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Dossier Le Mans – Episode #2 – Interview Eric Bartecheky

Voici le deuxième épisode du dossier sur Le Mans Sarthe Basket. Une interview de son coach Eric Bartecheky dont la cote est montée en flèche après ses succès au Havre et à Pau. Un énorme bosseur. Dans ses propos se dégagent une humilité non feinte et aussi le stress à cause d’une profession qui ne…

Voici le deuxième épisode du dossier sur Le Mans Sarthe Basket. Une interview de son coach Eric Bartecheky dont la cote est montée en flèche après ses succès au Havre et à Pau. Un énorme bosseur. Dans ses propos se dégagent une humilité non feinte et aussi le stress à cause d’une profession qui ne propose pas de moments de relâche.

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Dans votre nom, y a-t-il des accents ?

Il n’y en a pas ! Tout le monde dit Barté alors que c’est Barte.

C’est de quelle origine ?

C’est polonais. Ça remonte à mon arrière-grand-père, que je n’ai pas connu pas plus que mes grands-pères.

On sait que vous avez fait une bonne partie de votre carrière à Châlons-en-Champagne mais comment se retrouve t-on au basket quand on mesure 1,70m ?

J’ai commencé à goûter au basket par l’intermédiaire des camps de vacances omnisports qui existaient à l’époque alors que je faisais du tennis de table. Je me suis inscrit à l’Espé en tant que benjamin. J’ai joué dans toutes les divisions jusqu’en espoirs et c’est là que j’ai rencontré Francis Charneux qui était le coach quand l’Espé était en Nationale 2 avant toute l’ascension jusqu’en Pro A. Je m’entraînais avec les pros et c’est comme ça que j’ai mis un premier pied en pro. Je n’avais pas le niveau pour y jouer et je suis allé en Nationale 3 à Saint-Dizier. J’ai passé mes diplômes. Quand le président de l’époque Jean Arnould a su que j’avais eu mon BE1 à 23 ans, il m’a demandé si je voulais prendre en mains le centre de formation et être l’assistant du nouvel entraîneur de l’équipe pro, Alain Thinet.

C’était une opportunité fantastique…

Fantastique !

Mais vous aviez dû montrer des choses à Jean Arnould pour justifier cette confiance ?

C’était le président associatif, qui avait bien sûr un regard sur les pros, et je pense qu’il avait vu mon investissement. Je m’entraînais comme un malade. Quand j’étais au lycée, je m’entraînais sur les sessions du midi avec Charneux, le soir avec les pros et en doublant pratiquement à chaque fois avec les entraînements des espoirs. Quand j’étais en cadet, il venait voir les matches et il voyait que j’étais passionné. Je ne pensais qu’au basket. Il avait gardé cette image-là.

Ça oblige à en faire plus quand on est petit ?

Non. Je pense que c’était mon tempérament. A cette époque-là, j’étais passionné par le jeu. J’avais des exemples à l’époque comme Pascal Dassonville, j’essayais de reproduire ce qu’il faisait. Je venais à la salle tout seul. Avec les copains on travaillait dur en dehors, l’été, avant les entraînements. On avait des sacs lestés, on shootait sans arrêt. On avait un engagement total. Et au niveau scolaire c’était bien mis de côté (rires).

Un tempérament de chef ?

Pas forcément. J’étais meneur de jeu mais je ne dégageais pas forcément une forte personnalité. Jeune, j’étais plutôt timide, réservé. Quand il m’a proposé le poste, j’ai réfléchi une nuit ou deux. Je me suis dit que je ne ferai pas carrière en tant que joueur. J’avais aussi été interpellé par la passion que Francis Charneux dégageait en tant que coach. C’était impressionnant quand on était plus jeune, de par ses discours dans le vestiaire, sa façon d’appréhender le métier, la passion qu’il avait. Je me suis dit, j’y vais ! Avant de prendre les espoirs, je n’avais jamais coaché de ma vie. A peine un stage d’une semaine avec des gamins. Pendant cinq ou six ans, j’ai pu coacher les espoirs et être assistant d’Alain Thinet, maintenant ce ne serait plus possible. J’ai connu Patrick Maucouvert, Ernie Signars, Joël Delaby, Charly Auffray, et Christian Monschau avec qui on est monté deux ans en Pro A. J’ai passé le BE2, ça m’a beaucoup aidé d’avoir Christian à côté. C’est parti comme ça.

C’est bénéfique d’avoir connu les divisions inférieures ou est-ce complètement différent ?

C’est différent mais je ne les ai connues que comme joueur et je n’avais pas la réflexion que peut avoir un coach. J’étais dans le jeu. C’est deux métiers différents d’être joueur, de s’occuper de sa petite personne, et d’être coach. Et je n’ai joué que deux ans dans les divisions nationales. Mais c’est vrai que JD Jackson ou Greg Beugnot sont passés directement de joueur à coach alors que moi j’ai travaillé pendant dix ans comme coach du centre de formation et assistant de plein d’entraîneurs. Chacun a sa personnalité, ses convictions. On voit ce qui fonctionne et aussi ce qui nous correspond et ce qui a un impact très négatif vis-à-vis des joueurs, à surtout ne pas faire. On apprend de toutes les expériences.

Vous avez été victime d’un accident de voiture très grave avec des côtes cassées, un pneumothorax, trois semaines de coma. Ça a changé la perception que vous aviez de la vie ?

Ça s’est passé quand j’étais assistant de Joël Delaby à Chalons. Lorsque je me suis retrouvé dans le coma, je me suis aperçu de rien. C’était plus douloureux pour mes parents, l’environnement, que pour moi. Après effectivement ça permet peut-être de tout relativiser, de prendre un peu plus de recul. Peut-être qu’inconsciemment je l’ai mis en application mais quand on est aux prises avec le quotidien, la pression, le résultat, on y est sensible et on ne prend pas ça avec plus de légèreté, de recul. J’ai donc été dans le coma trois semaines et après il a fallu un bon petit mois pour me mettre d’aplomb. Je n’avais pas de soucis mais j’étais tout maigre. Je me souviens que Joël avait dit que pendant cette période, il n’y aurait personne d’autre sur le banc en attendant Eric.

Vous n’êtes pas un ancien international, vous avez été longtemps dans un club discret, Le Havre, vous ne sortez pas des punchlines, on ne sait finalement pas grand-chose de vous. Comment vous décrivez-vous ?

Effectivement je suis discret et je préfère qu’on ne parle pas trop de moi. Ça me va bien d’être dans l’ombre. J’ai pris conscience que lorsque je suis passé coach pro, ça a changé ma vie même si au fil des années on gère un peu mieux. J’étais un bon vivant, joyeux, et j’y suis toujours quand je suis avec mes potes mais la fonction m’a quand même changé. La pression des résultats, la gestion de l’équipe, ça change la vie. On est obligé de faire attention, d’avoir un contrôle sur tout. Quand j’étais assistant, je faisais plein de choses, je courais, je m’intéressais aux langues étrangères, je sortais à droite, à gauche. On prépare la vidéo, etc, mais on n’a pas la pression que l’on a quand on est coach. On me dit que je dois quand même m’octroyer des moments pour moi, je le fais, mais ce n’est pas pareil.

Au réveil, vous pensez déjà au basket ?

On est obligé, tout le temps. Peut-être que d’autres coaches avec plus d’expérience le font mais moi je n’arrive pas à m’autoriser des choses… Je culpabilise tout de suite. Je me suis dit par exemple que j’inviterai bien chez moi cette semaine le peu de gens que je connais au Mans mais comme il y a le match le samedi, j’ai du mal à le faire. Par contre, avec le break la semaine prochaine, je peux partir deux jours car il n’y aura pas la pression du match qui arrive.

« A Pau, j’étais au palais des sports à 5 heures, j’habitais juste à côté »

Y a-t-il eu un vrai changement entre Le Havre, qui est un club plus dans l’anonymat, et Pau, qui est un club plus prestigieux, avec beaucoup de public ?

Même si c’était un contexte différent au Havre, avec moins de structures, il fallait se battre pour le maintien, on a connu des périodes difficiles avec des séries de défaites. Ça m’a aidé de connaître des moments comme ça. A Pau et au Mans, ce sont des clubs qui ont connu beaucoup plus de succès, de titres. Il y a donc de la pression. Ça se traduit pour moi par être debout à cinq heures tous les matins depuis trois mois. On sent que la trêve va faire du bien ! A Pau, j’étais au palais des sports à 5 heures, j’habitais juste à côté. On n’arrête pas de la journée, de la vidéo, de réfléchir. Par moment on se dit « on est à fond dans le métier mais on n’a pas de vie. »

Vincent Collet a le même job en club plus l’équipe de France…

Je ne sais pas comment il fait, Vincent. Pour lui, c’est pire puisqu’il n’y a pas de coupure avec l’enchaînement championnat-équipe de France. C’est impressionnant. Ça fait des années qu’il cumule avec l’équipe de France. Comment fait-il pour tenir ?

C’était déjà comme ça il y a une quinzaine d’années ?

Francis Charneux était comme ça. C’est lié au métier de coach même s’il y a des personnalités différentes, l’expérience.

Avez-vous la pression de la précarité de l’emploi puisque par définition il n’y a que 18 jobs en Pro A ?

Il y a forcément la précarité du métier mais c’est surtout le fait de tout faire pour ne pas perdre. La situation actuelle de Jean-Denys (Choulet) fait réfléchir. Il répète souvent qu’il est le même homme car il est en souffrance de perdre. Ça montre à quel point le métier est difficile et comment c’est fragile. Effectivement, c’est le même homme, ses systèmes de jeu sont les mêmes, même si ce ne sont pas forcément les mêmes joueurs. La situation pourrait être complètement différente. Il a perdu des matches de quelques points alors que nous on en gagné de deux, trois points. Après, quand on est en situation d’échec, il y a tout ce qui va avec, les critiques, le regard des gens. Par rapport au changement de mentalité dans la société, quand on est en situation d’échec, c’est hyper compliqué de gérer les joueurs.

Chacun pense à ses stats, ses résultats personnels ?

Il y a de ça. Les joueurs –ça dépend lesquels- sont quand même affectés quand il y a des défaites mais ça génère certaines attitudes, il y a les égos. On dit que les victoires rassemblent et les défaites déchirent. Les coaches veulent gagner tout simplement parce qu’ils sont compétiteurs mais en plus sachant tout ce qu’il y a derrière, on ne supporte pas de perdre. On est prêt à tout faire pour que ça n’arrive pas.

Vous disiez par exemple que vous ne vouliez pas être le coach qui aurait fait descendre Le Havre en Pro B ?

C’est ça. Tous les coaches qui sont passés au Havre avant moi ont fait une performance de se maintenir et encore plus fort avec à l’époque d’Eric Girard une finale de Semaine des As à Pau. Avec Christian (Monschau) quand j’étais assistant, on fait cinquième. J’ai vécu avec Jean-Manuel Sousa des maintiens très difficiles, notamment à Toulon où on devait gagner et on attendait le résultat d’une autre équipe. C’est lui qui avait dit qu’il ne voulait pas descendre en Pro B et moi quand j’ai repris derrière, je me suis dit la même chose. C’était ma première opportunité avec les pros quand Jean a eu celle de partir à Cholet. Je me suis dit que c’était une chance énorme, qu’il fallait que je relève le défi. On a eu une première année plutôt correcte avec Bernard King mais la deuxième a été très difficile. On s’est maintenu à deux journées de la fin. La troisième a été très bonne avec Ricardo Greer, John Cox, Shawn King. On fait les playoffs. Il y a notre fierté, notre égo, on ne veut pas faire partie de l’échec.

« Je me sentais bien à Pau, en février, on était deuxième et je me suis dit que j’allais demander une prolongation de contrat comme on fait toujours avec mon agent »

D.J. Cooper était-il un homme particulièrement difficile à gérer ?

Je ne dirai pas ça. Il n’est pas simple, il a son caractère, il est écorché vif, c’est un compétiteur mais je pense que c’est un ensemble. A Pau, j’essayais de prendre du recul, de ne pas entrer en conflit avec lui. J’essaye plus d’être dans la complicité, dans la gestion de management que dans le conflit. Même si ça peut arriver parfois quand il n’y a pas d’autres solutions. Je m’étais aussi entouré de garanties. J’avais JK Edwards qui était reconnu dans le championnat pour ses qualités de capitanat, de management, de leader. Il y avait aussi au club Dominique Loueilh, le directeur sportif, qui a de l’expérience, qui faisait le lien avec lui. Il est proche des joueurs, de leurs femmes, il peut passer des heures à régler un problème. C’est lui aussi qui s’occupe du recrutement, qui a les rapports avec les agents, des listes de joueurs. C’est un vrai luxe de l’avoir. Quand Cooper avait un problème, hop ! il le réglait. Cooper était bien entouré.

A Monaco, DJ Cooper était plus discret. A Pau, on a découvert un homme-orchestre qui notamment marquait plus de points ?

C’est aussi une affaire de contexte. A Monaco, il y avait peut-être le coach (Zvezdan Mitrovic) qui souhaitait ne pas tout lui donner. Il y avait tellement de bons joueurs à côté, Jamal Shuler, Sergii Gladyr, etc. Il jouait moins, vingt-cinq minutes. Avec nous c’était trente-cinq. Par contre, j’avais remarqué qu’à Monaco en peu de temps, il avait des rebonds défensifs, des passes, il était à sept. On savait qu’il pouvait mettre des shoots à longue distance. Quand on a perdu (Juice) Thompson, Florian Collet (agent de l’agence Comsport) m’en a parlé, je me suis dit : « c’est un bon joueur, il ne faut pas que j’hésite. Chez nous, au début, il n’était pas trop dans l’idée de scorer. Avec JK (Edwards), on lui a dit qu’on avait besoin qu’il soit davantage tourné sur le fait de marquer des points. Tout s’est mis en place dans un style un peu particulier qui avait aussi ses limites. Parfois c’était trop. Mais ça a fonctionné comme ça, on a gagné des matches, il y avait un lien fantastique avec Alain Koffi. Tout ça c’est une question de contexte.

Vous étiez engagé avec Pau jusqu’en juin 2018. Pourquoi avez-vous souhaité interrompre ce contrat avant l’heure ?

Pour être complètement transparent, au départ je me voyais prolonger à Pau. Il me restait encore une année mais par rapport à la problématique du coach dont on parlait tout à l’heure, je ne voulais pas rester sur une année. Je me sentais bien à Pau, en février, on était deuxième et je me suis dit que j’allais demander une prolongation de contrat comme on fait toujours avec mon agent. Ça a traîné pendant des mois et des mois. Il y avait un retour comme quoi ils étaient contents de moi mais rien de concret. Jusqu’au moment où j’ai su par Nicolas (Paul), mon agent, que Le Mans cherchait un coach et que je pouvais faire partie des candidats si j’arrivais à me libérer de mon contrat. J’ai eu énormément de discussion en fin de saison, un petit peu avec Didier Gadou (Directeur Général) et surtout le président (Didier) Rey et ils m’ont dit qu’à partir du moment où j’étais sous contrat, ils n’en faisaient pas une priorité. Je leur donnais l’exemple de (Vitalis) Chikoko qui avait resigné en février et ils m’ont répondu que lui c’était un joueur, qu’il avait apporté une plus-value énorme à l’équipe. Je leur ai dit qu’à partir du moment où ils étaient contents de moi je me demandais pourquoi on n’avait pas concrétisé. Peut-être qu’ils avaient l’intention de le faire mais ils ont attendu et ça m’a fait poser énormément de questions durant tout ces mois-là. Peut-être que j’avais la crainte, dans le schéma que j’avais mis en place, sachant qu’on allait perdre Cooper, que l’on n’avait plus JK, de ne pas arriver à refaire aussi bien. Je me suis dit qu’il y avait une opportunité qui se présentait au Mans, qui avait vingt ans de playoffs, un club très reconnu dans la ligue, ça me permettait de me confronter à une autre problématique. Je me suis dit que je n’aurais peut-être plus cette opportunité-là si je restais à Pau, je ne savais pas comment ça allait se passer. Ce qui a tout compliqué c’est qu’il me restait encore une année avec Pau.

Il a fallu négocier votre départ ?

Oui. Il y a eu aussi cette histoire avec (Freddy) Fauthoux. Avant ça, j’avais déjà eu avec Le Mans un premier contact en un ou deux jours. Pau a tout de suite dit non. Mon agent a senti que ça allait être compliqué. J’ai réfléchi un peu pour savoir si j’allais au bras de fer avec Pau mais lors d’un échange entre le président Le Bouille et mon agent ils se sont aperçus que ça allait être compliqué. C’est là qu’ils se sont mis sur la piste Fauthoux. J’ai pensé qu’il allait accepter, que je restais à Pau et voilà. Quand j’ai su que Freddy Fauthoux refusait, j’ai tout de suite demandé à mon agent de dire au président Le Bouille que j’étais prêt à faire le nécessaire pour me libérer. J’ai rencontré Didier (Gadou) et le président et je leur ai dis que je voulais absolument partir. Il y a eu quinze jours , trois semaines… C’était compliqué mais on a trouvé un terrain d’entente.

« Ça m’arrive même parfois de me dire « tu as 45 ans mais quelle est ta vie ? » On a la chance d’avoir un métier passionnant mais pfou… »

Le fait d’avoir un pivot de 2,21m, Youssoupha Fall, modifient t-il les plans qu’un coach peut avoir pour son équipe?

Ça m’a sorti du schéma dans lequel j’étais depuis quelques années, ça m’a obligé à réfléchir différemment. J’avais des intérieurs plus petits avec parfois des schémas défensifs où on changeait beaucoup sur les écrans. J’étais un peu éduqué par Christian Monschau à avoir un style défensif bien particulier qui a été relayé par des joueurs comme Yannick Bokolo et JK Edwards qu’il avait eu à Gravelines. Evidemment on ne peut pas faire la même chose avec un joueur de cette taille-là. Quand il est sur le terrain c’est un vrai atout. Défensivement c’est une vraie force de dissuasion et en attaque c’est une arme fantastique.

Qu’est-ce qui fait que l’équipe a si bien démarré ? Le fait d’avoir des Américains qui connaissent la Pro A, une bonne hiérarchie, un peu de chance…

C’est là qu’il faut relativiser. Il y a trois matches à l’extérieur que l’on gagne de un, deux et trois points, qui peuvent tourner de l’autre côté et on aurait été dans un bilan moyen.

Vous avez aussi gagner trois matches, Gravelines, Bourg et Pau, en faisant un gros écart dès la première mi-temps ?

C’est vrai que sur ces trois matches à domicile, il n’y a pas eu photo, on a tout de suite été au-dessus. A Monaco on a eu le mérite de ne pas lâcher mais notre première mi-temps n’a pas été bonne du tout. Youss n’avait pas été terrible, il avait des fautes et on avait fini avec un cinq atypique avec des petits, on est revenu. On sait que ce genre d’équipes ne sont pas prêtes en début de saison comme maintenant. Strasbourg a changé depuis d’intérieur (NDLR : Miro Bilan a remplacé Chris Otule). Bien sûr que l’on joue tous les matches pour les gagner mais j’étais à des années-lumière de penser qu’on serait à 6/6. Le fait d’avoir des joueurs habitués à la Pro A, je pense que c’est une garantie. La connaissance du championnat, du jeu, ça aide.

Cette série a mis la lumière sur le MSB et après quelque part c’est normal de gagner ?

C’est ça. C’est un peu le revers du bon début de saison. On n’est pas forcément meilleur que les autres, au contraire il y a certainement des équipes qui sont meilleures. Tous les matches il faut être à 100% sinon on n’a aucune chance de gagner. Ça génère beaucoup de motivation de l’adversaire d’affronter le leader manceau, de le faire tomber. Et nous, on gère d’autres soucis. Les joueurs peuvent inconsciemment se relâcher, s’octroyer d’autres comportements en se disant que tout va bien pour nous.

A Gravelines, Justin Cobbs était un joueur très individualiste. Il a fait un début de saison remarquable en étant collectif. Actuellement, il est un peu dans le dur ?

A l’image un peu de l’équipe. On est un peu moins bien mais il faut noter que depuis dix jours, on a dû faire face à la blessure de Pape (Amagou). Il a fallu intégrer Chris Lofton qui est arrivé le jeudi. On a fait deux séances, on est allé à Paris. J’étais très vigilant. On a eu le mérite de gagner le dimanche. On a enchaîné directement la coupe de France à Gravelines le mardi sans entraînement. On a fait face à la blessure de Terry Tarpey. Le jeudi matin après la vidéo il se fait une grosse entorse au genou. On a même arrêté l’entraînement car tous les joueurs ont été un peu effrayés en pensant qu’il s’était fait les croisés. A Toulon on était un peu sur la retenue en sachant qu’on allait jouer à huit. On a du faire passer DJ (Stephens) en trois pour la première fois. Ça a un peu modifié l’équilibre du jeu. On a perdu contre Hyères-Toulon. Will Yeguete était handicapé par plusieurs blessures, allait mieux, mais il a pris un coup dans le nez et ne va pas s’entraîner de la semaine. Alors, oui, Justin est moins bien mais ça correspond à une période de 10-15 jours où on a perdu deux joueurs, Pape et Terry, qui donnaient énormément à l’équipe, qui sont des joueurs à forte identité défensive, dans le combat.

Mykal Riley semblait avoir retrouvé toutes ses sensations mais lui aussi est un peu moins bien actuellement ?

Tout à fait. En début de saison, il était vraiment libéré et depuis deux, trois matches, il est en manque d’efficacité, des pertes de balle, et même sur des shoots ouverts il n’est pas trop en réussite. Pourtant je lui fais une totale confiance, en terme de temps de jeu, de liberté de prendre les shoots quand il le sent. Je ne le bride pas du tout, au contraire. Il faut aussi que l’on arrive à gérer ça en ce moment car il est un peu moins bien.

Romeo Travis a dit qu’il parlait trop aux arbitres… Ce qui est vrai !

C’est valable pour toute l’équipe. C’est une vraie faiblesse. Même quand on gagnait au début, certains joueurs à forte personnalité n’avait pas toujours un bon contrôle de leurs émotions. Sur les deux derniers matches, on n’a pas été bon dans la qualité de notre jeu et en plus on s’en prend aux arbitres. On a pris des techniques, des anti-sportives.

En plus c’est un peu le vieux sage de l’équipe ?

Oui. Il a pris une technique à Gravelines quand on est revenu à -5 et on est repassé à -10 rapidement. Mais sur le dernier match (à Toulon), il a été plus dans le contrôle. C’est plus Justin et Antoine (Eito) qui ont pris des techniques. Mais effectivement de façon générale, on parle trop car on est frustré, en situation d’échec.

Est-il vrai que DJ Stephens vous épate tous à l’entraînement ?

Quand il part sur une action pour un dunk, on est tous là à faire « ouf… ». Il a des qualités extraordinaires de détente, de smasheur. Notre priorité c’est de gagner des matches mais quand on a un joueur avec ces qualités-là, on peut l’utiliser sur des situations où il peut prendre des écrans dans le dos, sur les fins de matches, quand on est sûr de gagner et ce n’est pas souvent le cas en Pro A. Si tout se passe bien, on pourra mettre en place un ou deux systèmes pour le mettre en valeur. On a réussi à en passer en pré-saison, un ou deux en début de saison. Mais là, on a d’autres priorités, il faut que l’on ajuste notre qualité de jeu, que l’on gère notre frustration. Il a des qualités athlétiques et de tirs à trois points. Pas de façon régulière mais l’année dernière il était à 50%. A Toulon, il n’était pas adroit car il a joué en 3 et il n’avait pas les mêmes repères mais pas contre à Levallois, il a eu une réussite maximale, 5/6 à trois-points. Je pense qu’à terme on peut encore mieux l’utiliser (NDLR: DJ Stephens est à 15/38 à trois-points après 9 matches).

Vous avez 9 joueurs pros et un seul match par semaine. Le plus difficile n’est-il pas de faire comprendre à des joueurs chevronnés, à des Américains qui doivent afficher de bonnes statistiques pour se vendre à la fin de la saison, que leur temps de jeu peut être parfois réduit ?

C’est aussi la complication de l’équipe de cette année. Quand je suis arrivé des joueurs avaient déjà signé. Je ne connaissais pas super bien Youss (Fall), je ne l’avais pas trop vu à Poitiers, il avait peu joué au Mans l’année d’avant. Je me suis demandé s’il allait être performant. Will (Yeguete) était dans un autre profil et je me suis dit qu’il fallait assurer le coup et c’est pour ça que l’on s’est dirigé vers Romeo (Travis) qui peut dépanner au poste 5. Mais il fallait aussi un intérieur qui puisse tirer à trois-points et c’est pourquoi on a pris DJ Stephens. On se retrouve avec quatre intérieurs et c’est vrai que sans coupe d’Europe, quand on sait que tout le monde veut jouer et c’est bien normal, c’est parfois une richesse pour s’adapter au jeu de l’adversaire, et aux performances des uns et des autres, aux fautes, mais c’est aussi une complication à gérer.

Pour le rendement en championnat, c’est mieux de ne faire qu’un match par semaine ?

Je ne suis pas sûr. Bien sûr il y a la fatigue sur la longueur, les blessures, mais déjà les joueurs préfèrent jouer que d’avoir de longues semaines d’entraînement mais d’un autre côté on apprend énormément avec les matches de coupe d’Europe. Les progrès se font plus vite car on est confronté constamment à des situations de jeu. Avec Pau en FIBA Europe Cup l’année dernière, avec un groupe à trois équipes et un niveau beaucoup plus faible, il fallait donner du temps de jeu à Elie Okobo et Léo Cavalière c’était le terrain parfait pour qu’ils prennent de l’expérience. Ils ont pu transposer ça en championnat quand on a eu besoin d’eux après. Faire deux matches par semaine, ça génère d’autres soucis sur la longueur mais c’est mieux.

Vous avez six joueurs américains. Philosophiquement ça vous convient ?

Ça ne me dérange pas. C’est en fonction de la construction de l’équipe au départ, des besoins, des possibilités sur le marché. Il pourrait y en avoir que trois ou quatre. On aurait très bien pu prendre un Français à la place de Chris (Lofton). C’est le marché qui a décidé.

Avez-vous un plan de carrière ? Le désir de coacher un jour à l’étranger, par exemple ?

Je suis pris entre deux réflexions. Je suis dans mon métier à fond comme tous les coaches à mon avis. Ça a plutôt pas mal marché sur les dernières années. Et en parallèle, ça rejoint un peu les questions du début, je me dis que c’est aussi un métier usant, c’est une vie particulière. Ça m’arrive même parfois de me dire « tu as 45 ans mais quelle est ta vie ? » On a la chance d’avoir un métier passionnant mais pfou… Je pense que le métier de coach demande un investissement complet. On a rarement la possibilité de partir en week-end, en voyage, de s’intéresser à autre chose, de visiter des musées, de se faire un cinéma dans la semaine. Après si je raisonne uniquement sur le métier, oui j’ai envie de coacher des équipes encore plus fortes, d’avoir une expérience à l’étranger. Je regardais hier Buzzer et je voyais les salles en Grèce, le public. Pouvoir vivre ça…

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Dans votre nom, y a-t-il des accents ou non ?

Il n’y en a pas ! Tout le monde dit Barté alors que c’est Barte.

C’est de quelle origine ?

C’est polonais. Ça remonte à mon arrière-grand-père, que je n’ai pas connu pas plus que mes grands-pères.

On sait que vous avez fait une bonne partie de votre carrière à Châlons-en-Champagne mais comment se retrouve t-on au basket quand on mesure 1,70m ?

J’ai commencé à goûter au basket par l’intermédiaire des camps de vacances qui existaient à l’époque alors que je faisais du tennis de table. Je me suis inscrit à l’Espé en tant que benjamin. J’ai joué dans toutes les divisions jusqu’en espoirs et c’est là que j’ai rencontré Francis Charneux qui était le coach quand l’Espé était en Nationale 2 avant toute l’ascension jusqu’en Pro A. Je m’entraînais avec les pros et c’est comme ça que j’ai mis un premier pied en pro. Je n’avais pas le niveau pour y jouer et je suis allé jouer en Nationale 3 à Saint-Dizier. J’ai passé mes diplômes. Quand le président de l’époque Jean Arnould a su que j’avais eu mon BE1 à 23 ans, il m’a demandé si je voulais prendre en mains le centre de formation et être l’assistant du nouvel entraîneur de l’équipe pro, Alain Thinet.

C’était une opportunité fantastique…

Fantastique !

Mais vous aviez dû montrer des choses à Jean Arnould pour justifier cette confiance ?

C’était le président associatif, qui avait bien sûr un regard sur les pros, et je pense qu’il avait vu mon investissement. Je m’entraînais comme un malade. Quand j’étais au lycée, je m’entraînais sur les cessions du midi avec Charneux, le soir avec les pros et en doublant pratiquement à chaque fois avec les entraînements des espoirs. Quand j’étais en cadet, il venait voir les matches et il voyait que j’étais passionné. Je ne pensais qu’au basket. Il a gardé cette image-là.

Ça oblige à en faire plus quand on est petit ?

Non. Je pense que c’était mon tempérament. A cette époque-là, j’étais passionné par le jeu. J’avais des exemples à l’époque comme Pascal Dassonville, j’essayais de reproduire ce qu’il faisait. Je venais à la salle tout seul. Avec les copains on travaillait dur en dehors, l’été, avant les entraînements. On avait des sacs lestés, on shootait sans arrêt. On avait un engagement total. Et au niveau scolaire c’était bien mis de côté (rires).

Un tempérament de chef ?

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