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Interview (2) – Marie-Sophie Obama (présidente LDLC ASVEL féminin): « C’est la culture Spurs qui est transposée à l’ASVEL »

Son histoire est connue. Ancienne joueuse de Ligue Féminine, vainqueur de l’Eurocup avec Aix-en-Provence en 2003, Marie-Sophie Obama, 38 ans, a été conviée par son copain de l’INSEP, Tony Parker, à devenir, il y a deux ans, présidente déléguée du club féminin de Lyon qu’il rachetait et qui a pris de

Son histoire est connue. Ancienne joueuse de Ligue Féminine, vainqueur de l’Eurocup avec Aix-en-Provence en 2003, Marie-Sophie Obama, 38 ans, a été conviée par son copain de l’INSEP, Tony Parker, à devenir, il y a deux ans, présidente déléguée du club féminin de Lyon qu’il rachetait et qui a pris depuis le nom de LDLC ASVEL féminin. La Gersoise a imprimé de suite sa marque. Les Lionnes sont devenues championne de France 2019 et sont engagées avec beaucoup d’ambitions en Euroleague. Comme elle le dit elle-même, Marie-Sophie Obama est l’un des étendards d’un nouveau militantisme.

L’interview est en deux parties. Voici la deuxième.

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Vous avez fait un stage à San Antonio cet été. C’était un voyage de récompense ou pour resserrer les liens avec le président et avec le club en général ?

C’était un mixte. Ce n’est pas le club mais Tony qui a offert ça aux joueuses. Il y a une dimension affective dans le projet filles chez Tony qui est particulière, même par rapport aux garçons qui est très…

Business ?

Je n’aime pas dire ça car quand on dit « business », ça sous-tend qu’il se fait du pognon sur le club des garçons alors qu’il donne beaucoup et de sa personne, de ses finances, de ses réseaux. Il ne fait pas ça pour s’enrichir. Mais oui, « business » dans le sens noble du terme. Et c’est vrai que chez les filles il y a une dimension très sentimentale et donc il avait envie de les récompenser puisqu’on était en avance sur les objectifs que l’on s’était fixés. Idéalement ça aurait été bien d’avoir toutes les filles qui ont contribué à ce titre l’année dernière mais le timing a fait que ça a aussi servi à intégrer nos nouveaux éléments. C’était surtout la traduction de l’identité de notre projet, un pied en Europe et un pied aux Etats-Unis, qu’on le veuille ou non. Dans la manière dont on définit le développement et la politique sportive du club. On essaye de travailler sur la durée, de signer des contrats longs, de ne pas être sur des one shots avec les joueuses. C’est la culture Spurs qui est transposée à l’ASVEL.

Y a-t-il des liens économiques entre l’ASVEL masculin et l’ASVEL féminin où la gestion est-elle indépendante ?

Ce ne sont pas les mêmes entités juridiques. Il y a une société LDLC ASVEL garçons et une société LDLC ASVEL féminin. On a comme point commun le même actionnaire majoritaire même si ce ne sont pas exactement les mêmes structures qui sont majoritaires chez les filles et chez les garçons. Ça, c’est pour le côté formel, sociétés. Après, on fait partie de la même famille. Comme dans une famille, le fils a le même nom de famille que la fille. On revendique une même identité, une même paternité, mais pour autant le garçon a sa propre vie à mener, ses rêves, ses objectifs et c’est la même chose pour la fille de l’autre côté.

Les sponsors sont-ils communs ?

Non. On en a quelques-uns mais c’est à la marge. On a notre développement, nos valeurs que l’on prône et notre positionnement propre. C’est comme ça que l’on a construit le projet, en se disant « qu’est-ce que la branche féminine peut apporter de plus à la famille ? »

Comme vous avez pris le même naming « LDLC », on avait l’impression qu’il y avait un vrai rapprochement structurel ?

Non, mais on est proche dans le sens que l’on partage les mêmes bureaux, on échange sans cesse. Il y a aussi Infinity Nine Media, qui est une structure qui est prestataire des deux entités et même trois avec l’Academy et d’autres clients en plus.

A titre personnel, vous avez fait un invetissement avec Tony Parker dans la société qui gère les remontées mécaniques du domaine skiable de Villard-de-Lans ?

C’est effectivement à titre personnel. On est multi projets… C’est une histoire d’amitié derrière tout ça donc forcément Gaétan Muller va faire partie de certains projets de Tony, moi aussi. C’est à part même si on a forcément envie de lier, j’allais dire la montagne et la plaine.

Ça part tous azimuts ?

Ça peut paraître… (rires).

Il y a d’autres projets dans les cartons ?

Il n’y a encore rien pour l’instant mais il ne faut pas s’étonner si ça arrive. Tout est envisageable avec nous, c’est sky is the limit.

De gauche à droite, debout: Guy Prat (coach adjoint), Alysha Clark, Clarissa Dos Santos, Helena Ciak, Marième Badiane, Michelle Plouffe, Valéry Demory (coach). Assises: Ingrid Tanqueray, Lidija Turcinovic, Paoline Salagnac, Marine Johannes, Julie Allemand (FFBB).
« On approche les 3,5 millions. Je pense qu’à quelques dizaines de milliers d’euros, on est au niveau de Bourges. »

Quel est le montant du budget de votre club cette année ?

On approche les 3,5 millions. Je pense qu’à quelques dizaines de milliers d’euros, on est au niveau de Bourges.

Le titre de champion de France est en avance sur votre tableau de marche. Vous l’aviez envisagé sur trois ans ?

On avait dit que l’on jouerait le titre en Année 3, que l’on allait alors construire une équipe pour jouer la finale et essayer de la gagner. On a une ou deux saisons d’avance mais rien n’est acquis. Ça reste du sport. On n’attaque pas cette année avec la fleur au fusil, en se disant « tranquille ».

Il y a une concurrence comme jamais en Ligue féminine ?

Il y a une très forte concurrence. Il y a des modèles qui sont différents en fonction des clubs et des territoires mais tout le monde travaille. Ce qui est intéressant, c’est que l’on arrive à amener la Ligue féminine à un des niveaux les plus compétitifs d’Europe, si l’on parle en terme d’homogénéité.

Il existe en Europe un certain nombre de clubs qui ont des budgets plus élevés ?

Largement. Et en dehors des budgets, il y a le cadre fiscal et social.

Est-ce envisageable pour vous de viser le plus haut niveau de l’Euroleague comme c’était le cas pour Bourges et Valenciennes, il y a vingt ans ?

Oui, mais en activant d’autres leviers car on pourra difficilement le faire avec la plus grosse masse salariale de l’Euroleague.

C’est impossible d’arriver au niveau du budget d’Ekaterinbourg ?

Et même des autres. Dans le net qui reste dans la poche des filles, nous, pour x raisons, on pourra difficilement s’aligner. Mais ça reste du sport. Et sur le bien-être, l’épanouissement des joueuses, sur cette expérience club, on peut arriver à se transcender dans des contextes favorables qui le permettent. C’est ça qui est magique dans le sport. C’est ça que l’on veut réussir à créer.

C’est ce que disait Céline Dumerc quand elle était à Ekaterinbourg, elle avait l’impression d’aller au boulot ? On peut transcender une motivation autrement que par l’argent ?

C’est exactement ça et c’est la leçon que l’on peut donner.

Contrairement aux garçons, vous bénéficiez d’un important vivier de bonnes joueuses françaises qui restent en France ?

Même si elles vont aussi en WNBA, les meilleures joueuses jouent en Europe. L’Euroleague, c’est la meilleure ligue au monde. Ce n’est pas le cas chez les garçons. Ça change la donne, les joueuses veulent forcément évoluer au sein de la meilleure ligue au monde.

Les filles ont aussi moins envie de partir à l’étranger que les garçons et dans le cas de Helena Ciak et Endy Miyem, elles reviennent vite en Ligue Féminine ?

Elles partent pour une expérience, elles ont une manière différente d’envisager leur carrière. Quand elles partent c’est une opportunité mais elles sont quand même attachées à leur famille, à leur environnement, à leurs repères et c’est vrai que pour nous c’est un plus.

Photo: Alysha Clark (FFBB)
« On a quand même organisé deux matches au Palais des sports et deux autres à l’Astroballe où en cumulé on fait 20 000 spectateurs »

Vous jouez à Mado-Bonnet et vous avez déclaré il y a un an que vous souhaitiez jouer à plein temps à Gerland. C’est toujours d’actualité ?

Non, pas vraiment. C’est compliqué car il n’y a pas de salles aujourd’hui à Lyon pour nous. Mado-Bonnet, ce n’est pas très grand et le Palais des sports, ça l’est trop. Organiser des matches de façon ponctuelle, des finales, oui, mais de là à être résident à 100 %, cela a un coût qui doit être amorti par un engouement qui doit nous permettre d’équilibrer tout ça. On a vraiment présenté un projet en essayant de trouver une solution pour envisager notre développement économique avec un outil qui nous le permette. On a réfléchi à ce que l’on pouvait proposer à la ville comme projet global au Palais des sports mais c’est une salle qui est utilisée pour d’autres événements. C’est compliqué pour eux, ils n’ont pas forcément de plan B pour transposer ces événements-là. Donc pour l’instant, on a réalisé des travaux à Mado-Bonnet pour faire évoluer un peu l’outil. Pas forcément en augmentant la capacité d’accueil de manière considérable mais l’Euroleague nous accompagne et nous a accordé une dérogation que l’on espère renouveler d’année en année. Il n’y a pas de projets concrets de déménagement pour l’instant mais c’est forcément un sujet que l’on va devoir envisager de manière concrète dans les prochaines années. Ça nous permet aussi de grandir petit à petit.

Amener 6 000 personnes à Gerland, c’était pour démontrer à tous que le basket féminin est attractif ?

Il y avait un record établi avant que l’on arrive, l’année d’avant (NDLR : le 11 mars 2016, 6 002 spectateurs avaient été enregistrés pour la venue d’Arras). On a quand même organisé deux matches au Palais des sports et deux autres à l’Astroballe où en cumulé on fait 20 000 spectateurs. On sait faire, sur des affiches, du ponctuel, mais on n’est pas suffisamment structuré pour le faire de manière régulière. Il faut que l’on arrive à grandir petit à petit en respectant les étapes même si le sportif était en avance l’année dernière. Il ne faut pas se brûler les ailes… On a voulu organiser les playoffs l’année dernière au Palais des sports mais on s’est heurté à des problèmes de conformité, de vétusté, il n’y a pas la fibre. C’est vraiment quelque chose qui s’envisage sur du moyen terme et de manière ponctuelle. Pour l’instant rien n’est prévu. Il y  a par contre un match qui doit se faire à l’Astroballe, le 3 novembre, le même jour que les garçons.

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Vous avez fait un stage à San Antonio cet été. C’était un voyage de récompense ou pour resserrer les liens avec le président et avec le club en général ?

C’était un mixte. Ce n’est pas le club mais Tony qui a offert ça aux joueuses. Il y a une dimension affective dans le projet filles chez Tony qui est particulière, même par rapport aux garçons qui est très…

Business ?

Je n’aime pas dire ça car quand on dit « business », ça sous-tend qu’il se fait du pognon sur le club des garçons alors qu’il donne beaucoup et de sa personne, de ses finances, de ses réseaux. Il ne fait pas ça pour s’enrichir. Mais oui, « business » dans le sens noble du terme. Et c’est vrai que chez les filles il y a une dimension très sentimentale et donc il avait envie de les récompenser puisqu’on était en avance sur les objectifs que l’on s’était fixés. Idéalement ça aurait été bien d’avoir toutes les filles qui ont contribué à ce titre l’année dernière mais le timing a fait que ça a aussi servi à intégrer nos nouveaux éléments. C’était surtout la traduction de l’identité de notre projet, un pied en Europe et un pied aux Etats-Unis,

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Photo d’ouverture: Infinity Nine Media

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