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« Dunk or die », le documentaire inspirant sur la vie de Kadour Ziani : « Laisser un héritage »

« Dunk or Die », un documentaire de Nicolas de Virieu diffusé sur Canal + ce samedi 19 février, retrace le parcours de vie de Kadour Ziani, véritable légende du dunk, qui explique aujourd’hui, à 48 ans, ses combats pour la postérité. Interview.

« Dunk or Die », un documentaire de Nicolas de Virieu diffusé sur Canal + ce samedi 19 février, retrace le parcours de vie de Kadour Ziani, véritable légende du dunk, qui explique aujourd’hui, à 48 ans, ses combats pour la postérité. Interview.

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Dunker ou mourir, c’est le crédo d’une vie pour Kadour Ziani,  le protagoniste d’un film de 80 minutes qui sortira ce samedi 19 février sur Canal +. Celui-ci résume le cheminement d’un « animal fougueux » issu du quartier de Saint-Dizier, qui a démocratisé le dunk avec la Slam Nation jusqu’à fouler les parquets de NBA. L’ambassadeur du dunk (1,80 m, 48 ans) raconte les dessous du documentaire mais aussi ses combats pour la reconnaissance d’un art en tant que sport et un message d’espoir, de dépassement de soi pour la jeunesse.

D’où vient ce projet de documentaire ?
« La symbolique, c’est que, depuis que je suis gamin, j’ai envie d’écrire les choses, d’enregistrer, de laisser une trace. J’étais dans un quartier où il n’y avait pas grand chose pour exister, je suis de ces binationaux qui étaient entre la France et l’Algérie, en crise existentielle d’appartenance. On a essayé d’exister autrement, en cotisant des photos, des vidéos, en se mettant en scène, pour trouver des alternatives à nos conditions, dans ces quartiers difficiles dans les années 1980. Avant, il n’y avait pas de médias, pas de téléphone, pas le même rapport avec la culture… Moi je voulais tout filmer, c’était une façon de me regarder. Je pouvais changer de style : un coup j’étais Joey Starr, un coup Bob Marley, un coup Bruce Lee, un coup Elvis Presley, un coup Jacques Brel… On s’identifie un peu à tout, même à tous les sports. Quelque part, l’idée de ce documentaire, c’est ma vie et cette envie de laisser des traces, de voir cette transformation, des dunks au quartier jusqu’à la NBA avec la Slam Nation, grâce à laquelle j’ai rencontré Nicolas De Virieu (NDLR : le réalisateur) qui me suivait de partout, et avec qui on s’est rejoint dans cette volonté de rassembler des images. Un jour, il fallait raconter cette histoire. C’était à moi de la rendre belle. Donc, quelque part, il y a toujours eu l’idée du documentaire, c’est l’affaire d’un long chemin qui a commencé depuis le tout début. »

Par qui a-t-il été produit et réalisé ?
« Nicolas De Virieu l’a proposé à Benjamin Benjamin Altur-Ortiz, qui a une société de production toute jeune (NDLR : Benur Films), et on a décidé de mettre les moyens pour donner toutes ses chances à ce travail d’archives qui a été fait. Il y a une richesse de fou dans ce documentaire : tout le monde a rassemblé des images pour que ça se fasse. Moi qui avais embrouillé ma famille pour acheter un caméscope, je suis très content aujourd’hui, OK je devais filmer le mariage à l’époque mais aujourd’hui on a pu faire un film grâce à ça. »

Quelle histoire veut raconter ce documentaire ?
« C’est un chemin avec un destin. Aujourd’hui, on peut dire que c’est un succès. Mais je n’étais pas du tout disposé au succès. Je viens d’un quartier difficile, ce n’était pas les mêmes codes, c’était la violence, la dissuasion, la peur… J’ai failli mal tourner, et j’étais à deux doigts de basculer. Donc ce documentaire, c’est un destin aussi beau qu’insoupçonné. Ça donne pas mal d’espoir parce que c’est l’évolution d’un personnage, d’un caractère, qui dit qu’il n’y a pas de mauvaise graine ou de mauvaise herbe, il faut juste un bon cultivateur. Le salut, il vient forcément d’un tremblement, d’un instinct de survie. Quand on vient d’un quartier où on achète une caméra pour se forcer à exister, à plaire, pour aller au-dessus de ce destin d’échec qui nous est promis, il faut exister avec d’autres instincts et se dire, au contraire, que tout ça va nous servir. C’est pour ça que je conseille notamment aux jeunes de regarder ce documentaire, pour qu’on puisse s’identifier à moi, le commun des mortels, qui n’a pas toutes les armes au départ, et qui trouve son chemin. »

« J’ai dunké pour qu’on remarque ma présence. Je vais laisser mon héritage pour qu’on note mon absence »

C’est aussi un bel hommage à l’essor du dunk ?
« Oui, mais ce documentaire, il faut le voir pas seulement pour aller voir le dunkeur, mais aussi pour voir Kadour qui apprend à parler, Kadour qui cherche un moyen d’exister par le corps, qui se révèle au monde avec la Slam Nation, et qui est aujourd’hui dans la transmission pour essayer de dire que tout est possible. En fin de compte, on passe beaucoup de temps à se mentir à soi-même, il faut juste de se surpasser pour se libérer pour trouver l’excellence et la passion en soi. C’est une quête d’excellence. Moi, c’était par le dunk. Mais au-delà de mon histoire, je veux qu’elle soit une science utile pour les autres. Par exemple, en Avignon, il y a un professeur de philo qui a mis à l’étude mon histoire, c’est un sujet d’école, et c’est magnifique. Je suis un exemple contemporain pour dire que tout est possible, et ce qui ne tue pas nous rend plus fort. »

C’est un documentaire de 80 minutes intitulé Dunk or die, ce n’est pas un hasard. Dunker, c’est votre seul échappatoire, votre seul moyen d’exister ?
« Le dunk, c’est mon moyen d’exister, mon moyen de survivre, de ne pas mourir et de laisser une science utile qui perdure après moi. Je veux laisser un héritage pour que les jeunes puissent se fabriquer comme moi je me suis fabriqué, qu’ils puissent sortir de leur condition de misère, échapper aux excuses, parce qu’il faut se rendre utile. On a tout en nous, il faut le libérer. Je veux servir à libérer ce qu’on a enfoui. On doit se surpasser, dépasser son système nerveux, refuser l’échec. J’ai dunké pour qu’on remarque ma présence. Maintenant, je vais laisser mon héritage pour qu’on note mon absence, pour la postérité. »

Il est aussi question d’évasion, de voyage dans ce documentaire. Que vous a appris le voyage, notamment celui de la Slam Nation ?
« Le voyage, c’est une façon de voir le monde en « big picture », de voir d’une façon globale. Dans son étendue, le monde est grand, c’est une encyclopédie. Et il faut tout lire pour comprendre. Le voyage, c’est sortir de son quartier, se dire qu’il y a beaucoup de choses ailleurs. Pour comprendre le système, il faut sortir du système. Quand on voit les choses dans leur globalité, on s’aperçoit que ça réinterroge tous nos paradigmes. La misère, elle est à Saint-Dizier, mais elle est aussi à Manille, et de partout à l’échelle du monde. Et peut-être qu’on n’est pas attendu en France mais qu’on peut être attendu ailleurs dans le monde. Peut-être qu’on n’est pas entendu dans sa ville, son quartier, sa cité, mais on peut être reconnu ailleurs. Une fois que tu as la considération des autres, tu peux être aimé par les tiens. Dès que j’ai compris tout ça, je me suis dit « waouh », j’ai failli m’enfermer dans une cage à Saint-Dizier, et en fin de compte, le monde était vaste, il était riche. »

« Cette rupture du tendon d’Achille à 48 ans, c’était aussi une opportunité de montrer ma méthode car, à la fin, je dunke, et les gens se disent « ah ouais, c’est pas du blabla » »

Qu’avez-vous ressenti quand vous avez vu le documentaire pour la première fois ?
« En fait, je l’ai vu au départ de façon découpée. Comme j’ai une relation très proche avec Nicolas De Virieu, on savait l’orientation du film, j’ai quelque part participé un peu à le faire. C’est ma vie. Mais c’est vrai que quand tu vois tout se mettre en place, ça fait quand même quelque chose. C’est comme un résumé, et c’est compliqué les résumés, il faut raconter de façon réduite un récit tout en respectant ta pensée. Quand je l’ai vu, ça a pris un peu de temps à ce que j’accepte qu’on le diffuse de cette façon, mais quand on voit le résultat final, on se dit let’s go, il faut en parler. Et ce n’est pas toujours évident parce qu’on n’a pas toujours envie de tout dire, mais à un moment, il faut libérer la parole et que mon histoire ne m’appartienne plus. »

A 48 ans, et deux ans après une blessure au tendon d’Achille, est-ce que vous dunkez toujours ? Êtes-vous toujours capable de mettre le pied à la hauteur du cercle ?
« Ah, je ne suis pas loin de faire le « Rick the rim », mais je redunke. Une rupture du tendon d’Achille à 48 ans, c’est une grosse blessure. Mais ça a été pour moi une grosse opportunité, comme toujours en quelque sorte. Mon école, c’est l’école des coups durs, l’école des dunks durs, l’école des échecs. Et c’est top car tu es obligé d’apprendre à te retaper. Donc j’ai montré ma blessure et ma rééducation à tout le monde pour dire que, toutes ces années, j’ai appris à me refaire. A 48 ans, à la fin du processus de réhabilitation, je redunke. Et même sans ma blessure, dunker à cet âge avec ma taille, c’est deux fois plus dur, donc je suis très fier de ça. Cette blessure, c’était aussi une opportunité de montrer ma méthode, celle que je prône à la Zianimal Academy, où j’explique ma mentalité, ma planification, ma nutrition à des gens de tous les niveaux, de tous les sports, en montrant qu’avec rien ou pas grand chose, on peut faire beaucoup, et que tout est possible. Et c’est magnifique car, à la fin, je dunke, et les gens se disent « ah ouais, c’est pas du blabla ». J’ai passé ma vie à essayer de trouver des mots pour faire la paix avec moi-même. J’avais réussi à réunir mes membres, mes muscles, mes tendons, pour faire des gestes difficiles comme des dunks de la ligne des lancers-francs par exemple. Il a fallu faire la même chose dans la transmission pour que les autres y arrivent aussi, et qu’ils durent pour qu’eux aussi fassent la paix avec eux-mêmes. Parce que ça prend des années, ce sont des habitudes, on ne peut pas être un athlète de haut niveau si tous les jours, on ne s’entraîne pas pour adapter notre machine. Et j’en ai fait profiter à des mecs comme Nico Batum, Frank Ntilikina, Kevin Seraphin, Amara Sy, ils étaient tous à m’écouter avec des grands yeux écarquillés. Je parlais à Rudy Gobert qui est intéressé pour apprendre de mon expérience. C’est un bonheur. »

« Même si on n’est pas aux JO, on espère qu’on fera du dunk un sport, avec un World Tour et des champions dans le monde entier »

Où êtes-vous basé désormais ?
« Je suis au Canada, au Québec, à Montréal, dans ma belle famille, avec ma famille. Je me prépare pour aller au All-Star Game à Cleveland pour faire la promo de tout ce que je fais, notamment vis-à-vis du dunk, avec mes programmes de détente, d’athlétisation. En espérant que j’ai fait pendant ma carrière puisse servir à la jeunesse, pour qu’elle puisse réaliser ses rêves. Je travaille avec la NBA Afrique, et j’essaie d’implanter ma méthode dans le monde entier par le dunk. »

Quels sont vos combats pour le dunk ?
« Essayer d’organiser le dunk comme un sport. Car tout le monde est capable de dunker avec un bon programme de détente. Il faut que la communauté des dunkeurs se réunisse, qu’il y ait des scoring systems standardisés pour que tout le monde se reconnaisse avec des mêmes règles, un peu comme l’a fait le 3×3. Et ensuite continuer de développer la discipline pour qu’elle gagne en respect et que ça soit pourquoi pas un moyen pour ceux qui veulent aller en NBA en fabriquant un dunkeur mais aussi un joueur capable de jouer au basket. Ca prendra encore plus de cohérence. Le dunk, c’est un faire valoir pour la NBA, pour le Quai 54, pour la FIBA, pour les annonceurs, mais ça peut aussi être un faire valoir pour les joueurs. »

Vous avez à ce titre imaginé une application qui permet de référencer tous les dunkers et leurs figures…
« L’application, c’est World Dunk Association. On a organisé la première institution du dunk mondial. Il y a un comité de dunkeurs, toute la communauté des dunkeurs qui peut s’enregistrer. Notre moteur de recherche permet de retracer tous les dunks séquencés, qu’on a répertorié grâce à un travail de fourmi. On est en train de bosser sur un scoring system simple pour que tout le monde puisse juger les dunks et qu’il n’y ait plus de mal entendu sur le jugement d’un dunk. Ce n’est pas seulement une application, c’est une institution, comme la NBA du dunk. C’est le wikipedia du dunk. Tous les dunkeurs du monde, les Kilganon, les Rivera, sont en train de se parler, on est en train d’y arriver. Bientôt, même si on n’est pas aux JO, on espère qu’on fera du dunk un sport, avec un World Tour et des champions dans le monde entier. »

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Dunker ou mourir, c’est le crédo d’une vie pour Kadour Ziani,  le protagoniste d’un film de 80 minutes qui sortira ce samedi 19 février sur Canal +. Celui-ci résume le cheminement d’un « animal fougueux » issu du quartier de Saint-Dizier, qui a démocratisé le dunk avec la Slam Nation jusqu’à fouler les parquets de NBA. L’ambassadeur du dunk (1,80 m, 48 ans) raconte les dessous du documentaire mais aussi ses combats pour la reconnaissance d’un art en tant que sport et un message d’espoir, de dépassement de soi pour la jeunesse. Entretien.

D’où vient ce projet de documentaire ?
« La symbolique, c’est que, depuis que je suis gamin, j’ai envie d’écrire les choses, d’enregistrer, de laisser une trace. J’étais dans un quartier où il n’y avait pas grand chose pour exister, je suis de ces binationaux qui étaient entre la France et l’Algérie, en crise existentielle d’appartenance. On a essayé d’exister autrement, en cotisant des photos, des vidéos, en se mettant en scène, pour trouver des alternatives à nos conditions, dans ces quartiers difficiles dans les années 1980. Avant, il n’y avait pas de médias, pas de téléphone, pas le même rapport avec la culture… Moi je voulais tout filmer, c’était une façon de me regarder. Je pouvais changer de style : un coup j’étais Joey Starr, un coup Bob Marley, un coup Bruce Lee, un coup Elvis Presley, un coup Jacques Brel… On s’identifie un peu à tout, même à tous les sports. Quelque part, l’idée de ce documentaire, c’est ma vie et cette envie de laisser des traces, de voir cette transformation, des dunks au quartier jusqu’à la NBA avec la Slam Nation, grâce à laquelle j’ai rencontré Nicolas De Virieu (NDLR : le réalisateur) qui me suivait de partout, et avec qui on s’est rejoint dans cette volonté de rassembler des images. Un jour, il fallait raconter cette histoire. C’était à moi de la rendre belle. Donc, quelque part, il y a toujours eu l’idée du documentaire, c’est l’affaire d’un long chemin qui a commencé depuis le tout début. »

Par qui a-t-il été produit et réalisé ?
« Nicolas De Virieu l’a proposé à Benjamin Benjamin Altur-Ortiz, qui a une société de production toute jeune (NDLR : Benur Films), et on a décidé de mettre les moyens pour donner toutes ses chances à ce travail d’archives qui a été fait. Il y a une richesse de fou dans ce documentaire : tout le monde a rassemblé des images pour que ça se fasse. Moi qui avais embrouillé ma famille pour acheter un caméscope, je suis très content aujourd’hui, OK je devais filmer le mariage à l’époque mais aujourd’hui on a pu faire un film grâce à ça. »

Quelle histoire veut raconter ce documentaire ?
« C’est un chemin avec un destin. Aujourd’hui, on peut dire que c’est un succès. Mais je n’étais pas du tout disposé au succès. Je viens d’un quartier difficile, ce n’était pas les mêmes codes, c’était la violence, la dissuasion, la peur… J’ai failli mal tourner, et j’étais à deux doigts de basculer. Donc ce documentaire, c’est un destin aussi beau qu’insoupçonné. Ça donne pas mal d’espoir parce que c’est l’évolution d’un personnage, d’un caractère, qui dit qu’il n’y a pas de mauvaise graine ou de mauvaise herbe, il faut juste un bon cultivateur. Le salut, il vient forcément d’un tremblement, d’un instinct de survie. Quand on vient d’un quartier où on achète une caméra pour se forcer à exister, à plaire, pour aller au-dessus de ce destin d’échec qui nous est promis, il faut exister avec d’autres instincts et se dire, au contraire, que tout ça va nous servir. C’est pour ça que je conseille notamment aux jeunes de regarder ce documentaire, pour qu’on puisse s’identifier à moi, le commun des mortels, qui n’a pas toutes les armes au départ, et qui trouve son chemin. »

« J’ai dunké pour qu’on remarque ma présence. Je vais laisser mon héritage pour qu’on note mon absence »

C’est aussi un bel hommage à l’essor du dunk ?
« Oui, mais ce documentaire, il faut le voir pas seulement pour aller voir le dunkeur, mais aussi pour voir Kadour qui apprend à parler, Kadour qui cherche un moyen d’exister par le corps, qui se révèle au monde avec la Slam Nation, et qui est aujourd’hui dans la transmission pour essayer de dire que tout est possible. En fin de compte, on passe beaucoup de temps à se mentir à soi-même, il faut juste de se surpasser pour se libérer pour trouver l’excellence et la passion en soi. C’est une quête d’excellence. Moi, c’était par le dunk. Mais au-delà de mon histoire, je veux qu’elle soit une science utile pour les autres. Par exemple, en Avignon, il y a un professeur de philo qui a mis à l’étude mon histoire, c’est un sujet d’école, et c’est magnifique. Je suis un exemple contemporain pour dire que tout est possible, et ce qui ne tue pas nous rend plus fort. »

C’est un documentaire de 80 minutes intitulé Dunk or die, ce n’est pas un hasard. Dunker, c’est votre seul échappatoire, votre seul moyen d’exister ?
« Le dunk, c’est mon moyen d’exister, mon moyen de survivre, de ne pas mourir et de laisser une science utile qui perdure après moi. Je veux laisser un héritage pour que les jeunes puissent se fabriquer comme moi je me suis fabriqué, qu’ils puissent sortir de leur condition de misère, échapper aux excuses, parce qu’il faut se rendre utile. On a tout en nous, il faut le libérer. Je veux servir à libérer ce qu’on a enfoui. On doit se surpasser, dépasser son système nerveux, refuser l’échec. J’ai dunké pour qu’on remarque ma présence. Maintenant, je vais laisser mon héritage pour qu’on note mon absence, pour la postérité. »

Il est aussi question d’évasion, de voyage dans ce documentaire. Que vous a appris le voyage, notamment celui de la Slam Nation ?
« Le voyage, c’est une façon de voir le monde en « big picture », de voir d’une façon globale. Dans son étendue, le monde est grand, c’est une encyclopédie. Et il faut tout lire pour comprendre. Le voyage, c’est sortir de son quartier, se dire qu’il y a beaucoup de choses ailleurs. Pour comprendre le système, il faut sortir du système. Quand on voit les choses dans leur globalité, on s’aperçoit que ça réinterroge tous nos paradigmes. La misère, elle est à Saint-Dizier, mais elle est aussi à Manille, et de partout à l’échelle du monde. Et peut-être qu’on n’est pas attendu en France mais qu’on peut être attendu ailleurs dans le monde. Peut-être qu’on n’est pas entendu dans sa ville, son quartier, sa cité, mais on peut être reconnu ailleurs. Une fois que tu as la considération des autres, tu peux être aimé par les tiens. Dès que j’ai compris tout ça, je me suis dit « waouh », j’ai failli m’enfermer dans une cage à Saint-Dizier, et en fin de compte, le monde était vaste, il était riche. »

« Cette rupture du tendon d’Achille à 48 ans, c’était aussi une opportunité de montrer ma méthode car, à la fin, je dunke, et les gens se disent « ah ouais, c’est pas du blabla » »

Qu’avez-vous ressenti quand vous avez vu le documentaire pour la première fois ?
« Comme j’ai une relation très proche avec Nicolas De Virieu, on savait l’orientation du film, j’ai quelque part participé un peu à le faire. C’est ma vie. Mais c’est vrai que quand tu vois tout se mettre en place, ça fait quand même quelque chose. C’est comme un résumé, et c’est compliqué les résumés, il faut raconter de façon réduite un récit tout en respectant ta pensée. Quand je l’ai vu, ça a pris un peu de temps à ce que j’accepte qu’on le diffuse de cette façon, mais quand on voit le résultat final, on se dit let’s go, il faut en parler. Et ce n’est pas toujours évident parce qu’on n’a pas toujours envie de tout dire, mais à un moment, il faut libérer la parole et que mon histoire ne m’appartienne plus… »

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