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Jean-Aimé Toupane (équipe de France) : « J’espère que ça va pulser »

Avant d’aborder la deuxième phase de la préparation à la Coupe du monde (22 septembre – 1er octobre), qui démarre à Pau ce vendredi, Basket Europe a rencontré le sélectionneur des Bleues, Jean-Aimé Toupane.

Avant d’aborder la deuxième phase de la préparation à la Coupe du monde (22 septembre – 1er octobre), qui démarre à Pau ce vendredi, Basket Europe a rencontré le sélectionneur des Bleues, Jean-Aimé Toupane.

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Il a été, contre toute attente, propulsé à la tête de l’équipe de France féminine, début octobre 2021, avec déjà des échéances cruciales à aborder (deux matches de qualification pour l’Euro 2023, joués les 11 et 14 novembre). Nouveau venu dans le basket féminin, Jean-Aimé Toupane présente un bilan comptable mitigé, en compétition officielle avec les Bleues (2v-3d).

Mais son équipe est en route vers la prochaine Coupe du monde en Australie (du 22 septembre au 1er octobre), dans une configuration qui sera inédite, puisque privée de quelques cadres. Avant d’aborder la deuxième phase de la préparation, qui démarre à Pau ce vendredi, et devrait voir les filles de Jean-Aimé Toupane monter en intensité, Basket Europe a fait le point avec le sélectionneur des Bleues

Onze mois après votre arrivée dans ce milieu du basket féminin, que vous découvrez, quel est votre ressenti de coach ?
« Je me sens bien dans le relationnel, avec les filles. J’ai beaucoup travaillé là-dessus. Comme je l’ai toujours dit, filles ou garçons, le basket reste le basket. Mais effectivement, dans le cadre du travail, la relation avec garçon ou fille est différente. J’ai donc beaucoup échangé, personnellement, avec les joueuses, avec des gens issus de ce milieu du basket féminin. En ce qui me concerne, le plus important, c’est qu’il existe une confiance réciproque, c’est déterminant. Avec ces filles, je suis sur un projet, et malgré le fait que je ne sois pas issu du milieu, on avance. Je suis aussi bien entouré par des gens, qui eux, connaissent parfaitement ce milieu. De mon côté, je sens qu’il y a une confiance ; bien sûr, ça passe par une méthodologie, une adaptation, la capacité de donner du sens à ce qu’on fait. Le défi qui nous attend est énorme. Sans cette relation de confiance, c’est compliqué. Si vous demandez mon ressenti, pour moi, de mon côté, ça va bien. »

(c) FIBA

Vous faites aussi des efforts d’adaptation donc ? De quel genre ?
« Les leviers de performance restent les mêmes. Je leur ai dit ‘je ne vais pas vous faire jouer comme des garçons, mais comme des championnes’. Alors des adaptations, oui. Quand on arrive, qu’on veut un changement, c’est nécessaire. Les adaptations, elles viennent de l’écoute, du dialogue. On peut ne pas être d’accord, mais travailler à  rapprocher nos points de vue. On est en permanence en négociation. Et elles aussi doivent s’adapter. L’adaptation, c’est être plus pédagogue, par rapport à ce qu’on présente. Quand je parle des leviers du basket masculin, avec beaucoup d’intensité, il faut l’amener différemment. Mais je suis persuadé qu’elles veulent la même chose. Et, quand il faut dire les choses, il faut aussi le dire cash, sans perdre de vue la notion de respect. »

« Dans un groupe de garçons, on va en avoir qui réagissent ‘comme des filles’, et on a l‘inverse : il y a des caractères forts aussi chez les filles, tout est affaire de personnalité. »

Diriez-vous qu’il y a plus de susceptibilités à ménager chez les filles ?
« La question, c’est s’il y a moins de sources de conflit avec les garçons que les filles ? Ça ne se détermine pas comme ça. Dans un groupe de garçons, on va en avoir qui réagissent ‘comme des filles’, et on a l‘inverse : il y a des caractères forts aussi chez les filles, tout est affaire de personnalité. La relation est différente, entre elles, avec moi. »

Parlez-nous des rôles respectifs de Cathy Melain (assistante-coach) et Céline Dumerc (manager général) à vos côtés ?
« Cathy, c’est la numéro un de mon staff. Tout le monde connait son vécu de joueuse internationale de haut-niveau. Et l’avantage avec elle, c’est qu’on avait déjà bossé deux ans ensemble, au Pôle France. Donc on se connait, on connait notre façon de fonctionner ensemble, on sait ce qu’on veut mettre en place ; elle a été d’une aide énorme, dans mon adaptation au basket féminin.

Céline, on ne la présente plus non plus. Chez les Bleues, Céline, c’est Boris (Diaw) chez les garçons. C’est la GM. Avec Cathy, elles ont connu le plus haut-niveau mondial, c’est tout bénef, en termes d’expérience sur le terrain, de vie de groupe, de vécu. Céline évolue avec nous dans un cadre plus global. Elle partage son ressenti par rapport aux filles, à la vie du groupe, a une mission d’organisation, elle gère les relations avec la FFBB, le DTN. Quand on discute, bien sûr, elle peut donner son avis sur le jeu, mais elle n’intervient pas dans la gestion du jeu, dans les contenus d’entraînements. »

« On a une préoccupation, celle de faire émerger les jeunes joueuses qui arrivent. Marine Fauthoux, Iliana Rupert, Ana Tadic, Pauline Astier, Janelle Salaun, Tima Pouye, Dominique Malonga, Marie Pardon… il y a cette volonté demain, après-demain, qu’elles soient là et qu’elles jouent. »

Vos premiers résultats officiels avec cette équipe de France, en qualifications pour l’Euro 2023 (en novembre 2021) et pour la Coupe du monde 2022 (en février 2022), sont plutôt décevants (2v-3d). Comment le vivez-vous ?
« Est-ce que ce sont des résultats prévisibles ou décevants ? Quand on perd, on est toujours déçu, mais quand on analyse, on n’est pas surpris. Avec l’équipe qui a joué la fenêtre de novembre 2021, on avait deux, trois entraînements dans les jambes, pas dans les meilleures conditions. En février, l’équipe n’était pas du tout la même, il y avait beaucoup d’absences. On gagne le Mali (77-66), on aurait pu gagner de plus. Contre le Nigéria, on perd de deux points (67-65). Et contre la Chine, on prend l’eau (70-103). C’était peut-être aussi lié à un manque de fraîcheur, on s’est éteint au fil des matches. Alors, bien sûr, je suis déçu. Mais pas plus inquiet que ça, par rapport à l’émergence de jeunes joueuses qu’on a mises sur le terrain. Car on a aussi une préoccupation, qui est de faire émerger les jeunes joueuses qui arrivent. Marine Fauthoux, Iliana Rupert, Ana Tadic, Pauline Astier, Janelle Salaun, Tima Pouye, Dominique Malonga, Marie Pardon… il y a cette volonté demain, après-demain, qu’elles soient là et qu’elles jouent. »

Vous allez devoir vous passer, pour raisons diverses, de plusieurs cadres (Miyem, Vukosavjlevic, Epoupa, Tchatchouang), c’est un vrai handicap, néanmoins ?
« C’est toujours triste de voir une joueuse se blesser, mais ça fait malheureusement partie du process. Pour certaines, on espère les retrouver bientôt sur le terrain. Si ces filles ne sont pas là, elles ont des raisons. Mais l’idée, c’est que les jeunes soient mises sur le terrain. Aujourd’hui, ce n’est plus une question d’âge. Sandrine (Gruda) a performé à 18 ans. Il faut créer les conditions pour ces filles. On a une bonne formation en France, il faut lui donner une chance. »

(c) FIBA

La dépositaire du leadership dans cette équipe semble donc être plus que jamais Sandrine Gruda. Où-en est-elle, puisqu’elle a été ménagée depuis le début de la préparation ?
« Oui, Sandrine, c’est elle qui reste la leader, notre capitaine. Mais il y a aussi Gabby (Williams), Sarah (Michel) qui a un gros leadership dans ce groupe. Et nous, on espère découvrir aussi l’émergence de certaines personnalités. Pour en revenir à Sandrine, on l’attend. On est suspendu à son évaluation médicale, à son ressenti (L’intérieure martiniquaise va réintégrer le groupe dans les jours qui viennent). »

Vous devez aussi gérer les absences de celles qui jouent en WNBA (Gabby Williams et Iliana Rupert, Marine Johannès étant sur le retour). C’est compliqué ?
« Vous savez, en U20, chez les garçons, je partais souvent avec l’équipe C. Entre les workouts, les summer league, j’y laissais pas mal de joueurs. Le déclic, il a eu lieu l’année où la génération Michineau – Cornelie a connu cinq draftés. Après cette année-là, du premier au vingtième, ils pensent tous à y aller. Nous, on s’est toujours adaptés par rapport à ça, on a fait avec des gens qui arrivaient au dernier moment, on partait avec sans problème. On sait ce qu’est une gestion de carrière, on essaye de l’accompagner au mieux. »

Vous êtes donc bien rodé pour l’exercice ?
« On peut dire ça. Pour les garçons, on créait les conditions de suivi, pour qu’ils puissent arriver au dernier moment ; pour les filles, c’est pareil. On sait qu’Iliana (Las Vegas Aces) et Gabby (Seattle Storm) sont dans des équipes fortes, qui peuvent accéder aux demies et finales. Marine (New York Liberty), un peu moins, elle peut finir le 23 (c’est effectivement ce qui s’est passé avec l’élimination de New-York lors du match 3 par Chicago). Je les ai toutes eues au téléphone, on échange régulièrement pour anticiper tout ça. Pour celles qui vont arriver le plus tard, il faudra qu’elles enchaînent. Il y a un travail de fait avec le DTN et le directeur de la performance Jacky Commères. On voit jour à jour. Avec tout ça, il faut suivre la WNBA, il faut bien que je m’y mette (avec un sourire). »

« Marine (Johannès), c’est une très grande joueuse, qui peut nous apporter énormément. Elle ne fait pas ce qu’elle montre par hasard. Je veux la voir continuer sur cette dynamique là en venant chez nous, car je compte beaucoup sur elle. »

Vous avez donc suivi la bonne saison de Marine Johannès avec New York. Que vous inspire-t-elle, sachant qu’en équipe de France elle alterne le bon et le moins bon ?
« Marine, c’est une très grande joueuse, qui peut nous apporter énormément. Nous, on a un gros défaut, on voit toujours le verre à moitié vide. Moi j’ai fait la carrière qui est la mienne, car je vois toujours le verre à moitié plein. Elle ne fait pas ce qu’elle montre par hasard. Et je veux la voir continuer sur cette dynamique là en venant chez nous, car je compte beaucoup sur elle. »

(c) FIBA

Quel est l’objectif de votre équipe dans cette Coupe du monde ?
« On a toujours eu de l’ambition. Pour l’instant, on vient de commencer. Je pourrai mieux vous répondre dans quelques semaines. La Fédération attend beaucoup de toutes les équipes de France engagées. On veut être sur le podium. L’objectif initial, ça a toujours été le dernier carré. C’est quelque chose qu’on avait évoqué quand je suis arrivé. Maintenant, il va falloir attendre encore un peu. On est sur deux objectifs, le résultat et le renouvellement de cette équipe, la responsabilisation des jeunes joueuses. »

Quel est l’état d’avancement du jeu actuellement ?
« Le premier bloc d’évaluation (du 9 au 21 août) a concerné la mise place, sur et hors terrain, dans la vie de groupe. Défensivement, Cathy Melain fait du bon travail. Offensivement, c’est David Gautier qui planche là-dessus. Et il y a beaucoup d’infos à intégrer, de principes de jeu auxquels les filles doivent s’adapter. Le bloc de Pau (du 26 août au 2 septembre) doit permettre de monter en intensité. J’espère que ça va pulser, qu’on sera proche de l’intensité nécessaire au contexte de la Coupe du monde ».

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Il a été, contre toute attente, propulsé à la tête de l’équipe de France féminine, début octobre 2021, avec déjà des échéances cruciales à aborder (deux matches de qualification pour l’Euro 2023, joués les 11 et 14 novembre). Nouveau venu dans le basket féminin, Jean-Aimé Toupane présente un bilan comptable mitigé, en compétition officielle avec les Bleues (2v-3d).

Mais son équipe est en route vers la prochaine Coupe du monde en Australie (du 22 septembre au 1er octobre), dans une configuration qui sera inédite, puisque privée de quelques cadres. Avant d’aborder la deuxième phase de la préparation, qui démarre à Pau ce vendredi, et devrait voir les filles de Jean-Aimé Toupane monter en intensité, Basket Europe a fait le point avec le sélectionneur des Bleues

(c) FIBA

Onze mois après votre arrivée dans ce milieu du basket féminin, que vous découvrez, quel est votre ressenti de coach ?
« Je me sens bien dans le relationnel, avec les filles. J’ai beaucoup travaillé là-dessus. Comme je l’ai toujours dit, filles ou garçons, le basket reste le basket. Mais effectivement, dans le cadre du travail, la relation avec garçon ou fille est différente. J’ai donc beaucoup échangé, personnellement, avec les joueuses, avec des gens issus de ce milieu du basket féminin. En ce qui me concerne, le plus important, c’est qu’il existe une confiance réciproque, c’est déterminant. Avec ces filles, je suis sur un projet, et malgré le fait que je ne sois pas issu du milieu, on avance. Je suis aussi bien entouré par des gens, qui eux, connaissent parfaitement ce milieu. De mon côté, je sens qu’il y a une confiance ; bien sûr, ça passe par une méthodologie, une adaptation, la capacité de donner du sens à ce qu’on fait. Le défi qui nous attend est énorme. Sans cette relation de confiance, c’est…

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Photo : Equipe de France (FIBA)

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