Les Bleuets sont champions d’Europe juniors en ayant gagné leurs six matches dont la finale au détriment de la Lituanie, 75-68.
On savait cette génération exceptionnelle. La moitié de l’équipe appartient à cette fabuleuse armada de cadets champions d’Europe en 2014 à Riga et qui avait gagné ses matches avec une marge moyenne de 26,6 points. Ce sont Elhadji Diawara, Adam Mokoka, Abdoulaye Ndoye, Frank Ntinikina, Bathiste Tchouaffé et Thimothé Vergiat. Elle s’est aussi enrichie d’un phénomène de la nature et qui a plusieurs armes dans son manuel technique, Sekou Doumbouya, naturalisé français il y a quelques semaines.
Seulement, les Bleuets étaient aussi privés de trois joueurs a priori majeurs qui n’ont pas été libérés par leurs universités américaines, Killian Tillie –le MVP de l’Euro cadets-, Renathan Ona Embo et Jaylen Hoard. Ça laisse rêveur sur ce qu’ils pourraient produire en juillet prochain au championnat du monde U19 au Caire s’ils sont au complet.
Avec les 82 et les 88 dans la légende
Cette génération « 1998 » apparaît aussi riche que ses deux plus prestigieuses devancières, celle de « 1982 » de Tony Parker et de « 1988 » de Nicolas Batum pour fournir en talents dans quelques années à la fois l’équipe de France A et la NBA.
Elle a complètement dominé athlétiquement ses adversaires mais il serait ridicule de la caricaturer en disant qu’elle sait juste courir et sauter. Au contraire. Outre ses qualités morphologiques, Frank Ntilikina est par exemple un modèle de QI basket et de sang-froid, et c’est encore plus frappant lorsqu’il à affaire avec des joueurs de son âge que quand il porte le maillot de Strasbourg. Ce jeune homme au visage d’ange est un tueur. En finale, il a été juste monstrueux.
Quant à Sekou Doumbouya, tellement plus puissant, tellement plus rapide, qui va fêter ses 16 ans demain et qui est encore neuf dans le basket, son potentiel est juste effrayant. Bathiste Tchaffoué a su monter en puissance pour les deux derniers rounds. Et pour être performant, il faut un pivot qualifié. Le Nancéen Bastien Vautier (2,10m, 13 rebonds en finale) a su assurer comme un grand.
De son côté, le coach Tahar Assed-Liegeon a su aussi faire une vraie équipe de ce joli monde. Même si la réflexion est aussi valable pour leurs adversaires, il n’était pas facile de remobiliser chacun en pleine saison –l’Euro avait été reporté suite à la tentative de coup d’Etat qui s’est produite en Turquie cet été- d’autant qu’il n’y a pas eu à se mettre sous la dent les habituels matches de préparation. Et alors que la génération de Tony Parker avait dû se battre contre un milieu hostile en finale face à la Croatie, à Zadar, celle de Frank Ntilikina s’est produite dans une ambiance feutrée, avec une seule tribune, qui détonne avec ce qui est pour ces jeunes le grand événement de leur carrière. Pas de chance pour les Turcs, eux qui avaient récolté 5 médailles dont deux d’or en 7 éditions, ils ont terminé 12e de celle qu’ils ont organisé.
Frank Ntilikina atteint le sublime en finale
Le début de la finale fut marqué par la nervosité. Normal. Quelques pénétrations tranchantes et une défense de plomb permirent aux Bleus une première envolée (20-12, 10e). Mais les Lituaniens jamais ne perdirent leurs esprits et Arnoldas Kulboka (28 pts, 8/15 à trois-points) rappela que le shoot est la griffe de l’école de basket de son pays. Ce premier avantage fut annulé avant que la France ne s’en fasse un second sur un panier bonifié de Frank Ntilikina au buzzer (36-28, 20e). La Lituanie avait souffert face au mur français (28,1% de réussite générale aux shoots).
C’est dans le troisième quart que Frank Ntilikina (31 points, 11/16 aux shoots dont 7/10 à trois-points) réussit à peu près tout ce qu’il a entrepris. Trente franchises NBA étaient prêtes à lui faire un chèque à sa sortie du terrain ! La France s’offrit jusqu’à quatorze points de crédit (52-38) que l’on croyait décisifs. Pas du tout ! Les Lituaniens cravachèrent et subitement la lumière s’était éteinte en attaque pour les Bleus. 12 à 1. Soit 53-52. Mais jamais les Baltes ne purent passer devant et Frank Ntilikina si rassurant balle en main assura la manœuvre méritant pour le moins le titre de MVP de l’Euro. En attendant encore beaucoup plus.
Les résultats de la France :
France-Russie : 53-48
France-Slovénie : 81-50
France-Serbie : 71-68
France-Bosnie : 75-61
France- Italie : 82-72
France-Lituanie : 75-68
La box-score de la finale est ici
Les stats finales des Français sont ici
Le site de l’Euro U18 est ici
All-Star Five
Davide Moretti (Italie), Frank Ntilikina (France, MVP), Sekou Doumbouya (France), Tadas Sedekerskis (Lituanie), Isaiah Hartenstein (Allemagne).
Les champions d’Europe
Nom | Prénom | Date de naissance | Taille | Club |
DESSEIGNET | Thibault | 15/09/1998 | 182 | Bourg |
DIAWARA | Elhadji-digue | 03/10/1998 | 205 | Lyon-Villeurbanne |
DOUMBOUYA | Sekou | 23/12/2000 | 202 | Poitiers |
FEVRIER | Ivan | 08/02/1999 | 202 | CFBB (Liévin) |
MOKOKA | Adam | 18/07/1998 | 188 | Gravelines |
NDOYE | Abdoulaye | 09/03/1998 | 198 | Cholet |
NTILIKINA | Frank | 28/07/1998 | 196 | Strasbourg |
RAMBAUT | Jules | 06/04/1998 | 204 | Châlons-Reims |
TCHOUAFFE | Bathiste | 19/05/1998 | 196 | Nanterre |
VAUTIER | Bastien | 15/11/1998 | 210 | Nancy |
VERGIAT | Timothé | 07/03/1998 | 190 | Hyères-Toulon |
WOGHIREN | Warren | 23/10/1998 | 212 | Cholet |
Les médailles de la France en U18
Année Médaille Repères joueurs
1964 Argent Pierre Galle, Daniel Ledent, Jean-Pierre Staelens
1992 Or Laurent Sciarra, Olivier Saint-Jean, Laurent Foirest, Cyril Julian
1996 Argent Jérôme Moiso, Jo Gomis, Aymeric Jeanneau
2000 Or Tony Parker, Boris Diaw, Mickaël Pietrus, Ronny Turiaf, Yakhouba Diawara
2004 Bronze Johan Petro, Ian Mahinmi, Charles Kahudi
2006 Or Nicolas Batum, Adrien Moerman, Antoine Diot, Alexis Ajinça, Edwin Jackson, Kim Tillie
2009 Argent Evan Fournier, Léo Westermann
2016 Or Frank Ntilikina, Sekou Doumbouya, Adam Mokoka, Bathiste Tchouaffe, Elhadji Diawara