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Evan Fournier, les mots bleus

Evan Fournier est le nouveau capitaine des Bleus. C’est une responsabilité supplémentaire pour l’arrière de l’équipe de France, qui ne cesse d’en endosser de plus en plus, au fur et à mesure de sa carrière en bleu. Sur le terrain, où son volume de jeu s’enrichit, comme sa collection de médailles, ma

Evan Fournier est le nouveau capitaine des Bleus. C’est une responsabilité supplémentaire pour l’arrière de l’équipe de France, qui ne cesse d’en endosser de plus en plus, au fur et à mesure de sa carrière en bleu. Sur le terrain, où son volume de jeu s’enrichit, comme sa collection de médailles, mais aussi en dehors, où sa prise de parole porte haut et fort, l’arrière des New York Knicks (2,01 m, 29 ans) est devenu un élément incontournable du basket français.

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À la fin de l’entraînement des Bleus, dans la touffeur du palais des Sports de Nanterre, Evan Fournier est ruisselant, comme les autres. Il enlève son maillot et dévoile une ceinture de monitoring, ajustée sur le torse, destinée notamment à enregistrer ses paramètres cardiaques. Du cœur, Fournier n’en manque pas, dès lors qu’il est sur un terrain, plus encore sous le maillot bleu. Du cran aussi, il en a à revendre. Et les coups de sang qui vont avec, ceux qui ont jalonné de quelques éclats son cheminement sous le maillot français.

En 2016, privé des JO au Brésil, il expose sa frustration, et sa relation avec Vincent Collet entre dans une ère glaciaire. Lors de l’Euro 2017, viré d’un match (contre la Slovénie) après avoir insulté un arbitre l’ayant – il le maintiendra – injustement sanctionné, il écope d’une amende de 2 500 euros de la part de la FFBB. En 2019, à la Coupe du monde, la médaille de bronze emportée par les Bleus est une frustration douloureuse pour lui, et il l’enlèvera sur le podium pour la ranger dans sa chaussette.

C’est lui, c’est Evan Fournier, et aujourd’hui, ce caractère entier lui appartient toujours, mais aussi cette faculté de continuer à avancer, sans atermoiements sur ce qui a été fait. « 2017 ? Personne n’a oublié mais c’est de l’histoire ancienne. C’était un groupe différent, on était en train de remodeler une équipe. Personnellement, j’ai passé l’éponge direct après », dira-t-il à l’évocation de ce souvenir.

Promu capitaine

Et, en ce lundi 1er août, de media day pour les Bleus, Evan Fournier est très demandé, on se presse autour de lui. Pour sa capacité à dire les choses telles qu’elles sont, pour son rôle décisif dans le groupe bleu, dont il reste le meilleur marqueur sur les trois dernières compétitions (15,8 points à l’Euro 2017 ; 19,8 points au Mondial 2019 ; 18,7 points aux JO 2021), et parce que sa parole compte. Ce jour-là, les Bleus n’ont pas encore de capitaine. Et par son rayonnement, il semble être le favori pour le poste. Lui botte en touche à la question de sa volonté d’assumer le capitanat. « Je n’ai jamais accordé beaucoup d’importance à tout ça. Forcément quand tu es capitaine, tu as des responsabilités. Mais je ne revendique rien. De toute façon, le leadership se fait naturellement sur le terrain ».

Quant à Vincent Collet, il n’avait pas écarté l’hypothèse : « Il reste qu’Evan fait partie des candidats évidents pour la fonction. Bien sûr qu’il a un profil idoine ». Boris Diaw, dans son rôle de manager général avait lui essayé, diplomatiquement, de tempérer la tendance. « On a parlé du fait qu’il était le meilleur marqueur de ces trois dernières compétitions, mais pendant toutes les années où j’étais le capitaine de l’équipe de France, ça n’a jamais été le meilleur marqueur qui était capitaine », avait-il souligné. « Ce n’est pas forcément ce qui fait un capitaine, il y a d’autres choses aussi qui se passent. Il ne faut pas confondre avec un leader. Il y a des leaders charismatiques et naturels, et TP l’était de fait, pendant toutes ces années où j’étais le capitaine ».

Pourtant, dans le secret des Bleus, quelques jours plus tard, le jeudi 4 août, la décision était prise collégialement et Evan Fournier devenait officiellement le nouveau capitaine de l’équipe nationale. C’est un galon de plus à son maillot, qui se justifie bien sûr par la capacité du joueur à être impactant dans le jeu français, son expérience en bleu (80 sélections), sa régularité et son efficacité dans les trois dernières compétitions, et sa participation aux campagnes « médaillées ». Fournier a ramené avec les Bleus trois médailles de bronze (CM 2014, Euro 2015, CM 2019), et une médaille d’argent (JO 2021).

Il a pour lui aussi, à 29 ans, d’avoir su intégrer et analyser son cheminement, pour aller vers une amélioration constante. Fournier est un bosseur, qui n’a pas caché son plaisir de retrouver le travail et le terrain. « Je suis content d’être là, ça fait un moment que ma saison s’est arrêtée » disait-il, eu égard à une saison NBA très vite bâchée. « C’était sympa de reprendre le terrain, de faire de l’opposition, de revoir les gars. Je suis heureux d’être là. Quand il y a l’occasion de faire du basket, moi je suis toujours chaud ».

(c) FIBA

Il est toujours là, mais le jeune chien fou, lancé dans la grand bain en 2013, qui voulait se faire une place dans la meute, a grandi en réflexion, en approche de son sport, de ses objectifs. Ce qui est remarquable avec Fournier, c’est que sous le maillot bleu, il ne se projette pas seulement sur la compétition, mais sur une vision plus globale, une mission qui lui est apparue au fil du temps. Il y a pour lui la nation et la mission.

« Oui, c’est vrai que, depuis deux ans maintenant, ma vision a une peu évolué. Au début, j’étais un jeune joueur, qui essayait réellement de gagner sa place, de se faire un nom, de gagner… Ça reste toujours le cas, mais c’est vrai que plus tu vieillis, plus tu ressens l’envie, la détermination de vraiment faire avancer ton sport, dans ton pays, et plus globalement le sport en France. Je trouve qu’il y a beaucoup d’enjeux, beaucoup à faire pour inspirer les jeunes. Il y a une tradition qui continue en France. On a eu beaucoup de bons joueurs en France, je pense à Boris (Diaw), qui est toujours là avec nous, donc il y a cette forme de continuité, donc c’est important pour nous d’être là, pour passer la main aux jeunes, leur montrer comment ça se passe, de montrer de très belles valeurs » développe-t-il. « Je pense qu’aux JO, c’est vraiment ça qui était frappant dans notre équipe. Et on va essayer de continuer à porter ça, encore plus dans le futur. »

Un porte-voix

Rien d’étonnant alors que sa relation avec le sélectionneur Vincent Collet, qui était au point-mort après les Jeux olympiques de 2016, soit repartie sur de nouvelles bases, une nouvelle concertation, d’autres envies. « Il y a eu beaucoup de chemin de fait, de ma part, mais de lui aussi. On a évolué entant qu’hommes, je crois que c’est pour le bien de notre équipe, mais ça fait aussi partie de la maturité pour lui et pour moi » analysait Collet. « Notre relation a totalement changé, il y a beaucoup plus de confiance et même de complicité dans le travail qu’on fait ensemble ». Le coach des Bleus, qui apprécie cette nouvelle donne entre lui et son joueur, désormais son capitaine de route, est aussi respectueux de la capacité de Fournier à faire entendre la voix du basket – et du sport – français au plus haut-niveau. « Il n’intervient pas seulement sur le basket français, mais aussi sur l’éducation » souligne-t-il.

Oui, qu’il parle à l’équipe dans le vestiaire après les matches, qu’il s’adresse directement à l’ex-ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, sur la vision du sport à l‘école, qu’il s’élève publiquement contre la volonté de reléguer le basket au parc des Expositions de Versailles, pour le premier tour des JO 2024, qu’il marque son désaccord sur la question des naturalisés en sélection ou sur la charte, menaçant les joueurs tentés de jouer en Russie de se retrouver non-sélectionnables… Evan Fournier ne craint pas de parler vrai sur les combats qui lui semblent dignes d’être menés.

(c) FIBA

On lui parle de « victoire » puisque le basket jouera finalement son premier tour olympique au Stade Pierre Mauroy de Lille, il réfute. « Non, ce n’est pas une victoire. On voulait tous faire le tour préliminaire sur Paris, on est à Lille, vous connaissez tous ma position sur le sujet, je n’ai pas vraiment besoin de revenir là-dessus ».

La naturalisation du pivot de Philadelphie, Joel Embid ? Il ne se cache pas. « Oui, je suis réfractaire sur le principe. Mais regardez toutes les équipes, et vous voyez ce qui se passe. On voit l‘Espagne, avec Lorenzo Brown, qui ne doit même pas savoir dire « bonjour » en espagnol, les Grecs qui prennent (Tyler) Dorsey, il se passe plein de choses comme ça. Donc, c’est un choix… enfin, c’est quelque chose de très compliqué car il y a tellement de facteurs et d’éléments sur ce qui détermine le pour ou le contre. Et vu que le cas ne se pose pas pour le moment… Quand ce sera l’heure, on se parlera tous, et on prendra tous une décision. Mais Joël a une très bonne démarche pour l’instant, on verra comment ça va se passer ».

Gagner !

La signature de cette charte, engageant les joueurs bleus à ne pas aller jouer en Russie, sous peine d’être radié de la sélection ? On le sent très réticent sur la façon de faire.

« Je ne suis pas fan de ce type de choses. Alors je l’ai signée cette charte, pour le bien de l’équipe, mais ça s’arrête là. Il y a beaucoup de conflits dans beaucoup de pays à travers le monde, si on faisait ça pour tous les conflits, on ne jouerait plus dans aucun pays. Il faut faire avec. Ce sont des choses qui nous dépassent, nous joueurs. Nous, on veut faire notre compétition, on veut être sereins dans notre groupe ».

De la sérénité, il en faudra sans doute, pour partir à l’abordage de deux matches de qualification à la Coupe du monde (face à la République Tchèque le 24, et en Bosnie le 27), qui projetteront les Bleus sur l’Euro. Un Euro qu’il attend avec envie  –« On peut dire objectivement que ce sera un des Euros les plus relevés de l’histoire » – et ambition. L’objectif ? « Gagner la compétition. Maintenant, avec l’équipe de France, on a des objectifs très élevés. On a hérité des anciens un statut, des résultats importants, à nous de porter et de faire monter ça » annonce-t-il. Même si sans Nando (De Colo), sans Nico (Batum), il manque des joueurs avec beaucoup d’expérience. On avait du vécu avec eux, et il manque du leadership et un certain savoir-faire. Comme toujours quand il manque des joueurs, tu pallies les absences avec les présents. Et il y a des joueurs qui devront faire plus ».

Ca vaut pour lui, il le sait. Puisqu’il est tout à la fois, la voie et la voix des Bleus, pour porter cette équipe vers la conquête d’un titre.

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À la fin de l’entraînement des Bleus, dans la touffeur du palais des Sports de Nanterre, Evan Fournier est ruisselant, comme les autres. Il enlève son maillot et dévoile une ceinture de monitoring, ajustée sur le torse, destinée notamment à enregistrer ses paramètres cardiaques. Du cœur, Fournier n’en manque pas, dès lors qu’il est sur un terrain, plus encore sous le maillot bleu. Du cran aussi, il en a à revendre. Et les coups de sang qui vont avec, ceux qui ont jalonné de quelques éclats son cheminement sous le maillot français.

En 2016, privé des JO au Brésil, il expose sa frustration, et sa relation avec Vincent Collet entre dans une ère glaciaire. Lors de l’Euro 2017, viré d’un match (contre la Slovénie) après avoir insulté un arbitre l’ayant – il le maintiendra – injustement sanctionné, il écope d’une amende de 2 500 euros de la part de la FFBB. En 2019, à la Coupe du monde, la médaille de bronze emportée par les Bleus est une frustration douloureuse pour lui, et il l’enlèvera sur le podium pour la ranger dans sa chaussette.

C’est lui, c’est Evan Fournier, et aujourd’hui, ce caractère entier lui appartient toujours, mais aussi cette faculté de continuer à avancer, sans atermoiements sur ce qui a été fait. « 2017 ? Personne n’a oublié mais c’est de l’histoire ancienne. C’était un groupe différent, on était en train de remodeler une équipe. Personnellement, j’ai passé l’éponge direct après

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Photo d’ouverture : Evan Fournier (FIBA)

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