La deuxième partie du portrait de Justė Jocytė, la Lituanienne de l’ASVEL, qui bat tous les records de précocité dans le basket féminin européen.
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Justė Jocytė a fait son entrée dans la ligue lituanienne, la LKL, à moins de 14 ans. Un premier record. Neptunas Klapéda a vaincu Kibirstas Vilnius 81-54 et la gamine a envoyé du bois : 21 points, 5 rebonds et 5 passes pour 30 d’évaluation. Une performance qu’il faut tout de même relativiser car toutes ses adversaires étaient mineures… bien que plus âgées qu’elle. La salle était pleine. C’était l’attraction, au point que lorsqu’elle est partie en France, elle s’est vidée de nouveau pour moitié. La moyenne de Justė en 4 matches de LMKL s’est figée à 11,8 points, 4,5 rebonds et 3,3 passes.
Plus significatif encore : à 5 jours de ses 14 ans, la future villeurbannaise a célébré sa première cape en équipe de Lituanie senior en étant mise à contribution 9 minutes et 45 secondes contre la faible Albanie dans le cadre des qualifications à l’Euro 2021. Jouant très… juste y compris en défense au poste de combo guard, elle a compilé 4 points, 3 passes, 1 rebond, 1 interception et 1 balle perdue. Encore des statistiques pour l’Histoire. La Lituanie a atomisé l’Albanie, 108-43. Ce fut une bonne promotion pour le basket féminin lituanien coordonnée avec la famille de l’adolescente. Il était prévu qu’elle ne dispute pas les autres matches de qualification. Pas de précipitation. Son père a d’ailleurs admis qu’elle n’avait pas encore la dimension physique pour rivaliser avec des femmes d’âge mur du plus haut niveau. « La faire jouer contre l’Albanie est davantage une promotion, une incitation pour les jeunes filles à atteindre les sommets du basket-ball. L’Albanie, comme vous l’avez vu dans les résultats, n’est pas l’équipe qui pouvait lui faire du mal. Bien sûr, en ce qui concerne la Turquie et les autres équipes de ce niveau, il n’est pas nécessaire de vivre avec des illusions. Faire jouer une jeune de 14 ans peut être prématuré », déclara le paternel. Justé eut tout de même droit aux compliments de sa coéquipière Monika Grigalauskytė, 28 ans, qui scora 20 points ce soir-là : « Je venais de commencer le basket-ball à cet âge-là. Je suis surpris par la paix intérieure de Justė. J’aurais été déconcertée, perdue et elle avait l’air si confiante. Je dis juste WOW ! » L’intéressée pris cette intronisation avec beaucoup de modestie. « Je n’aime pas être appelée « un super talent ou une star », car j’en n’ai ai pas encore envie. Cependant, je suis heureuse de recevoir des messages du type « tu es devenue l’idéal de ma fille, elle veut s’entraîner encore plus pour toi. »
Deux autres records en 10 jours
La famille a donc décidé que la France, la Tony Parker Adequat Academy et l’ASVEL constitueraient la prochaine étape de leur petite prodige. Forte de leur malheureuse expérience avec son frère Rock, elle a voulu que le transfert se fasse proprement avec la fédération lituanienne. Rock avait cartonné dans le championnat U-14 lituanien (51,7 points et 16,8 rebonds) mais n’avait pas pour autant obtenu l’attention des équipes de jeune du Zalgiris Kaunas et de Rytas Vilnius. La fédération n’avait pas apprécié son départ inopiné pour Rome. « La situation ne se reproduira certainement pas, tout le monde comprend parfaitement que Justė est une basketteuse qui n’aurait vraiment pas la possibilité de s’améliorer en Lituanie. Qui peut s’opposer à ce qu’un enfant passe à un niveau supérieur ? Comment une citoyenne de l’Union Européenne ne pourrait pas voyager librement où elle le souhaite ? Nous voulons que tout se passe bien cette fois et sans courants sous-marins », avait prévenu le père, Alvydas Jocys, qui reproche à ses compatriotes de peu se soucier des joueuses alors que le pays est dingue de basket. « Tout le monde vient, prend des photos et tout est terminé après. Il doit y avoir un travail résolu ici, pas seulement des mots. » L’ASVEL a fait les choses dans les formes en envoyant un courrier à l’école de basket de Justé qui a donné son accord.
Dans Basket Le Mag, Justé a déclaré que « dans le basket féminin, mon idole est Marine Johannès. Pouvoir la rencontrer et être sa coéquipière, c’est comme un rêve qui devient réalité. » Dans le même article, le directeur sportif Olivier Ribotta expliquait que la jeune lituanienne navigue entre l’Académie et l’équipe pro avec un programme individuel et un autre collectif. « Il va falloir qu’on fasse attention à la charge de travail, il ne faut pas griller les étapes. »
Sans aller plus vite que la musique, personne ne fut étonné que Justė s’approprie le record de précocité dans la Ligue Féminine française. Avec les forfaits de l’Américano-israélienne Alisha Clark et de la Brésilienne Clarissa Dos Santos, il y avait une ouverture pour elle face à Saint-Amand et c’est pourquoi Valéry Demory l’a alignée dans le roster de l’ASVEL le 8 décembre. La Lituanienne est entrée en jeu à 2’12 de la fin lorsque l’avance de son équipe était consolidée à 76-60 et elle est devenue ainsi à 14 ans et 19 jours la plus jeune joueuse de l’histoire de la LFB battant largement le record de l’Angevine Carla Bremaud qui avait fait ses débuts à 14 ans, 11 mois et 23 jours lors de la saison 2014/15.
Dans la foulée, Justė Jocytė a même enregistré son nom dans le Livre des Records de l’Euroleague. Le coach Valéry Demory lui a donné 2’24 face au Dynamo Koursk alors qu’elle avait 14 ans et 29 jours. Bien mieux que la Hongroise Diana Kmezic qui en 2005 avait fait son apparition dans la compétition à 14 ans, 10 mois et 20 jours.
Les pieds sur terre
Tony Parker a pistonné Justė pour qu’elle assiste en janvier à l’Accor Arena de Paris au match de saison régulière de NBA, Charlotte Hornets vs Milwaukee Bucks. Et plus encore. En 2018, la Lituanienne avait vu une représentation de la ligue américaine dans son pays, assise sur le parquet avec d’autres enfants et demandant des conseils. Cette fois, elle était aux premières loges avec Ronny Turiaf, Sam Perkins et encore Bruce Bowen qui s’est intéressée plus particulièrement à elle. Les médias lituaniens rapportent le fait que l’ancien champion NBA l’a appelé « la future star de WNBA ». «J’ai eu l’occasion de passer du temps avec Juste et j’ai été impressionnée par sa concentration. Peu de joueurs ont un bon jugement, certains sont simplement dispersés dans des endroits différents. En la regardant, je vois qu’elle apprend à chaque étape. Si elle continue de travailler dur, la limite ne sera que le ciel. Peut-être que je verrai Juste jouer bientôt en WNBA. Ensuite, elle me traitera comme le fait une légende et prétendra qu’elle ne me connaît pas « , a plaisanté Bowen, qui, partageant ses conseils avec l’ado, a souligné que la chose la plus importante pour atteindre des sommets est de s’amuser. À la fin de l’événement, Bowen a demandé la possibilité de prendre une photo avec Justė et a déclaré que c’était un grand plaisir pour lui de côtoyer un tel phénomène du basket-ball.
« Il m’est même difficile d’imaginer qu’il y a deux ans, je me suis moi-aussi assise et j’ai regardé toutes ces légendes de la NBA, et maintenant je leur parle et je dis quelque chose à ces enfants. C’est un sentiment vraiment merveilleux, je suis heureuse d’avoir eu une telle opportunité de venir ici à Paris et de participer à de tels projets », a déclaré Justė Jocytė à Krepšinis.lt.
Voir leur fille bénéficier d’une attention mondiale est bien entendu gratifiant pour les parents mais il y a le revers de la médaille lorsque vos deux enfants, tout juste adolescents, sont loin de chez vous. « C’était plus difficile de se séparer de Roku, mais un an plus tard, nous voyons comment le gars a mûri. Par conséquent, Juste est plus sereine », a déclaré le père. « De plus, les filles sont plus indépendantes. Papa et maman, bien sûr, veulent toujours que les enfants grandissent et s’entraînent à proximité. Ce serait l’option parfaite. Mais la situation elle-même dicte les conditions. » Alvydas Jocys estime que le monde a changé et que les distances ont été abolies. « Vous vous asseyez dans un avion et voyagez, vous pouvez rendre visite aux enfants chaque mois. L’Italie et la France sont à proximité. Cela peut toujours se faire en une seule fois. C’est très confortable ».
Alvydas Jocys insiste sur le fait que sa fille a été bien élevée, qu’elle a les pieds sur terre, un caractère fort, et un bon sens de l’humour. Son petit défaut semble d’être un peu trop introvertie. Elle a la capacité de se faire des amis… sauf sur le parquet. Les parents ont confiance sur le fait qu’elle ne va pas négliger ses études et apprendre très vite le français. « Je suis heureux que Justė évite toutes les émotions négatives qui pourraient se propager, disons, sur les réseaux sociaux. Elle lit les gros titres, mais ne lit pas les commentaires; les pensées négatives ne l’intéressent pas. Nous avons conscience que tout dans sa vie ne sera pas seulement positif, il y aura des gens qui voudront lui faire du mal. Mais aujourd’hui quand je regarde Juste, je suis très content de la façon dont elle gère toute l’attention. Elle sait communiquer, parler aux journalistes, ce sont des choses innées. Bien sûr, le fardeau de la responsabilité ne fera qu’augmenter plus tard, mais elle saura quoi et comment faire. »
Les parents ont revu leur fille plus vite que prévu puisqu’elle est repartie en Lituanie durant le confinement. Justė a eu droit à un nouvel éclairage médiatique dans son pays. Elle a déclaré pêle-mêle :
Sur les structures lyonnaises: « Tout d’abord, j’ai été impressionnée par les conditions d’entraînement. Vous pouvez aller dans la salle quand vous le souhaitez. Les exercices étaient généralement effectués deux fois par jour. La salle elle-même, tout le matériel est neuf. »
« Le plus dur a été d’apprendre le français. Toutes les cours sont en français. Une petite explication en anglais et c’est tout. Le programme scolaire est aligné sur le programme d’entraînement. Il y a un peu moins de cours en France qu’en Lituanie… Je ne parle pas encore couramment le français, mais je comprends l’essentiel. C’est plus difficile de le parler, mais je le fais avec le professeur à l’école. »
A propos de la mode et de sa tenue vestimentaire : « Je n’ai pas encore changé, mais je sens que les Français m’ont influencée dans ce domaine. »
« J’étais à Paris quand un match NBA s’y est déroulé. C’est vrai, je n’avais pas beaucoup de temps, alors j’ai réussi à prendre une photo de la Tour Eiffel et c’est tout. »
« Mon plus grand hobby est le basket. Si je ne joue pas, j’aime vraiment être dans la nature et regarder différents films avec ma famille. »
« Mon objectif est d’entrer dans la ligue la plus forte du monde, la NBA féminine (WNBA). »
Jusqu’à présent, la vie de Justė Jocytė est un conte de fée. On lui souhaite que sa bonne étoile la suive encore très longtemps. Elle a au moins deux décennies de carrière de basketteuse d’élite devant elle.
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Justė Jocytė a fait son entrée dans la ligue lituanienne, la LKL, à moins de 14 ans. Un premier record. Neptunas Klapéda a vaincu Kibirstas Vilnius 81-54 et la gamine a envoyé du bois : 21 points, 5 rebonds et 5 passes pour 30 d’évaluation. Une performance qu’il faut tout de même relativiser car toutes ses adversaires étaient mineures… bien que plus âgées qu’elle. La salle était pleine. C’était l’attraction, au point que lorsqu’elle est partie en France, elle s’est vidée de nouveau pour moitié. La moyenne de Justė en 4 matches de LMKL s’est figée à 11,8 points, 4,5 rebonds et 3,3 passes.
Plus significatif encore : à 5 jours de ses 14 ans, la future villeurbannaise a célébré sa première cape en équipe de Lituanie senior en étant mise à contribution 9 minutes et 45 secondes contre la faible Albanie dans le cadre des qualifications à l’Euro 2021. Jouant très… juste y compris en défense au poste de combo guard, elle a compilé 4 points, 3 passes, 1 rebond, 1 interception et 1 balle perdue. Encore des statistiques pour l’Histoire. La Lituanie a atomisé l’Albanie, 108-43. Ce fut une bonne promotion pour le basket féminin lituanien coordonnée avec la famille de l’adolescente. Il était prévu qu’elle ne dispute pas les autres matches de qualification. Pas de précipitation. Son père a d’ailleurs admis qu’elle n’avait pas encore la dimension physique pour rivaliser avec des femmes d’âge mur du plus haut niveau. « La faire jouer
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Photo d’ouverture: FIBA