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Top 50 des meilleurs joueurs français de l’Histoire : de la 30e à la 21e place (3/5)

La rédaction de Basket Europe dévoile au jour le jour son top 50 des meilleurs joueuses et joueurs d’un siècle de basket français. Découvrez les lauréats masculins de la 30e à la 21e place, d’André Buffière à Laurent Sciarra en passant par Joakim Noah et Mathias Lessort.

Laurent Sciarra © LNB

30e / Thomas HEURTEL – 1,89 m – 1989 – 99 sélections* – 429 points

Un talent brut et un homme de paradoxe. « Bien sûr que la charte était bidon. Tout le monde était au courant, c’est pour ça qu’il faut la déchirer », affirmait l’Agathois en février dernier. Le champion d’Europe 2013 est privé d’équipe de France depuis l’Euro 2022 et sa signature en Russie (Zénith), conformément aux dispositions prises par la FFBB en raison de la guerre en Ukraine, mais le quadruple médaillé international (argent aux JO 2021 et à l’Euro 2022, bronze au Mondial 2014) espère encore franchir la barre des 100 sélections. « J’aimerais avoir une deuxième chance. Honnêtement, je n’ai rien fait de mal. Ce serait un plaisir de revenir dans un rôle de mentor », a-t-il réaffirmé récemment dans une interview pour Eurohoops

Arrivé sur la fin de la génération Parker, le meneur de jeu a réalisé plusieurs coups d’éclat sous le maillot bleu mais aussi partout en Europe : en France (meilleur espoir de Pro A avec l’Elan Béarnais en 2009, champion de France 2021 avec l’ASVEL), en Espagne, où il a écumé les trois meilleurs clubs (Baskonia, Barcelone et Real Madrid, champion en 2022 et deux Coupes du Roi avec Barcelone), en Turquie (Anadolu Efes) et en Chine (Shenzhen). 

29e / Henri GRANGE – 1,93 m – 1934 – 133 sélections – 433 points

Il débuta le basket avec le BUS de Casablanca et c’est lors d’un match entre une sélection du Maroc et l’équipe de France qu’il fut découvert par l’entraîneur André Buffière. Un pilier de l’ASVEL de 1954 à 1969 avec 7 titres de champion de France au palmarès. Il a disputé 2 Jeux Olympiques (1956 où il tourna à 13,3 points en moyenne et 1960), 1 championnat du monde et 5 championnats d’Europe. 

« Parmi les grandes figures du basket français, Henri Grange prend une place de choix », nota l’entraîneur national Robert Busnel. « Sa morphologie longiligne, sa technique parfaite, son adresse, son esprit d’équipe, sa grande valeur morale en ont fait le prototype du basketteur complet. Élégant dans ses gestes, racé jusqu’au bout des ongles, excellent camarade, il reste l’exemple pour les jeunes. Il avait réussi la synthèse du don et du travail pour atteindre ce que, seuls, les êtres d’exception connaissent : la classe ! » Henri Grange est ensuite resté à Villeurbanne, tenant un magasin d’articles de sports et jouant avec l’équipe 4 de l’ASVEL en Régionale la quarantaine venue. 

Avec son fils Frédéric. © Infinity Nine Media

28e / Tariq ABDUL-WAHAD – 1,98 m – 1974 – 45 sélections – 457 points

Bien avant TP ou Wemby, Tariq Abdul-Wahad a ouvert les portes aux générations futures en devenant le premier joueur français à fouler les parquets de NBA. Originaire du Val-de-Marne où il est né sous le patronyme d’Olivier Saint-Jean, l’arrière-ailier a suivi sa formation outre-Atlantique en NCAA, ce qui était alors encore très rare, entre Michigan et San Jose State, après un titre de champion d’Europe junior avec l’équipe de France en 1992 du temps où il était lycéen à Evreux. 

Drafté en 11e position par Sacramento, « TAW » joue ses premiers matches avec les Kings et se souvient encore de son premier contre Michael Jordan lors de son année rookie en 1997-1998. « Pendant le match, le gars en personne, dit au coach : ‘Fais rentrer le petit Français là’. C’est lui qui dit qui doit jouer dans l’équipe adverse. Si ça ce n’est pas des moves de boss, je ne sais pas ce que c’est. Bien sûr, je défends sur Jordan. Sur son fadeaway, j’effleure le ballon du bout du doigt et je crie ‘short’ parce que tu sais que son tir va être court, et là, le ballon rentre direct dans le cercle. Et je le vois repartir à reculons l’air de : ‘Tu as cru quoi, que ton doigt va changer la trajectoire de mon tir ?’ », racontait-il dans le podcast All The Talk.

Au total, sa carrière se limite à 249 matchs NBA - dont 13 en playoffs - avec Sacramento, Orlando, Denver et Dallas et deux compétitions internationales avec les Bleus (deux fois quatrièmes à l’Euro 1999 et l’Euro 2003), un palmarès au goût d’inachevé pour un si grand pionnier.

27e / Joakim NOAH – 2,10 m – 1985 – 22 sélections – 459 points

On lui a parfois reproché de ne pas avoir le même amour de la France que son père, Yannick Noah, toujours à ce jour le dernier tennisman français à avoir remporté Roland-Garros en 1983. Un sentiment renforcé par le fait que le pivot aux trois nationalités (française, suédoise et américaine) n’a jamais évolué dans l’Hexagone en professionnel - il a joué pour Paris-Levallois en benjamins. « Je l’ai toujours dit : l’équipe de France, c’est une super expérience, mais ça n’a jamais été ma priorité », expliquait en 2015 celui qui n’a obtenu le passeport français qu’en 2007, à Europe 1. Mais il a hérité de la hargne et de l'expressivité de son père sur le terrain.

Sa réussite tient de sa très belle carrière aux Etats-Unis, où « Jooks » a été deux fois All-Star (2013 et 2014) sous le maillot des mythiques Chicago Bulls. A une époque où le lieutenant de Derrick Rose était considéré comme le meilleur défenseur du monde (meilleur défenseur et 4e au vote de MVP en 2014). Avant d’amasser 140 millions de dollars sur ses 13 saisons en NBA, entre 2007 et 2020 - en finissant sur les rotules -, il a aussi réussi l’exploit de gagner deux titres NCAA d’affilée avec les Florida Gators en 2006 et 2007, ce qui lui a valu une place dans le top 10 de la draft cette même année (9e choix). Mais son parcours chez les Bleus se résume à 22 sélections entre 2009 et 2011 et une seule médaille d’argent glanée à l’Euro 2011. 

26e / Robert MONCLAR – 1,96 m – 1930-2012 – 142 sélections – 480 points

« Je n'ai jamais fait un croche-pied à quelqu'un, mais des coups de coude, des marrons, j'en ai mis », nous avait confié celui qui fut surnommé « Le taureau des Pyrénées». Un géant pour l’époque répertorié à 1,96 m et 100 kilos de muscle. Il fit un long passage au Racing Club de France et en profita pour faire une belle carrière à IBM France. Il a participé aux Jeux Olympiques d’Helsinki, Melbourne et Rome et monta trois fois sur la troisième marche du podium à des championnats d’Europe. 

Il était le père de Jacques et le grand-père de Julien et Benjamin, qui firent également carrière en pro. Comme Jacques, « Bob » fut une sorte de consultant pour Le Miroir des Sports et Radio Luxembourg. Il avait la gouaille et en magasin des centaines d’anecdotes. C’est avec l’œil malicieux qu’il nous montra un jour une photo de l’un de ses coéquipiers de l’époque en déclarant : « Celui-là, c'était l'amant de Brigitte Bardot ! »

25e / Jean-Michel SENEGAL – 1,84 m – 1953 – 210 sélections – 488 points


« 1,84 m, c’est le minimum au niveau international, ma taille est suffisante. Je n'ai jamais été gêné pour défendre sur plus grand que moi. » Pas super taillé, peu athlétique, mais un QI basket extrêmement élevé, et de la fougue. De toutes façons, le Lyonnais n’aurait jamais pu faire autre chose que du basket. « Ma mère me donnait le biberon à la mi-temps des matches. »

Il est entré à l’ASVEL à 11 ans mais c’est à Tours, demi-finaliste de la Coupe des Coupes en 1976 - ce n’était que la deuxième fois qu’un club français parvenait à ce niveau après Vichy en 1970 -, puis à Limoges, vainqueur de la Korac en 1982 et 83 que Jean-Michel Sénégal a obtenu ses lettres de noblesse. « Le basket à Limoges, c'est dingue. J'aime la tranquillité, le calme, mais je ne suis jamais parti en courant en voyant un supporter, jamais je n'ai raccroché au nez de quelqu'un qui me téléphonait à 7 heures du matin pour me demander pourquoi on avait perdu à Moscou », déclarait-il alors. Il a été le capitaine de l’équipe de France quand elle marchait au ralenti avant de faire pendant 25 ans une carrière de coach.

©Maxi-Basket

24e / Laurent FOIREST – 1,98 m – 1973 – 148 sélections – 512 points

Percussion, adresse de loin, défense, vision du jeu… « Lolo » avait tout en magasin. Et même des qualités athlétiques pas forcément évidentes à déceler si l’on ne faisait que le regarder un peu distraitement. Mais s’il a connu une prestigieuse carrière, ce n’est pas pour rien, plutôt que les diverses équipes qui l’ont signé avaient repéré son éventail de compétences. Passé par Antibes, Pau-Orthez, Vitoria, de nouveau Pau-Orthez avant de terminer son parcours à l’ASVEL, le Marseillais a réussi le tour de force de remporter au moins deux titres avec chacune de ses équipes ! Champion de France 1991 et 1995 sur la Côte-d’Azur, champion de France 1998, 1999 et 2004 dans le Béarn, 2009 dans le Rhône, champion d’Espagne 2002 au Pays Basque. Saupoudrez le tout d’une coupe du Roi en 2000 avec Vitoria, d’une coupe de France 2008 et d'une Semaine des As 2010 avec Villeurbanne. Il a été par ailleurs élu MVP en France en 1999 et 2004 et a atteint la finale de l’Euroleague en 2001. Évoquant le choix de signer à Vitoria, il expliquait que « L’Espagne était le pays « baskettement » parlant au-dessus. Vitoria faisait partie à l’époque des 4-5 meilleurs clubs espagnols. Je ne regrette pas mon choix car j’ai côtoyé le gratin européen. J’ai découvert la finale de l’Euroleague, été champion d’Espagne. »

En sélection, il n’y a pas grand-chose à jeter non plus, avec une médaille d’argent aux JO en 2000. Ce qui lui a valu de recevoir un Ballon de cristal en 2014, une place à l’Académie du basket français en 2018 et d’être intronisé Légende du basket français. Une fois les baskets raccrochées, il a entamé une carrière de coach aux réussites variées. Entre 2014 et 2023, il a également fait partie de l’encadrement technique de l’équipe de France.

23e / Mathias LESSORT – 2,06 m – 1995 – 44 sélections* – 554 points

Le Martiniquais n’est pas encore trentenaire et n’a pas - encore - mis les pieds en NBA mais Mathias Lessort a déjà un palmarès long comme le bras avec une médaille d’argent aux Jeux Olympiques de Paris 2024, une autre de bronze à la Coupe du monde 2019, trois coupes d’Europe différentes (la FIBA Europe Cup 2017 avec Nanterre, l’Eurocup 2021 avec Monaco et surtout l’Euroleague 2024 avec le Panathinaïkos) et aussi une Coupe de France en 2017.

L’ancien champion de France espoir (formé à Chalon, finaliste de la Leaders Cup en 2016) est surtout considéré comme le meilleur pivot d’Europe depuis trois saisons, lui qui s’est revélé, après des passages à l’Etoile Rouge, Malaga, le Bayern Munich et le Maccabi Tel-Aviv, au sein du Partizan Belgrade du légendaire Zeljko Obradovic. « Cette expérience a changé m’a vie. Zeljko a vu que j’avais le potentiel et il a cru en moi. C’est ça la réussite, le bon moment, un coach qui te fait confiance et des mecs qui savent te mettre en valeur au bon moment », nous racontait-il depuis Athènes à l’automne dernier. 

Grand entretien - Mathias Lessort (Panathinaïkos) : « Guerschon Yabusele en NBA, c’est inspirant »
Titré en Euroleague puis médaillé d’argent avec l’équipe de France, Mathias Lessort (2,06 m, 29 ans) a triomphé en 2024. Le vice-champion olympique retrace son année folle, son parcours depuis la Martinique et ses contacts en NBA, lui dont les droits sont détenus par les New York Knicks.

22e / Laurent SCIARRA – 1,95 m – 1973 – 113 sélections – 566 points

Le plus grand franc-parler du basket français. Pas un grand défenseur, des qualités athlétiques quelconques mais un mental de gagnant, un redoutable scoreur et un passeur hors-pair. Au point d’être encore aujourd’hui le meilleur passeur de l’histoire de la Pro A, et son MVP français en 2003 et 2005. Champion d’Europe junior en 1992, champion de France avec les PSG Racing, quadruple vainqueur de la Coupe de France (2001, 2005, 2006 et 2010) avec quatre clubs différents, le Sudiste a aussi connu de brèves expériences à l’étranger avec Huelva, Trévise et le Panionios Athènes. 

L’apogée de ses 113 sélections en équipe de France, ce sont les JO de Sydney 2000 où, avec la blessure de Sonko et l’attention particulière donnée à Rigaudeau, il a porté les Bleus à la médaille d’argent. Un tournant dans l’histoire du basket français. « On a vécu, je crois, quelque chose de comparable aux Barjots du hand en 92 où ils ont fait rêver des millions de personnes. En plus, on a joué les Américains. Ce qui me déplaît un peu dans tout ça, c'est que tu ressors une individualité d'un collectif. J’étais troisième meneur, je n’avais pas de shoot, j’étais un vieux joueur, pas adapté aux nouvelles règles, et pourquoi me sortir du lot sous prétexte qu'il y a eu les JO ? », questionnait-il quelques mois plus tard dans Maxi-Basket. Aussi recordman du monde de lancers francs avec 63 paniers réussis en deux minutes.

Rétro JO 2000 - ITW Laurent Sciarra : « Comme on disait entre nous, c’était le french flair »
Plongée à Sydney dans la déprime en première semaine, l’équipe de France s’est subitement métamorphosée pour se hisser en finale des Jeux Olympiques face aux Etats-Unis. Son leader s’appelait Laurent Sciarra et quelques jours plus tard, il nous avait accordé cette interview.

21e / André BUFFIERE – 1,85 m – 1922-2014 – 97 sélections – 583 points

« Bubu » fut notamment médaillé d’argent aux JO de Londres en 1948 et à l’Euro du Caire l’année suivante. Il fut tout autant la référence de l’ASVEL dont il a porté le maillot vert une décennie (1948-58). « Possédant sang-froid, autorité, sens du jeu, et aussi une technique individuelle entretenue par un entraînement qui ne laisse rien au hasard, ce joueur peut justement être cité en exemple car il a su à son tour former des équipiers qui lui font honneur », louangea le coach de l’équipe nationale Robert Busnel.

De fait, André Buffière fit ensuite une longue carrière de coach, à la tête de l’équipe de France, et en club. Avec l’ASVEL, il se hissa deux fois dans le carré d’as des clubs champions (C1) et avec Limoges, il gagna les deux premières coupes d’Europe pour un club français (1982 et 83). Il se transforma ensuite en manager général du Racing Paris. Il a gagné 12 titres de champion de France comme joueur et coach avec quatre clubs différents. Ses trophées avec Limoges ? « J’ai déménagé tellement de fois que j’ai tout perdu », nous confiera-t-il. « Je n’ai jamais revu le match. J’ai peut-être la K7 de la finale suivante à Berlin, même pas sûr. La médaille d’argent de Londres, elle, je l’ai toujours. »

Lors des Jeux Olympiques de Londres en 1948, au centre avec le ballon.

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