Les premières éditions du championnat du monde donnèrent lieu à des situations cocasses, à des histoires extraordinaires. Voyons cela.
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1950, 1954, 1963 – Argentine et Brésil : Hystérie sud-américaine
Plus forts encore que les Grecs, les Serbes et les Turcs en Europe ? Si l’on en croit les témoins de l’époque, l’ambiance des premiers mondiaux en Argentine et au Brésil fut dantesque.
Jouer au basket à l’extérieur, dans des stades de football, comporte pas mal d’inconvénients, mais aussi quelques avantages. Les premières éditions des championnats du Monde en Amérique du Sud ont permis d’établir d’entrée des affluences qui frappent l’imagination. On parle de 25 000 spectateurs au Luna Park de Buenos Aires, en 1950, pour la finale Argentine-Etats-Unis, et encore, chiffre beaucoup plus précis, de 23 143 billets vendus à Santiago du Chili en 1959 pour le choc des mondes, entre les Etats-Unis et l’URSS.
Et pourtant, c’est bien à l’abri des nuages et de la pluie, que furent battus les records de spectateurs. Au côté du gigantesque Maracana, qui pouvait accueillir debout et entassés jusqu’à 250 000 personnes, les Brésiliens édifièrent à Rio, en 1954, une salle appelée Maracanazinho, ce qui signifie « le petit Maracana » en portugais. D’après plusieurs sources, on pouvait recevoir dans cette coupole futuriste de 35 à 40 000 spectateurs. On ne s’embarrassait pas avec des conditions de sécurité draconiennes en cette moitié de XIXe siècle !
Les Américains paniqués
Buenos Aires, 1950. A l’époque, le basket est déjà le sport le plus populaire d’Argentine après le football et sa fédération compte près de 70 000 licenciés dans un pays alors de dix-sept millions d’habitants. La star de l’équipe nationale est Oscar Furlong, qui travaille dans l’agence de voyage de son père, l’une des plus prospères du pays. Il sera élu MVP du tournoi et déclinera ensuite des offres de l’université de Kentucky, des Minneapolis Lakers et des Baltimore Bullets de la NBA.
La France, et sa délégation de trente personnes, est face à face avec l’hôte argentin. « Quinze mille spectateurs sont entassés dans l’enceinte de Luna Park », décrit Robert Busnel, le coach national, qui parlent de revendeurs à l’extérieur et de resquilleurs ingénieux. Avant le premier entre-deux, « le terrain de jeu ressemble à un champ de foire, où tout le monde discute ses petites affaires. » « Des Argentina ! Argentina ! », descendent des tribunes. A la mi-temps, nombre de supporteurs allument un cigare pour célébrer une victoire qui semble déjà évidente. « Les affaires marchent bien : les vendeurs de café, de bonbons, de fanions, de programment passent sans arrêt. Pas de bouteilles surtout. Ici on ne sait jamais ! » La France remonte au score, le peuple argentin s’inquiète…
Photo d’ouverture : Arvidas Sabonis