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L’intrigant festival de Kahn

Le président américain du Paris Basketball a su mener son projet à bon port. Depuis quatre ans qu’il est à la tête du club parisien, qui va découvrir l’Eurocup à la rentrée, Paris est là où David Kahn (61 ans) voulait le voir. Homme discret, mais hyper déterminé, l’ex-manager NBA avance avec une mét

Le président américain du Paris Basketball a su mener son projet à bon port. Depuis quatre ans qu’il est à la tête du club parisien, qui va découvrir l’Eurocup à la rentrée, Paris est là où David Kahn (61 ans) voulait le voir. Homme discret, mais hyper déterminé, l’ex-manager NBA avance avec une méthode, des certitudes et une vision du basket-business qui ne plaisent pas forcément. Et reste un personnage intrigant, et clivant, cherchant à révolutionner le paysage du basket français.

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L’anecdote court dans le sillage de David Kahn. Elle raconte que, lors de la réélection d’Emmanuel Macron à la présidence, alors que le président réaffirmait sa volonté de « changement » pour le pays, le concept avait bien plu au dirigeant américain, qui se serait exclamé : « Macron veut faire changer la France ? Je vais l’y aider ».

Bien sûr, la chose plaira aux partisans du président parisien, quand elle hérissera encore plus le poil de ceux qui ont du mal à accepter son irruption en boulet de canon dans le basket français. Ce natif de Portland – « J’ai grandi à Portland, où les Trail Blazers étaient la seule équipe pro dans les sports majeurs. Mais je ne joue pas vraiment au basket » dit-il – est arrivé à Paris en 2018, après avoir mené une carrière bien remplie en NBA. D’abord en tant que reporter, couvrant la NBA, pendant six ans pour « The Oregonian ». Ce qui suscita, chez ce diplômé en anglais de l’université de UCLA, l’envie de passer de l’autre côté de la barrière, celle des décideurs, des cadres dirigeants. Après des études de droit, à New-York en 1990, il va connaître une belle ascension, qui le conduira à être très vite embauché par les Indiana Pacers en 1995, dont il deviendra le directeur des opérations basket en 1999. Il sera également appelé à la rescousse, par le Commisioner himself, David Stern, après la fin de son bail à Indiana, pour travailler au redressement économique de la NBDL (aujourd’hui G-League).

Mais il y a tout de même de sérieux bémols dans son ascension. Dans un premier temps, il va échouer à créer une franchise de baseball professionnel à Portland. Et surtout, aux yeux du milieu NBA, alors qu’il était directeur des opérations basket, à la tête des Indiana Pacers (2009-13), il reste l’homme qui a refusé, par deux fois, de drafter Stephen Curry !

Ce faux-pas lui colle au CV. Il faut dire qu’Indiana disposait, dans cette draft 2009, des 5e et 6e choix, et que Kahn par deux fois, préféra sélectionner deux autres meneurs : Ricky Rubio puis et Jonny Flynn. Flynn disparaitra vite de la NBA, mais les Golden State Warriors, qui disposaient du 7e choix se précipitèrent sur Stephen Curry. Pour écrire l’histoire qu’on connait. Kahn se distingua aussi lors de la draft 2011, en jetant son dévolu, au 57e choix, sur un obscur et inconnu Congolais–Qatari, Tanguy Ngombo, dont personne n’avait jamais entendu parler. Il s’avéra ensuite que le joueur avait fraudé, trafiqué son nom et était âgé de… 26 ans. Sa draft fut donc déclarée illégale et annulée. L’homme fort du Paris Basketball, sévèrement brocardé par la presse américaine, qui en a fait une des pires managers NBA contemporains pour ses monstrueuses bévues, n’est donc pas à l’abri de quelques mauvais choix…

David Kahn (Thomas Savoja)

« Il nous fallait cette idée qu’on puisse développer un business, comme cela se fait aux Etats-Unis quand il est question de basket. Et on se sentait en position de force puisqu’il n’y avait pas d’équipe à Paris » (David Kahn)

Pourtant, depuis qu’il a pris en main les rênes du Paris Basketball, en 2018, il n’a pas encore trébuché. Mais les motivations qui l’ont poussé à venir mettre des billes dans le club parisien ne lui valent pas que des amis. L’homme, qui présente bien, affable, posé, souriant avec la presse quand nous l’avons rencontré, n’en reste pas moins un homme d’affaires intransigeant, avant d’être un passionné de basket. Et ce n’est pas un vieux souvenir romantique qui l’a conduit à poser ses valises à Paris. Il en sourit tout de même.

« Ha, ha, je suis un peu romantique quand même », s’amuse-t-il. « Je fais partie de ces amoureux romantiques de Paris. Mais je me dois d’être clair, en tant que propriétaires et dirigeants de ce club, mes partenaires et moi n’aurions jamais consenti ce genre d’investissement si nous n’avions pas senti une opportunité de business ici. Il nous fallait cette idée qu’on puisse développer un business, comme cela se fait aux Etats-Unis quand il est question de basket. Et on se sentait en position de force puisqu’il n’y avait pas d’équipe à Paris, pas d’équipe portant le nom de Paris. Et l’opportunité d’être à Paris, avec tout le potentiel d’une nouvelle salle, nous a conforté dans l’idée qu’il y avait des affaires à faire ».

Les philanthropes repasseront… Il y a un petit côté carnassier dans la façon dont David Kahn considère le basket français. Mais, il faut reconnaître que le club parisien, après à peine quatre saisons de vie, a accédé à la Betclic Elite, et va déjà vivre sa première expérience européenne, en Eurocup, par le biais d’une wild-card qui a fait hurler (presque) tout le milieu du basket français. « Je ne connais pas l’homme, je ne l’ai jamais rencontré, ni de près, ni de loin, mais je continue de dire que ce qui s’est passé va contre les valeurs du sport », assène Hervé Beddeleem, le directeur exécutif du BCM Gravelines. « David Kahn peut faire avancer la cause du basket à Paris, oui. Il peut faire du show, attirer du monde, sans doute que ça peut marcher à Paris. Dans nos clubs, « nous les paysans », comme dirait mon ami Jean-Denys Choulet (Roanne), ça ne prendrait pas ».

Comme le Nordiste, ils ont été nombreux à être choqués de voir bafouer ainsi la chose sportive. L’intéressé lui n’a que faire de ce vent de protestation. « On est prêts pour l’Eurocup. Je ne pense pas que l’Euroleague nous a choisi sur la base de ce qu’on a fait la saison passée, mais ils nous ont choisi pour ce que nous pouvons montrer la saison prochaine. C’est une opportunité qui n’a rien à voir avec ce que nous étions l’an passé », défend-il, balayant d’une phrase la différence de niveau de jeu, terrifiante, qui s’annonce pour son équipe. « Oui, il y a sans doute une grosse différence, un fossé entre le  championnat de France et l’Eurocup. J’ai vu que certains clubs français avaient eu du mal en Europe, la saison passée », lance-t-il négligemment. Il ira même plus loin dans son raisonnement, pour réduire somme toute à peu de choses, les conséquences de cette animosité envers son club. Il nous montre une carte, sur la table devant lui.

« Regardez cette carte, vous voyez le QR code dans un coin, en bas en droite ? Ça fait comme une petite tache noire. C’est le nombre de gens qui se plaignent de notre présence en Eurocup », souligne-t-il. « Notre challenge, notre job c’est de contribuer à faire croître la popularité de ce sport, de voir nos sièges remplis. Et les gens que nous pouvons attirer dans ces sièges, ils n’ont aucune connaissance de la façon dont on est arrivés en Eurocup. Si vous écoutez ces gens qui se plaignent, dans l’état actuel des choses, vous avez affaire à une audience qui est bien trop petite ».

Ismaël Kamagate, l’un des prospects du Paris Basketball (Thomas Savoja)

« C’est un personnage qui veut s’intégrer dans le basket français mais qui veut le faire avec sa culture américaine » (Martial Bellon, président de Strasbourg)

Lui se réjouit plutôt du nouveau rayonnement qu’il a su donner à son club. Ce nouveau statut du club parisien, Amara Sy, aujourd’hui directeur sportif après avoir été un des piliers de l’équipe sur le parquet, raconte comment il en a constaté les progrès au sein même du gratin européen, lors d’une récente réunion de l’Euroleague. Lui a pu mesurer le chemin parcouru, quand David Kahn a débarqué à Paris.

« Dès le départ, je savais qu’il allait apporter quelque chose de différent. Restait à savoir si ça allait marcher ? Honnêtement, j’avais un peu peur, car nous les Français, on est un peu conservateurs, et quand quelqu’un arrive avec de nouvelles idées, pour tout chambouler, on est assez fermés à ces choses-là. Aujourd’hui, je crois qu’on peut dire qu’il avance dans la bonne direction. On peut avoir des a priori par rapport à lui, quand on ne le connait pas, mais on ne peut pas mettre en doute le fait qu’il bosse beaucoup, qu’il a de vraies idées, et que si elles sont bénéfiques pour le Paris Basketball, elles le sont aussi pour le basket français », estime-t-il avec le regard autorisé du joueur qui a beaucoup vécu. « Je reviens avec ma collègue d’un meeting de l’Euroleague à Barcelone, tous les gros clubs européens étaient là, et tous ont montré beaucoup d’intérêt pour le projet du Paris Basketball, ils nous ont dit qu’ils suivaient avec attention ce qu’on faisait, qu’ils étaient plutôt favorablement impressionnés ».

Difficile aussi de ne pas l’être, vu la stratégie fracassante du dirigeant américain, qui avance en misant gros sur le choc événementiel. David Kahn aime réussir de gros coups, créer l’événement pour mieux le maitriser. Il a déjà quelques belles réussites à son actif : délocalisation du match contre Monaco, la saison passée à l’Accor Arena pour un match de championnat, organisation, le 16 octobre d’un match de Betclic Elite, face à Monaco, sur le court Philippe-Chatrier à Roland-Garros, du jamais vu ! Et 9 000 places ont déjà été vendues, signe de l’engouement suscité par cette initiative hors des sentiers battus. Il vient aussi d’annoncer la création possible d’une équipe féminine, veut fédérer les fans d’arts urbains autour du basket, parle de projet de société… « Nous, en tant qu’Américains, on se doit d’innover » aime-t-il à répéter.

David Kahn a besoin de projets d’envergure pour avancer. Et dit-il, pour aider le basket français à sortir de son marasme. « Pour différents facteurs, le basket ici, en France, au contraire du football, n’a pas résolu le problème de savoir comment élever au sommet un sport que les gens aiment pourtant : il y a beaucoup de pratiquants, une équipe nationale performante, la NBA est incroyablement populaire à Paris mais on est encore loin du compte. On doit – et je dis « on » pour l‘ensemble des acteurs du basket français, pour nous – faire mieux dans le développement du basket et de son business en France. Parce que ça n’a aucun sens que le basket, qui est le deuxième sport le plus populaire dans le monde, et en France, n’ait pas de meilleurs résultats économiques et financiers ».

Ses projets, sa méthode, son identité américaine ne sont pourtant pas faciles à intégrer pour certains. Les dirigeants du basket français le connaissent peu, ou pas. Martial Bellon, président de Strasbourg, est le seul dont David Kahn nous donnera le nom, et le seul à avoir échangé un long moment avec lui, lors d’une réunion suscitée par le président du PB, à l’occasion d’un match SIG-Paris, en avril dernier. « Je vais faire beaucoup d’efforts pour rencontrer les autres dirigeants », souligne Kahn. « Je les considère comme des partenaires dans cette ligue, j’espère qu’avec le temps, on arrivera à construire ce business ensemble », prêche-t-il quant à sa volonté de rapprochement.

« C’est un personnage qui veut s’intégrer dans le basket français mais qui veut le faire avec sa culture américaine. C’était assez sensible dans notre discussion. Bien sûr qu’on a toujours à apprendre d’autres cultures, mais nous ne serons jamais des Américains », raconte le président strasbourgeois. « Ensuite, ce serait bien qu’il apprenne le français » souligne-t-il, ce qui a tout de même son importance, car effectivement l’homme d’affaires américain parle très peu et très basiquement le français, et ne s’en soucie guère. Il reste que cette barrière de la langue est un frein à la bonne compréhension mutuelle.

« Et je n’ai pas bien compris sa vision de la construction, dans la durée, de son club », poursuit Martial Bellon. « Il est incontestable que Paris doit avoir une équipe, même si on a Nanterre, Levallois. La marque Paris est très importante pour le basket. Après, construire un club, ça demande au moins trois choses : un budget, une salle, un public. La salle, il va l’avoir (NDLR : l’Arena porte de La Chapelle), le budget, je n’en sais trop rien, et le public, il ne l’a pas beaucoup. Il l’a sur des coups événementiels. Le match à Roland-Garros, c’est chouette, c’est une belle idée, mais tout ça restera des coups. On ne construit pas un club sur des coups », analyse encore le président de la SIG.

Juhann Begarin, un autre prospect du club de David Kahn (Thomas Savoja)

« Quand on le connait pas, il peut paraître arrogant, on va dire « c’est l’Américain qui débarque », mais il est suffisamment intelligent pour s’adapter à son environnement » (Amara Sy, directeur sportif du Paris Basketball)

Difficile de savoir, tant l’homme reste en contrôle de sa parole et de sa posture, si David Kahn a conscience de la suspicion, et parfois du rejet que son identité américaine peut entrainer. Les défaillances de consortiums américains s’étant emparés du sport français ne plaident pas en sa faveur, et le récent fiasco monumental de Counterpointe Sports Group, à Pau, qui a failli détruire l’emblématique club béarnais est encore dans tous les esprits. Mais David Kahn se défend de toute attitude de suprématie américaine.

« En fait, c’est quelqu’un qui est plutôt discret. Certaines fois, on est beaucoup en relations, on va beaucoup échanger, d’autre fois moins. Il essaye de parler en français, il est respectueux. Il a le souci de ne pas tout « américaniser », de garder une identité parisienne. Quand on le connait pas, il peut paraître arrogant, on va dire « c’est l’Américain qui débarque », mais il est suffisamment intelligent pour s’adapter à son environnement » décrypte Amara Sy, qui ne l’a vu qu’une seule fois faire irruption dans les vestiaires, après un très mauvais match.

« Ce qu’on ne veut pas, c’est que ce club soit considéré comme un club américain. Oui, mes partenaires et moi, sommes américains (le coach aussi, depuis l’arrivée de Will Weaver, un coach américain issu de la NBA mais peu référencé au niveau international), mais la plupart des gens du staff sont français, beaucoup sont de Paris. On fait du business comme des Parisiens, nous opérons comme des Parisiens, on est Parisiens », insiste vraiment Kahn de son côté.

Pourtant, il est clair que son image passe encore mal dans le basket français. Comme la mise à l’écart du coach Jean-Christophe Prat. Ceux qui ont vécu au quotidien les exigences du président parisien, n’en ont pas la même vision, mais savent combien l’homme est intransigeant et inflexible, sa vision des choses s’accommodant mal des impératifs administratifs, sociaux et fiscaux relatifs aux lois françaises. Ainsi, il a fallu lui expliquer plusieurs fois le rôle et la nécessité de l’URSSAF, qu’il a admis sans l’approuver.

Romuald Coustre, qui fut manager général du Paris Basketball, aujourd’hui en poste au BCM Gravelines, a connu les débuts du club parisien. « Travailler pour David Kahn a été une expérience hyper enrichissante. Eprouvante aussi car sur cette première année, il s’agissait de créer un club de A à Z, avec des contraintes décuplées car c’est Paris. C’était exceptionnel. Pour ceux qui ont vécu cette année, on en garde un souvenir à vie. Mais sur cette première année-là, il y avait une pression extrêmement importante de sa part, pour que ça avance. »

Et dans ce marathon effréné pour mettre le club sur les rails, il a aussi pu mesurer le décalage dans l’approche, dans la méthode, le mode de management, qui caractérisent son patron américain. « Je pense aussi que c’était très compliqué pour lui de comprendre comment ça se passe en France, nos méthodes, nos lois. Il y avait un décalage certain. Par exemple, il avait décidé de donner rendez-vous à tout son personnel, le dimanche soir, pour des réunions de travail, ce n’est pas trop dans nos mœurs. Ça a fonctionné car on avait tous envie que ça réussisse. Mais il était en décalage, il pouvait te convoquer à n’importe quelle heure. Pour ce qu’il appelait « le projet de nécessité ». Il ne se souciait pas de comment ça se passe en France ».

David Kahn à l’époque des Timberwolves

« Il part du principe qu’il a vingt ans d’avance sur le basket français de par son expérience NBA » (Romuald Coustre, ex DG du Paris Basketball)

Avec les autres salariés du club, Romuald Coustre a été dans l’investissement exclusif, passionné, un terreau facile que David Kahn a labouré sans ménagement. Il reste, dans l’esprit de l’ex directeur général du PB, l’expression d’un boss qui suit ses plans, sans que qui que ce soit puisse le faire dévier de la trajectoire qu’il s’est fixée. « Il contrôle tout, rien n’est laissé au hasard. Même quand il te laisse un peu de liberté, il va toujours être là. Stratégiquement, c’est quelqu’un de brillant, il sait où veut aller. Les quatre saisons passées lui ont donné raison. Là où est le projet du club aujourd’hui, c’est ce qu’il avait prévu ».

Pour autant, difficile de juger comment se mesure l’attachement réel du président à son club. L’ex DG du club parisien a gardé en tête une anecdote qui l’avait un peu remué. « C’était le tout premier match amical de l’histoire de son club, donc un match très spécial dans la toute jeune histoire du Paris Basketball, et c’était à Rouen. J’avais décidé d’y aller, et je me souviens qu’il a été très surpris que je prenne ma voiture pour aller voir le match. Il m’a dit : « Ce n’est pas une priorité, c’est une perte de temps ». Lui n’y est pas allé. Ce n’était pas dans sa démarche ».

Beaucoup d’autres choses ne semblent pas entrer dans la démarche du président américain. Qui avance avec son ambition, démesurée, son goût de l’événementiel et son obsession de rentabilité, qui lui vaut certaines lubies excessives. Comme ces réunions que le boss suscitait pour faire « un point billetterie », c’est-à-dire qu’il demandait à tous les salariés, médusés, combien de billets ils avaient vendu ! Et si le kiné faisait remarquer qu’il était juste… le kiné du club, il s’entendait répondre « oui, mais dans ton cabinet, quand, tu as des clients, ça fait partie de ton job de vendre des billets à tes clients ».

Autant dire qu’on est loin du paternalisme bienveillant quand on bosse avec David Kahn. Romuald Coustre, qui a choisi de quitter le club, en a pris son parti. « De manière perso, il ne m’a jamais reparlé depuis que j’ai quitté Paris. Il n’a pas compris mon départ. C’était totalement contre son mode de pensée. Je lui ai expliqué que c’était un choix perso, familial, absolument pas financier, que Gravelines c’était non négociable, il n’a jamais compris ».

L’avenir dira si le côté « visionnaire à l’américaine » de David Kahn sera porteur pour le Paris Basketball. Et plus encore pour le basket français. Mais l’intégration dans le paysage de la direction américaine du club ne se fera pas forcément en douceur. Car l’arrogance, cette incontournable attitude, si américaine dès lors qu’il est question de basket, rôde toujours au cœur du process. « C’est vraiment quelqu’un d’intriguant », résume l’ex-DG parisien. « Il part du principe qu’il a vingt ans d’avance sur le basket français de par son expérience de la NBA ».  Vingt ans d’avance ? Dans l’immédiat, c’est la nouvelle saison qui s’annonce qui dira, déjà l’an prochain, si David Kahn est dans le vrai.

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L’anecdote court dans le sillage de David Kahn. Elle raconte que, lors de la réélection d’Emmanuel Macron à la présidence, alors que le président réaffirmait sa volonté de « changement » pour le pays, le concept avait bien plu au dirigeant américain, qui se serait exclamé : « Macron veut faire changer la France ? Je vais l’y aider ».

Bien sûr, la chose plaira aux partisans du président parisien, quand elle hérissera encore plus le poil de ceux qui ont du mal à accepter son irruption en boulet de canon dans le basket français. Ce natif de Portland – « J’ai grandi à Portland, où les Trail Blazers étaient la seule équipe pro dans les sports majeurs. Mais je ne joue pas vraiment au basket » dit-il – est arrivé à Paris en 2018, après avoir mené une carrière bien remplie en NBA. D’abord en tant que reporter, couvrant la NBA, pendant six ans pour « The Oregonian ». Ce qui suscita, chez ce diplômé en anglais de l’université de UCLA, l’envie de passer de l’autre côté de la barrière, celle des décideurs, des cadres dirigeants. Après des études de droit, à New-York en 1990, il va connaître une belle ascension, qui le conduira à être très vite embauché par les Indiana Pacers en 1995, dont il deviendra le directeur des opérations basket en 1999. Il sera également appelé à la rescousse, par le Commisioner himself, David Stern, après la fin de son bail à Indiana, pour travailler au redressement économique de la NBDL (aujourd’hui G-League).

Mais il y a tout de même de sérieux bémols dans son ascension. Dans un premier temps, il va échouer à créer une franchise de baseball professionnel à Portland. Et surtout, aux yeux du milieu NBA, alors qu’il était directeur des opérations basket, à la tête des Indiana Pacers (2009-13), il reste l’homme qui a refusé, par deux fois, de drafter Stephen Curry !

Ce faux-pas lui colle au CV. Il faut dire qu’Indiana disposait, dans cette draft 2009, des 5e et 6e choix, et que Kahn par deux fois, préféra sélectionner deux autres meneurs : Ricky Rubio puis et Jonny Flynn. Flynn disparaitra vite de la NBA, mais les Golden State Warriors, qui disposaient du 7e choix se précipitèrent sur Stephen Curry…

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Photo d’ouverture : David Kahn (Thomas Savoja)

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