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Trophée de l’année – Migna Touré, du 3×3 au 5×5 : « C’était sur ma feuille de route »

28 ans, l’âge du prime ? Après avoir brillé lors du Mondial en Australie, Migna Touré veut le croire. La joueuse de Lattes-Montpellier confirme à chaque rassemblement qu’elle fait sa place au sein de la grande équipe de France. La rédaction de Basket Europe lui décerne le trophée de la « plus belle

28 ans, l’âge du prime ? Après avoir brillé lors du Mondial en Australie, Migna Touré veut le croire. La joueuse de Lattes-Montpellier confirme à chaque rassemblement qu’elle fait sa place au sein de la grande équipe de France. La rédaction de Basket Europe lui décerne le trophée de la « plus belle reconversion du 3×3 au 5×5 ».

Jusqu’à Noël, Basket Europe décerne ses trophées de la saison, avec des interviews et portraits de plusieurs personnalités de l’année 2022. Voici le trophée de « plus belle reconversion du 3×3 au 5×5 ». Pour découvrir l’intégralité de nos trophées, mais aussi de nombreuses nouveautés en 2023, abonnez-vous.

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Après des années à développer et promouvoir le 3×3 – avec élégance et passion -, jusqu’à disputer les Jeux Olympiques de Tokyo, Mamignan alias Migna Touré a intégré l’équipe de France 5×5 à l’automne 2021. L’arrière-ailière de Lattes-Montpellier fait désormais partie des joueuses d’impact des Bleues, avec qui elle a tout vécu en 2022 : le tournoi de qualification de Belgrade, la Coupe du monde en Australie – et sa préparation pleine de rebondissements -, et l’importante fenêtre de qualification à l’Euro 2023 en novembre dernier. Celle qui fête aujourd’hui ses 28 ans rêve des Jeux Olympiques de Paris 2024 et se donne les moyens d’y parvenir. Elle qui reste par ailleurs très attachée au milieu éducatif, par sa double casquette de prof d’EPS ou son académie. Entretien.

En 2022, vous avez fait votre place en équipe de France féminine de 5×5. Vous attendiez-vous à cette trajectoire en début d’année ?
« Pour être honnête, je suis basketteuse depuis toujours. Le 5×5, c’est mon gagne-pain, mes objectifs et mes rêves s’adaptent dans cette logique. Donc, oui, depuis plusieurs années, je travaille avec l’ambition d’être en équipe de France de 5×5. Quand Céline (NDLR : Dumerc, manager générale des Bleues) m’a appelé pour me dire que je serai du prochain rassemblement, j’étais émue. J’étais sous le choc parce que je ne pensais pas que ça allait arriver si vite, mais j’étais aussi contente car c’était sur ma feuille de route. Le timing ne pouvait pas être meilleur car je suis arrivée à un moment où j’avais quasiment tout fait dans le 3×3. C’était une manière de basculer sur un nouveau challenge et d’évoluer encore plus. C’est comme ça que je fonctionne. Ça faisait du bien de repartir sur un tout nouveau projet. »

Migna Touré (c) FIBA

Depuis des années, vous êtes une cadre de l’équipe de France 3×3, numéro 1 mondiale de la discipline en 2021, l’année où vous faites les Jeux Olympiques. En 2022, vous vous affirmez en 5×5 et vous disputez la Coupe du monde. N’y a-t-il rien de plus fort pour vous que l’équipe de France 5×5 ?
« C’est surtout qu’il n’y a rien de plus haut que de jouer en équipe de France, tout court. Je ne regrette absolument rien de ce que j’ai pu faire dans le 3×3 mais représenter son pays en 5×5, ça va au-delà de tout, c’est énorme. Quand Aimé (NDLR : Toupane, sélectionneur des Bleues) a fait appel à moi, il est d’abord passé par le staff du 3×3. Les coaches, Yann Julien et Karim Souchu, ont dit « bien sûr, Migna, elle mérite, elle a bossé dur pour aller dans la grande école, on n’a pas d’intérêt à la retenir car c’est son évolution ». Yann Julien m’a même dit « bon vent ! ». C’est juste l’évolution naturelle de ma carrière. »

Est-ce que le regard des gens ou les sollicitations ont changé ?
« Ça change, avec un certain décalage. Il y a beaucoup de gens qui m’ont dit « mais tu ne fais plus de 3×3 ? », alors qu’en fait, ils ne connaissaient pas. C’était parfois frustrant parce que je passais mon temps à expliquer que le 3×3 était une déclinaison du basket traditionnel, que c’était une discipline olympique… J’avais le sentiment que certaines personnes ne reconnaissent pas tout ce qu’on a pu faire pour promouvoir cette discipline, moi la première. Et maintenant que je n’y suis plus, les gens ont gardé cette image de moi uniquement dans le 3×3. Ce n’était pas déplacé de leur part mais je reste une joueuse de 5×5 avant tout. Je suis associée aux deux disciplines, ça fait partie de mon identité. Quant aux sollicitations en équipe de France 5×5, elles sont légèrement différentes parce que je suis une rookie aux côtés de joueuses qui sont là depuis longtemps, certains stars comme Marine (Johannès). Je me fais une petite place là-dedans. Je gratte ce qu’il y a à gratter. Je prends ce qu’il y a à prendre, avec ma double casquette. »

« Ce n’est que le début de mon histoire en équipe de France. Je n’ai encore rien fait »

Mi-septembre, quelle est votre réaction quand le staff de Jean-Aimé Toupane vous coupe quelques jours seulement avant le début du Mondial en Australie – avant de revenir sur sa décision après la blessure de Marine Johannès ?
« Je suis dévastée (elle répète). À ce moment-là, pour être honnête, je suis peinée parce qu’on me dit mot pour mot que je méritais d’y être et que j’étais irréprochable tant dans le jeu que l’état d’esprit. Ça fait mal. D’autant plus que j’avais souffert tout l’été avec mes genoux après une saison entière à jouer à six pros deux fois par semaine en club. Je me suis donnée corps et âme pour être là où je suis, je fais une très bonne prépa mais je ne suis pas dans la liste. J’avais bataillé pendant des mois pour être prête et pour ne pas être récompensée au final. Dans ma tête, je me dis « vous ne pouvez pas me faire ça ». Je rentre chez moi, d’accord, mais avec quoi comme axe de travail, de progression, pour que ça n’arrive pas la prochaine fois ? Ce n’était pas concevable pour moi parce que la justification n’était pas basket, je remplissais les missions qu’on m’avait demandées. Mais quand on m’a rappelé pour réintégrer le groupe, je n’ai pas pu dire non, c’était plus fort que moi. La question ne se posait même pas (sourires). »

Au final, vous terminez quatrième meilleure marqueuse de Bleues lors de cette Coupe du monde en Australie (6,3 points et 17 minutes de moyenne). Que retient-on d’une telle expérience ?
« Je retiens que ce n’est que le début de mon histoire en équipe de France. Je n’ai encore rien fait. J’ai encore tout à apprendre pour vraiment marquer de mon empreinte cette équipe, au même titre que j’ai pu le faire avec l’équipe de France 3×3. Je retiens aussi que ce n’est pas parce que tu es irréprochable qu’on va te donner les choses. Il faut donner encore plus pour faire partie de l’élite, des meilleures joueuses du monde. En fait, cette histoire m’a autant affecté que motivé. Certaines filles de l’équipe, même d’autres joueuses étrangères, m’ont fait part de leur incompréhension par rapport au fait que je n’étais pas dans l’équipe. Elles étaient tristes pour moi. Après sa blessure, Marine (Johannès) m’a dit « de toute façon, tu devais être dans l’équipe, c’était ton destin ». Tout ça m’a donné un élan de motivation supplémentaire. On m’a redonné une chance et j’ai savouré. Au final, je suis fière de cette Coupe du monde. »

Migna Touré lors de la Coupe d’Europe 3×3 (bronze) à Paris, sa dernière compétition en date dans la discipline, en septembre 2021. (c) FIBA

Vous, Caroline Hériaud, Marie-Eve Paget, Marie Pardon avez brillé en 3×3 par le passé et vous êtes faites toutes partie 15-20 joueuses susceptibles d’être appelées à tout rassemblement en équipe de France 5×5. Est-ce que le 3×3 n’est pas devenu la meilleure porte d’entrée vers les Bleues ?
« Je ne sais pas. Mine de rien, ce que tu fais en club a quand même beaucoup d’influence sur le fait d’être en sélection. Ça a probablement plus d’influence que le 3×3 car ça reste un basket très différent. Si tu es nul en 3×3, on ne va pas te calculer. Si tu performes en 3×3 et en club, c’est certain que tu as tes chances, mais c’est d’abord lié aux performances en club, je pense. »

Vous être une ambassadrice du 3×3 depuis de nombreuses années. Comment réagit-on quand on voit ses anciennes partenaires réaliser un doublé Coupe du monde – Coupe d’Europe ?
« Pour être honnête, j’étais un petit peu dans ma bulle. J’ai vécu cette année 2022 en étant pleinement investie dans le 5×5. Et je pense que pour pouvoir aller au bout de ce projet 5×5, j’ai dû me couper du 3×3. J’ai gardé une certaine distance. J’ai adopté la posture de la bonne copine qui regarde et soutient de loin, parce que ce n’est plus mon affaire, pour le moment du moins. Ce que je vais dire va pouvoir vous paraître « bizarre » mais j’étais aussi très contentes qu’elles aient leur propre histoire parce que ce n’est pas facile d’arriver où elles sont arrivées. Tout ça leur appartient. Après, je continue de suivre le 3×3 à fond, j’aime trop ça, c’est en moi. Je continue de suivre la discipline, par exemple je m’intéresse à la finale du World Tour (NDLR : interview enregistrée la semaine dernière). Mais pour pouvoir mettre à bien mon challenge dans le 5×5, j’ai pris un peu de distance. Ça ne m’empêche pas de rester très proches des filles, notamment MEP (Marie-Eve Paget) avec qui on échange beaucoup. C’est aujourd’hui la capitaine de cette équipe de France 3×3. J’ai toujours été son bras droit dans nos luttes tant sur le terrain qu’en dehors donc je ne peux pas prendre autant de distance que j’aimerais parce que ce n’est pas possible. »

« Je veux faire les Jeux Olympiques de Paris 2024 »

Vous reverra-t-on dans le 3×3 en 2023 ?
« Je ne sais pas. Si le sélectionneur du 5×5 me veut, alors je vais en 5×5, idem pour le 3×3. En fait, ce n’est pas moi qui décide. Je sais que cette année, Marie-Eve (Paget) s’était positionnée sur le 3×3 car elle avait une revanche à prendre dans cette discipline. Quand elle a rejoint le groupe 5×5, c’était surtout pour remplacer des joueuses blessées. Moi, je n’ai pas la même approche que MEP. J’avais demandé au staff si c’était possible de combiner les deux disciplines mais on m’a fait comprendre que ce n’était pas dans mon intérêt, qu’il valait mieux que je fasse partie intégrante du projet dans le 5×5. Voilà, tout ça correspond aussi à mon nouveau challenge personnel, c’est-à-dire d’aspirer à faire les Jeux Olympiques de Paris 2024. Mais pour ça, il faut que je gratte dès maintenant pour me faire une place dans l’équipe. »

Votre premier objectif est donc l’EuroBasket de 5×5 en juin prochain ?
« Exactement. Je suis au taquet à chaque match pour faire ma place. Si je veux faire les JO en 5×5, il faut d’abord qualifier l’équipe à la Coupe d’Europe, donc performer aux fenêtres internationales. Donc il y a plein de petites marches à gravir pour atteindre l’objectif ultime, à titre individuel comme collectif. Je prends les choses step by step. »

Migna Touré lors du mondial en Australie, contre la star locale Lauren Jackson (c) FIBA

L’année dernière, vous nous disiez qu’en parallèle de votre carrière, vous étiez toujours en dispo de votre métier de prof d’EPS dans l’académie de Lille. Où en êtes-vous dans cette autre carrière ?
« Malheureusement, la situation n’a pas changé. Je suis toujours en disponibilité jusqu’aux JO de Paris 2024. Après 2024, je dois réintégrer l’Education Nationale. Cette situation, c’est très français… On est quelques unes dans cette situation. Même si on fait les Jeux Olympiques et qu’on serre la main d’Emmanuel Macron, ça ne change rien à notre statut. Quand on est fonctionnaire, on a beau mettre toutes les preuves en évidence, il y a toujours quelque chose qui bloque au niveau administratif. Je continue mes démarches pour tenter d’avoir quelques passerelles et faire valoir mes droits mais cela n’avance pas beaucoup. En parallèle, j’ai eu l’opportunité de travailler avec l’UFR STAPS de Montpellier où j’interviens avec des étudiants en licence et master dans le cadre de la préparation au concours et de la spécialité basket. C’est une super expérience car c’est une autre approche, avec un autre public, et ça me conforte encore une fois dans mon choix d’avoir fait ces études jusqu’au bout parce que j’aime trop ça. »

Vous interroge-t-on souvent sur la façon dont vous avez construit votre carrière, entre le double projet de vie – basketteuse pro et prof d’EPS – et le double projet sportif – 3×3 et 5×5 ?
« Oui, les gens sont curieux de mon parcours. La plupart du temps, on me demande souvent comment j’ai fait pour gérer l’école en même temps que de jouer, parfois comment je fais pour gérer à la fois le 3×3 et le 5×5, comment gérer un double projet plus généralement. Et je réponds que ce sont des objectifs qui m’animent et qui me font tenir. Je ne vais pas mentir, ce n’est pas pour tout le monde. Ce rythme de vie n’est pas contraignant mais il est violent. Passer d’une discipline à une autre, c’est chaud, tant sur le plan physique que mental. Par exemple, tu passes d’une salle à 18 degrés en intérieur en 5×5 à jouer en extérieur en plein cagnard en 3×3, avec des sols différents. Le 3×3 est une discipline très agressive, il ne faut pas avoir les genoux qui sifflent. Quand tu reviens au 5×5, il faut mettre les freins, il faut se calmer. Aussi, à l’approche des compétitions de 3×3, tu changes un peu ta manière de te préparer. Tu regardes du 3×3, tu fais du cardio plus en intermittence, tu fais plus de 1 vs 1. Et surtout, il faut jouer. Les allers-retours entre les deux disciplines sont difficiles, c’est ce qui rend les gens curieux. »

Il parait qu’une de vos élèves vous a dit : « C’est la première fois que j’ai une prof noire »
« Exactement, quand j’ai entendu ça, ça m’a aussi conforté dans l’idée de faire prof – d’autant que quand j’étais à la fac de Lyon (NDLR : quand elle étudiait pour devenir prof), je pensais qu’il y allait avoir un peu plus de diversité et, en fait, pas du tout. Ce que les enfants te donnent sur le terrain, c’est incroyable. Ça a développé des compétences que je ne pensais même pas avoir. En plus, il y a cette approche sociale et humaine qui te galvanise, et tu sais que tu une certaine responsabilité envers ces jeunes. Je ne m’en rends que trop compte aujourd’hui, moi qui ai enseigné en lycée pro, avec la plupart en décrochage scolaire, avec beaucoup d’absentéisme, ils me disaient « madame, on vient en cours pour vous« . Ça va au-delà du basket, c’est vraiment aider les jeunes qui m’intéresse. »

Migna Touré, à l’initiative de la Lokosso Academy

Dans cet esprit d’aider les jeunes, vous avez également lancé votre académie de 3×3, la Lokosso Academy, il y a deux ans. Pourquoi ?
« Ce projet, je l’ai lancé en pensant à moi plus jeune. À 14-15 ans, j’aurais bien aimé avoir les outils sur et en dehors du terrain pour me permettre d’atteindre le haut niveau ou juste d’être épanouie dans ma pratique. À titre personnel, j’ai énormément progressé dès que j’ai bossé avec un coach individuel, ce que je n’avais pas compris sur le moment, notamment avec Wani Muganguzi (NDLR : coach de Landerneau), qui est aujourd’hui le directeur technique de mon académie, et je kiffe ça. C’est grâce au travail individuel que j’ai passé un cap techniquement, sur mon basket, et ce sont ces qualités qui m’ont permis de m’épanouir dans le 3×3. C’est une richesse tellement primordiale dans le développement d’un jeune basketteur que ça me paraissait évident que le travail individuel ait une place importante. Après coup, je me disais presque « si tu avais fait du travail individuel dès le début, tu serais Kevin Durant » (rires). L’accompagnement à la préparation physique, la préparation à la blessure, c’est aussi inclus dans le projet. Je suis aussi prof d’EPS donc je suis très sensible à toutes les questions d’éducation. Pour moi, c’était presque logique de concevoir ce genre de projet. »

En quoi cette académie est-elle spécialisée dans le 3×3 ?
« L’application, elle est sur le format du jeu. C’est du pré-collectif, on privilégie le jeu réduit, c’est-à-dire la manière la plus simple d’aborder les fondamentaux et le travail technique et tactique que tu peux mettre en place dans le basket. Le 3×3, c’est une discipline qui demande énormément d’autonomie de la part des joueurs et joueuses donc c’est le support parfait pour appliquer ce projet d’académie. »

« J’ai envie de croire que 28 ans, c’est le prime. J’espère que je ne me trompe pas ! »

Vous êtes à Lattes-Montpellier depuis décembre 2020. Y avez-vous trouvé une forme de stabilité ?
« Oui, même si la stabilité, c’est quelque chose de très personnel. Si tu es bien dans tes baskets, peu importe l’endroit où tu es, tu fais ce que tu as à faire. Sans mentir, la saison dernière a été difficile sur le plan basket mais quand tu manges le midi sur ta terrasse en plein soleil, tu relativises vachement. La salle est accessible, on est dans un certain confort. Ça fait du bien, tout simplement, parce que le basket, c’est notre métier, mais on reste des êtres humains. Quand ça ne va pas, on est dans un environnement qui est positif pour soi-même. Je suis très bien au BLMA mais je ne suis pas fermée à une autre évolution dans ma carrière. Step by step, comme on dit (sourire). »

Si la saison dernière a été une bataille de tous les instants, la nouvelle semble très bien partie (en tête de son groupe d’Eurocup, deuxième ex-aequo en LFB)…
« À titre personnel, je suis sur la même lancée que ma dernière saison en Euroleague. L’année dernière, c’était difficile de switcher entre les deux compétitions. Mais, mine de rien, même si on a serré les fesses en championnat, on a fait un très beau parcours en Euroleague (NDLR : sorties en quarts de finale par les futures vainqueurs, Sopron). Et je me dis que si je suis capable de faire ces stats dans la plus grosse compétition européenne, il faut que je le fasse tout le temps. C’est mon état d’esprit sur cette saison. Ce qui est bien, c’est qu’on est un groupe. On a gardé une bonne base par rapport à la saison dernière, et on s’est renforcés. Je trouve qu’on a un meilleur équilibre au niveau des postes de jeu : le danger vient de partout. Notre début de saison est très bon, on a laissé passer des jokers mais il n’y a pas de petites équipes, tout le monde peut gagner tout le monde. Il n’y a rien de facile. »

Migna Touré (BLMA) devance Marine Johannès (ASVEL) en Eurocup. (FIBA)

À 28 ans, avez-vous le sentiment d’être passé dans la deuxième partie de votre carrière, avec ce rôle de mentor auprès de la jeune génération, sur les terrains comme en dehors ?
« C’est évident. À 28 ans, je sens que j’ai une autre posture. Je sens que j’ai un impact sur l’équipe par rapport à mes coéquipières et à mes adversaires, j’en suis très contente. En plus, je suis plutôt du genre à penser que 28 ans, c’est un nouveau palier de vie. Je suis en plein dedans. Ça se voit aujourd’hui avec les jeunes qui sont en centre de formation, j’ai un rapport différent avec elles, je suis vue comme la grande maintenant. Plus généralement, dans mon jeu, dans ma vie, j’ai évolué. Je fais encore des trucs de gamine mais je sens que mon statut a évolué. J’ai une certaine position qui me fait comprendre que je grandis. Et j’ai aussi envie de croire que 28 ans, c’est le prime (rires). J’espère que je ne me trompe pas ! »

Quel est votre regard sur l’évolution de la Ligue Féminine depuis vos débuts en 2012 ?
« La LFB est devenue une ligue beaucoup plus athlétique. Les filles courent plus vite, sautent plus haut, sont de plus en plus grandes. Les jeunes qui arrivent sont toutes minimum à ma taille (1,83 m). Aussi, le basket est devenu beaucoup plus offensif, c’est-à-dire que les joueuses sont de plus en plus capables de tout faire. Elles sont très fortes dans certains domaines. Il y a des athlètes mais il y a aussi des magiciennes. Certaines tirent sur un pied à 8 mètres et c’est devenu normal. Avant, c’était beaucoup plus rugueux, très défensif. Disons que ce n’était pas les mêmes habilités motrices. Il y a aussi une évolution sur l’utilisation des joueuses. Prenons l’exemple de mon coach, Valéry Demory : il fait jouer tout le monde, peu importe l’âge. Avant, c’était hyper rare qu’on fasse jouer des jeunes. Et tant mieux pour ces jeunes qui sont nées à la bonne génération, c’est bien. Comme dirait Mbappé, le talent n’a pas d’âge (sourires). Tout ça, c’est une évolution du basket. Mes premières années en LFB n’avaient rien à voir avec ce que le championnat est devenu aujourd’hui. »

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Après des années à développer et promouvoir le 3×3 – avec élégance et passion -, jusqu’à disputer les Jeux Olympiques de Tokyo, Mamignan alias Migna Touré a intégré l’équipe de France 5×5 à l’automne 2021. L’arrière-ailière de Lattes-Montpellier fait désormais partie des joueuses d’impact des Bleues, avec qui elle a tout vécu en 2022 : le tournoi de qualification de Belgrade, la Coupe du monde en Australie – et sa préparation pleine de rebondissements -, et l’importante fenêtre de qualification à l’Euro 2023 en novembre dernier. Celle qui fête aujourd’hui ses 28 ans rêve des Jeux Olympiques de Paris 2024 et se donne les moyens d’y parvenir. Elle qui reste par ailleurs très attachée au milieu éducatif, par sa double casquette de prof d’EPS ou son académie. Entretien.

Migna Touré (c) FIBA

En 2022, vous avez fait votre place en équipe de France féminine de 5×5. Vous attendiez-vous à cette trajectoire en début d’année ?
« Pour être honnête, je suis basketteuse depuis toujours. Le 5×5, c’est mon gagne-pain, mes objectifs et mes rêves s’adaptent dans cette logique. Donc, oui, depuis plusieurs années, je travaille avec l’ambition d’être en équipe de France de 5×5. Quand Céline (NDLR : Dumerc, manager générale des Bleues) m’a appelé pour me dire que je serai du prochain rassemblement, j’étais émue. J’étais sous le choc parce que je ne pensais pas que ça allait arriver si vite, mais j’étais aussi contente car c’était sur ma feuille de route. Le timing ne pouvait pas être meilleur car je suis arrivée à un moment où j’avais quasiment tout fait dans le 3×3. C’était une manière de basculer sur un nouveau challenge et d’évoluer encore plus. C’est comme ça que je fonctionne. Ça faisait du bien de repartir sur un tout nouveau projet. »

N’y a-t-il rien de plus fort que l’équipe de France 5×5 ?
« C’est surtout qu’il n’y a rien de plus haut que de jouer en équipe de France, tout court. Je ne regrette absolument rien de ce que j’ai pu faire dans le 3×3 mais représenter son pays en 5×5, ça va au-delà de tout…

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Photo : Migna Touré (FIBA)

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