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La place des U21 en Europe: Croatie et Serbie, les pouponnières du continent

Où en Europe les U21 jouent-ils le plus ? Facile : en Croatie et en Serbie, traditionnels réservoirs de jeunes joueurs de qualité. Un réservoir quasi-illimité, mais quantité rime-t-elle avec qualité ?

Où en Europe les U21 jouent-ils le plus ? Facile : en Croatie et en Serbie, traditionnels réservoirs de jeunes joueurs de qualité. Un réservoir quasi-illimité, mais quantité rime-t-elle avec qualité ?

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Sur 495 U21 ayant foulé les parquets d’un championnat national de haut niveau en Europe, 161 l’ont fait dans les championnats « locaux » (par opposition à l’Adriatic League, qui regroupe des clubs de la plupart des pays de l’ex-Yougoslavie) croate et serbe. Et si l’on se concentre sur les joueurs ayant un véritable rôle (plus de 5 minutes par match sur plus du tiers des matchs joués), on passe de près de 33 % de joueurs de ces championnats à plus de 44 % : 105 des 238 U21 des principaux championnats européens ayant un rôle évoluent en Croatie ou en Serbie !

Cela étant, il existe des différences entre les deux compétitions. La première tient au fait que les grands clubs croates – Cedevita et Cibona Zagreb, Split, Zadar – évoluent dès le début de saison dans leur championnat domestique alors que leurs homologues serbes (Étoile Rouge, Partizan, Mega Bemax, FMP Belgrade) n’y participent qu’à partir des play-offs, laissant les équipes « mineures » s’expliquer pendant la première phase. La seconde, conséquence logique de la première, tient au fait que le championnat croate accorde encore plus de place aux U21 que le serbe. Mais, dans les deux cas, les chiffres sont impressionnants.

En Croatie, 76 U21 ont participé à au moins une rencontre (dont 3 dans deux équipes différentes) et 48 ont eu un temps de jeu important – ils sont même 42 à jouer plus de 10 minutes par match (et 20 plus de 20 mn/match !). Le tout avec un rendement assez impressionnant : pour 17,5 minutes en moyenne, ils produisent 6,96 points et 7,14 d’évaluation. Et le championnat est très « local » : seuls deux U21 étrangers (un Slovaque et un Néerlandais) y évoluent, avec bonheur puisque le Slovaque Mario Ihring fait partie de notre cinq majeur.

En Serbie, donc, les plus grands clubs ne participent pas à la saison régulière, durant laquelle s’ébattent pléthore d’U21 : 85 ont foulé les parquets au moins une fois (dont un dans deux clubs) et 57 jouent un vrai rôle. Ce qui se traduit, dans les stats, par un temps de jeu moyen de 16,3 minutes pour 6,17 points et autant d’éval. Comparativement à son homologue croate, le championnat serbe est beaucoup plus ouvert aux U21 venus d’ailleurs : on y dénombre 14 étrangers, dont 9 ayant un vrai rôle. Si la plupart viennent des républiques ex-yougoslaves (Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Slovénie), d’autrent arrivent de Bulgarie, de Russie, du Congo et même de Chine (Zhao Xuxin, un poste 4 né en 1999 évoluant à Beovuk, l’une des nombreuses équipes de Belgrade) !

Quel niveau ?

À lire ces chiffres, on pourrait penser que des contingents de forts joueurs serbes et croates vont déferler dans les années à venir. Mais il faut relativiser ces statistiques : d’une part, les championnats domestiques croate et serbe ne sont pas de très haut niveau (surtout dans sa première phase pour la Serbie), d’autre part, hormis le cas atypique du Mega Bemax (équipe essentiellement composée d’U21 sous contrat avec une agence de joueurs), les jeunes joueurs de ces équipes serbo-croates ne ressortent pas forcément du lot en Ligue Adriatique et encore moins à l’échelon de l’Eurocup – où seuls trois joueurs (les Serbes Borisa Simanic de l’Étoile Rouge et Vanja Marinkovic du Partizan, ainsi que le Bosnien Amar Gegic du Partizan) jouent un vrai rôle. Et l’on remarquera par ailleurs qu’un très petit nombre de joueurs de ces deux pays évoluent en U21 dans d’autres championnats majeurs, à l’inverse de ce que l’on pouvait constater il y a quelques années : outre Stefan Peno, meneur serbe de l’Alba Berlin, on ne recense que deux Serbes en Italie (Mihajlo Jerkovic à Venise et Vojislav Stojanovic à Crémone, seul le second ayant un véritable temps de jeu) et… c’est tout ! Même l’Espagne, friande des espoirs de toutes nationalités, « boude » les Serbes et les Croates – mais elle continue à « faire son marché » en Bosnie, en Macédoine, au Monténégro ou en Slovénie… (nous y reviendrons dans la partie consacrée au championnat ibérique).

Faut-il en conclure à une baisse du niveau dans ces deux pays ? Ce serait aller un peu vite, comme le rappellent les résultats obtenus lors des derniers championnats européens de jeunes par ces deux nations : or en U16 et argent en U20 pour les Croates en 2018, or en U18 en 2017 et 2018, bronze en U16 pour les Serbes. Au final, on pourrait déduire de tout cela que l’élite des jeunes joueurs croates et serbes reste au plus haut niveau mais que, contrairement à ce que pourraient laisser penser les chiffres « bruts », la quantité de jeunes pouvant rêver de haut niveau est moindre que quelques années plus tôt.

Les cinq majeurs

Voyons maintenant quels sont les cinq majeur de ces deux championnats, en commençant par le croate :

Poste Club Nat. Ann. Matchs Min. Pts Eval.
Karlo Uljarevic 1 Adria Cro. 1998 9 33,23 14,1 15,1
Nik Slavica 4 Sibenik Cro. 1997 8 25,55 20,8 19,8
Mario Ihring 2 Osijek Slo. 1998 19 31,32 13,7 15,3
Kresimir Radovcic 2 Zabok Cro. 1997 19 27,12 15,3 14,1
Toni Nakic 4 Sibenik Cro. 1999 20 32,24 13,8 16

On constate que pour 20 matchs joués au moment de notre recension, trois ont joué quasiment tous les matchs, alors que les deux autres (Ujlarevic et Slavica) ont joué respectivement 10 et 9 matchs au Cibona Zagreb avant de rejoindre leur nouveau club, avec des statistiques en nette hausse : de 18,6 minutes, 5,5 points et 7,2 d’éval à 33,2 mn, 14,1 pts et 15,1 d’éval pour Ujlarevic, de 11,2 mn, 4,9 pts et 4,1 d’éval à 25,5 mn, 20,8 pts et 19,8 d’éval pour Slavica. De quoi remettre leurs performances en perspective : ils brillent dans des clubs « mineurs » – Sibenik a terminé 8e du championnat croate, Adria Skrljevo 9e (sur 12).

Toujours est-il que ce cinq majeur, qui comporte un joueur slovaque, présente des stats moyennes mirobolantes : 29,9 minutes de temps de jeu, 15,54 pts et 16,06 d’éval de moyenne. Mais, hormis Toni Nakic, ce sont tous des joueurs de 20 ans et plus, il n’y a donc pas dans ce lot de « petit prodige » à la Luka Doncic.

Mais quelques très jeunes joueurs, sans encore dominer comme les cinq de notre sélection, laissent présager un bel avenir : Roko Prkacin (2002) au Cibona (7,5 pts et 9,3 d’éval en un peu plus de 13 mn), Jan Palokaj (2000) à Bosco (31,3 mn, 12,2 pts, 11,2 d’éval), Jure Planinic (2000) à Zadar (12,6 mn, 7,5 pts, 7,5 d’éval), Maxwell Darling (2000, Pays-Bas) à Osijek (17,1 mn, 5,2 pts, 8,3 d’éval), Ivan Gulin (2001) à Sibenik (10 mn, 2 pts, 2,6 d’éval), Filip Bjelanovic (2002) à Hermes (9,2 mn, 7,3 pts, 6,4 d’éval) ou Karlo Matkovic (2001) au Cedevita : 10,3 mn, 4 pts, 3,9 d’éval.

En Serbie, le cinq majeur (hors équipes d’Adriatic League) est le suivant :

Poste Club Nat. Ann. Matchs Min. Pts Ev.
Milos Glisic 4 KK Belgrade Ser. 1998 25 27,9 12,5 17,5
Novak Music 1 OKK Belgrade Ser. 1998 20 27,2 14,6 18,3
Mihailo Jovicic 2 OKK Belgrade Ser. 1999 22 27,9 10 14
Uros Trifunovic 3 KK Mladost Ser. 2000 25 31,8 13,8 11,4
Nikola Tanaskovic 4 KK Mladost Ser. 1997 16 25,9 13,9 16,7

Hormis Nikola Tanaskovic, tous les autres membres de ce cinq majeur ont joué près de la totalité des matchs du championnat (stats arrêtées à la 26e journée). En moyenne, ces jeunes ont produit 12,96 pts et 15,58 d’éval en 28,14 mn. Et l’on peut remarquer les belles performances de deux joueurs de 18-19 ans, Jovicic de l’OKK Belgrade et Trifunovic du KK Mladost.

Parmi les joueurs nés en 2000 ou après, quelques noms émergent, notamment au OKK Belgrade : Aleksandar Langovic (2001, 25,5 mn, 9,2 pts, 10,4 d’éval), Luka Cerovina (2000, 21,5 mn, 9,3 pts, 10,5 d’éval), Altin Islamovic (2000, 16,8 mn, 6,4 pts, 5,3 d’éval). Au KK Mladost, Dusan, jeune frère de Nikola Tanaskovic, né en 2001, joue 21,4 mn, marque 8,1 pts et produit 10,1 d’éval. Et à Beovuk, Uros Stikovic (2001) vaut 5,8 pts et 4 d’éval en 12,9 mn.

En Ligue Adriatique (à laquelle nous consacrerons ultérieurement un article complet), 4 joueurs de clubs croates et 17 de clubs serbes (dont les bien connus dans nos frontières Luka Asceric, Kostja Mushidi – qui a quitté le club – et Adam Mokoka, tous au Mega Bemax) ont un rôle important dans la ligue, quatre d’entre-eux – Boris Simanic de l’Étoile Rouge, Vanja Marinkovic du Partizan, Nikola Miskovic et Adam Mokoka du Mega Bemax – figurant même dans le cinq majeur des U21 de la compétition.

En Eurocup, compétition où ont sévi le Cedevita Zagreb, l’Étoile Rouge et le Partizan de Belgrade, ils ne sont que 6 U21 à avoir eu un rôle un tant soit peu important, avec le seul Vanja Marinkovic à produire des statistiques équivalentes en Ligue Adriatique et dans cette compétition (respectivement 12,2 pts et 9,2 d’éval en 27,7 mn et 12,4 pts et 8 d’éval en 29,1 mn), les autres ayant soit une production anecdotique, soit en baisse par rapport à l’Adriatic League, sans compter deux joueurs, Aleksa Radanov à l’Étoile Rouge et Aleksandar Aranitovic, présents en Eurocup mais pas en Ligue Adriatique.

En conclusion

En définitive, Croatie et Serbie vont continuer à fournir un contingent étoffé de très bons joueurs, mais peut-être pas de stars aussi fortes que des Milos Teodosic ou Nikola Jokic. Et peut-être aussi en quantité moindre que dans les années passées. Mais ces deux pays restent d’incroyables terreaux de jeunes pousses du basket européen.

Pour accéder au tableau complet, il vous suffit de cliquer ici.

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Sur 495 U21 ayant foulé les parquets d’un championnat national de haut niveau en Europe, 161 l’ont fait dans les championnats « locaux » (par opposition à l’Adriatic League, qui regroupe des clubs de la plupart des pays de l’ex-Yougoslavie) croate et serbe. Et si l’on se concentre sur les joueurs ayant un véritable rôle (plus de 5 minutes par match sur plus du tiers des matchs joués), on passe de près de 33 % de joueurs de ces championnats à plus de 44 % : 105 des 238 U21 des principaux championnats européens ayant un rôle évoluent en Croatie ou en Serbie !

Cela étant, il existe des différences entre les deux compétitions. La première tient au fait que les grands clubs croates – Cedevita et Cibona Zagreb, Split, Zadar – évoluent dès le début de saison dans leur championnat domestique alors que leurs homologues serbes (Étoile Rouge, Partizan, Mega Bemax, FMP Belgrade) n’y participent qu’à partir des play-offs, laissant les équipes « mineures » s’expliquer pendant la première phase. La seconde, conséquence logique de la première, tient au fait que le championnat croate accorde encore plus de place aux U21 que le serbe. Mais, dans les deux cas, les chiffres sont impressionnants.

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Photo: Karlo Uljarevic (FIBA)

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