Journaliste grec depuis 30 ans, ancien correspondant pour des magazines français, Yannis Psarakis suit toujours de très près le basket européen. Lors de notre passage à Athènes, il a accepté de répondre à nos questions. Une interview sans tabou.
[arm_restrict_content plan= »registered, » type= »show »]
D’une façon générale, le basket grec a-t-il été affecté par la crise financière ?
Bien sûr. Même les deux éternels adversaires que sont l’Olympiakos et le Panathinaïkos ont dramatiquement réduit leur budget. Les plus petites équipes commencent à recruter des joueurs étrangers et les payent pas plus de 500 euros par mois ou par match dans certains cas ! Le côté positif c’est que quelques équipes ont commencé à utiliser des jeunes joueurs issus de la formation grecque. Chose qui n’était pas arrivé très souvent lors de la dernière décennie.
Dans quelle situation financière sont les clubs grecs ?
Pour l’instant ils survivent. Ils affichent des budgets de moins de 400 ou 500 000 euros par an dans certains cas. Les équipes gagnent entre 300 et 400 000 euros provenants des droits TV et du sponsoring de la ligue -certaines équipes ont plus, d’autres ont moins- à part, évidemment, l’Olympiakos, le Panathinaïkos et l’AEK Athènes. Ils ont leur propre accord avec une chaine du câble (Cosmote TV) et leur sponsor qui est… le concurrent du sponsor de la ligue. Les trois équipes ont des accords avec trois sociétés de paris sportifs différentes de celle qui travaille avec la ligue ! Et bien sûr, ces clubs gagnent cinq ou six fois plus d’argent que les autres équipes.
Y a-t-il beaucoup de clubs qui ont des problèmes pour verser les salaires ?
Actuellement non. Et c’est parce que les salaires des joueurs sont bas. Les clubs savent qu’ils ne peuvent pas jouer avec le tribunal de la FIBA après que l’Aris (le club de Salonique a été puni pour la deuxième année de suite et pour la cinquième fois en huit saisons) et le PAOK (l’autre club de Salonique a été puni une fois il y a quelques années) ont eu des restrictions pour les transferts de la part de la FIBA.
Quelle a été l’évolution de la diffusion des matches à la télévision et les taux d’écoute ?
Les fans continent de regarder les matchs, mais pas ceux de championnat. L’Euroleague capte toute l’attention et toutes les autres compétitions sont à des années lumières derrière. On peut le comprendre en voyant la publicité et les accords signés par la ligue. Il n’y a pratiquement pas de pubs pendant les matchs télévisés. Par exemple, il y a 20 ans, quand la ligue grecque était la meilleure d’Europe, les droits TV étaient vendus pour pratiquement un milliards de drachmes. Ce qui correspond à quelque chose comme trois millions d’euros, une très grosse somme d’argent pour cette époque. Aujourd’hui, les droits TV ne valent pas plus d’un million d’euros pour onze équipes, à part donc pour l’Olympiakos, le Panathinaïkos et l’AEK.
« Il y a des fans, même du Panathinaïkos, qui n’aiment pas du tout ses « méthodes » et ses réactions, mais… il a l’argent »
Comment est considéré Dimitris Giannakopoulous en Grèce ?
Comme un… spécial propriétaire-fan du Panathinaïkos. Il a un nom de famille très respecté, mais il est d’un genre complètement différent. Il a une… personnalité explosive (sic). Il y a des fans, même du Panathinaïkos, qui n’aiment pas du tout ses « méthodes » et ses réactions, mais… il a l’argent, il paye pour l’équipe donc finalement personne ne veut que ça change… si vous voyez où je veux en venir…
Est-ce lui qui donne directement de l’argent au Panathinaikos ou ce sont ses sociétés ?
Il n’y a pas « d’argent personnel » dans ce monde. Mêmes les milliardaires ont de l’argent grâce à leurs sociétés. Donc, c’est ce qui se passe avec Mr. Giannakopoulos. Après la mort de Pavlos (le père) et Thanassis (l’oncle) Giannakopoulos, il est devenu le co-propriétaire de VIANEX, une sociétés pharmaceutique, avec Katerina, la fille de Thanassis Giannakopoulos. DPG (Dimitris -Pavlos- Giannakopoulos) possède sa propre société de média (DPG Media) mais l’argent pour l’équipe vient de VIANEX, qui est l’une des plus grosses sociétés pharmaceutique des Balkans et d’Europe.
Sa menace de quitter l’Euroleague pour la Basketball Champions League est-elle sérieuse ?
Non pas du tout ! Il a juste essayé de mettre une pression sur l’Euroleague pour avoir un meilleur arbitrage sur les matchs de son équipe. Les équipes d’Euroleague ont un contrat de 10 ans et ils doivent payer une très grosse somme d’argent -quelque chose comme deux ou trois millions d’euros, peut-être plus que ça- s’ils souhaitent partir. Ce qui était le plus plausible après ce qu’il a dit sur son compte Instagram à propos de Jordi Bertomeu et l’Euroleague, aurait été que l’Euroleague le vire. Plus plausible que son propre départ avec son équipe.
Et la menace de l’Olympiakos de quitter la Ligue grecque pour l’Adriatic League ?
Ce n’est pas la même chose. L’Euroleague est une société privée avec des accords entre la société et les co-propriétaires de cette ligue, les équipe). La ligue grecque est totalement différente. Il n’y a pas d’accord, pas de buyout. Donc si l’Olympiakos veut partir, il peut. Mais s’il souhaite revenir, le club devra jouer dans la plus petite ligue du Pirée dans le but de remonter en première division après cinq ans minimum. Je ne sais vraiment pas ce que les frères Aggelopoulos souhaitent faire. Je pense qu’eux-mêmes ne le savent pas…
« Ce n’est pas facile « d’accepter » un gars d’origines nigérianes même si lui et ses frères sont nés en Grèce. »
Quel est le prix moyen pour assister à un match d’Euroleague du Panathinaikos et de l’Olympiakos ?
Pour un match de championnat, un billet coûte en moyenne dix euros. Pour l’Euroleague le prix est doublé, voire triplé, 20-30 euros (NDLR: le salaire moyen en Grèce est d’environ 700 euros).
Les supporters qui viennent pour les grands matches sont-ils les mêmes qui vont au football ?
La plupart du temps, oui. Et c’est bien le problème. Les hooligans des deux équipes viennent seulement lors des gros matchs contre « l’éternel adversaire ». Panathinaïkos s’est construit une fan base estampillée basket durant les années 2000 et continue de la garder aujourd’hui. L’Olympiakos est toujours en train d’essayer de se créer cette fan base basket, mais elle est bien plus petite que celle du Pana. Panathianïkos a battu un record d’abonnements cette saison avec 9 720 ! L’Olympiakos en compte environ 3 500.
Pourquoi y a-t-il encore des incidents lors de certains matches notamment entre le Panathinaikos et l’Olympiakos ?
Réponse simple. Parce qu’en Grèce, pas seulement aujourd’hui, mais depuis la création du pays il y a des lois qui ne sont pas appliquées. Supporters, hooligans, équipes ou encore les propriétaires continuent à créer des problèmes et des problèmes, car ils savent qu’ils ne seront pas punis. Et s’ils ont punis, il y a toujours une façon de réduire ou annuler cette sanction. Même si nous parlons de fans, d’équipes, de propriétaires.
Les fautifs sont-ils sanctionnés (prisons, amendes…) ?
(Rires) Jamais. Jamais. Jamais.
A quel niveau de popularité se situe Giánnis Antetokoúnmpo en Grèce ?
Pas autant qu’on pourrait le croire. Vous savez, beaucoup de Grecs sont très… fiers de leur pays et de son histoire. Ce qui signifie qu’ils n’acceptent pas les autres. Ce qui veut dire qu’ils ont un comportement un peu raciste. Ce n’est pas facile « d’accepter » un gars d’origines nigérianes même si lui et ses frères sont nés en Grèce. Ce que je veux dire c’est que, si Giannis était blanc, il aurait pu être beaucoup plus populaire et c’est vraiment dommage. Et je ne parle pas du parti d’extrême droite de Hrisi Avgi (Aube Dorée) qui l’a attaqué plusieurs fois verbalement. La plupart des gens l’aiment parce qu’il est le meilleur joueur du monde et c’est tout. Mais vous savez, Giannis a fait partie des chanceux. Des millions de réfugiés vont et viennent en Grèce depuis 30 ans, la plupart meurent, ont été tués, noyés dans la mer. Giannis, fils d’un couple de réfugiés, était un sur un million…
« Le système de l’Euroleague est très dur. Les équipes doivent avoir au moins dix joueurs de première classe et un effectif de quatorze ou seize joueurs prêts à jouer et être compétitifs »
Suivez-vous le basket français ?
Depuis que j’ai commencé dans le journalisme, il y a 30 ans. J’ai travaille avec plusieurs magazines français en tant que correspondant grec. Maxi Basket, Basket Hebdo (pendant presque cinq ou six ans) et je suis votre championnat tous les ans.
Que pensez-vous du niveau de la Jeep Elite ?
Il n’est plus ce qu’il était. Les bons joueurs français me manquent. Comme l’étaient Rigaudeau, Bonato et beaucoup d’autres. Limoges ou Orthez étaient habitués à avoir une base de joueurs français et c’est pourquoi ils ont joué tant d’années en Euroleague pendant les années 90. Même l’ASVEL à la fin des années 90. Aujourd’hui, la plupart des équipes sont formées par des joueurs américains. Il n’y a plus de joueurs provenants de l’INSEP ou de plus petites équipes comme ce fut le cas lors des dernières décennies.
Que pensez-vous de l’arrivée de l’ASVEL en Euroleague ?
J’aime beaucoup. Les salles françaises me manquent. J’ai pu aller dans plusieurs salles comme Beaublanc, le Palais des Sports de Pau, l’Astroballe, Antares et d’autres et j’aime vraiment l’atmosphère qu’on y troue. Polie et douce mais aussi bruyante ! L’ASVEL de Tony Parker doit investir de l’argent pour construire une grosse équipe.
Pensez-vous que le club peut réussir quelque chose ?S’ils se paye un gros effectif, oui. Le système de l’Euroleague est très dur. Les équipes doivent avoir au moins dix joueurs de première classe et un effectif de quatorze ou seize joueurs prêts à jouer et être compétitifs. Autrement, ils perdront la plupart des matchs comme le Darussafaka, Podgorica et Gran Canaria le font cette saison. C’est très dur de jouer un gros match ou deux, une fois par mois toutes les semaines avec, en plus, le déplacement. Le plus souvent, les équipes voyagent, jouent et ne s’entrainent pas. Donc chaque équipe qui souhaite être compétitive doit être très forte et se constituer un effectif très profond.
[armelse]
D’une façon générale, le basket grec a-t-il été affecté par la crise financière ?
Bien sûr. Même les deux éternels adversaires que sont l’Olympiakos et le Panathinaïkos ont dramatiquement réduit leur budget. Les plus petites équipes commencent à recruter des joueurs étrangers et les payent pas plus de 500 euros par mois ou par match dans certains cas ! Le côté positif c’est que quelques équipes ont commencé à utiliser des jeunes joueurs issus de la formation grecque. Chose qui n’était pas arrivé très souvent lors de la dernière décennie.
Dans quelle situation financière sont les clubs grecs ?
Pour l’instant ils survivent. Ils affichent des budgets de moins de 400 ou 500 000 euros par an dans certains cas. Les équipes gagnent entre 300 et 400 000 euros provenants des droits TV et du sponsoring de la ligue -certaines équipes ont plus, d’autres ont moins- à part, évidemment, l’Olympiakos, le Panathinaïkos et l’AEK Athènes. Ils ont leur propre accord avec une chaine du câble (Cosmote TV) et leur sponsor qui est… le concurrent du sponsor de la ligue. Les trois équipes ont des accords avec trois sociétés de paris sportifs différentes de celle qui travaille avec la ligue ! Et bien sûr, ces clubs gagnent cinq ou six fois plus d’argent que les autres équipes.
Y a-t-il beaucoup de clubs qui ont des problèmes pour verser les salaires ?
Actuellement non. Et c’est parce que les salaires des joueurs sont bas. Les clubs savent qu’ils ne peuvent pas jouer avec le tribunal de la FIBA après que l’Aris (le club de Salonique a été puni pour la deuxième année de suite et pour la cinquième fois en huit saisons) et le PAOK (l’autre club de Salonique a été puni une fois il y a quelques années) ont eu des restrictions pour les transferts de la part de la FIBA.
Quelle a été l’évolution de la diffusion des matches à la télévision et les taux d’écoute ?
[/arm_restrict_content]
[arm_restrict_content plan= »unregistered, » type= »show »][arm_setup id= »2″ hide_title= »true »][/arm_restrict_content]