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Victor Wembanyama, un phénomène mondial en France

Victor Wembanyama (2,21 m, 18 ans) révolutionne le monde du basketball sur et en dehors du terrain. Vendredi soir, c’est grâce à lui et ses 41 d’évaluation que Boulogne-Levallois a dominé Limoges (78-69). Son équipier Lahaou Konate, son coach à Boulogne-Levallois et en équipe de France, Vincent Coll

Victor Wembanyama (2,21 m, 18 ans) révolutionne le monde du basketball sur et en dehors du terrain. Vendredi soir, c’est grâce à lui et ses 41 d’évaluation que Boulogne-Levallois a dominé Limoges (78-69). Son équipier Lahaou Konate, son coach à Boulogne-Levallois et en équipe de France, Vincent Collet, et son adversaire de Limoges et équipier en bleu, Nicolas Lang témoignent.

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Le phénomène était déjà présent à Nanterre, à Villeurbanne et à Levallois en début de saison, mais c’est le showcase à Las Vegas en octobre qui a constitué un incroyable facteur démultipliant. Les Américains, et la NBA en particulier, sont des as pour promouvoir un produit, un évènement, une star. Victor Wembanyama est devenu instantanément une célébrité mondiale, à commencer dans son propre pays.

Les saisons précédentes, il y a eu des matches au palais des sports Marcel-Cerdan avec deux, un et même aucun journaliste dans les tribunes. La semaine précédente, à Nanterre pour le match contre Gravelines, nous étions deux représentants des médias en conférence d’après-match. Changement de décor. Vendredi, pour la réception de Limoges, il y en avait une trentaine d’accrédités dont une cohorte de photographes.

Matthieu Marot du Populaire du Centre et Jérome Ostermann de France Bleu Limousin suivent le CSP à la trace, mais tous les autres étaient venus pour le gamin de dix-huit ans devenu la 7e merveille du monde du basket. À L’Equipe et au Parisien, habitués des lieux, s’étaient joints France TV, RFI et même un journaliste grec de Gazzetta. Des journalistes du New York Times et un Britannique pour Associated Press sont déjà venus rendre compte des performances du joueur des Metropolitans pour leurs lecteurs. Le plus fort, c’est évidemment ce caméraman qui le filme exclusivement pour l’application de la NBA. Il se poste derrière le panneau d’attaque des Mets et change de côté en deuxième mi-temps. Un truc aussi dingue que de voir l’équipe de Vincent Collet interrompre le championnat national pour se rendre à Vegas pour deux matches amicaux organisés dans le seul but de montrer de visu aux Américains qui est ce Victor Wembanyama aux dons surnaturels.

C’est aussi depuis ce saut de puce dans le Nevada que le palais des sports Marcel-Cerdan joue ses matches à guichets fermés. Il faut relativiser l’engouement du fait qu’il ne comporte que 2 814 places, mais l’effervescence au Mans et à Bourg a confirmé qu’il s’agit d’un phénomène totalement unique en son genre. Les Mets ont été complètement pris de court, incapables de répondre aux dix milles commandes venues de toutes parts et sans publicité. Sur leur site, le maillot de Victor à 65 euros est déclaré en rupture de stock.

Hormis quelques dizaines de Limougeauds éparpillés dans les tribunes, les spectateurs de vendredi soir n’avaient des yeux que pour lui. La fois précédente, il y avait l’ancien Premier ministre Lionel Jospin parmi les VIP et cette fois c’est l’acteur américain Michael Douglas qui est venu découvrir la rock star. À la présentation des équipes, il a eu droit à des applaudissements enthousiastes, les autres juste polis.

Photo : Michael Douglas (Metropolitans)

Unreal disent les Américains

Victor Wembayama porte le numéro 1, ce qui signifie premier très probablement de la prochaine draft NBA et, en attendant, MVP de la saison de Betclic Elite ? Car notre jeune homme est revenu encore plus confiant dans son talent de son séjour aux Etats-Unis. Il fait absolument tout sur le terrain. Il prend des rebonds, évidemment (12 contre Limoges), mène la ligue aux contres (2,9), fait des passes franches et décisives, fait signe qu’il veut la balle, conseille autant qu’il est conseillé, drive, et quand il shoote, c’est lui qui décide si la balle entre dans le cercle car personne ne peut lui obstruer le viseur. Il est largement en tête à l’évaluation, à donc 18 ans. Oubliez Alain Gilles, Hervé Dubuisson, Antoine Rigaudeau et même Tony Parker, on n’a jamais vu ça en France. Et le seul joueur qui vient à l’esprit pour une telle combinaison de taille et de skills au même âge est Arvidas Sabonis, mais c’était à une autre époque.

Top 5 des meilleurs performeurs (évaluation) de moins de 20 ans dans l’ère moderne en première division :

JoueurPerformanceAgeMatchDate
Victor Wembanyama (Boulogne-Levallois)41 d’évaluation (33 points, 12 rebonds, 4 passes, 3 contres)18 ans et 10 moisBoulogne-Levallois – Limoges (78-69)04/11/2022
Clint Capela (Chalon)41 d’évaluation (21 points, 9 rebonds, 7 passes, 6 contres)19 ans et 8 moisChalon – Roanne (95-75)01/02/2014
Tony Parker (Paris)38 d’évaluation (32 points, 7 passes, 5 rebonds, 5 interceptions)18 ans et 11 moisAntibes – Paris (82-95)05/05/2001
Sekou Doumbouya (Limoges)37 d’évaluation (34 points, 9 rebonds)18 ans et 4 moisLimoges – Levallois (106-78)18/05/2019
Nicolas Batum (Le Mans)33 d’évaluation (21 points, 12 rebonds, 3 passes, 3 contres)19 ans et 2 moisLe Havre – Le Mans (98-99)01/03/2008

On a quand même eu une frayeur à la fin du premier quart-temps. Wemby a voulu effectuer un contre, est retombé sur les fesses et s’est fait mal à la cheville. Il a passé quelques minutes au vestiaire, fait quelques mouvements pour consolider son membre meurtri, fait un signe à son coach que tout allait bien, et il est retourné au travail. Sans lui, le premier écart n’avait pas évolué, avec lui, il n’a fait que s’accroître.

Il a marqué son premier trois-points avec un défenseur sur le râble. Le cubique Desi Rodriguez ou Will Yeguete sont trop petits pour s’opposer convenablement à lui. Mais c’est son panier primé d’un pied après une série de dribbles entre les jambes qui a fait vibrer le public… et les internautes américains. Ce n’est pas nous qui écrivons UNREAL, c’est Sports Illustrated, une référence américaine. Tout comme cette claquette dunkée après avoir récupéré l’un de ses shoots ratés. Il a battu à cette occasion son record perso : 33 points.

La prochaine étape va se tenir, le 11 novembre, en Lituanie pour un match de qualification à la Coupe du monde 2023. Vous pouvez être certain que c’est le monde entier qui va suivre de près sa première sélection en bleu. Coup de chance pour le grand public, ce sera en clair sur France 4. Ensuite, pour mille raisons, le choc des Mets face à l’ASVEL et Monaco sera une régalade comme le All-Star Game à Paris-Bercy. De Victor Wembanyama, il faut en profiter à fond.

https://twitter.com/benduj/status/1588676119531855872


Lahaou Konate : « Ce qu’il fait, c’est du jamais vu et j’espère que ça va continuer comme ça pour lui »

Lorsque l’on a un joueur comme Victor Wembanyama dans son équipe, est-ce que ça demande une adaptation particulière ou est-ce un joueur « normal »?

Lahaou Konaté : Ce n’est pas un joueur normal puisqu’il fait 2,21 ou 2,23 m. Non, on ne s’adapte pas. On connait les consignes, on sait comment l’utiliser. Victor sait de plus en plus s’adapter. Ce soir, on savait que Limoges avait une faiblesse, la taille. On les a ciblés directement dessus. Lors de la première mi-temps avec le rythme que l’on impose, c’est là que l’on fait la différence. En deuxième mi-temps, on est moins bien, on a moins de rythme. On prend des tirs un peu trop vite, on porte trop la balle. C’est ce qui fait que Limoges revient. Mais, après, Victor, c’est Victor et c’est lui qui nous porte vers le haut. Dès que l’on voit des personnes plus petites que lui, comme c’était le cas ce soir, on essaie d’insister dessus. Cela a très bien marché, il a mis de gros tirs. Voyez le tir qu’il a mis sur un pied. Demain, s’il a envie de faire ça du milieu du terrain, il va le prendre. C’est une très, très grande qualité chez lui : il ne se pose pas de question.

Depuis la tournée de Las Vegas, beaucoup de projecteurs sont braqués sur lui, et pourtant depuis ses performances augmentent de match en match, ça vous surprend ?

LK : Non, ça ne me surprend pas. Je le vois travailler tous les jours à l’entraînement, je le vois au quotidien que ce soit sur ou en dehors du terrain. Il est calme, posé, et il ne fait pas trop attention à ce qui se passe autour. Ce qu’il veut, c’est être en bonne santé et être sur le terrain. Sa qualité, c’est de vouloir avant tout prendre du plaisir sur le terrain, et dès qu’il en prend, il est injouable. Ce soir, il était injouable que ce soit en défense ou en attaque.

Vous êtes bluffé parce qu’il fait alors qu’il a 18 ans ?

LK : Bien sûr que ça me bluffe, mais quand je l’ai vu la première fois, il avait 12 ans. Quand il était à Nanterre avec les jeunes, il était tout le temps surclassé. Et nous, les pros, on allait carrément le voir jouer le dimanche pour voir sa progression. On voyait déjà qu’il était au-dessus. De le voir progresser comme ça de plus en plus, c’est une fierté.

Ce coup de projecteur sur lui n’est-il pas galvanisant pour toute l’équipe, savoir que les matches sont regardés aux Etats-Unis, que les salles sont pleines ?

LK : Franchement, c’est cool. Je n’ai jamais vu ça en douze ans de carrière. On essaie d’en profiter au maximum. On sait que tout ça, c’est pour Victor et on essaie qu’il soit dans les meilleures conditions, de faire ce que le coach nous demande de faire. Pour l’instant, ça fonctionne très bien et on a, je pense, une grande marge de progression et si on continue comme ça, on peut faire de grandes choses cette saison. Pour Victor, faire quelque chose collectivement avant de partir, ça serait énorme à 18 ans.

C’est jouable d’empêcher Villeurbanne ou Monaco d’être champion ?

LK : Dans ce championnat, tout est faisable. On voit qu’aujourd’hui Le Portel a battu Nanterre. On sait que les playoffs, c’est un autre championnat, que l’ASVEL et Monaco ont des rosters très musclés. Mais à nous de continuer à travailler, de ne pas se poser de questions. On vit au jour le jour, on essaie de finir le plus haut et après on verra ce qui se passera en playoffs. Mais c’est clair, tout le monde à ses chances.

Est-ce que vous voyez chez Victor des secteurs où il peut encore progresser ?

LK : Partout. Encore plus sur son tir, à l’intérieur, sur l’impact. Il n’a que 18 ans et ce qu’il fait c’est déjà énorme. S’il continue à progresser, il sera encore plus injouable. En NBA, c’est un peu plus physique et il sera attendu au tournant, mais il sait s’écarter de la raquette (sourire).

Il tient le choc physiquement ?

LK : (Rires) Oui. Regardez aujourd’hui face à des personnes plus petites mais plus costaudes, il a résisté à tous les chocs et il a provoqué je ne sais pas combien de fautes (NDLR : 9). Il résiste. En fait, il sent le jeu, il sent le contact, il sait prendre le tir quand il faut. Ce qu’il fait, c’est du jamais vu et j’espère que ça va continuer comme ça pour lui.


Vincent Collet : « Pour nous, il est clairement estampillé comme le leader de l’équipe. Pour tout le monde, pour ses coéquipiers aussi »

Individuellement, est-ce son meilleur match cette saison ?

Vincent Collet : Avec ceux de Vegas mais dans le championnat de France, dans un contexte plus dur, plus d’aides défensives, sans aucun doute. C’est le troisième où je trouve qu’il est le plus juste dans ses choix. Il est agressif et c’est normal avec les qualités qu’il a, mais il est beaucoup plus attentif à faire de bons choix. Il est récompensé, son talent fait le reste. Là, il a mis le couvercle ou la cerise sur le gâteau avec quelques actions exceptionnelles comme le trois-points sur un pied qui n’était pas loin de celui de Doncic à l’Euro contre nous, et quelques autres actions près du cercle. Pour moi, le plus intéressant, c’est la variété de ce qu’il peut faire. C’est quelque chose qui n’est pas nouveau, mais qui est beaucoup plus prononcé. C’est ça qui le rend imprévisible et encore plus difficile à défendre. Dans la variété, il y a les passes décisives. À chaque fois qu’il est doublé, il a trouvé le joueur à l’opposé quasiment à chaque fois. Il augmente à chaque fois la palette. Par exemple, en première mi-temps, la zone ne nous a pas gêné parce qu’il a flashé deux ou trois fois comme on a pu le préparer. Il l’a fait magnifiquement soit pour s’en servir lui-même, soit pour donner un temps d’avance. Il n’a pas seulement scoré, il a été important dans la continuité du jeu.

L’une des interrogations en amont était de savoir s’il tiendrait physiquement le choc dans les contacts. Qu’en est-il ?

VC : Il progresse aussi sur ses aspects-là. Il y travaille quotidiennement. Le renforcement de son corps fait partie de la programmation d’entraînement que l’on a fixé. Guillaume Altier est dédié en très grande partie à ça. Il va avoir 19 ans dans deux mois pile puisqu’il est du 4 janvier et c’est un âge où tu te développes. Il ne sera jamais un…

… Arvidas Sabonis.

VC : Voilà. Par contre, on sent qu’il se renforce. La première fois où j’ai été vraiment marqué par ça c’est au Mans où (Williams) Narace lui massait bien les côtes. Il subissait un peu les contacts, mais il ne se désunissait pas. Pour moi, c’est un signe très fort car on ne peut s’attendre qu’à ce traitement là en NBA. Quand ils vont le voir arriver, les grands ne vont pas lui faire de cadeaux, ils vont le bousculer, ils vont le jouer physique, en pensant que. S’il est capable de s’opposer, il va vite leur montrer que même ça ce n’est pas la solution.

Lors de moments difficiles du match, il a mis des tirs difficiles. A 18 ans, il est apparu comme le leader de l’équipe. C’est surprenant ?

VC : Oui et non. Oui car ce n’est pas ce que l’on attend d’un jeune joueur, mais ce n’est pas un jeune joueur normal. Tout l’engouement que vous pouvez voir vient uniquement de ça. C’est bien sûr la raison pour laquelle il est capable, déjà à cet âge-là, d’assumer ce type de responsabilité. Ça fait partie de sa construction. C’est-à-dire qu’on l’encourage aussi dans ce sens-là. Pour nous, il est clairement estampillé comme le leader de l’équipe. Pour tout le monde, pour ses coéquipiers aussi. Ça ne fait pas débat.

Et en équipe de France, dans le contexte d’une équipe très rajeunie, non plus ?

VC : Il sera, en tous les cas, l’un des leaders. Je compte dessus comme ça, très clairement. Bien sûr. Il va aussi nous donner des solutions dans la polyvalence intérieure en fonction des oppositions. Limoges nous a proposé des choses différentes. Ils ont switché sur lui. Mais il a de plus en plus les armes pour répondre un peu à tous les problèmes posés. Après, sur des prises à deux, il est obligé d’utiliser ses partenaires mais il donne malgré tout des avantages. Si on joue des situations à 4 contre 3, ce sont aussi des situations favorables.

(A une question d’un confrère, en anglais, lui demandant de décrire son joueur ?)

VC : Il veut apprendre. Il aime discuter, parfois il veut simplement parler de la façon d’être meilleur. Il sait qu’il a six ou sept mois pour se préparer à la prochaine saison. Le but principal est d’être aussi bon que possible quand il mettra le premier pied dans la ligue. En français, on dit qu’il est comme une éponge.

Qu’allez-vous travailler en priorité pour la saison prochaine ?

VC : On va travailler un peu dans la même direction. On a parlé du côté renforcement, ça c’est très important, et aussi de développer ce qu’il fait déjà de très bien. Il peut encore faire mieux, il va faire mieux encore. Et surtout l’utilisation. Je suis persuadé depuis le début qu’il a les skills, c’est-à-dire les habilités, les capacités, mais le plus important c’est que même les plus grands joueurs ont des savoir-faire très efficaces et d’autres moins efficaces, et il faut savoir comment les recruter ces savoir-faire, à quel moment. Lui, c’est un joueur particulier. Comme il est très grand, on va penser qu’il va beaucoup jouer posté mais pour moi, il est beaucoup plus à l’aise dans le mouvement, car ce qui le rend exceptionnel, c’est qu’il a un corps de très grand pivot et il joue comme un deuxième arrière. On essaie de créer des situations qui le mettent dans ces positions les plus favorables. Et donc on va continuer dans cette direction-là.

A quel joueur peut-on le comparer ?

VC : Le meilleur joueur que j’ai pu coacher, c’est Tony (Parker) en équipe de France mais il avait déjà 27 ou 28 ans donc il était en pleine maturité. Ça n’a rien à voir. Non, je n’ai aucun souvenir comparable.

Comment vivez-vous le fait d’être à la fois le coach d’une équipe qui doit gagner des matches et en même temps d’être un peu le coach personnel de Victor ?

VC : C’est pour ça que je n’étais pas complètement content car notre deuxième mi-temps ne m’a pas du tout plu. Elle m’a même chagriné, on va dire. Ce n’est pas très compliqué. Il vaut mieux l’avoir avec soi que contre soi. Demandez à Massimo (Cancellieri). C’est quand même lui la grande raison de leur défaite ce soir.

Et comment gérez-vous tout ce buzz autour de lui ?

VC : Pour l’instant, ça se passe bien car il a un comportement qui est idoine avec ses coéquipiers. Il faut qu’il continue à avoir cette attitude-là où il fait comme si de rien n’était. Il est sérieux, il bosse comme les autres. Il y a aussi un travail de mon côté pour faire comprendre à tout le monde que c’est l’intérêt de l’équipe. C’est toujours mieux d’avoir un grand joueur avec toi. Quand je suis arrivé, mon prédécesseur (NDLR : Michel Gomez) avait dit que ce n’était pas facile d’avoir Tony et les autres et pour moi le but était de faire progresser les autres. Là, c’est différent car il est jeune et on veut qu’il progresse aussi. Il faut apprendre à jouer avec lui mais je trouve que ce soir, on l’a très bien utilisé. On a fait un grand nombre de passes en l’air sur les mismatchs en première mi-temps. J’aurais aimé, par exemple, que l’on fasse les mêmes en équipe de France, il y a deux mois !

Photo : Tuan Nguyen

Nicolas Lang : « J’ai toujours pensé que sa plus grande qualité est de jouer au basket avec tout simplement beaucoup de joie »

Lorsque l’on joue Victor Wembanyama, n’y a-t-il pas une sorte d’intimidation, voire de complexe avant le match ? En se disant, comme c’est un joueur hors normes, on va avoir du mal à développer notre jeu ?

Nicolas Lang : Je ne dirai pas intimidation. C’est clairement un super joueur. Cela fait longtemps que je le vois jouer. Personnellement, je l’ai déjà joué l’an dernier et il y a deux ans. Sa progression qu’il a d’année en année est-elle due au temps de jeu ? Je peux vous garantir que si vous posez la question dans le vestiaire avant le match, personne ne va vous dire, « oui, j’ai peur ! ». C’est un super joueur, mais tu dois jouer ton jeu. Après, évidemment, quand tu arrives dans la raquette et que tu as un mec de 2,22m, ce n’est pas pareil, c’est sûr.

En équipe de France, vous allez jouer avec Victor Wembanyama, pensez-vous qu’il peut complètement changer le jeu de l’équipe, comme il est en train de révolutionner la Betclic Elite ?

NL : Cela dépend toujours des responsabilités que l’on te donne mais si on lui donne les mêmes qu’à Levallois, je n’ai aucun doute qu’il peut faire ce qu’il fait ici. J’ai toujours pensé que sa plus grande qualité est de jouer au basket avec tout simplement beaucoup de joie, comme il fait là. Prendre la balle, jouer, sans se prendre la tête. Qu’il soit en équipe de France, à Levallois, avec des enfants dehors, ou l’année prochaine en NBA, j’ai aucun doute sur le fait qu’il va shooter de la même façon, il ne va pas se poser de questions et c’est ce qui est une très grande qualité.

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Le phénomène était déjà présent à Nanterre, à Villeurbanne et à Levallois en début de saison, mais c’est le showcase à Las Vegas en octobre qui a constitué un incroyable facteur démultipliant. Les Américains, et la NBA en particulier, sont des as pour promouvoir un produit, un évènement, une star. Victor Wembanyama est devenu instantanément une célébrité mondiale, à commencer dans son propre pays.

Les saisons précédentes, il y a eu des matches au palais des sports Marcel-Cerdan avec deux, un et même aucun journaliste dans les tribunes. La semaine précédente, à Nanterre pour le match contre Gravelines, nous étions deux représentants des médias en conférence d’après-match. Changement de décor. Vendredi, pour la réception de Limoges, il y en avait une trentaine d’accrédités dont une cohorte de photographes.

Matthieu Marot du Populaire du Centre et Jérome Ostermann de France Bleu Limousin suivent le CSP à la trace, mais tous les autres étaient venus pour le gamin de dix-huit ans devenu la 7e merveille du monde du basket. À L’Equipe et au Parisien, habitués des lieux, s’étaient joints France TV, RFI et même un journaliste grec de Gazzetta. Des journalistes du New York Times et un Britannique pour Associated Press sont déjà venus rendre compte des performances du joueur des Metropolitans pour leurs lecteurs. Le plus fort, c’est évidemment ce caméraman qui le filme exclusivement pour l’application de la NBA. Il se poste derrière le panneau d’attaque des Mets et change de côté en deuxième mi-temps. Un truc aussi dingue que de voir l’équipe de Vincent Collet interrompre le championnat national pour se rendre à Vegas pour deux matches amicaux organisés dans le seul but de montrer de visu aux Américains qui est ce Victor Wembanyama aux dons surnaturels.

C’est aussi depuis ce saut de puce dans le Nevada que le palais des sports Marcel-Cerdan joue ses matches à guichets fermés. Il faut relativiser l’engouement du fait qu’il ne comporte que 2 814 places, mais l’effervescence au Mans et à Bourg a confirmé qu’il s’agit d’un phénomène totalement unique en son genre. Les Mets ont été complètement pris de court, incapables de répondre aux dix milles commandes venues de toutes parts et sans publicité. Sur leur site, le maillot de Victor à 65 euros est déclaré en rupture de stock.

Hormis quelques dizaines de Limougeauds éparpillés dans les tribunes, les spectateurs de vendredi soir n’avaient des yeux que pour lui. La fois précédente, il y avait l’ancien Premier ministre Lionel Jospin parmi les VIP et cette fois c’est l’acteur américain Michael Douglas qui est venu découvrir la rock star. À la présentation des équipes, il a eu droit à des applaudissements enthousiastes, les autres juste polis.

Photo : Michael Douglas (Metropolitans)

Unreal disent les Américains

Victor Wembayama porte le numéro 1, ce qui signifie premier très probablement de la prochaine draft NBA et, en attendant, MVP de la saison de Betclic Elite ? Car notre jeune homme est revenu encore plus confiant dans son talent de son séjour aux Etats-Unis. Il fait absolument tout sur le terrain. Il prend des rebonds, évidemment (12 contre Limoges), mène la ligue aux contres (2,9), fait des passes franches et décisives, fait signe qu’il veut la balle, conseille autant qu’il est conseillé, drive, et quand il shoote, c’est lui qui décide si la balle entre dans le cercle car personne ne peut lui obstruer le viseur. Il est largement en tête à l’évaluation, à donc 18 ans. Oubliez Alain Gilles, Hervé Dubuisson, Antoine Rigaudeau et même Tony Parker, on n’a jamais vu ça en France. Et le seul joueur qui vient à l’esprit pour une telle combinaison de taille et de skills au même âge est Arvidas Sabonis, mais c’était à une autre époque.

Top 5 des meilleurs performeurs (évaluation) de moins de 20 ans dans l’ère moderne en première division :

JoueurPerformanceAgeMatchDate
Victor Wembanyama (Boulogne-Levallois)41 d’évaluation (33 points, 12 rebonds, 4 passes, 3 contres)18 ans et 10 moisBoulogne-Levallois – Limoges (78-69)04/11/2022
Clint Capela (Chalon)41 d’évaluation (21 points, 9 rebonds, 7 passes, 6 contres)19 ans et 8 moisChalon – Roanne (95-75)01/02/2014
Tony Parker (Paris)38 d’évaluation (32 points, 7 passes, 5 rebonds, 5 interceptions)18 ans et 11 moisAntibes – Paris (82-95)05/05/2001
Sekou Doumbouya (Limoges)37 d’évaluation (34 points, 9 rebonds)18 ans et 4 moisLimoges – Levallois (106-78)18/05/2019
Nicolas Batum (Le Mans)33 d’évaluation (21 points, 12 rebonds, 3 passes, 3 contres)19 ans et 2 moisLe Havre – Le Mans (98-99)01/03/2008

On a quand même eu une frayeur à la fin du premier quart-temps. Wemby a voulu effectuer un contre, est retombé sur les fesses et s’est fait mal à la cheville. Il a passé quelques minutes au vestiaire, fait quelques mouvements pour consolider son membre meurtri, fait un signe à son coach que tout allait bien, et il est retourné au travail. Sans lui, le premier écart n’avait pas évolué, avec lui, il n’a fait que s’accroître.

Il a marqué son premier trois-points avec un défenseur sur le râble. Le cubique Desi Rodriguez ou Will Yeguete sont trop petits pour s’opposer convenablement à lui. Mais c’est son panier primé d’un pied après une série de dribbles entre les jambes qui a fait vibrer le public… et les internautes américains. Ce n’est pas nous qui écrivons UNREAL, c’est Sports Illustrated, une référence américaine. Tout comme cette claquette dunkée après avoir récupéré l’un de ses shoots ratés. Il a battu à cette occasion son record perso : 33 points.

La prochaine étape va se tenir, le 11 novembre, en Lituanie pour un match de qualification à la Coupe du monde 2023. Vous pouvez être certain que c’est le monde entier qui va suivre de près sa première sélection en bleu. Coup de chance pour le grand public, ce sera en clair sur France 4. Ensuite, pour mille raisons, le choc des Mets face à l’ASVEL et Monaco sera une régalade comme le All-Star Game à Paris-Bercy. De Victor Wembanyama, il faut en profiter à fond.

https://twitter.com/benduj/status/1588676119531855872


Lahaou Konate : « Ce qu’il fait, c’est du jamais vu et j’espère que ça va continuer comme ça pour lui »

Lorsque l’on a un joueur comme Victor Wembanyama dans son équipe, est-ce que ça demande une adaptation particulière ou est-ce un joueur « normal »?

Lahaou Konaté : Ce n’est pas un joueur normal puisqu’il fait 2,21 ou 2,23 m. Non, on ne s’adapte pas. On connait les consignes, on sait comment l’utiliser. Victor sait de plus en plus s’adapter. Ce soir, on savait que Limoges avait une faiblesse, la taille. On les a ciblés…

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Photo d’ouverture : Tuan Nguyen

À Levallois.

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