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Sauf miracle vendredi soir, les Béliers de Kemper vont retrouver la Nationale 1, qu’ils avaient quitté en 2017 pour accéder à la Pro B. Une cruelle désillusion pour Laurent Foirest et ses hommes, au terme d’une saison où rien ne s’est passé correctement.

Pour Quimper, la messe est presque dite, à une journée de la fin de la saison régulière de Pro B (dernier match ce vendredi soir contre Nantes, à Brest). Sauf concours de circonstances assez extravagant, les Béliers de Kemper vont être rétrogradés en NM1.

Pour sauver sa peau, l’UJAP doit en effet, pour commencer, battre à domicile Nantes d’au moins quatre points, l’Hermine s’étant imposée au match aller 81-78. Mais cette condition, essentielle, n’est pas suffisante : il faut également espérer que, dans le même temps, Aix-Maurienne, qui vient d’assurer son maintien en battant… Quimper, aille gagner à Chalon, alors même que l’Élan jouera la première place du classement – il lui faut impérativement gagner ce match et que Saint-Quentin perde face à Angers pour décrocher la timbale – en cas d’égalité de victoires et défaites entre les trois équipes, ce qui arriverait dans ce cas de figure, Quimper serait relégué. Autant dire que, même si les Savoyards n’iront pas en victimes en Bourgogne, les chances de salut des Bretons de Laurent Foirest sont bien minces.

Un coup dur pour un club qui avait, depuis son accession en Pro B en 2017, réussi un très beau parcours – à l’exception de la saison dernière. Pour ses deux premiers exercices à cet étage, Quimper avait accroché les 14e et 13e place, se maintenant sans fébrilité. Puis, en 2019-20, l’équipe était 2e du classement au moment de l’arrêt du championnat pour cause de pandémie. Enfin, en 2020-21, les Bretons décrochaient une belle 6e place. Mais, la saison dernière, ce fut le couac : Quimper ne s’est sauvé de la relégation que de justesse, terminant 15e avec le même bilan (14 victoires pour 20 défaites) que le 17e et premier relégué, Tours.

https://www.basketeurope.com/livenews-fr/en-france/lnb/654884/pro-b-laurent-foirest-quimper-si-on-veut-un-coach-qui-grogne-aupres-des-joueurs-il-faut-choisir-quelquun-dautre/

Deux mois terribles

Comment en est-on arrivé là du côté du Finistère ? Les explications sont nombreuses. Sur un plan strictement comptable, les Béliers naviguaient au milieu du classement avant de connaître deux énormes trous d’air : 4 défaites successives entre le 16 et le 27 décembre 2022 puis, pis encore, 7 défaites de suite entre le 4 février et le 25 mars, alors que le club présentait un bilan quasi-équilibré de 9 victoires pour 10 défaites. Ensuite, l’équipe n’a jamais réussi à remporter deux matches de suite, enregistrant 3 victoires pour 5 défaites sur les derniers matches avant ce fatidique vendredi.

Autres points « remarquables » : Quimper n’a remporté qu’une seule victoire à l’extérieur en 17 rencontres, le plus mauvais bilan de la ligue en la matière. Et l’équipe affiche le 4e plus mauvais bilan en défense, encaissant 83,4 points par match.

Autre point important au niveau statistique, la défaillance des Quimpérois au rebond : ils en ont accordé 38,2 par match à leurs adversaires (17e moyenne de la division), dont 11,0 offensifs (15e) alors qu’ils n’en prenaient que 32,4 (17e), dont 7,9 offensifs (17e). D’où, forcément, un nombre de munitions moindre que l’équipe adverse : 61,0 tirs tentés par match (dont 23,4 à trois-points) contre 63,9 (dont 25,8 à trois-points) pour leurs opposants.

Digue Diawara (photo Béliers de Kemper)

En plus de cela, les Béliers ont connu plus encore que d’autres leur lot de blessures. Seuls Digue Diawara - élu dans le cinq majeur de Pro B ! -, Théo Leon et Jessie Begarin ont disputé tous les matches alors qu’Antoine Wallez, Lucas Bourhis et Paul-Lou Duwiquet n’en rataient qu’un ou deux. Mais c’est surtout la blessure du pivot croate Ivan Vranes qui a fait mal, lui qui, en 25 matches, tournait à 15,6 points, 7,6 rebonds pour 15,7 d’évaluation. Ce d’autant plus que son remplaçant, Josh Nzeakor, n’a pas du tout évolué au même niveau : 7,5 points, 4,5 rebonds, 9,5 d’évaluation. En outre, hormis le Croate, seuls Digue Diawara (16,2 points, 6,0 rebonds), Théo Leon (7,5 points, 4,7 passes) et Jessie Begarin (6,3 points, 8,6 d’évaluation) ont joué à leur niveau ou au-dessus.


Un recrutement décevant

Ivan Vranes (photo Béliers de Kemper)

Hormis Antoine Wallez (10,8 points, 3,6 rebonds), les autres joueurs de l’effectif n’ont pas vraiment répondu aux attentes. Ainsi, Lucas Bourhis est passé de 15,2 points et 14,1 d’évaluation (à Rouen) à 8,5 points et 9,0 d’évaluation, perdant la mire de loin : 35,8 % à trois-points cette saison contre 45,7 % la précédente. Mais il n’est pas, et de loin, la plus mauvaise pioche du recrutement quimpérois.

Deux des Américains signés en début de saison, et considérés sur le papier comme des points forts de l’effectif, n’ont pas traîné dans le Finistère : TJ Price n’a joué qu’un tout petit match en Leaders Cup (4 points) avant de se blesser et d’être remplacé par Jessie Begarin, alors que Wayne Martin, pas plus brillant en Leaders Cup (4,0 points en 3 matchs), a été mis à pied puis coupé après des accusations de viol à son encontre.

Ensuite, Quimper a eu du mal à trouver un remplaçant à ce dernier. Ce fut finalement Ashley Hamilton, arrivé courant décembre. Mais, en 25 matches, il ne s’est guère montré déterminant : 9,4 points et 8,1 d’évaluation.


Problèmes de cohésion

D’autres raisons, plus liées aux individualités de l’effectif, ont également contribué à la chute de la maison Quimper. Tout récemment, Paul-Lou Duwiquet soulignait dans Le Télégramme : « Il faut savoir casser le tempo et nous ne l’avons toujours pas compris. Au contraire, on tombe dans le piège. On regarde le chrono, on cogite. Il y a une sensation de rush et on se précipite en attaque. C’est récurrent. » Signe que le mal est profond.

Ce que confirme le président Bernard Kervarec dans une autre interview (parue mi-mars) au même quotidien régional : « Nous avons refait une réunion entre dirigeants, joueurs et staff pour remettre tout le monde à sa place et dans son rôle, que ce soit le coach ou le capitaine, qui est bien Théo Léon et personne d’autre. On a aussi expliqué aux joueurs qu’ils avaient plutôt intérêt à ne pas descendre pour leur prochain contrat, ici ou ailleurs. »

Ce qui ne les a pas vraiment poussé à hausser le niveau, on l’a vu. Et ce alors que Laurent Foirest n’a cessé de tirer la sonnette d’alarme. Début mars, il soulignait que « le point faible de l’équipe, c’est son inconstance. » Fin avril, après une déroute à Boulazac (94-69), il exprimait sa détresse au Télégramme : « Il y a une bonne équipe de Boulazac, contre une équipe de Quimper assez pathétique. On devait jouer dur. J’ai honte de l’attitude, de la prestation de l’équipe. C’est l’image qui me fait plus de mal que la défaite. »

https://www.basketeurope.com/livenews-fr/en-france/lnb/658825/pro-b-antoine-wallez-quimper-jai-honte-que-le-club-se-retrouve-dans-cette-situation/

Quel avenir pour Laurent Foirest et ses joueurs ?

Les Béliers de Kemper bien mal embarqués, se pose maintenant la question de l’avenir. Qu’il soit, très probablement, en NM1 ou, de façon beaucoup plus incertaine, en Pro B, il y aura sans doute de grands changements à l’intersaison.

En premier lieu, Laurent Foirest, sous contrat jusqu’en 2024, pourrait quitter l’équipe avant terme, du fait des mauvais résultats de l’équipe ces deux dernières saisons. Et ce alors qu’il avait eu jusque là un parcours exemplaire à la tête des Béliers : arrivé en 2015, il a permis au club de remonter en Pro B en 2017 avant d’obtenir, on l’a vu, d’excellents résultats. Mais ceux-ci remontent maintenant à la saison 2020-21 pour les dernières réussites.

Lucas Bourhis (photo Béliers de Kemper)

Du côté des joueurs, seuls Antoine Wallez et Lucas Bourhis seront encore sous contrat la saison prochaine, mais rien n’assure qu’ils continueront avec le club s’il évolue en NM1. Quant aux autres, ils seront peu à être regrettés. En descendant très probablement en NM1, Quimper va arriver à la fin d’un cycle. Après le grand ménage qui s’annonce, la nouvelle équipe, ainsi que le possible nouveau staff technique, devront montrer que les Béliers sont têtus et qu’ils méritent de remonter rapidement en Pro B.

Photo d'ouverture : Laurent Foirest (Béliers de Kemper)

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