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Levallois, 3e partie – Freddy Fauthoux, coach de tempérament et fier papa de Marine

De Landais Freddy Fauhoux a été naturalisé Levalloisien et de shooteur de légende de Pau il est devenu un coach qui compte en Jeep Elite. Il est aussi le fier papa de Marine, 18 ans, petite prodige du basket féminin et meneuse titulaire à Tarbes.

De Landais Freddy Fauhoux a été naturalisé Levalloisien et de shooteur de légende de Pau il est devenu un coach qui compte en Jeep Elite. Il est aussi le fier papa de Marine, 18 ans, petite prodige du basket féminin et meneuse titulaire à Tarbes.

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L’histoire est connue et même légendaire : Frédéric Fauthoux a porté exclusivement le maillot de l’Elan Béarnais Pau-Orthez durant dix-huit saisons et fut de toutes les campagnes européennes, de tous les trophées nationaux. Il est originaire d’Horsarrieu, un village au cœur des Landes de 660 habitants et il a façonné son shoot sur les paniers faits maison par le père ou le grand-père en dribblant sur la terre ou les cailloux. Son président à l’Elan Pierre Seillant l’avait surnommé affectueusement Petitou mais derrière le sourire d’ange et le chic type se révélait les soirs de match un tempérament volcanique, un fier guerrier, un malin, qui a si bien incarné le club avec les deux frangins Gadou. Avec l’équipe de son patelin, il a gagné la Coupe des Landes, un trophée qui là-bas vaut le Larry O’Brien Trophy de la NBA.

Freddy Fauthoux devint ensuite adjoint aux sports de la mairie de Pau et de l’agglomération tout en travaillant vaguement le matin pour une compagnie d’assurances. Un peu las après sa carrière de joueur, il n’a pas enchaîné directement sur le coaching professionnel mais continuait à fréquenter régulièrement le palais. Il a mis son savoir-faire au service des jeunes, des séniors, de ses camps de basket, tout en suivant toujours attentivement l’Euroleague à la télévision. Il a ensuite véritablement mis le pied à l’étrier en prenant en mains l’équipe réserve de l’Elan Béarnais, en NM2 et NM3, à Pau Nord-Est. Un bon apprentissage. En août 2014, il est devenu parallèlement l’adjoint de Bernard Faure en équipe de France U16.

Seulement l’Elan ne lui a jamais proposé d’intégrer le staff de l’équipe pro et Freddy en conserve toujours une pointe d’amertume. C’est ainsi qu’il est devenu un expat et le milieu, les médias, le public sans doute, ont eu du mal à s’y faire tant il était estampillé sud-ouest et son accent caractéristique le rappelle à chaque mot.

« C’était normal. Je suis né là-bas, j’ai fait toute ma carrière de basketteur là-bas, j’étais adjoint aux sports là-bas. Je peux donc comprendre que les gens aient cette idée en tête. Par contre, on ne peut pas remettre en cause mon intégrité de switcher et de m’investir à 100% dans un autre club comme Levallois. Avant de replonger dans ce métier, je savais très bien que je ne pourrai pas faire ma carrière d’entraîneur comme celle de basketteur, c’est-à-dire rester dans le même club des années et des années dans celui où j’ai commencé puisqu’en plus ils ne m’ont pas donné l’opportunité. Je voulais rester à Pau car il y avait tout un cadre, le basket bien sûr, familial. J’ai joué 14 ans l’Euroleague sur 18 de carrière. On jouait le titre chaque année. Je n’avais aucun intérêt à partir. »

Les Landes, Freddy n’y retourne qu’à Noël et durant les vacances estivales encore que l’été dernière il a assisté à la Summer League de Las Vegas, une ville de frime, de lumière et du jeu qui est l’exact contraire de son village. Mais il se plaît à Paris où il peut voir des matches de rugby et de foot et jusqu’à l’année dernière il était prêt de sa fille Marine alors à l’INSEP.

« C’est dû à mon évolution personnelle. J’ai 45 ans, j’ai fait plein de choses et j’avais envie d’en découvrir d’autres. C’était le bon moment de vivre un peu à Paris. Je ne dis pas que j’y vivrai toute ma vie. Je n’en sais rien en fait. C’est sûr qu’à 25 ou 30 ans je ne m’y voyais pas du tout. Levallois, c’est la Petite Couronne, on y vient en métro. C’est une ville très calme. J’ai la Seine à côté et je peux aller courir. Je profite de Paris : théâtre, cinéma et tout simplement me promener, manger, boire un coup. »

Avec son pote Sacha Giffa

Freddy a donc fait le grand saut en 2015. Il a fait jouer son réseau en téléphonant à son ancien équipier Juan Aisa devenu agent à YouFirst qui l’a dirigé vers François Lamy son représentant en France et pris contact avec Jacques Monclar, qui fut son coach à Pau, et qui était alors conseiller du président Jean-Pierre Aubry au Paris-Levallois. C’est ainsi qu’il lui a été proposé de devenir l’adjoint d’Antoine Rigaudeau, lui aussi un ancien équipier, qui se lançait dans le coaching. Rigaudeau qui se sentant mal à l’aise dans son nouveau costume démissionna quelques semaine plus tard. C’est ainsi que le Landais bénéficia d’une promotion express. Et il a connu un succès immédiat lui qui s’imaginait demeurer assistant pour un temps indéfini.

« Ce n’est pas quelque chose qui m’aurait posé problème. J’étais parti pour passer des années et des années avec Antoine à mes côtés. Je voulais retrouver le haut niveau. Entraîner, c’est le Graal bien sûr mais assistant c’est aussi intéressant. Pour ma conscience, vu que c’est Antoine qui a voulu arrêter et non pas du fait qu’il ait été coupé par les dirigeants et que je sois mis à sa place, c’était plus simple de prendre la suite. »

En vert et blanc, Freddy Fauthoux était connu pour ses montées d’adrénaline. En a t-il toujours autant depuis qu’il est devenu coach ?

« Non. Il y en a malheureusement moins. C’est plus contenu et c’est plus des pics quand tu es entraîneur. On réagit sur une belle action mais comme on doit se re-concentrer sur ce qu’on doit faire après, quelle stratégie les autres mettent en place, on est toujours dans la réflexion. Alors que quand on est joueur, c’est plus spontané. On a parfois deux ou trois secondes pour se libérer parce qu’on a marqué un beau panier, on a fait une belle passe. Tu peux parler avec les autres joueurs, se taper dans les mains s’il y a des lancers-francs. Quand tu es entraîneur, il peut y avoir une montée, de joie, rare, de colère, oui, car on est toujours en train de les re-mobiliser. Ce ne sont pas du tout les mêmes émotions. Aux temps-morts, je ne ne sais pas comment sont les autres mais moi ce sont de vraies colères. J’ai été joueur et quand on démarre un match et je sens qu’ils ne sont pas dedans, qu’ils ne donnent pas tout ce qu’ils peuvent, et que toi ton tempérament c’était 100% tous les jours, oui, ça te met en colère. Tu veux les piquer, les faire réagir et tu le fais suivant ton tempérament. »

Des vrais colères Freddy Fauthoux en a parfois lors des conférences d’après-match quand il est mécontent de l’arbitrage mais d’autres fois, avoue-t-il, elles sont un peu feintes et servent à envoyer un message. En octobre 2017, à l’issue d’un match à Dijon, il a un peu dérapé et après un rapport du commissaire du match, il fut condamné à un match de suspension avec sursis et à un Travail d’Intérêt Général ; une peine qu’il n’a pas effectuée.

Une des autres caractéristiques du Landais, c’est de parler français aux temps-morts. Un processus que partage Pascal Donnadieu, le collègue de Nanterre. C’est son adjoint Sacha Giffa qui fait la traduction. Un homme qu’il a pu apprécier lors de son séjour de quelques mois à Pau et aussi en équipe de France lorsqu’ils ont fait ensemble les qualifs de 2004 et le championnat d’Europe l’année suivante à Belgrade. Pour parler plus vite ?

« Déjà. Et surtout on fait passer plus d’émotions et on fait mieux comprendre les choses. Dans les temps-morts, les mêmes mots reviennent souvent. Je pars du principe que les joueurs ne sont pas bêtes. La semaine, on parle mi-français, mi-anglais. Les mots reviennent durant les temps-morts. Pour moi c’est déjà plus simple en français et en plus, même s’ils n’ont pas compris les mots, les joueurs ressentent ce que tu dis. Comme ça revient souvent, je pense qu’ils comprennent. Et en plus comme Sacha traduit ça colle de suite. »

De Bastien Pinault à Maxime Roos en passant par Pierre Pelos

Sa réussite instantanée avec les Metropolitans a suscité l’intérêt du Mans qui lui a proposé de succéder à Erman Kunter. Il a refusé. Il ne se voyait pas lâcher aussi vite un club et un président, Jean-Pierre Aubry, qui lui avait fait confiance, lui le novice, et qu’il compare à Pierre Seillant, le gardien du temple béarnais. Dans sa bouche, c’est le compliment ultime. Le cadre levalloisien lui convenait si bien qu’il a re-signé pour quatre saisons et son contrat se terminera ainsi en 2021. Découvrir la nouvelle arèna qui sera édifiée à Boulogne est un objectif à plus long terme. Comme de profiter davantage du formidable vivier de jeunes talents de l’Ile-de-France.

« Pour moi c’est super important. Il y a eu un travail fait auparavant par Thomas Drouot que l’on a fait aboutir avec Sacha. La génération Andrew Albicy, Vincent Poirier, Louis Labeyrie, Landing Sane, Giovan Oniangue, tous des Parisiens que l’on a mis sur le terrain. Mais après il y a un creux qui n’est pas du tout normal alors qu’on est dans le bassin du sport français. On n’a pas réussi à les repérer et les attirer. On s’attelle à redorer la formation ici à Levallois. C’est un club qui a toujours aimé faire jouer les jeunes. Boulogne a aussi cet objectif-là. Tout le monde est connecté là-dessus. On va mettre les bouchées doubles pour dénicher les futurs talents et les former. »

Freddy Fauthoux a déjà dans ce domaine un CV abondant. A Pau Nord-Est sont passés, dans le désordre, Pierre Pelos (Fos), Bastien Pinault (Chalon), Paul Turpin (Challans), Thomas Séguéla (Berck) et encore Sébastien Cape (Bordeaux). A Levallois, ses deux principales réussites sont Louis Labeyrie (Valence), qui sous sa coupe a donné un coup d’accélérateur à sa carrière et surtout Vincent Poirier (Vitoria) qui est en quelques semaines est sorti de l’ombre pour s’exposer à la lumière alors que Antoine Rigaudeau ne lui avait pas fait confiance.

« Turpin va être MVP de N1 cette année, je pense, et il peut jouer en Pro B sans problème. C’est une satisfaction… tu ne peux même pas imaginer. A part Louis qui est un peu spécial, dans la minute où tu leur envoies un message, ils te répondent, ça fait toujours plaisir. Oui c’est une fierté parce que tu as participé à leur éclosion. Je ne pars pas du principe que c’est moi qui les ai formés. Ils ont commencé le basket sans moi et ils le finissent sans moi et je ne les ai eu que deux ou trois ans. Il y a eu un super travail de fait. J’ai eu la vision de les mettre sur le terrain quand il le fallait, de les défendre dans certaines situations car pour arriver au haut niveau, c’est dur. Quand il y a des coups de moins bien, il faut les défendre car tu sais qu’il faut en passer par là pour arriver au top niveau. Il faut aussi les secouer. Alors les voir sortir à quasiment leur maximum, c’est une réelle satisfaction. Pierre Pelos c’est comme Vincent Poirier. L’Elan Béarnais n’a pas voulu le garder quand il a fini sa formation. On a fait le forcing avec son beau-père pour que l’Elan le prenne le matin à l’entraînement des pros. Il était pion le soir et il dormait dans un dortoir pour se faire 600 balles par mois. Et il jouait avec moi en N2 en s’entraînant trois fois par semaine. Je voulais absolument le garder car sa formation n’était pas du tout terminé et il aurait pu partir en N2 dans des clubs qui ne l’auraient peut-être pas fait jouer. Là il a joué 30-35 minutes, ça lui a permis de s’émanciper, de devenir plus un homme. C’est une réelle satisfaction…. Ma grande déception, c’est de ne pas avoir réussi encore à sortir un meneur ! (rires) »

Maxime Roos, 23 ans, Cyrille Elitzer-Vanerot, 22 ans et aussi Neal Sako, 18 ans, qui a fait sa première apparition sans complexe samedi au Mans, sont actuellement sur la rampe de lancement. Mais le souci immédiat du coach c’est de dénicher dans l’urgence et en plein février des remplaçants à Mouph Yarou, victime d’une rupture du tendon d’Achille, et à Julian Wright parti sans sommation, et qui donnaient entière satisfaction sur le terrain malgré une légère chute de tension ces dernières semaines, et aussi à Nobel Bougou-colo, pigiste de luxe, qui a rejoint l’Espagne plus rémunératrice. Pour le recrutement, Freddy Fauthoux est désormais épaulé par Alain Weisz qui a pris la direction du secteur sportif du club.

« Avant je le faisais avec Sacha. Maintenant, je décide en dernier. Alain est quelqu’un que je ne connaissais pas bien comme on n’a jamais eu trop l’occasion de partager des choses. C’est quelqu’un de facile à vivre. On a plus ou moins les mêmes visions des choses. Son poste soulage beaucoup de choses qui parfois parasitent le quotidien : recevoir les joueurs, leurs demandes, parler avec les agents quasi au quotidien parce qu’il faut toujours être prêt à dégainer pour avoir un joueur. Il s’occupe de cette partie-là et met en place la partie centre de formation avec Guillaume Quintard. Ça me dégage du temps pour m’occuper davantage du terrain. Il y a beaucoup de joueurs, beaucoup d’agents et les joueurs demandent beaucoup de choses et c’est une sorte de filtre. Et en plus avec l’expérience qu’il a, il peut donner l’avis sur un joueur que j’écoute forcément avec attention. Je ne pense pas que cette année on se soit trompé sur beaucoup de joueurs… malheureusement ils se blessent. »

« Lui, c’est un paysan, il a l’accent landais ! »

Son fils Baptiste appartenait aux espoirs de l’Elan Béarnais mais sur le banc. Il a préféré tirer un trait sur une éventuelle carrière professionnelle et a replongé dans les études à Bordeaux et joue avec la N3 à Pau Nord-Est en s’entraînant avec l’équipe le jeudi. Chez les Fauthoux, l’as des as, c’est Marine, dix-huit ans, et presque aussi grande que papa avec son 1,76m. Osons la comparaison : Marine est considérablement en avance sur les temps de passage du paternel puisqu’elle est championne d’Europe U16, vice-championne du monde U17 et déjà meneuse de jeu titulaire à Tarbes. En quart de finale de la coupe de France face à Basket Landes, elle a scoré 14 points en 30 minutes.

« Le papa est très fier et surtout très heureux parce que elle prend ça du bon côté avec le sourire, la joie de jouer au basket. Et moi j’ai toujours insisté là-dessus. »

Marine ne se souvient pas d’avoir vu jouer son père ni à Pau ni même à Horsarrieu. Trop jeune à l’époque. Elle a bien sûr maté des vidéos mais ne pense pas s’en être inspiré.

« Je suis différente de lui, on n’a pas le même registre. Lui c’était un gros shooteur. Moi, je suis plus dans la dextérité, un peu dans le fun, pour créer pour moi ou pour les autres. On n’a pas le même style. »

D’ailleurs, il ne faut pas sous-estimer l’ADN maternel puisque sa maman, Marie, a joué en NF3 avec Monségur, autre haut lieu du basket de la Chalosse, et gagné elle aussi la Coupe des Landes. Par contre, Marine est une citadine et elle ne se prive pas de le faire remarquer avec un accent du sud-ouest beaucoup plus léger que celui de son père.

« Je suis née à Pau et j’ai toujours joué à Pau avant d’aller à l’INSEP. En fait, je ne suis pas Landaise même si j’ai du sang landais puisque mes deux parents sont landais. Je connais le milieu mais je ne suis pas Landaise. Lui c’est un paysan, il a l’accent landais ! », glisse t-elle avec malice.

Mais comme papa, Marine est une sanguine. Elle a parfois de grosses bouffées d’adrénaline et n’a peur de rien.

« Ça se voit peut-être moins parce que j’ai appris à contrôler tout ça avec un préparateur mental mais au fond je suis comme lui. Dès qu’il y a une de mes coéquipières qui est attaquée, j’arrive direct ! »

Evidemment, on lui rappelle sans cesse qu’elle est la fille d’un monument du basket landais mais cela a cessé de l’irriter. D’ailleurs les relations entre eux sont permanentes et intenses, par textos ou même par vidéo de basket que le père nous a montré avec délice.

« C’est mon père ! Je suis encore jeune, j’ai encore besoin de lui. On s’appelle souvent », confirme t-elle.

Son père qui l’a entraîné une année, en minimes quand avec deux filles de Pau, elle jouait à l’US Orthez. Ses parents servent bien entendu de conseillers sur le basket et notamment quand l’été dernier à la sortie de l’INSEP, Marine a choisi son premier club professionnel.

« On a beaucoup échangé », indique Freddy. « Elle nous fait beaucoup confiance à la maman et à moi. Elle aime avoir notre avis. Je regarde ses matches. Je lui dis « il faudrait que tu progresses sur ça, sur ça… Pourquoi tu ne fais pas ça ? » Mais je ne bourrine pas, elle doit apprendre par elle-même car à un moment-donné, il n’y a qu’elle qui est sur le terrain et elle a un entraîneur qui lui fait énormément confiance. Je ne suis pas du tout un mec envahissant. Mais je suis admiratif de sa maturité et même stupéfait des performances qu’elle fait. »

L’entraîneur, c’est François Gomez. Elu meilleur coach de la Ligue féminine pour la saison 2017-18, coach de l’équipe nationale de Suède, vice-champion de France 2018 avec une équipe tarbaise constituée avec une masse salariale bien plus faible que les autres ténors, et réputé pour ses compétences de formateur.

« Mes parents m’ont dit, « fais ton propre choix et après on te donnera notre avis ! » Ils voulaient que ça parte de moi-même », confirme Marine. « J’ai fait mon choix, je leur ai dit Tarbes et eux ont alors dit ce qu’ils pensaient et ils penchaient pour Tarbes. Ils m’ont expliqué pourquoi mais ils voulaient vraiment que le choix vienne de moi. Ce n’est pas forcément la région qui a fait pencher la balance, mais le projet basket, le coach. Déjà quand il est venu me voir à l’INSEP, il m’a dit, « je ne recrute pas une jeune joueuse mais une joueuse, je ne fais pas attention à l’âge ». Ça m’a marquée car les autres coaches me parlaient toujours d’âge et même de physique car pour l’instant on sait que je ne suis pas encore développée. Il m’a dit, « tant que tu es sur le terrain et que tu fais le boulot, avec moi tu y resteras » et c’est ce qui se passe aujourd’hui. En fait, mon choix était entre Tarbes et Basket Landes. J’en aurais fait abstraction mais ça aurait été la fille de… qui revient au pays alors que je ne suis pas Landaise ! », insiste t-elle. « C’était peut-être une atmosphère qui n’allait pas me convenir alors qu’à Tarbes personne ne dit que je suis la fille de Fred, etc. »

Sûr qu’aujourd’hui dans la Ligue Féminine, le nom Fauthoux est associé au prénom Marine. La Paloise a donc pris la place de meneuse titulaire à Tima Pouye, de deux ans son aînée, et assemble 5,1 points, 3,5 rebonds et 3,1 passes en 26’. Elle est bien en avance sur ses camarades de promo de l’équipe de France U17 en ce qui concerne les minutes à disposition.

« Iliana Rupert et sa grande copine Kendra Chery sont dans de gros clubs (NDLR : Bourges et Lyon) et elles s’entraînent avec les meilleures. Donc quelque part tu progresses aussi. Après il faut des entraîneurs qui les mettent sur le terrain », analyse Freddy. « A Marine, je lui dis, peu importe le choix que tu fais, du moment que c’est ton choix, c’est le bon. Après il ne faut pas se dire « si j’avais su… ». C’est ça qui est le pire. Je me doutais qu’en fille elle pouvait jouer. Elle a du culot et elle sait faire pleine de choses sur le terrain. Physiquement, une fille est plus vite mature. Pour un garçon jouer contre des mecs de 30 ans qui sont bâtis comme des fous, tu as dix-huit ans, tu passes à la moulinette. Je pense que François Gomez lui a donné plus de responsabilités que ce qu’il imaginait. On ne sait pas comment les jeunes vont intégrer leur nouveau statut. Il a mis Marine titulaire depuis cinq, six matches. C’est abusé ! Elle est super heureuse donc je suis heureux. »

La génération 2001 de Marine Fauthoux est juste exceptionnelle. Peut-être la meilleure de tous les temps en France. Et comme les deux ont eu des pères basketteurs internationaux, Marine et Iliana Rupert se sont connues dans le bac à sable.

« On se connaît depuis l’âge de trois ans car nos pères étaient ensemble sur des campagnes équipe de France. Et après, on a commencé ensemble à Pau à 6 ou 7 ans pendant un an, je crois. Et après sur le terrain, on s’est retrouvé à l’INSEP. De bien se connaître, ça facilite les choses. Avec cette génération des 2001, on a créé quelque chose de fort. On est toutes en contact toute l’année. C’est un peu comme une famille. Quand on se retrouve l’été, on sait ce que l’on veut faire. Nous, c’est gagner, tout le temps gagner. L’été prochain, on veut aller rechercher un titre de championne d’Europe en U18. Comme on est vraiment toutes proches, ce sont des moments inoubliables. L’équipe de France A, j’y pense. Le plus tôt possible, ça serait le mieux, » dit-elle avec sa voix d’adolescente. « On va continuer à travailler pour. Et les Jeux Olympiques de 2024, on y pense forcément aussi car c’est bientôt et c’est à Paris mais avant il y a beaucoup d’échéances. Mais c’est dans un coin de la tête… »

En attendant, ce qui importe à Marine et… ses parents, c’est qu’elle passe le bac d’abord !

« Je le passe en juin et j’ai des cours entre les entraînements avec des profs qui viennent à domicile car suivre avec une classe au lycée c’est trop dur. J’essaye de caler des cours entre les entraînements et les déplacements, le championnat, la Coupe d’Europe, c’est un peu dur, mais bon il faut avoir le bac ! »

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L’histoire est connue et même légendaire : Frédéric Fauthoux a porté exclusivement le maillot de l’Elan Béarnais Pau-Orthez durant dix-huit saisons et fut de toutes les campagnes européennes, de tous les trophées nationaux. Il est originaire d’Horsarrieu, un village au cœur des Landes de 660 habitants et il a façonné son shoot sur les paniers faits maison par le père ou le grand-mère en dribblant sur la terre ou les cailloux. Son président à l’Elan Pierre Seillant l’avait surnommé affectueusement Petitou mais derrière le sourire d’ange et le chic type se révélait les soirs de match un tempérament volcanique, un fier guerrier, un malin, qui a si bien incarné le club avec les deux frangins Gadou. Avec l’équipe de son patelin, il a gagné la Coupe des Landes, un trophée qui là-bas vaut le Larry O’Brien Trophy de la NBA.

Freddy Fauthoux devint ensuite adjoint aux sports de la mairie de Pau et de l’agglomération tout en travaillant vaguement le matin pour une compagnie d’assurances. Un peu las après sa carrière de joueur, il n’a pas enchaîné directement sur le coaching professionnel mais continuait à fréquenter régulièrement le palais. Il a mis son savoir-faire au service des jeunes, des séniors, de ses camps de basket, tout en suivant toujours attentivement l’Euroleague à la télévision. Il a ensuite véritablement mis le pied à l’étrier en prenant en mains l’équipe réserve de l’Elan Béarnais, en NM2 et NM3, à Pau Nord-Est. Un bon apprentissage. En août 2014, il est devenu parallèlement l’adjoint de Bernard Faure en équipe de France U16.

Seulement l’Elan ne lui a jamais proposé d’intégrer le staff de l’équipe pro et Freddy en conserve toujours une pointe d’amertume. C’est ainsi qu’il est devenu un expat et le milieu, les médias, le public sans doute, ont eu du mal à s’y faire tant il était estampillé sud-ouest et son accent caractéristique le rappelle à chaque mot.

« C’était normal. Je suis né là-bas, j’ai fait toute ma carrière de basketteur là-bas, j’étais adjoint aux sports là-bas. Je peux donc comprendre que les gens aient cette idée en tête. Par contre, on ne peut pas remettre en cause mon intégrité de switcher et de m’investir à 100% dans un autre club comme Levallois. Avant de replonger dans ce métier, je savais très bien que je ne pourrai pas faire ma carrière d’entraîneur comme celle de basketteur, c’est-à-dire rester dans le même club des années et des années dans celui où j’ai commencé puisqu’en plus ils ne m’ont pas donné l’opportunité. Je voulais rester à Pau car il y avait tout un cadre, le basket bien sûr, familial. J’ai joué 14 ans l’Euroleague sur 18 de carrière. On jouait le titre chaque année. Je n’avais aucun intérêt à partir. »

Les Landes, Freddy n’y retourne qu’à Noël et durant les vacances estivales encore que l’été dernière il a assisté à la Summer League de Las Vegas, une ville de frime, de lumière et du jeu qui est l’exact contraire de son village.

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Photos: Freddy Fauthoux (Karen Mandau), Marine Fauthoux (FIBA)

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