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Les Bleus ont rendez-vous avec eux-mêmes

L’équipe de France aborde le huitième de finale face à l’Espagne entourée de questions, notamment défensives, et avec le spectre de l’Espagne à l’étape suivante. État des lieux.

L’équipe de France aborde le huitième de finale face à l’Espagne entourée de questions, notamment défensives, et avec le spectre de l’Espagne à l’étape suivante. État des lieux.

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Finalement, Pau Gasol avait raison : la France ne figure pas parmi les favoris de l’EuroBasket. Elle a du talent, de l’ambition, voilà pour le papier. Mais ce qui compte, c’est le terrain. Et sur le parquet, les Bleus ont montré moins que les Espagnols, Serbes, Slovènes… Le groupe de Vincent Collet n’a pas raté son premier tour, puisqu’il a réussi à s’en sortir, mais il ne l’a pas réussi non plus. Loin de là. La défaite contre la Finlande aurait pu rester un simple avertissement, mais elle fut suivie d’une victoire extrêmement poussive face à la Pologne et plus encore d’une déroute contre la Slovénie, qui la jette dans la gueule de l’Espagne en quart de finale. À condition que la Roja domine la Turquie, à condition  surtout d’éliminer l’Allemagne, samedi, en huitième. « En faisant ce qu’on fait depuis le début du tournoi, on ne peut pas prétendre aller beaucoup plus haut », disait Vincent Collet après la débâcle face à la Slovénie. Comment les Bleus en sont-ils arrivés là, et comment réagir ?

La défense la plus permissive

« La remise en question a commencé dès la fin du match contre la Slovénie », confie Antoine Diot. « C’est quelque chose d’individuel, chacun fait comme il le sent. Certains vont courir pendant 1h30 et pousser de la fonte, d’autres préfèrent faire de la méditation ou du yoga, ou tu te mets devant une glace et tu te regardes : qu’est-ce que j’ai fait de mal, de bien ? Il faut une remise en question. » Collectivement, les douze joueurs ont décidé de mettre les choses à plat. « On s’est réuni pour en discuter clairement. Et ça nous permet de nous dire nos vérités, » révèle Nando De Colo.

Ces derniers jours, l’expression « remise en question » a souvent été répétée. Par les joueurs, par Collet, qui espère que les deux derniers matches (Pologne et Slovénie) servent de prise de conscience. « Ce n’est pas comme certains gestes techniques, tu sais les faire ou pas et tu ne vas pas apprendre dans la journée. Ça, il suffit de le décider », commente Collet. « Il faut qu’on se mette le cul par terre. Jouer en équipe », ajoute Antoine Diot. « Et ça commence par la défense », reprend le sélectionneur. « Ce qu’on a montré dans ce secteur depuis le début est faible. Il y a vraiment une progression très importante à réaliser. »

84,4, c’est la moyenne de points encaissés par les Bleus lors du premier tour. Ils se classent 20e, devançant juste Israël, République Tchèque, Grande-Bretagne et l’Islande, quatre formations éliminées. Ils sont donc la défense la plus permissive des 16 équipes encore en lice, loin, si loin de l’Espagne (1ère avec 60,6).

« On ne va pas gagner les matches en 65 points, ou rarement, il ne faut pas s’illusionner », dit Collet. Sa déclaration découle du profil de son équipe : un groupe d’attaque. Les trois titulaires extérieurs (Heurtel, De Colo et Fournier) sont avant tout des joueurs offensifs, tout comme les pivots (Lauvergne et Séraphin), le joker Edwin Jackson. Les Bleus n’ont plus Florent Piétrus, n’ont pas Rudy Gobert, Nicolas Batum, Charles Kahudi, Ian Mahinmi… Des douze joueurs, seul Axel Toupane, le 11e homme, peut être considéré comme un spécialiste défensif. « On a beaucoup d’attaquants racés », poursuit Collet. Ainsi la France a terminé le premier tour avec le plus de points marqués (90,0 !) et la meilleure adresse (51,3%).

Pour autant, ce profil offensif, autant subi (absences de Batum et Gobert) qu’assumé, n’est pas une fatalité : les Bleus peuvent mieux défendre. « Une des façons de mieux te comporter contre un adversaire quand tu ne défends pas très bien, c’est de ne pas lui donner la balle sans arrêt », commente Collet. Cela passe par moins de pertes de balles (15,8 par match, seule la Géorgie fait pire) et par plus de patience en attaque. « Quand on shoote en 8 ou 10 secondes… Le basket en une passe, pour nous, c’est comme si tu te mettais un coup de couteau dans le ventre. Il faut qu’on fasse mieux en défense et aussi qu’on fasse en sorte d’y être moins souvent, donc de rendre moins souvent la balle. »

Changement de 5 majeur ?

Et si les Bleus ne se donnaient pas suffisamment en défense parce qu’ils étaient sûrs, trop sûrs, de leur force de frappe offensive, de pouvoir au final marquer plus de points que leur adversaire ? Les joueurs réfutent cette hypothèse. Après avoir battu la Grèce, Vincent Collet espérait que la défaite initiale face à Finlande ait été « une bonne piqure de rappel pour tout le monde ». Pourtant, quelques jours plus tard, son équipe retombait dans ses travers en démarrant la rencontre face aux Polonais à l’envers, avant le lendemain de laisser sa défense grande ouverte face à la Slovénie, qui a inscrit 95 points (la France n’avait plus encaissé autant de points à l’EuroBasket depuis les 98 unités de l’Espagne lors de la finale de l’Euro 2011).

« Le 5 majeur, il faut clairement qu’on hausse notre niveau d’intensité. Je ne parle pas de nos décisions, nos tirs, c’est juste dans l’intensité. Il faut qu’on soit plus dur. Si on veut gagner des matches, il faut qu’on pense d’abord défense, et ça nous mettra dans le rythme. Il faut qu’on soit des chiens », appelle Evan Fournier. Pour remédier à ce problème des débuts de matches trop permissifs et apporter une intensité nouvelle, le staff réfléchit depuis la fin du premier tour à la possibilité de modifier le cinq de départ, que ce soit dans le secteur extérieur ou à l’intérieur, voire même les deux. Plusieurs pistes existent : titulariser le spécialiste Axel Toupane en faisant de Fournier le 6e homme ? Remplacer Thomas Heurtel par Antoine Diot ? Et à l’intérieur, choisir l’activité et la verticalité de Louis Labeyrie, ou substituer Joffrey Lauvergne par Kévin Séraphin, lui aussi labellisé attaquant mais bien appliqué défensivement depuis le début du tournoi ? La réponse idéale ne figure pas dans ces propositions. Quel que soit le 5 de départ choisi, la réaction devra être collective.

Il en va de la suite du tournoi et des ambitions des tricolores. Une équipe uniquement intéressée par l’attaque peut-elle remporter l’Euro ? « Non ! Totalement impossible », lance immédiatement Vincent Collet. « Tant qu’on ne fera pas ensemble davantage d’efforts défensifs, on ne peut pas prétendre gagner l’Euro et même avant ça aller en demi-finale par exemple », estimait-il avant le match contre la Slovénie. « Une équipe est la somme des individualités, et autant la somme des individualités représente quelque chose de très bons car ce sont de forts attaquants, autant en défense, c’est l’inverse. Donc la compensation passe par l’exigence individuelle de faire plus. »

L’Allemagne et le défi Schröder

Et voici donc l’Allemagne qui se présente en huitième de finale. Avec une carte maîtresse dans son jeu : Dennis Schröder (1,88 m, il fêtera ses 24 ans le 15 septembre). Le meneur compte  avec Atlanta déjà quatre saisons pleines de NBA, dont la dernière, 2016-17, passée dans un rôle de titulaire et leader offensif : 17,9 points à 45,1%, 3,1 rebonds et 6,3 passes en 32 minutes. À l’Euro, ce dragster rappelle parfois le jeune Tony Parker. Avec ses 23,6 points (à 49,4% aux tirs, 39,1% à trois-points) et 4,8 passes en 30 minutes, il est pour l’instant le deuxième marqueur de la compétition, derrière Goran Dragic. Il est également le premier aux tirs tentés (16,2 en moyenne), aux fautes provoquées (7,4) et… aux balles perdues (4,8). Pour l’Allemagne, tout part de Schröder, et tout finira probablement avec lui.

« On va être dans la situation des équipes qui jouaient l’équipe de France ces dernières années quand il fallait arrêter Tony Parker », compare Collet. Si l’idée de lancer Axel Toupane en mission sur l’Allemand existe, là encore la solution sera collective. Le seul Toupane ne peut étouffer le supersonique Schröder. D’ailleurs, ce dernier l’a prouvé lors de la dernière confrontation face aux Bleus, en match de préparation en août dernier, en se jouant à plusieurs reprises de l’ailier français. « Ce qu’il faut accepter avec ce type de joueur, c’est qu’on ne peut pas le mettre à zéro. À un moment donné, il va sortir de sa boîte et sa grande classe va faire en sorte qu’il va réussir des exploits. Mais s’il ne vit qu’avec des exploits, ça peut être intéressant pour nous… », glisse Collet.

Si Schröder est l’ennemi numéro 1 du moment pour les Bleus, l’Allemagne a d’autres atouts, comme Robin Benzing (2,08 m, 28 ans, Saragosse), un ailier-fort shooteur qui écarte le jeu avec son tir (8,6 points à 36% à trois-points), comme Daniel Theis (2,06 m, 25 an, 7,8 points et 6,8 rebonds à l’Euro), l’intérieur qui rejoindra à l’automne la NBA et Boston en provenance de Bamberg (9,2 points, 4,4 rebonds, 9,4 d’évaluation en 20 minutes en Euroleague), ou encore comme le talentueux pivot Johannes Voigtmann (2,11 m, 24 ans), vu très performant pour sa première campagne d’Euroleague la saison écoulée avec Vitoria (10,1 points, 7,0 rebonds, 15 d’évaluation en 23 minutes). Derrière Schröder, il est le deuxième marqueur du groupe avec 9,0 points. « L’avantage que cette équipe a, c’est qu’elle est très hiérarchisée. Schröder est clairement le leader mais autour il y a des joueurs dangereux. Leurs intérieurs sont de bons joueurs de basket. C’est une équipe de shooteurs plus Schröder. Il faut défendre haut, pas que les shooteurs aient beaucoup de temps libre pour armer, il faut être sur eux et malgré tout capable de se refermer sur Schröder », explique le sélectionneur tricolore.

Et surtout, au contraire de la France, son bilan de 3-2 au premier tour et sa qualification sont pour l’Allemagne deux réussites, de quoi débarquer sur le parquet avec le plein de confiance. « Ils arrivent plutôt bien lancés, ils sont en place, ils sont très disciplinés », se méfie Collet. Ils ont battu l’Ukraine en la limitant à 63 points, la Géorgie à 57 points et l’Italie à 55 points seulement, en ne laissant jamais l’un de ces adversaires atteindre la barre des 20 unités dans un quart-temps ; à l’inverse, ils ont encaissé lors de leurs défaites 82 (contre Israël) puis 89 (Lituanie) points.

En attendant Pau ?

Ces présentations et mises en garde effectuées, il convient aussi de rappeler que l’Allemagne a aussi connu des des forfaits qui l’ont affaiblie (Paul Zipser, Max Kleber…) et s’appuie sur un groupe nettement moins dense que la France. Les Bleus ont clairement le talent pour vaincre cette équipe. Maintenant, à eux de montrer qu’ils ont aussi le collectif pour. Ils ont encore les cartes en mains. D’ailleurs, avant de penser à comment gêner Schröder, ils se sont déjà intéressés à eux-mêmes, aux progrès qu’ils pouvaient faire d’eux-mêmes, à ce qu’ils pouvaient changer dans leur façon de jouer.

S’ils repartent de l’avant, ils croiseront en quart de finale avec le vainqueur de la rencontre Turquie-Espagne. L’Espagne, cette gueule du loup dans laquelle leurs erreurs du premier tour semblent tout droit les mener. Il s’agira alors de faire taire Pau Gasol. De créer un exploit. Ce n’est pas le chemin que Vincent Collet aurait souhaité, mais c’est celui que cette équipe de France a pris. Aux Bleus d’assumer.

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Finalement, Pau Gasol avait raison : la France ne figure pas parmi les favoris de l’EuroBasket. Elle a du talent, de l’ambition, voilà pour le papier. Mais ce qui compte, c’est le terrain. Et sur le parquet, les Bleus ont montré moins que les Espagnols, Serbes, Slovènes… Le groupe de Vincent Collet n’a pas raté son premier tour, puisqu’il a réussi à s’en sortir, mais il ne l’a pas réussi non plus. Loin de là. La défaite contre la Finlande aurait pu rester un simple avertissement, mais elle fut suivie d’une victoire extrêmement poussive face à la Pologne et plus encore d’une déroute contre la Slovénie, qui la jette dans la gueule de l’Espagne en quart de finale. À condition que la Roja domine la Turquie, à condition  surtout d’éliminer l’Allemagne, samedi, en huitième. « En faisant ce qu’on fait depuis le début du tournoi, on ne peut pas prétendre aller beaucoup plus haut », disait Vincent Collet après la débâcle face à la Slovénie. Comment les Bleus en sont-ils arrivés là, et comment réagir ?

La défense la plus permissive

« La remise en question a commencé dès la fin du match contre la Slovénie », confie Antoine Diot. « C’est quelque chose d’individuel, chacun fait comme il le sent. Certains vont courir pendant 1h30 et pousser de la fonte, d’autres préfèrent faire de la méditation ou du yoga, ou tu te mets devant une glace et tu te regardes : qu’est-ce que j’ai fait de mal, de bien ? Il faut une remise en question. » Collectivement, les douze joueurs ont décidé de mettre les choses à plat. « On s’est réuni pour en discuter clairement. Et ça nous permet de nous dire nos vérités. »

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Photos :FIBA

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