Lors d’une entrevue avec le DTN de la Fédération Française de Basket, Patrick Beesley, Basket Europe est revenu dans un premier temps sur les Jeux olympiques de Rio. Des espoirs nourris à Manille jusqu’à la gifle infligée par l’Espagne, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et même si le tournoi s’est achevé depuis un mois, la défaite finale est toujours difficile à digérer.
À quel point cette page de Rio est difficile à tourner ? De l’extérieur, nous avions l’impression que ce n’était pas le même groupe France qu’à l’accoutumée.
Oui, très clairement, la déception ou la frustration viennent de là : ces dernières années, nous étions habitués à un autre niveau, à une autre prestation et ce qui a été affiché sur ce match contre l’Espagne ne correspondait pas à notre standing. On pensait que l’on était sorti de ces risques de rechute, donc la déception est grande. Elle est d’autant plus grande qu’elle correspond à l’arrêt de joueurs majeurs, donc oui, nous sommes frustrés qu’ils soient partis sur cette prestation là.
« Peut-être une forme d’autosatisfaction d’avoir atteint l’objectif des Jeux… »
Est-ce qu’on ne pouvait pas s’attendre à cette déconvenue depuis le début de la préparation, notamment lors du tournoi de Cordoba en Argentine, puis encore lors du premier match face à l’Australie ? Y a t-il eu un problème d’ambiance, d’osmose dans le groupe ?
Non, non, il n’y a pas eu de problème d’ambiance. Simplement, on a réussi à mobiliser un groupe en forme commando pour aller décrocher cette qualification à Manille, nous l’avions demandé et cela a été parfaitement exécuté. Elle a été faite avec la manière puisque tout le monde s’est réjoui de la qualité, de l’équilibre et du fonctionnement de l’équipe. Pour nous, nous étions sur la bonne trajectoire. Il se trouve que derrière ce tournoi, il y a eu une coupure et on a redémarré pour une deuxième phase. Or, ce redémarrage ne s’est pas effectué dans les meilleures conditions : il manquait Tony pour les raisons que vous savez (naissance de son deuxième enfant), on avait récupéré Gobert. Bon, Nicolas (Batum) repartait presque de zero, il n’avait pas joué à Manille, il avait arrêté quatre mois et il se trouve que la machine a été difficile à relancer, le tournoi en Argentine a été très compliqué, c’était l’hiver, il y avait des malades… C’était compliqué et on a jamais pu vraiment réactiver ce groupe puisque le premier match à Rio, c’est l’Australie, c’est une défaite et en fait, inconsciemment, je pense qu’il y a eu une forme d’autosatisfaction d’avoir atteint l’objectif des Jeux et derrière, il n’y a pas eu la faim, cette agressivité que l’on connaissait, voilà. Il a fallu réintégrer Tony qui est arrivé la veille des Jeux… En ce qui concerne la hiérarchie, Vincent (Collet) n’a pas eu la partie facile sur cet épisode là.
Maintenant que Vincent Collet est reconduit, la fédération pense à la suite et il sera très vite question de l’effectif, notamment pour l’Euro 2017. Evan Fournier a fait part de sa colère, un sentiment que Jean-Pierre Siutat (le président de la FFBB) a accepté, Nicolas Batum a très vite confié sa frustration avant de se reprendre récemment, Kevin Séraphin a fait son mea culpa en expliquant comprendre « sa punition » de ne pas avoir été sélectionné ; est-ce que ces sorties sont de bon augure, d’après vous, pour l’avenir du groupe ?
Aujourd’hui, c’est très normal que les joueurs s’expriment. Je reviens simplement sur Seraphin, il n’y a pas de punition. C’est simplement le contexte, les évènements ou même lui qui a déclaré forfait. Il n’y a pas de punition à l’égard de Kevin Seraphin et avec Vincent, on est sur la même longueur d’ondes : l’équipe de France est ouverte à tout le monde, du moins ceux qui le méritent, ceux qui ont des dispositions. Compétition après compétition, on fait table rase et on redémarre à zero. Pour nous, la page de Rio est tournée et on lance aujourd’hui un message ouvert à tout le monde. Pour moi, il n’y a aucun problème et je me réjouis que les joueurs soient prêts à défendre le maillot. Puisque nous allons avoir de nouvelles échéances et de nouvelles stratégie, on va être obligé de travailler avec un groupe large et on va demander aux gens de s’investir sur le projet d’aller à Tokyo 2020.