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Pierre Fosset (Bourges): « Je suis très content que Tony Parker soit arrivé dans le basket féminin »

Diandra Tchatchouang. La présidence de Pierre Fosset à la tête des Tango de Bourges épouse toute la période faste du club depuis la victoire en Ronchetti (1995) jusqu’à celle en Eurocup (2016) avec les trois titres de champions d’Europe (1997, 1998 et 2001). Il répond dans cette interview en deux pa

Diandra Tchatchouang.

La présidence de Pierre Fosset à la tête des Tango de Bourges épouse toute la période faste du club depuis la victoire en Ronchetti (1995) jusqu’à celle en Eurocup (2016) avec les trois titres de champions d’Europe (1997, 1998 et 2001). Il répond dans cette interview en deux parties, sans langue de bois, aux questions à propos d’un nouveau Directeur Général, la santé financière du club, sa compétitivité en Europe, l’impact populaire, Céline Dumerc, Marine Johannes et Alexia Chartereau, l’arrivée de l’ASVEL de Tony Parker, etc.

Suite et fin de l’interview

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Comment voyez-vous le projet très ambitieux de Lyon avec Tony Parker et Nicolas Batum ? Comme un concurrent capable de vous surpasser ou comme une deuxième locomotive pour la Ligue Féminine ?

Je suis content que Tony soit arrivé dans le basket féminin. Ça va faire de la concurrence, ça va permettre de nous remettre en question. Je l’ai déjà eu plusieurs fois au téléphone, Tony. Je pense qu’il va donner des moyens à l’équipe. Quand il voudra y arriver, il y arrivera. Même si j’ai eu l’impression –peut-être que je me trompe- qu’il ne s’attendait pas à de tels salaires dans le basket féminin français. Ça a dû lui paraître quand même un peu élevé (rires). Il y a arrivera, je pense, et c’est aussi une bonne chose pour nous.

On a vu à l’Open que l’ASVEL était l’attraction, puis il y a quelques jours avec la venue de Sandrine Gruda, même si l’équipe n’est pas aujourd’hui performante?

C’est sûr. Je vois bien que l’on est moins sollicité qu’avant. C’est beaucoup de Lyon ASVEL. Ce n’est pas dérangeant. Au contraire, ça donne plus de luminosité sur le basket féminin.

L’ASVEL peut peut-être remplacer Valenciennes en terme de rivalité avec Bourges ?

Sûrement sur le terrain mais aux alentours, je ne sais pas. Le Nord, les Ch’tis, c’est un public formidable. On l’a vu à Valenciennes comme on peut le voir dans le foot. Ce sont des gens qui sont passionnés alors que Lyon c’est une grande ville. Les Lyonnais vont-ils être capables de soutenir une équipe de basket féminin ? Si on veut se référer, les Lyonnais déplaceront-ils deux cars pour venir à Bourges ?

Ils ont quand même réussi à mobiliser 6 000 personnes la saison dernière pour jouer contre Bourges à Gerland ?

Oui et j’ai trouvé que c’était bien et je crois qu’ils veulent refaire l’opération cette année. Je suis favorable à tout ça. Ça peut nous permettre de nous remettre en cause afin de développer encore plus les budgets pour y arriver.

Ces dernières années, pas sur un plan budgétaire mais sportif, vous avez été chahuté par Lattes-Montpellier et puis Villeneuve d’Ascq ?

Je pense que le niveau de la ligue féminine, sportivement parlant, a progressé. Au début, on arrivait souvent à mettre 50 ou 60 points aux équipes de bas de tableau. D’accord, on a mis 100 points à Nice mais ça faisait longtemps qu’on n’avait pas réussi ça.

K.B. Sharp.
« Je trouve que les valeurs du maillot ne sont plus les mêmes qu’il y a quinze ans. C’est le côté professionnel »

Que pensez-vous justement de l’évolution de la basketteuse durant cette période ? Il y a vingt-cinq ans, toutes étaient déjà professionnelles ?

On a toujours eu à Bourges des professionnelles mais depuis la société a changé y compris pour les basketteuses. Lorsqu’on a gagné nos premiers titres, on ne jouait quasiment qu’à huit professionnelles alors que maintenant il faut être huit, neuf, dix. C’est devenu je pense encore plus physique qu’avant.

Vous venez de connaître des années avec beaucoup de joueuses blessées. Ce n’était pas le cas auparavant ?

Non et puis il y a les effets de l’argent, même si on est loin du foot ou du rugby. Je trouve que les valeurs du maillot ne sont plus les mêmes qu’il y a quinze ans. C’est le côté professionnel. Yannick (Souvré), je l’ai gardé dix ans, Cathy (Melain) onze ans, Odile (Santaniello) six ans, (Elena) Koudachova quatre ans, (Anna) Kotocova huit ans, Céline (Dumerc) onze ans. On n’arrivera plus à garder les joueuses aussi longtemps.

Longtemps la langue dans le basket féminin, demeurait le français, contrairement aux garçons où c’est depuis longtemps l’anglais. Désormais, les étrangères ne l’apprennent plus forcément ?

Nous, il y en a juste une qui ne parle pas du tout français, c’est l’Espagnole (Cristina) Ouvina et là on est en train de voir pour qu’elle prenne des cours. Tous les autres parlent français, y compris la Canadienne (Katherine Plouffe) même si elle parle davantage anglais, KB Sharp est Franco-Américaine. L’année dernière, la Canadienne (Kayla) Alexander parlait un peu français même si elle est anglophone, pas la Brésilienne (Clarissa) Dos Santos. Bien sûr ça a évolué. Avant elles parlaient toutes le français. Chez les garçons, je suis bien d’accord pour dire que c’est un problème. La télévision veut les commentaires aux temps-morts alors que l’on ne comprend rien du tout.

Olivier Lafargue.
« Je dis toujours que si je pouvais avoir un budget d’un million de plus on pourrait se regarder droit dans les yeux même avec des équipes comme Ekaterinbourg »

Il y a deux ans, vous me disiez que votre rêve un peu fou, c’était de redevenir champion d’Europe pour la quatrième fois, c’est toujours d’actualité ?

Oui. Je dis toujours que si je pouvais avoir un budget d’un million de plus on pourrait se regarder droit dans les yeux même avec des équipes comme Ekaterinbourg et il faudrait aller nous chercher pour que l’on soit pas champion d’Europe. C’est ce que je disais auparavant, il nous faudrait une poste 5 et puis une shooteuse naturelle comme on en a déjà eu à Bourges.

Qu’est-ce qui vous a poussé à changer d’entraîneur à l’intersaison, Olivier Lafargue à la place de Valérie Garnier ?

Un cycle. On avait fait le tour. Il fallait changer.

Quand vous voyez aujourd’hui Céline Dumerc performante à Basket Landes, ne regrettez vous pas de ne pas l’avoir resigné ?

Céline n’était pas fâchée avec le club ou quoique ce soit. Elle voulait donner une nouvelle orientation à sa vie notamment personnelle. Je suis content qu’elle ait passé onze ans à Bourges, elle a beaucoup apporté au club. Je n’ai pas de regret sur son départ. Lorsqu’elle est revenue de Ekaterinbourg, dans le plan il était prévu qu’on lui donne une formation pour qu’elle reste à Bourges. Je voulais l’envoyer à Limoges au CDES pour qu’elle devienne manager général du club. Au début, ça l’intéressait. Au mois de décembre, elle me dit « je ne veux pas faire ça, je ne prendrai pas la formation et je quitte Bourges ». J’ai respecté son choix, ça a été nickel, je n’ai pas de regrets par rapport à ça.

Marine Johannes.
« L’année dernière quand je lui parlais elle se mettait dans un trou de souris alors que là elle commence à me charrier, à rigoler »

Marine Johannes parvient-elle à entrer dans la peau d’une porte drapeau du basket féminin français sur le terrain mais aussi en dehors ?

Je pense qu’elle a tout pour y arriver mais que pour l’instant elle n’en est pas là. Pour moi, sportivement, elle n’est pas assez régulière. Elle fait de très bonnes choses, elle a un profil très, très intéressant. Marine a des capacités énormes mais pour moi, pour l’instant, elle est encore un peu jeune. Il lui faut prendre un peu de maturité, qu’elle comprenne qu’elle a beaucoup de possibilités. Elle gamberge de trop.

Elle arrive en fin de contrat à la fin de la saison ?

Non, elle a encore un an derrière… Je reviens là-dessus : sur les deux matches d’Euroleague, elle n’est pas dedans alors que samedi contre Nice, pf… J’ai dit au coach qu’il aurait pu la laisser sur le terrain car peut-être qu’elle aurait fait 20/20 à trois-points. Elle avait une main chaude, elle était énorme. C’est encore une jeune fille, elle a 22 ans. Il y en a qui sont davantage mûres à 22 que d’autres. Parfois on a l’impression qu’elle est complètement désinvolte, elle peut balancer 3-4 ballons comme ça, tu ne sais pas pourquoi. Vis-à-vis de l’an dernier, elle a fait d’énormes progrès en communication. L’année dernière quand je lui parlais elle se mettait dans un trou de souris alors que là elle commence à me charrier, à rigoler. C’est sympa.

Ne faudrait-il pas lui donner des media trainings ?

On est justement en train d’y réfléchir avec le coach.

Alexia Chartereau.

« Si demain ils veulent l’envoyer à Ekaterinbourg ou un club comme ça, ça sera une connerie »

Pensez-vous que Alexia Chartereau sera très rapidement une joueuse dominante ?

Oui car elle adore le basket, c’est une travailleuse, quelqu’un qui est bien dans sa tête. A l’inverse de Marine, elle est mâture. Si son entourage ne veut pas la précipiter à vouloir gagner de l’argent tout de suite, je pense que oui, ça va être une bonne joueuse. Elle n’a que dix-neuf ans, elle est vraiment jeune. Il ne faut pas qu’il y ait des parasites autour qui lui disent « tiens, il y a tel club qui te veut ». Je ne dis pas ça uniquement pour ma chapelle car je sais qu’il y a un moment où je vais la perdre. Je ne me fais pas d’idées. Mais si demain ils veulent l’envoyer à Ekaterinbourg ou un club comme ça, ça sera une connerie. Elle n’a que dix-neuf ans.

Actuellement, vous dominez en championnat mais vous êtes en difficulté en Euroleague. Que faut-il en tirer comme conclusion ?

Je ne pense pas qu’il y ait de conclusions à tirer. En championnat, Charleville est à notre niveau et il y a un match en retard entre Montpellier et Villeneuve. Si Villeneuve gagne, on sera trois leaders. Pour la coupe d’Europe, on a fait quatre matches et on s’est déplacé trois fois. J’ai dit au coach que comme on perd de peu, on peut gagner à domicile et avoir le goal average. Avec l’expérience que j’ai, je peux dire que l’on aurait pu gagner ces trois matches mais ensuite la chute aurait été plus dure. Là, on ne peut avoir que de bons commentaires si on remonte ! On est dans ce qu’il faut faire.

Il y aura toujours une reversion en Eurocup pour le équipes qui ne participeront pas aux quarts de finale de l’Euroleague ?

Oui. Je voulais que l’on supprime ça mais ils n’ont pas voulu à la FIBA.

Qu’est-ce que ça a représenté pour Bourges de gagner cette C2 en 2016 alors que ça faisait près d’un quart de siècle que vous jouiez l’Euroleague ?

La plus prestigieuse restera l’Euroleague, c’est sûr, mais ça a permis de re-gagner une coupe d’Europe. Les gens sont contents. On n’a pas fait de défilé mais on a fait 5 000 au palais des sports. C’était archi plein et là il n’y avait pas de tarifs, tout le monde a payé plein pot. J’ai regardé l’Eurocup de cette année, il faut faire gaffe, il y a de super bonnes équipes avec les 3, 4e, 5e clubs de Turquie, les Russes. Quand ça va se resserrer ça ne va pas être simple de la gagner encore.

Actuellement vous êtes en relâche puisqu’il y a la première fenêtre FIBA. Cela va vous couper deux fois la saison. Qu’en pensez-vous ?

Depuis le début, je suis contre. J’avais dit à Jean-Pierre (NDLR : Siutat, le président) qu’il se batte pour ne pas faire de fenêtres FIBA. Ça ne me regarde pas mais… l’équipe de France va jouer contre la Finlande et la Roumanie… La FIBA a commencé avec les fenêtres des filles car elle savait que le basket féminin, tout le monde s’en fout !

Cela constitue une surcharge de travail pour les joueuses ?

Novembre est une période de travail difficile pour les joueuses physiquement. Là avec l’équipe de France, il faut qu’elles s’entraînent deux fois par jour, faire des déplacements. Je vais encore me faire des copains en disant ça, comme d’habitude. En plus des Françaises, j’ai Ouvina qui est partie en Espagne. Je n’ai que trois joueuses qui ne sont pas concernées. Plouffe, qui est internationale canadienne, mais qui ne fait pas le championnat d’Europe, K.B. Sharp, Océane Monpierre qui est au centre de formation et en équipe de France U18, et l’assistant-coach. Elodie Godin est partie en Hollande puisqu’elle est assistante et Olivier Lafargue est assistant en équipe de France. On ne peut pas dire que Bourges ne participe pas à l’évolution de l’équipe de France.

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Comment voyez-vous le projet très ambitieux de Lyon avec Tony Parker et Nicolas Batum ? Comme un concurrent capable de vous surpasser ou comme une deuxième locomotive pour la Ligue Féminine ?

Je suis content que Tony soit arrivé dans le basket féminin. Ça va faire de la concurrence, ça va permettre de nous remettre en question. Je l’ai déjà eu plusieurs fois au téléphone, Tony. Je pense qu’il va donner des moyens à l’équipe. Quand il voudra y arriver, il y arrivera. Même si j’ai eu l’impression –peut-être que je me trompe- qu’il ne s’attendait pas à de tels salaires dans le basket féminin français. Ça a dû lui paraître quand même un peu élevé (rires). Il y a arrivera, je pense, et c’est aussi une bonne chose pour nous.

On a vu à l’Open que l’ASVEL était l’attraction, puis il y a quelques jours avec la venue de Sandrine Gruda, même si l’équipe n’est pas aujourd’hui performante?

C’est sûr. Je vois bien que l’on est moins sollicité qu’avant. C’est beaucoup de Lyon ASVEL. Ce n’est pas dérangeant. Au contraire, ça donne plus de luminosité sur le basket féminin.

L’ASVEL peut peut-être remplacer Valenciennes en terme de rivalité avec Bourges ?

Sûrement sur le terrain mais aux alentours, je ne sais pas. Le Nord, les Ch’tis, c’est un public formidable. On l’a vu à Valenciennes comme on peut le voir dans le foot. Ce sont des gens qui sont passionnés alors que Lyon c’est une grande ville. Les Lyonnais vont-ils être capables de soutenir une équipe de basket féminin ? Si on veut se référer, les Lyonnais déplaceront-ils deux cars pour venir à Bourges ?

Ils ont quand même réussi à mobiliser 6 000 personnes la saison dernière pour jouer contre Bourges à Gerland ?

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Photo: FIBA Europe

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