Le monde entier a découvert son génie durant l’été 2019. Après avoir conquis la médaille d’argent à la Coupe du Monde en Chine, Facundo Campazzo (1,79m, 29 ans) s’apprête à quitter le Real Madrid pour la NBA.
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Lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012, Manu Ginobili a eu ce commentaire mi-figue, mi-raisin : « C’est la première fois que je vois un meneur ventru de 20 ans. » La pique était adressée à Facundo Campazzo et elle lui a longtemps trotté dans sa tête car il avait effectivement un problème de surpoids forcément préjudiciable.
Lorsqu’il a déménagé à Murcie, le petit meneur argentin a immédiatement demandé le concours du kinésiologue Paulo Maccari, un cousin de Manu Ginobili, qui et aujourd’hui membre du staff de l’équipe d’Argentine où il est responsable de la nutrition des joueurs. « Je suis fatigué d’être traité comme un petit gros. Je veux que tu me fasses la même chose que tu as fait à Manu », a imploré Campazzo lors d’une conversation avec Maccari. Ensemble, ils ont décidé que le joueur allait expérimenter la Méthode Busquet, un régime qui aurait permis à Ginobili de poursuivre une carrière longue et fructueuse.
Environ 400 kilomètres séparent Madrid où habite Maccari de Murcie où jouait alors Campazzo, un voyage que le kiné n’a pas voulu faire pour rien. « Je lui ai dit ‘si tu t’engages, tu m’auras à tes côtés à tout moment’. Il a juré qu’il se conformerait à tout ce que je lui disais, et ce fut fait ainsi », a révélé Paulo Maccari. « Je suis venu chez Facu à Murcie et j’ai ouvert le réfrigérateur. Après cela, j’ai décidé de jeter tous les produits. Il était nécessaire de créer tout son régime à partir de zéro. » Depuis, Campazzo ne consomme plus de produits laitiers, céréales, sucre, pommes de terre, tomates, poivrons, aubergines, légumineuses, farine, pâtes et ne mange pratiquement pas de viande rouge. Son régime est basé sur beaucoup de poisson, de légumes, d’œufs (de préférence de la ferme) et de graisses saines (avocats, amandes, noix, noisettes, noix de coco). Il a commencé à se forger un corps d’athlète et il s’est vite doté d’une force physique qui lui a permis de ne plus être handicapé par sa taille réduite.
Un autre précieux conseil que Campazzo a reçu de Manu Ginobili, ce sont les bienfaits de la « Oura Ring » du professeur de neurosciences à l’université de Berkeley, Matthew Walker. Cet anneau fonctionne avec une application qui fournit des données sur les différentes phases du sommeil, la fréquence respiratoire, la fréquence cardiaque, la température corporelle, les mouvements et rythmes quotidiens, ainsi que l’intensité, le temps et la durée de l’exercice et le temps d’un mode de vie sédentaire. L’anneau suggère comment améliorer la qualité de son sommeil et indique quels jours sont propices à un exercice vigoureux et lesquels ne le sont pas. Il permettrait d’augmenter la concentration du joueur, d’optimiser le processus d’entraînement et la qualité du repos. Voici donc les secrets de Facundo Campazzo.
Mais ses talents d’artiste ne doivent rien à la science.
Un enfant hyperactif
Pourtant même sa mère ne savait pas qu’elle avait enfanté un génie du basket. « Même moi, je suis étonné des progrès de Facundo », a-t-elle avoué récemment. « Tout s’est passé si vite au fil des ans que personne ne se rend vraiment compte de ce que Facundo a réalisé, du niveau qu’il a atteint. Mon fils se sent calme, confiant et mature sur le terrain. Ce que je vois à l’extérieur se reflète à l’intérieur. Tout est en ordre dans sa vie personnelle. Il s’est marié et attend un bébé. » Ce fut une fille, prénommée Sara.
La mère admet que Facu était un enfant hyperactif. Cette énergie, il l’a utilisée sur le terrain de basket lorsqu’elle l’a inscrit dans l’équipe municipale de Cordoue. Facundo a un frère aîné, Marcelo, mais son père a eu plus tard trois autres enfants dans une relation avec une autre femme. Facu a grandi avec Marcelo, dont il est toujours très proche. « Enfant, Facu était terrible. Ce n’était pas une question de comportement. Il s’est très bien comporté à l’école. Mais en raison de son hyperactivité, il cherchait toujours quelque chose à faire et se plaignait constamment de s’ennuyer…. Il a joué au basket à l’extérieur de la maison. Un jour, il a lancé une balle si fort qu’un énorme morceau de plâtre est tombé à l’intérieur de la maison sur la télévision. Qu’est-ce que je lui ai dit ? Il faut que tu apprennes à mieux lancer ! Il a eu la chance que ce morceau de plâtre ne soit pas tombé sur lui », raconte la mère.
Marcelo a décidé de jouer au football, tandis que Facundo préférait le basket-ball. Le choix entre ces deux sports est typique des jeunes Argentins. Bien sûr, la plupart des garçons se dirigent vers le football, mais l’Argentine est aussi célèbre pour la qualité de ses écoles de basket-ball. « Son frère aîné voulait que Facu joue au football avec lui », précise sa mère. « Facundo a commencé à bien jouer au football et il voulait faire les deux sports en même temps. Mais c’était impossible et il a opté pour le basket-ball à 11 ans. Bien sûr, l’entraîneur de football voulait me tuer car, selon lui, Facu était le meilleur joueur de sa catégorie d’âge. » À 15 ans, l’adolescent jouait déjà au basket avec des jeunes de 18 ans… « J’ai donné à Facundo 3-4 minutes par match. Mais son regard a attiré mon attention. Il avait une étincelle spéciale dans ses yeux. Malgré la différence d’âge, il n’avait peur de rien. Il avait déjà des feintes intéressantes dans son arsenal », se souvient Osvaldo Echevarria, l’un des premiers entraîneurs de Campazzo. Facundo était un rat de gymnase comme en témoigne sa mère : « Il était au club de 15h00 jusqu’à 21h00, quand j’allais le chercher. Et il était toujours sur le terrain de basket. Je me souviens des étés où ses amis s’amusaient dans la piscine et lui criaient de venir sauter du trampoline, mais il restait shooter, avec la chaleur qu’il faisait sous ce hangar … »
La peur du noir
Puis il y a eu une transition vers Peñarol de Mar Del Plata. Ce club est devenu une famille pour Facundo, et il a été choyé pendant six saisons. Au cours de ses premières années là-bas, Campazzo a vécu dans un hôtel. Parfois, une phobie enfantine se faisait sentir. Il avait toujours peur du noir et des fantômes, criait souvent la nuit, et il devait dormir avec les lumières ou la télévision allumées. Parfois même, il allait se réfugier chez un dirigeant. Paradoxal pour un homme qui est sans peur et sans reproche sur un terrain de jeu. Auparavant, Campazzo avait également peur du vide et de voler en avion, mais il a su depuis maîtriser ses émotions.
Campazzo s’est rapidement fait un nom à Peñarol et il est devenu champion national avec les équipes U16 et U18. L’entraîneur Sergio Hernandez, sous la direction duquel Facundo brillera plus tard à la Coupe du Monde en Chine, lui a donné alors la possibilité d’intégrer l’équipe nationale. Facundo Campazzo a reçu le trophée réservé au meilleur rookie du championnat argentin en 2009, de MVP de la Coupe d’Argentine en 2010 et de MVP de la finale du championnat en 2012 et 2014. Toutes ces succès ont été remarqués par les scouts du Real Madrid. Même s’il rêvait de NBA, le Real était la meilleure option pour développer sa carrière à l’époque. Cependant, après avoir déménagé en Espagne, son horizon s’est avéré être bouché.
Campazzo a brillé à Murcie où il fut prêté deux saisons mais la route du Real Madrid était toujours fermée du fait que Sergio Llull était au Zénith de sa carrière. Seulement, lors d’un match amical de l’équipe nationale espagnole avant l’EuroBasket 2017, l’international espagnol s’est déchiré les ligaments croisés. Le Real Madrid n’avait tout simplement pas d’autre choix que de rapatrier Facundo dans l’équipe. Un tournant dans sa carrière. C’est avec le départ de Luka Doncic en NBA et la saison 2018-19 que Campazzo a réalisé une véritable percée. Il a pu mettre à profit tout ce qu’il avait engrangé comme expérience en Europe.
« Cela m’a aidé à améliorer de nombreux aspects de mon jeu. En Argentine, je n’en avais pas vraiment besoin ; par exemple, c’était facile pour moi d’obtenir un lay-up inversé, mais ici, vous avez beaucoup de joueurs athlétiques, qui sont très grands et longs. En ce sens, jouer à un niveau plus élevé en Europe m’a beaucoup aidé à devenir un meneur plus polyvalent. Jouer à ce niveau nous aide à comprendre un peu mieux le jeu. Parfois, c’est comme s’écraser contre un mur, mais vous continuez à apprendre. Cela m’aide beaucoup et heureusement, c’est un sport d’équipe. Mes coéquipiers m’ont aidé à jouer avec beaucoup de confiance. J’espère que mon niveau de jeu continue de s’améliorer, » confiait-il alors au site de l’Euroleague.
Le joueur le plus spectaculaire de la Coupe du monde
La saison 2018/19 a été une véritable percée pour Campazzo. L’Argentin est devenu le MVP d’avril en Euroleague, et lors du match pour la troisième place contre Fenerbahce, il a donné 15 passes décisives, ce qui est un record dans l’histoire du Final Four. De plus, il a reçu le prix de MVP pour la finale du championnat espagnol. Toute sa classe a été ensuite reconnue sur toute la planète à travers la Coupe du Monde en Chine grâce à son exubérance, sa pétulance, ses traits de génie, sa résistance. Dans une vidéo, la FIBA a collecté plus de 18 minutes de temps forts de Campazzo et s’il y avait eu un prix pour le joueur le plus spectaculaire, il serait certainement reparti avec.
L’Argentin a façonné un superbe double double (18 points et 12 passes) en quart-de-finale face à la Serbie. Il a cumulé 12 points, 7 rebonds et 6 passes face à la France en demi. C’est ainsi que l’Albiceleste est parvenue en finale face à l’Espagne où s’il a eu du mal à trouver la mire (2/11), il a fait encore 8 passes et 4 interceptions. Seul l’Espagnol Ricky Rubio a pu l’empêcher d’être nommé dans le cinq all-stars du tournoi au poste de meneur.
La NBA est la dernière marche.
La confiance de Luis Scola
Juste avant la Coupe du monde, à propos de la ligue américaine, il confiait à Eurohoops : « En fait, je n’y pense pas beaucoup. Peut-être que les années précédentes, j’étais obsédé par la NBA ou que j’étais pressé… J’étais vraiment obsédé. Mais maintenant je suis dans une phase plus détendue, plus calme et c’est pourquoi j’ai renouvelé mon contrat pour trois ans ici. Je me sens très à l’aise, je me sens important, je me sens responsable, je me sens sous pression, et après tout c’est ce que je recherchais, je me sens entouré de coéquipiers incroyables, c’est un très bon groupe humain. Vous ne changez rien à ce confort. Si ça vient demain, elle sera la bienvenue, mais en ce moment je suis bien au Real Madrid. »
Facundo était devenu le leader du Real Madrid où il était traité comme un roi. Il avait l’un des trois plus gros salaires de l’équipe. « Enfant, je rêvais de devenir comme Steve Nash ou Jason Kidd. Je veux toujours trouver un nouveau et grand défi dans ma carrière. Mais, bien sûr, pas à n’importe quel prix », déclarait-il alors. Sa réussite à la Coupe du Monde a visiblement modifié la donne. Il a changé d’agent, devenant comme Stephen Curry client de l’agence Octagon. Et surtout d’état d’esprit après que les Minnesota Timberwolves, les Dallas Mavericks et les San Antonio Spurs aient manifesté leur intérêt pour sa personne. Il a donc pris la décision de quitter le Real, qui lui a confirmé le montant astronomique de la clause de sortie : 6 millions d’euros. Et comme la franchise NBA ne peut pas verser un buyout supérieur à 750 000 $, il doit mettre la différence de sa poche ! Il joue donc actuellement gratuitement pour le Real en attendant la prochaine saison NBA. L’Argentin prend évidemment le risque de se blesser gravement, ce qui pourrait décourager une franchise de lui faire confiance, mais les risques, il aime ça.
Les médias espagnols ont calculé qu’il pourrait jouer son dernier match avec le Real face à Manresa le 22 novembre avant de franchir l’Atlantique. Son départ déstabilisera à coup sûr l’équipe madrilène car le coach Pablo Laso ne fait toujours pas confiance à Nico Laprovittola, Carlos Alocen, 20 ans à la fin de l’année, est encore bien jeune pour avoir les commandes d’une telle armada et il est toujours aléatoire de recruter à cette époque dans le surplus américain.
Facundo Campazzo tout comme Gabriel Deck ont la pleine confiance de leur équipier en équipe nationale, Luis Scola. « Mon conseil à tout joueur du monde qui a la possibilité d’aller en NBA est toujours qu’il se rende en NBA, sauf si vous êtes très jeune et là il vaut mieux attendre un an. Ce n’est pas le cas de Facu et Gaby, ils ont le niveau pour jouer et s’ils ont l’opportunité d’aller dans la meilleure ligue du monde, ils doivent essayer d’en tirer le meilleur parti et il n’y a aucune raison de ne pas aller en NBA. »
En attendant, Campazzo patiente. Et s’il trouve le temps long, ce n’est pas forcément en raison de sa promotion professionnelle à venir. En fait, à cause des mesures de quarantaine qui isolent Madrid, sa mère n’a toujours pas pu voir sa petite-fille Sara qui va avoir un an dans quelques jours. « En ce moment, ma maison est à Madrid, mais Córdoba est toujours ma maison. Ma vieille mère est là-bas, je veux la chaleur des gens, des enfants, de la famille, manger un barbecue avec mes proches, jouer au football avec les enfants, sortir avec mon frère. Chaque fois que le temps passe, tout cela me manque un peu plus et ce coronavirus me tue, car il me semble que ma mère va rencontrer Sara pour ses 15 ans, » a-t-il déclaré entre ironie et amertume.
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Lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012, Manu Ginobili a eu ce commentaire mi-figue, mi-raisin : « C’est la première fois que je vois un meneur ventru de 20 ans. » La pique était adressée à Facundo Campazzo et elle lui a longtemps trotté dans sa tête car il avait effectivement un problème de surpoids forcément préjudiciable.
Lorsqu’il a déménagé à Murcie, le petit meneur argentin a immédiatement demandé le concours du kinésiologue Paulo Maccari, un cousin de Manu Ginobili, qui et aujourd’hui membre du staff de l’équipe d’Argentine où il est responsable de la nutrition des joueurs. « Je suis fatigué d’être traité comme un petit gros. Je veux que tu me fasses la même chose que tu as fait à Manu », a imploré Campazzo lors d’une conversation avec Maccari. Ensemble, ils ont décidé que le joueur allait expérimenter la Méthode Busquet, un régime qui aurait permis à Ginobili de poursuivre une carrière longue et fructueuse.
Environ 400 kilomètres séparent Madrid où habite Maccari de Murcie où jouait alors Campazzo, un voyage que le kiné n’a pas voulu faire pour rien. « Je lui ai dit ‘si tu t’engages, tu m’auras à tes côtés à tout moment’. Il a juré qu’il se conformerait à tout ce que je lui disais, et ce fut fait ainsi », a révélé Paulo Maccari. « Je suis venu chez Facu à Murcie et j’ai ouvert le réfrigérateur. Après cela, j’ai décidé de jeter tous les produits. Il était nécessaire de créer tout son régime à partir de zéro. » Depuis, Campazzo ne consomme plus de produits laitiers, céréales, sucre, pommes de terre, tomates, poivrons, aubergines, légumineuses, farine, pâtes et ne mange pratiquement pas de viande rouge. Son régime est basé sur beaucoup de poisson, de légumes, d’œufs (de préférence de la ferme) et de graisses saines (avocats, amandes, noix, noisettes, noix de coco). Il a commencé à se forger un corps d’athlète et il s’est vite doté d’une force physique qui lui a permis de ne plus être handicapé par sa taille réduite.
Un autre précieux conseil que Campazzo a reçu de Manu Ginobili, ce sont les bienfaits de la « Oura Ring » du professeur de neurosciences à l’université de Berkeley, Matthew Walker. Cet anneau fonctionne avec une application qui fournit des données sur les différentes phases du sommeil, la fréquence respiratoire, la
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