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Chronique - Le mental dans le basket : l'impuissance face aux séries

Qui dit sport d'adresse dit confiance. Dans un nouvel épisode de notre chronique mensuelle, notre coach mental nous donne quelques conseils pour se contrôler et faire face à une série.

Chaque mois, Basket Europe vous propose une chronique, une vraie Masterclass sur un aspect important mais souvent négligé : le mental dans le basket.

Au cours d'une saison, quel que soit le niveau auquel on joue, l'âge ou le sexe, beaucoup de matches partageront une scène identique : lors d'un quart-temps, une équipe prendra le dessus sur l'autre, et le score enflera au cours d'une série impressionnante voire choquante. Une équipe rentrera ses shoots et on aura l'impression que tout lui réussira, quand l'autre équipe ne mettra plus un pied devant l'autre, ratera tout ce qu'elle entreprendra et subira l'intensité du moment.

Au final, cela provoquera un écart de 15 points, 20 points, ou plus, en un seul quart-temps.
Une chose amusante est la réaction à cette série, car très souvent, quand les équipes sont d'un niveau similaire, le momentum s'arrête une fois le quart-temps terminé. Il arrive même que le quart temps qui suit, l'équipe qui a subi se fait violence et renverse le scénario en proposant une série similaire à celle de la période précédente. Vous voulez quelques exemples ?

Monaco - Olympiakos, demi-finale de l'Euroleague 2023, mi-temps : 41-29. Score du 3e quart temps ? 2-27. Oui, rappelez-vous, Monaco qui menait de 12 points à la mi-temps a subi une série de 27 à 2 en n'étant incapable de stopper l'hémorragie pour rester dans le match. Pour l'anecdote, dernier quart temps 20-19 pour Olympiakos et score final 76-62.

Les scénarios de la sorte arrivent régulièrement, en demi-finale d'Euroleague, en NBA, en Pro A, dans les compétitions de jeunes ou celles d'amateurs. Dernièrement, les Toronto Raptors on terminé le match sur un 16-0, après avoir été mené 95-107 par les Washington Wizards, pour finalement l'emporter 111-107 : INCROYABLE !

Pensez-vous que c'est exceptionnel ? Le lendemain en Eurocup, Lietkabelis recevait Turk Telekom et alors qu'il ne restait qu'1'46'', le score était de 75-86 pour les visiteurs. Score final : 93-86, après prolongation. Oui oui, un 11-0 en moins de deux minutes suivi d'un 7-0 en prolongation. Un 18-0 à la limite du réel.

Il y a quelques jours, les Charlottte Hornets ont remporté trois des quatre quart-temps contre le Miami Heat (32-24, 32-30, 25-24). Problème, ils en ont perdu un seul, le deuxième quart, mais avec un écart conséquent, 16-33 et ont laissé filer la victoire 105-111. Le dernier match entre les Philadelphia Sixers et les Boston Celtics a commencé ainsi : 1er quart-temps : 22-37 (+15 pour les Celtics), 2e quart-temps : 36-20 (+16 pour les Sixers) score à la mi-temps : 58-57.

Nous sommes certains que vous pouvez vous remémorez des scénarios semblables.

A relire - notre chronique "le mental dans le basket"
1 - Les bases de la préparation mentale
2 - La méditation, l’outil mystique de la performance
3 - Le périlleux exercice du lancer-franc
4 - Fonda-mental
5 - Ces détails qui n'en sont pas
6 - L'importance de nos perceptions

7 - Dans la tête d'un arbitre d'Euroleague
8 - La positive gratitude
9 - Le temps des dinosaures
10 - L'adversité, un allié de poids
11 - Le traumatisme espagnol
12 - Une douce symphonie
13 - Coupe du monde, scanner d'un fiasco bleu-blanc-rouge
14 - L'influence des parents

Transformer la tempête en légère brise

Comment arriver à limiter ces séries ? Comment peut-on lutter contre ce sentiment d'impuissance et résister à cette frustration qui fait qu'au lieu de subir, on reprenne le contrôle du match ? Car c'est ce sentiment qui envahit les joueurs quand ils subissent la loi de ces séries. Aucun temps-mort, aucun changement de joueurs, ni aucun changement tactique n'y fait rien. Joueurs et coachs, tous dans le même bateau, font partie d'un même naufrage, mental.

Comment expliquer qu'une fois le quart-temps terminé, les deux équipes redémarrent avec un état d'esprit différent ? Quelles solutions proposer pour limiter les dégâts en réduisant l'écart à 5 ou 7 points plutôt que 15 ou 20 points et rester dans le match malgré les temps difficiles ?



Voici des solutions proposées et quelques "outils" mentaux qui vous permettront de limiter ces séries pour retrouver la confiance plus rapidement en n'attendant pas la fin du quart-temps :

  • Accepter que l'équipe adverse puisse profiter d'un momentum et soit en grande réussite. On a tendance à se rabaisser quand l'adversaire est en réussite, mais rester en contrôle de sa propre performance est plus important que se rabaisser quand quelqu'un a le vent en poupe.
  • Vouloir rendre tout le plus difficile possible : en ne laissant aucun tir ouvert, en contrôlant le repli défensif, et en empêchant les secondes chances aux rebonds.
  • Maîtriser son langage corporel est une arme sous-estimée, savoir l'utiliser peut devenir un atout majeur. Ne donner aucun surplus de confiance à son adversaire à cause d'un langage corporel défaitiste (baisser la tête, rentrer les épaules, regard défaitiste…).
  • Rester optimiste et bienveillant en gardant confiance en ses coéquipiers. Faire attention à sa communication avec ses coéquipiers (aucun intérêt de parler négativement à ce moment du match).
  • Être déterminé à sélectionner les meilleurs shoots possibles plutôt que de vouloir sauver la patrie en prenant des tirs déséquilibrés ou contestés à faible pourcentage.
  • Ne pas se focaliser sur le score et sur le résultat de vos shoots, mais plutôt garder confiance en prenant des shoots de qualité qui vous permettront d'avoir un pourcentage élevé.
  • Mettre du rythme dans son jeu de passes. On a tendance à douter et baisser de rythme quand on doute. Continuer de faire bouger la balle vite permettra de faire bouger la défense et de prendre des tirs dans le rythme pour une meilleure adresse.
  • Comprendre l'importance de se déplacer avec intensité. Là encore, on a tendance à subir l'intensité et l'agressivité de l'équipe qui joue en confiance alors qu'attaquer le panier avec une intensité maximale vous assurera une réussite plus grande.
  • Aller chercher en soi la détermination requise pour récupérer tous les ballons qui traînent au sol, quitte à se jeter par terre si nécessaire.
  • Prendre le temps de prendre des cycles de respirations plus longs (inspirations et expirations de 4 secondes chacune par exemple), pour garder le contrôle de ses émotions, ne pas subir l'adversité ambiante, et rester dans l'instant présent.

Ces quelques suggestions peuvent paraître évidentes mais ces approches sont souvent oubliées dans les situations citées et si vous choisissez de laisser passer la brise plutôt que d'attendre la tempête, elles seront fondamentales dans votre quête de succès.

Nico BOURGADE
Coach en performance mentale - Auteur du guide mental, « 1 contre 1 avec toi-même » (disponible sur le site d’Amazon en format broché ou en e-book)
Mail : coachnico@themindgameofbasketball.com
Site : www.themindgameofbasketball.com

Photo : FIBA, montage Basket Europe

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