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Preview France – Italie : la revanche des héros

Un an après le quart de finale olympique, l’équipe de France, miraculée contre les Turcs, retrouve une équipe d’Italie euphorique, tombeuse des favoris serbes, au même stade de la compétition de l’EuroBasket (mercredi à 17h15). Dans un costume de favori ? Attention à l’excès de confiance, qui s’est

Un an après le quart de finale olympique, l’équipe de France, miraculée contre les Turcs, retrouve une équipe d’Italie euphorique, tombeuse des favoris serbes, au même stade de la compétition de l’EuroBasket (mercredi à 17h15). Dans un costume de favori ? Attention à l’excès de confiance, qui s’est déjà produit dans le passé.

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« Le boulet est quand même passé vraiment très près ». À tout juste vingt-quatre heures du quart de finale de l’EuroBasket, le sélectionneur des Bleus Vincent Collet sait son équipe miraculée. Trois jours plus tôt en huitièmes, l’équipe de France s’est extirpée d’une situation dangereuse, aventureuse même, face à la Turquie, accrochant la prolongation grâce à deux lancers-francs ratés de Cedi Osman suivis d’une interception et d’une claquette dunk de Rudy Gobert. Puis la victoire au forceps dans l’extra-time. Pas de quoi sauter au plafond dans de telles conditions.

À l’opposé, l’Italie s’est sublimée pour battre la Serbie, favorite des bookmakers au début de la compétition. Elle fut peut-être galvanisée par l’exclusion de son coach, le fantasque Gianmarco Pozzecco. « C’était peut-être le plus grand match de l’histoire du basket italien, devant la demi-finale des Jeux Olympiques 2004 quand on a battu la Lituanie », a osé celui que l’on surnomme la mouche atomique. Après la Commedia Dell’Arte et les embrassades, on a entendu bien d’autres phrases enjouées, dans une euphorie collective. « Après ce match, je ne pense pas que les Français aient envie de nous affronter », a souri l’ailier-fort Giampaolo Ricci. « Ils ne feront pas l’erreur de nous sous-estimer », a ajouté le vétéran Gigi Datome. « On donnera tout pour continuer à rêver », a voulu résumer le héros inattendu de dimanche soir, Marco Spissu. Les Italiens sont sûrement toujours sur leur nuage.

Faire table rase du passé

Certes, l’équipe de France n’a plus perdu face à la Nazionale depuis 10 rencontres, la dernière en août 2008. Notamment les trois derniers matches. En quart de finale olympique à Tokyo après un combat acharné (84-75), et deux fois en préparation (78-77 après prolongation à Bologne puis 100-68 à Montpellier). Mais la dernière confrontation, qui remonte au 16 août dernier, « ne doit pas servir d’outil de comparaison », selon Vincent Collet, les hommes de Gianmarco Pozzecco étaient arrivés en France après un break et une équipe en totale construction. « On a beaucoup plus d’enseignements à tirer de leur huitième de finale contre les Serbes et de notre quart de finale aux Jeux Olympiques que de nos matches de préparation, insiste le sélectionneur. L’année dernière, on avait été placés comme favoris avant de les jouer, et ça avait été extrêmement difficile. Ça s’est joué dans les dernières minutes du match. Et le meilleur joueur côté français était Nicolas Batum. Il n’est pas là cette année, je crois. »

Evan Fournier en août 2021 contre les Italiens (c) FIBA

« Ce n’est pas un hasard s’ils ont battus les Serbes. Quand on bat une équipe trois fois en un an, on pourrait être tenté inconsciemment de se dire que ça va être facile. Il ne faut pas, on l’a déjà appris à notre dépens contre l’Argentine à la Coupe du monde 2019 », s’est aussi remémoré Rudy Gobert, qui se souvient que les Bleus avaient été placés comme favoris du Mondial après avoir éliminé Team USA. Avant de manquer la dernière marche face à l’Argentine, tombeuse précédemment de la Serbie. « Tout ça, c’est du passé. L’Italie n’est plus la même équipe, ils sont ultra confiants et après leur victoire sur la Serbie, ils ont la tête dans les nuages », souligne encore l’ailier-fort Guerschon Yabusele.

En 2003, 19 ans jour pour jour avant le quart de finale, les Italiens avaient aussi décroché la médaille de bronze européenne au dépens des Bleus (69-67), alors même que les Français les avaient largement battu au premier tour dans la même compétition (85-52). Vincent Collet, alors assistant d’Alain Weisz, sait que ses voisins transalpins sont capables de réitérer les exploits. « C’était aussi un 14 septembre, j’ai de bonnes raisons de m’en souvenir. C’était un moment très douloureux qui nous donne des raisons de craindre l’Italie. »

Une opposition de style

La formation italienne développe depuis quelques années « une identité unique ». A l’opposée de la dimension physique et athlétique de l’équipe de France, et de ses trois pivots à plus de 2,13 m, elle n’en a qu’un seul de formation (Paul Biligha, 8 minutes de moyenne) et décale souvent ses ailiers sur le poste 5. À commencer par la star de l’Euroleague Nicolo Melli, mais aussi Achille Polonara. « C’est une équipe qui adore écarter la défense. Et c’est comme ça que la Turquie nous a fait mal en fin de match », avertit Rudy Gobert. « Les Italiens ont réussi à faire sortir Jokic de la raquette, ils vont tenter de nous attirer au large de la même manière », appuie également le sélectionneur tricolore.

Face aux Bleus à Tokyo, Danilo Gallinari avait compilé 21 points à 5/15 aux tirs et 10 rebonds en 30 minutes (c) FIBA

Elle est également privée de sa star, Danilo Gallinari, mais son absence souligne aussi que la Nazionale est capable de produire un basket d’autant plus collectif, avec souvent un grand nombre de passes avant de trouver un tir. Et la plupart du temps ouvert. « Il faut qu’ils aient le moins possible de situation de catch-and-shoot et, à l’inverse, qu’il y ait le plus possible de un-contre-un », a notamment dévoilé Vincent Collet. Aux JO, l’an dernier, cette tactique avait plutôt fonctionné, et Rudy Gobert s’était fendu d’un match à 22 points (10/13 aux tirs et 9 rebonds) en 28 minutes. « Le secteur intérieur sera forcément un ancrage pour notre attaque, ça l’est depuis le début du tournoi. Ça ne change pas nos principes : de dureté, de pression sur la balle. Le rebond reste la clé. Quand on les a joué à Bologne, on a failli perdre à cause des rebonds offensifs », ajoute le futur pivot des Timberwolves.

« C’est très rare de voir une équipe qui perd 20 ballons gagner un quart de finale »

Côté français, de grosses faiblesses ont été entrevues tout au long de la compétition. À commencer par les pertes de balles. L’équipe de France est celle qui perd le plus de ballons depuis le début de l’Euro (15,8 de moyenne). Les Bleus ont encore donné 21 balles aux Turcs en huitième. À l’inverse, l’Italie affiche le meilleur ratio interception/balle perdue (1,1 contre 0,5 pour les Bleus) et perd presque moitié moins de ballons (8,7 par match, seule l’Espagne fait mieux avec 8,5 de moyenne).

« On est très préoccupés par nos balles perdues. C’est malheureusement notre talon d’Achille, regrette le sélectionneur, qui n’a pas encore trouvé la solution miracle pour éviter une nouvelle moisson générale. Sur nos huit derniers matches, il y en a sept où on a perdu trop de ballons… Il n’y a que contre la Lituanie qu’on n’en a pas perdu (9 sur la rencontre). C’est une faiblesse structurelle de notre équipe. On essaie de se pencher dessus le plus précisément possible mais on n’est pas sûr du tout d’y remédier. Sinon, ce serait déjà fait depuis un moment ! C’est très rare de voir une équipe qui perd 20 balles gagner un quart de finale. »

À l’entraînement, on a vu les Bleus enchaîner les séquences d’entraînement avec des consignes spécifiques pour augmenter le nombre de possessions. « On en parle tous les jours. Jusqu’à maintenant, ça ne nous a pas encore fait défaut mais il y a un moment donné où ça ne passera plus », prévient à ce sujet Guerschon Yabusele, qui est par ailleurs apte à tenir son rang après avoir été préservé contre la Slovénie puis ménagé en fin de rencontre face à la Turquie.

(c) FIBA

Dans ce domaine, le premier créateur tricolore, Evan Fournier, doit encore hausser son niveau, lui qui a été contenu par les Turcs à 13 points à 5/13 aux tirs, 6 rebonds, 3 passes… et 4 ballons perdus. « Je ne peux pas jouer comme ça si on veut réellement faire un beau parcours, avait-il réagi à chaud. Il faut que je joue mieux, que je trouve des solutions pour être plus agressif, plus efficace. On manque d’alternance, il faut qu’on trouve des meilleures situations pour Thomas (Heurtel) et moi. »

S’ouvrir le chemin vers les médailles

Pour toutes ces raisons, les Bleus ne peuvent se permettre un excès de confiance ou un manque de concentration. L’enjeu est trop grand pour ça, d’autant qu’à ce stade de la compétition, une victoire donnerait trois chances sur quatre de ramener un médaille à la maison. Dans un contexte de reconstruction, sans Nando De Colo et Nicolas Batum, revenir dans le dernier carré pour s’offrir une revanche contre la Slovénie ou affronter la Pologne serait une bénédiction.

Aux hommes de Vincent Collet de saisir cette chance. « On n’a pas toute la maturité qu’on avait les années précédentes, on le sait, estime le sélectionneur. Il faut accepter nos faiblesses. Mais on a aussi dans nos valeurs de la générosité et de l’engagement. Tant qu’on est en vie. Il y a de l’espoir. »

Les Azzurri :
# 0 Marco Spissu (1995, 184, P, Umana Reyer Venezia)
# 1 Niccolò Mannion (2001, 190, P, Segafredo Virtus Bologna)
# 6 Paul Biligha (1990, 200, C, EA7 Emporio Armani Milano)
# 7 Stefano Tonut (1993, 194, G, EA7 Emporio Armani Milano)
# 9 Nicolò Melli (1991, 206, A, EA7 Emporio Armani Milano)
# 13 Simone Fontecchio (1995, 203, A, Utah Jazz – NBA)
# 16 Amedeo Tessitori (1994, 204, C, Umana Reyer Venise)
# 17 Giampaolo Ricci (1991, 202, A, EA7 Emporio Armani Milano)
# 25 Tommaso Baldasso (1998, 192, P, EA7 Emporio Armani Milano)
# 33 Achille Polonara (1991, 205, A, Anadolu Efes Istanbul – Turquie)
# 54 Alessandro Pajola (1999, 194, P, Segafredo Virtus Bologna)
# 70 Luigi Datome (1987, 203, A, EA7 Emporio Armani Milano)
Coach : Gianmarco Pozzecco
Assistants : Carlo Recalcati, Edoardo Casalone, Riccardo Fois, Federico Fucà

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« Le boulet est quand même passé vraiment très près ». À tout juste vingt-quatre heures du quart de finale de l’EuroBasket, le sélectionneur des Bleus Vincent Collet sait son équipe miraculée. Trois jours plus tôt en huitièmes, l’équipe de France s’est extirpée d’une situation dangereuse, aventureuse même, face à la Turquie, accrochant la prolongation grâce à deux lancers-francs ratés de Cedi Osman suivis d’une interception et d’une claquette dunk de Rudy Gobert. Puis la victoire au forceps dans l’extra-time. Pas de quoi sauter au plafond dans de telles conditions.

À l’opposé, l’Italie s’est sublimée pour battre la Serbie, favorite des bookmakers au début de la compétition. Elle fut peut-être galvanisée par l’exclusion de son coach, le fantasque Gianmarco Pozzecco. « C’était peut-être le plus grand match de l’histoire du basket italien, devant la demi-finale des Jeux Olympiques 2004 quand on a battu la Lituanie », a osé celui que l’on surnomme la mouche atomique. Après la Commedia Dell’Arte et les embrassades, on a entendu bien d’autres phrases enjouées, dans une euphorie collective. « Après ce match, je ne pense pas que les Français aient envie de nous affronter », a souri l’ailier-fort Giampaolo Ricci. « Ils ne feront pas l’erreur de nous sous-estimer », a ajouté le vétéran Gigi Datome. « On donnera tout pour continuer à rêver », a voulu résumer le héros inattendu de dimanche soir, Marco Spissu. Les Italiens sont sûrement toujours sur leur nuage…

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À Berlin (Allemagne).

Photo : Rudy Gobert (FIBA)

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