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Les trois jours de Dijon – Episode #3 : Laurent Legname: « Il faut arrêter de dire que les coaches français sont moins bons »

Ancien joueur emblématique de Hyères-Toulon, Laurent Legname s’est reconverti en coach en 2013 et est resté à la tête du HTV pendant deux saisons. En 2014, il a été élu meilleur entraîneur de Pro B et en 2015 il s’est engagé en Pro A avec la JDA Dijon.

Ancien joueur emblématique de Hyères-Toulon, Laurent Legname s’est reconverti en coach en 2013 et est resté à la tête du HTV pendant deux saisons. En 2014, il a été élu meilleur entraîneur de Pro B et en 2015 il s’est engagé en Pro A avec la JDA Dijon.

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Comment se fait le recrutement à la JDA entre le general manager Jean-Louis Borg et vous ?

C’est très simple je pense. Comme dans tous les clubs. On définit ensemble, avec mes assistants, le président et Jean-Louis. On a appelé ça une cellule de recrutement, mais c’est un simple consortium entre nous cinq. On définit d’une année sur l’autre les joueurs que l’on souhaite garder donc on s’attache déjà à prolonger les joueurs concernés. Ensuite, on s’attaque au marché parce qu’on sait que c’est important par rapport à la règlementation. Pour finir, par rapport aux postes qui nous manquent, on identifie des profils de joueurs américains, Cotonou ou Bosman. On rentre en contact avec les agents, sachant que Jean-Louis s’occupe de la partie financière et que moi je m’occupe de la partie sportive.

Quand vous faites votre recrutement quel profil de joueurs cherchez vous ? Des joueurs de Pro B qui méritent d’aller plus haut comme Jacques Alingue et Valentin Bigote ? Des Américains frustrés par leur dernière saison comme Ryan Pearson ? Des joueurs sortis de fac comme Rasheed Sulaimon ?

Le premier critère, c’est l’aspect financier. A Dijon on fait avec l’argent dont on dispose comme on n’a pas des moyens démesurés et une masse salariale qui est faible pour la Pro A. Cet été on a déjà eu la chance de pouvoir conserver Axel (Julien) et Jacques (Alingue) en leur offrant une exposition en rapport à ce qu’ils nous avaient montré. Ensuite, les joueurs référencés de Pro A que ce soit Français ou Américains il faut oublier parce que c’est trop cher pour nous. On essaye de voir avec des joueurs qui sont en manque de temps de jeu autre part, des joueurs qui ne sont pas dans la bonne équipe au bon moment en Pro A ou des bons joueurs de Pro B qui méritent d’aller plus haut comme Valentin Bigote cette année. Pour les Américains c’est pareil, des joueurs qui sont passés un peu sous les radars, des joueurs qui ont été dans des championnats qui sont un peu moins bien référencés que la Pro A ou faire des paris avec des rookies. On essaye de faire au mieux face à ce critère financier.

Ca doit aussi être un challenge intéressant?

C’est vrai que c’est intéressant, mais c’est super dur. Ca demande beaucoup de travail mais c’est aussi et surtout beaucoup de paris. C’est très aléatoire. Quand c’est des joueurs de Pro A on les connait. On connait leur niveau de jeu mais aussi leur état d’esprit en se renseignant. Quand ce sont des joueurs qui arrivent des Etats-Unis ou d’autres championnats c’est beaucoup plus dur de se renseigner. Quand on sait que le recrutement c’est à peu près 70% d’une saison, on a des bonnes et des mauvaises surprises. C’est très difficile de ne tomber que sur des bonnes surprises.

Quelle est votre analyse sur Jacques Alingue qui est passé en quelques années de la Nationale 3 à un statut de quasi all-star de Pro A ?

Il mérite ce qui lui arrive parce que c’est quelqu’un qui travaille énormément, qui s’impose à lui-même une éthique de travail qui est importante. Il est toujours à fond. Il a une grande qualité, c’est qu’il est intelligent. C’est-à-dire qu’il sait ce qu’il peut faire, il sait surtout ce qu’il ne peut pas faire et il reste dans son registre. Il y a beaucoup de joueurs qui ne connaissent pas déjà leur registre et qui veulent faire des choses qu’ils ne maitrisent pas. Jacques, lui, reste vraiment dans son registre. Il a su progresser, s’adapter et progresser chaque année. C’est la troisième année qu’il est avec moi, il a toujours progressé, individuellement et collectivement pour arriver cette saison à être un joueur qui compte en Pro A et à être un leader à part entière de mon équipe.

Votre équipe possède exactement la même moyenne de points marqués que encaissés (78,3 points). Ça veut dire qu’elle est un peu moins défensive que les précédentes années et un peu plus tournée vers l’attaque ?

Comme je l’ai dit, ça reste des chiffres. Je ne suis ni un coach défensif, ni un coach offensif. Je suis un coach comme tous les coachs qui veulent gagner. Je sais que si on veut gagner il faut avoir une bonne assise défensive surtout quand on n’a pas de gros roster ou de gros moyens. C’est vrai que cette année, je pense qu’on encaisse un peu trop de points. Mis à part Jacques, on n’a pas vraiment de stoppeur. On n’a pas de joueurs dur-au-mal comme on pouvait l’avoir l’année dernière avec Ryan Brooks. On essaye de compenser par la défense collective, mais c’est vrai que sur certains matchs on a du mal parce que les joueurs oublient, parce que les joueurs n’ont pas ça dans leur ADN. Ca me chafouine un peu, mais à contrario c’est vrai qu’on a un potentiel offensif intéressant. Lorsque l’on joue bien ensemble, on est capable de marquer beaucoup de points. On encaisse 78 points, il faudrait qu’on descende à 75 de moyenne.

Vous n’avez pas apprécié en début de saison que Rasheed Sulaimon soit suspendu alors qu’il n’avait pas été entendu par la commission de discipline de la ligue. Avez-vous trouvez injuste d’être à votre tour sanctionné pour avoir exprimé votre mécontentement ?

Totalement injuste !

Quand on est coach de Dijon, on regarde plutôt du côté des playoffs ou côté maintien ?

Si on se réfère rien qu’aux chiffres on regarde forcément côté maintien, c’est obligatoire parce qu’on a la seizième masse salariale. Si on se refère au côté compétiteur que les joueurs et le coach ont, on regarde le plus haut possible. C’est ce qu’on s’est dit avec mes assistants, le président et le manager general. Les chiffres c’est une chose, mais sur le terrain il n’y a pas de chiffres. On travaille pour voir le plus haut possible, c’est-à-dire les playoffs et gagner le plus de matchs possible. Tout en sachant qu’il faut les prendre les uns après les autres, qu’il faut connaitre nos points forts et nos points faibles. Ce n’est pas compétiteur de se dire qu’on ne regarde que le maintien, même si la logique économique rejoint souvent la logique sportive.

Est-ce particulier de jouer contre le HTV qui est votre club de toujours et dont le directeur sportif est votre père Philippe ?

Ca sera toujours quelque chose de spécial. C’est toujours une émotion particulière. Tant que je serai coach et tant que je jouerai contre le HTV ça sera particulier. Surtout à Toulon ou à Hyères. Je pense qu’au fil des années ça va s’estomper mais il y aura toujours quelque chose de particulier. Je fais la part des choses entre le côté émotionnel et le boulot qu’il y a à faire. C’est bien aussi qu’il y ait des histoires particulières comme ça et c’est bien de le vivre.

Jean-Louis Borg, Kyle Milling, vous : le HTV est un club formateur de coachs ?

Apparemment oui (sourire). Il doit y avoir un bon directeur général qui recrute les coachs (ndlr, Laurent est le fils de Philippe Legname dirécteur général du HTV). Il ne se trompe pas souvent parce qu’encore avec Manu Schmitt ils ont de bons résultats. Il doit connaître le basket ce monsieur pour trouver des coachs comme ça.

Vous vous êtes personnellement inspiré du style de Jean-Louis Borg ?

J’ai essayé de m’inspirer de chaque coach. C’est vrai, plus Jean-Louis parce que je l’ai eu pendant plus de 15 ans donc ça marque. Il y a une manière de faire dans l’approche des entraînements, dans l’approche technico-tactique qui font qu’il y a des ressemblances. Au fur et à mesure de mon expérience de joueur et des autres coachs que j’ai eu, j’ai pris de tous et je me suis forgé ma propre expertise. Je ne ressemble pas à untel ou untel, je suis Laurent Legname et j’ai mes idées comme tous les coachs ont leurs idées. Je regarde aussi tout ce que font les autres en France et en Europe. C’est comme ça qu’on progresse.

Quel est votre avis sur la règle de l’antisportive ?

C’est bien, je suis pour la règle de l’Euroleague où chaque faute sur contre-attaque amène une antisportive pour fluidifier le jeu. En France, les arbitres la sifflent différemment selon les matchs et même dans un même match ils peuvent se tromper. C’est difficile pour eux. Pour que ce soit plus simple et clair pour tout le monde, il faudrait uniformiser cette règle. Quelques soit la faute qui est sur jeu rapide c’est antisportive au détriment de la faute tactique.

Les coachs français ne parviennent pas à intéresser des clubs européens. Est-ce un objectif que vous avez au fond de vous ?

J’ai envie de coacher au plus haut niveau. Je suis très content de coacher en Pro A parce que c’est le plus haut niveau en France et les places sont chères. Il faut saisir cette opportunité et travailler à fond. C’est vrai que je ne comprends pas pourquoi les coachs français ne s’exportent pas. Pour regarder tout ce qui se passe, je trouve que les Français sont plutôt bons par rapport aux autres coachs européens. Le problème c’est qu’on a une Pro A très atypique qui fait que je ne sais pas s’il y a un manque de reconnaissance des résultats. C’est toujours à mettre en relief par rapport au budget des autres équipes. Je prends le pari qu’à budget égal, sur un club d’Euroleague, vous mettez un coach français, il aura à minima les mêmes résultats que d’autres grands coachs européens. C’est sûr et certain, voire mieux. Je vois ce que nous on propose et je trouve qu’il n’y a pas grand-chose de différent. C’est simplement l’exécution et le niveau individuel des joueurs qui n’a rien à voir. Ce qui fait qu’ils ont ces résultats-là. Il faut arrêter de dire « les coachs français sont moins bons ». Pour moi c’est des bêtises parce qu’on est aussi bons, voire meilleurs que la plupart des coachs européens par rapport à ce que je vois au quotidien. On n’a rien à envier.

Est-ce que ça vous arrive de défier vos joueurs au shoot à trois-points ?

Beaucoup moins qu’avant mais de temps en temps, oui. Je n’ai pas perdu cette année. J’ai gagné ou fait match nul, mais pas de défaite.

[armelse]

Comment se fait le recrutement à la JDA entre le general manager Jean-Louis Borg et vous ?

C’est très simple je pense. Comme dans tous les clubs. On définit ensemble, avec mes assistants, le président et Jean-Louis. On a appelé ça une cellule de recrutement, mais c’est un simple consortium entre nous cinq. On définit d’une année sur l’autre les joueurs que l’on souhaite garder donc on s’attache déjà à prolonger les joueurs concernés. Ensuite, on s’attaque au marché parce qu’on sait que c’est important par rapport à la règlementation. Pour finir, par rapport aux postes qui nous manquent, on identifie des profils de joueurs américains, Cotonou ou Bosman. On rentre en contact avec les agents, sachant que Jean-Louis s’occupe de la partie financière et que moi je m’occupe de la partie sportive.

Quand vous faites votre recrutement quel profil de joueurs cherchez vous ? Des joueurs de Pro B qui méritent d’aller plus haut comme Jacques Alingue et Valentin Bigote ? Des Américains frustrés par leur dernière saison comme Ryan Pearson ? Des joueurs sortis de fac comme Rasheed Sulaimon ?

Le premier critère, c’est l’aspect financier. A Dijon on fait avec l’argent dont on dispose comme on n’a pas des moyens démesurés et une masse salariale qui est faible pour la Pro A. Cet été on a déjà eu la chance de pouvoir conserver Axel (Julien) et Jacques (Alingue) en leur offrant une exposition en rapport à ce qu’ils nous avaient montré. Ensuite, les joueurs référencés de Pro A que ce soit Français ou Américains il faut oublier parce que c’est trop cher pour nous.[/arm_restrict_content]

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Photo : FOXAEP

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