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Jean-Christophe Prat, coach du Paris Basketball : « Je pense que ce club a un futur brillant parce qu’on sent qu’il y a une énergie folle »

Coach du club depuis son origine, réputé excellent formateur, Jean-Chritophe Prat croit dur comme fer au projet parisien, sur et en dehors du terrain.

Coach du club depuis son origine, réputé excellent formateur, Jean-Chritophe Prat croit dur comme fer au projet parisien, sur et en dehors du terrain.

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Quelles sensations cela fait de disputer ces European Games avec comme adversaires Armani Milan et Alba Berlin ?

On ne peut pas rêver mieux. Il faut remettre les choses dans leur contexte. On a trois ans d’existence, on arrive de Pro B. On a six joueurs de 20 ans et moins sur l’effectif aujourd’hui (NDLR : l’interview a eu lieu samedi, à l’issue de la première journée). Je ne veux pas parler des absents, mais il manque un joueur important (NDLR : l’Américain Kyle O’Quinn), et on se confronte à une équipe qui était au Final Four de l’Euroleague l’année dernière. Le 12-0 (NDLR : en début de match contre Milan), c’est de la peur. Ils ne jouaient pas. Je les ai quand même prévenus. On vous dit « le loup ! le loup », mais quand le loup arrive en face de vous, on a beau vous prévenir, ce n’est plus pareil (rires). Une fois que l’on a passé ça, je trouve que jusqu’à la 25e minute, c’était cohérent, même si on s’est rendu compte que les déplacements étaient difficiles, pour faire une passe aussi. C’est du très haut niveau, ça conteste tous les déplacements, il y a de la dureté que ce soit en attaque ou en défense, dans tout ce qu’ils font. On l’a payé cash, et en plus le scénario du match a été terrible. Ismaël (Kamagate) a pris deux fautes tout de suite, il re-rentre, il en prend une troisième. On sait que c’est notre seul poste 5. Après, tu mets Dustin (Sleva), qui est un 4, à jouer en 5, et j’ai même mis un moment Amara (Sy) en 5. Ce n’est pas grave. J’ai trouvé que ce premier match a été beaucoup plus intense que le premier (NDLR : ASVEL-Berlin) alors que ce sont deux équipes d’Euroleague. Après le match de Berlin, on fera beaucoup de vidéos individuelles et collectives parce que je pense que ces matches-là peuvent être des accélérateurs de croissance pour nos jeunes joueurs. C’était presque un match de playoffs après quinze jours de préparation. Je ne peux pas rêver mieux. J’ai même envie de vous dire que je voulais que Milan joue jusqu’au bout. Quand les équipes de haut niveau ont 20 points d’avance, leur objectif c’est d’en avoir 22, 23. La saison dernière, on a fini la saison avec des écarts de 22 points en moyenne. C’était pareil, on était un rouleau compresseur parce qu’on dominait, et à 6 minutes de la fin, lorsqu’il y avait +26, je disais à mes joueurs que l’objectif c’était d’en avoir +28, +30. Eux, c’est la même chose. C’est ça se respecter et respecter l’adversaire. C’est de jouer jusqu’au bout. Et là, c’est parfait pour nous, on va apprendre énormément de ces oppositions-là.

Photo: Juhann Begarin (Paris Basketball)
« Quelque que soit le niveau auquel jouera ce club dans le futur, il mettra toujours des jeunes sur le terrain »

Là, Paris était le petit vis-à-vis de Milan, qui est un monument du basket européen, mais est-ce que cette année ça ne va pas être un peu inversé, dans le sens que le Paris Basketball peut être une cible. C’est l’équipe de la capitale et on sait qu’en province, il y a beaucoup de jalousie vis-à-vis de Paris. N’est-ce pas un peu disproportionné vis-à-vis d’une équipe jeune avec des joueurs qui n’ont pas l’expérience de l’élite ?

C’est une question intéressante. On a essayé de bâtir une équipe avec un équilibre avec des joueurs plus anciens et des jeunes joueurs. Cet équilibre va venir de nos anciens joueurs. Il y a énormément de pression. Les jeunes sont inconstants, c’est logique, donc il faut que nos cadres soient stables. Si c’est le cas, on fera une bonne saison parce que la stabilité des cadres va permettre aux jeunes joueurs de prendre de l’expérience, au quotidien, à l’entraînement, et donc de transformer cette expérience progressivement, et de combler le déficit par rapport peut-être à d’autres équipes de Betclic Elite. C’est le pari que l’on a fait, c’est l’ADN du club. Quelque que soit le niveau auquel jouera ce club dans le futur, il mettra toujours des jeunes sur le terrain. C’est l’identité du club donc ce n’est pas un souci. Pour répondre à la deuxième partie de la question : on sait que, que ce soit du handball, du volley, peu importe le sport, Paris restera Paris, mais moi, les supporters je ne les entends pas, c’est le cadet de mes soucis. On joue contre des joueurs qui eux nous respectent. Je protège mon groupe, on joue au basket, le reste à peu d’influence sur nous.

Pourquoi Kyle O’Quinn n’est pas encore arrivé en France ?

On l’a recruté sur le tard, on est tombé d’accord avec lui fin août, début septembre, et il avait malheureusement des engagements qui étaient prévus aux Etats-Unis, et qu’il était obligé de respecter. A la base, il n’était pas prévu qu’il signe en Europe, et il avait ces engagements dans la semaine du 11 au 17. Il décolle des Etats-Unis le 17 et il sera là le 18 au matin. On joue Cholet le soir, et il sera à The One Ball, il ne jouera pas (sourire), mais il sera avec l’équipe.

Comment sentez-vous vos joueurs physiquement ?

Bien. C’est l’avantage d’avoir des gamins. Tu peux t’entraîner, il n’y a pas de soucis. On a un groupe très sain, qui travaille bien. Je suis plutôt content de la qualité du travail que l’on effectue.

Peut-on dire que le trophée de Meilleur Jeune de Betclic Elite sera chez vous en fin de saison ?

Je ne fais pas attention à ces choses-là. L’année dernière, on avait beaucoup de jeunesse et le titre de Meilleur Jeune n’était pas chez nous (NDLR : il est revenu à Hugo Besson de Saint-Quentin) et on est monté. Les récompenses individuelles dans les sports co, ce n’est pas trop ma came. Ma récompense, ça sera peut-être de me dire en fin d’année « Juhann (Begarin) a fait une belle saison », et il ira définitivement aux Celtics. Peut-être que l’on aura Milan (Barbitch) et Ismaël (Kamagate), qui seront sur leur année de draft, qui seront draftés. Ça, c’est une vraie récompense pour moi. Ça récompenserait le travail que l’on a investi sur eux sur cette deuxième génération de jeunes potentiels.

Photo: Jean-Christophe Prat (Paris Basketball)
« En organisant un tournoi comme ça, on positionne déjà Paris sur la carte du basket européen »

Amara Sy aura peut-être le trophée des quadragénaires ?

… Ou de meilleur jeune ! (rire). Amara, c’est incroyable. Ce soir (NDLR : face à Milan), on est en galère car Ismaël (Kamagate) et Dustin (Sleva) font des fautes, on n’a plus d’intérieur, et Amara y va, il joue 4, il joue 5. C’est sa dernière saison, il l’a plus ou moins annoncé, mais il faut kiffer Amara Sy. C’est une légende du basket français. C’est juste remarquable. Et il est tous les jours comme ça à l’entraînement. Il a la banane, il arrive en avance, il prend les jeunes en plus. C’est un plaisir. Si un jour on doit faire un logo à la LNB, il faut le faire avec le profil d’Amara. Pour le Paris Basketball, c’est l’une des meilleures signatures que l’on est fait depuis que le club existe.

C’est un message pour le club d’accueillir dès sa première saison en Betclic Elite Milan, Berlin et Villeurbanne, dans la perspective de l’ouverture de l’Arena de la Porte de la Chapelle ? Ça montre où vous voulez aller en tant que club ?

Très clairement. Aujourd’hui, au-delà de l’aspect sportif, c’est très intéressant de travailler avec David Kahn (NDLR : le président) car il nous amène une autre culture de ce qu’est le sport. Aux Etats-Unis, le sport c’est un business. En France, on est romantiques, on est des poètes, ou on fait du sport ou on fait du business, mais rarement les deux en même temps. En organisant un tournoi comme ça, on positionne déjà Paris sur la carte du basket européen. Depuis quand il n’y a plus d’Euroleague à Paris ? 2013 avec Nanterre. Ça fait huit ans que le basket parisien n’est pas vu. Je ne sais pas si vous vous rendez-compte : il faut féliciter les gens des bureaux. Ils ont mis 1 300 personnes dans la salle, alors qu’il fait beau, on est un week-end de septembre, et il n’y a pas 10% d’invités. C’est payant. Ça veut dire qu’il y a un vrai engouement pour le plus haut niveau à Paris, qui en a été sevré. Et puis, c’est aussi en terme de développement de marque, une réflexion de nos deux actionnaires, Eric Schwartz et David Kahn, qui se disent « attention, là, on est à Carpentier, dans deux ans, on va avoir l’aréna, c’est quand même 9 000 places, comment on peut faire pour déjà commencer à développer le branding pour remplir l’aréna ? » Tu ne passes pas de 2 000 à 9 000 comme ça, du jour au lendemain. C’est une vraie réflexion stratégique entre le business et le sport. Je trouve que c’est très intéressant d’avoir cet apport culturel. Aux Etats-Unis, il n’y a pas de subventions des collectivités et quand tu perds de l’argent, c’est celui des propriétaires. Je pense que ce club a un futur brillant parce qu’on sent qu’il y a une énergie folle. Vous vous baladez dans la rue : tout le monde porte des chaussures de basket, des goodies de basket. C’est dommage que la popularité du basket soit là dans le monde, et en France encore là (NDLR : il montre un niveau plus bas avec sa main). C’est peut-être le parfait timing pour le basket français quand tu vois la génération qui arrive : les Wembayama, les Strazel, les 2004 et les 2005 qui sont incroyables, en France, on a une mine d’or. C’est un très beau projet.

C’est effectivement un peu le paradoxe de voir que le basket soit médiatiquement en France à la traîne, mais qu’il a incité des Américains a prendre la prioriété de deux clubs. Il n’y a pas d’équivalence en Europe. Il y aura à partir de cette saison une sorte de concurrence entre deux managements américains…

Je ne sais pas s’il y aura une concurrence, ça va amener une émulation, une pensée différente. Il faut y ajouter l’ASVEL, qui fait un travail remarquable, Tony Parker redonne au basket ce que le basket lui a donné, et il faut le souligner. Le gars réinvestit son argent dans le basket, il a toujours été sous le maillot de l’équipe nationale, et là il est en train de faire de son club une locomotive. Pour lui à titre perso, mais aussi pour le basket français. On avait besoin en France de locomotives parce qu’on a un beau produit. On commence à les avoir avec l’ASVEL, Monaco, qui fait du bon travail, qui se structure bien, peut-être avec Pau, c’est encore un peu trop tôt pour le dire car ils viennent d’arriver, Paris. Plus on va avoir de locomotives, plus on va avoir de monde dans les salles, plus on va gagner de sous, plus tu pourras payer les joueurs. Il y aura toujours ceux qui iront en NBA, mais ceux qui vont en Euroleague se diront que c’est cool de jouer dans la ligue française. C’est une spirale qui peut se mettre en place, et en plus on a des résultats avec l’équipe nationale, ça aide.

Kyle O’Quinn serait-il venu dans un autre club français que Paris ?

Je n’en suis pas persuadé. Il est venu pour deux choses. Parce que Paris, qui est une marque en soi. C’est le voyage d’une vie. Des gens économisent toute une vie pour venir à Paris. Nous, on est parfois couillons, on passe devant la Tour Eiffel et on ne la regarde même plus (sourire). Eux, c’est la première chose qu’ils font. Paris, c’est un truc qui fait rêver les gens. La deuxième chose pour laquelle il est venu, je pense, c’est qu’il y a une aréna qui se construit. On est au milieu du pont. On a commencé, on a grandi, le premier coup de pioche de l’aréna c’est fin septembre, début octobre. Ça se matérialise. On est dans la phase d’adolescence, mais ça arrive vite, dans deux ans. Mais pour répondre à votre question : je ne pense pas qu’il serait venu autre part qu’à Paris, mais c’est à lui qu’il faut poser la question.

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Quelles sensations cela fait de disputer ces European Games avec comme adversaires Armani Milan et Alba Berlin ?

On ne peut pas rêver mieux. Il faut remettre les choses dans leur contexte. On a trois ans d’existence, on arrive de Pro B. On a six joueurs de 20 ans et moins sur l’effectif aujourd’hui (NDLR : l’interview a eu lieu samedi, à l’issue de la première journée). Je ne veux pas parler des absents, mais il manque un joueur important (NDLR : l’Américain Kyle O’Quinn), et on se confronte à une équipe qui était au Final Four de l’Euroleague l’année dernière. Le 12-0 (NDLR : en début de match contre Milan), c’est de la peur. Ils ne jouaient pas. Je les ai quand même prévenus. On vous dit « le loup ! le loup », mais quand le loup arrive en face de vous, on a beau vous prévenir, ce n’est plus pareil (rires). Une fois que l’on a passé ça, je trouve que jusqu’à la 25e minute, c’était cohérent, même si on s’est rendu compte que les déplacements étaient difficiles, pour faire une passe aussi. C’est du très haut niveau, ça conteste tous les déplacements, il y a de la dureté que ce soit en attaque ou en défense, dans tout ce qu’ils font. On l’a payé cash, et en plus le scénario du match a été terrible. Ismaël (Kamagate) a pris deux fautes tout de suite, il re-rentre, il en prend une troisième. On sait que c’est notre seul poste 5. Après, tu mets Dustin (Sleva), qui est un 4, à jouer en 5, et j’ai même mis un moment Amara (Sy) en 5. Ce n’est pas grave. J’ai trouvé que ce premier match a été beaucoup plus intense que le premier (NDLR : ASVEL-Berlin) alors que ce sont deux équipes d’Euroleague. Après le match de Berlin, on fera beaucoup de vidéos individuelles et collectives parce que je pense que ces matches-là peuvent être des accélérateurs de croissance pour nos jeunes joueurs. C’était presque un match de playoffs après quinze jours de préparation. Je ne peux pas rêver mieux. J’ai même envie de vous dire que je voulais que Milan joue jusqu’au bout. Quand les équipes de haut niveau ont 20 points d’avance, leur objectif c’est d’en avoir 22, 23. La saison dernière, on a fini la saison avec des écarts de 22 points en moyenne. C’était pareil, on était un rouleau compresseur parce qu’on dominait, et à 6 minutes de la fin, lorsqu’il y avait +26, je disais à mes joueurs que l’objectif c’était d’en avoir +28, +30. Eux, c’est la même chose. C’est ça se respecter et respecter l’adversaire. C’est de jouer jusqu’au bout. Et là, c’est parfait pour nous, on va apprendre énormément de ces oppositions-là.

Photo: Juhann Begarin (Paris Basketball)
« Quelque que soit le niveau auquel jouera ce club dans le futur, il mettra toujours des jeunes sur le terrain »

Là, Paris était le petit vis-à-vis de Milan, qui est un monument du basket européen, mais est-ce que cette année ça ne va pas être un peu inversé, dans le sens que le Paris Basketball peut être une cible. C’est l’équipe de la capitale et on sait qu’en province, il y a beaucoup de jalousie vis-à-vis de Paris. N’est-ce pas un peu disproportionné vis-à-vis d’une équipe jeune avec des joueurs qui n’ont pas l’expérience de l’élite ?

C’est une question intéressante. On a essayé de bâtir une équipe avec un équilibre avec des joueurs plus anciens et des jeunes joueurs. Cet équilibre va venir de nos anciens joueurs. Il y a énormément de pression. Les jeunes sont inconstants, c’est logique, donc il faut que nos cadres soient stables. Si c’est le cas, on fera une bonne saison parce que la stabilité des cadres va permettre aux jeunes joueurs de prendre de l’expérience, au quotidien, à l’entraînement, et donc de transformer cette expérience progressivement, et de combler le déficit par rapport peut-être à d’autres équipes de Betclic Elite. C’est le pari que l’on a fait, c’est l’ADN du club. Quelque que soit le niveau auquel jouera ce club dans le futur, il mettra toujours des jeunes sur le terrain. C’est l’identité du club donc ce n’est pas un souci. Pour répondre à la deuxième partie de la question : on sait que, que ce soit du handball, du volley, peu importe le sport, Paris restera Paris, mais moi, les supporters je ne les entends pas, c’est le cadet de mes soucis. On

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Photo d’ouverture : Milan Barbitch (Paris Basketball)

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