs à la 17e place du secteur.

Vee Sanford – Photo : Élan Béarnais Pau-Lacq-Orthez – Éric Traversé
L’œil de Christophe Denis

« Pau-Lacq-Orthez n’a perdu que contre deux des quatre meilleures équipes du championnat. Ils ont réalisé un gros coup avec Shannon Evans (NDLR : interview réalisée avant le départ du joueur), il a eu un énorme impact sur l’équipe. Par ailleurs, je suis très impressionné par les progrès de Petr Cornélie, dans l’impact physique, dans le jeu à l’extérieur comme près du panier. De leur côté, Digué Diawara et Gérald Ayayi ont été excellents à un moment ou à un autre, il faut voir s’ils peuvent arriver à faire pareil sur toute la saison. Le souci de l’Élan Béarnais, c’est d’être court en rotation. À mon sens, il leur manque un poste 2 finisseur. S’ils l’avaient, ils pourraient suivre la trajectoire d’Orléans. Mais ils peuvent déjà embêter beaucoup de monde dans leur configuration actuelle. »

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