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[REDIFF] Jeremy Medjana (agent de Comsport), 2e partie : « Si Vincent Poirier va en NBA, ça sera direct. Il ne fera pas de summer league »

En 1996 naissait Comsport, une agence qui a commencé à faire parler d’elle en mettant en lumière la Slam Nation, une prestigieuse troupe de dunkers. Un quart de siècle plus tard, toujours avec à sa tête Bouna Ndiaye et Jeremy Medjana, Comsport a pignon sur rue en NBA avec la signature de quelques-un

En 1996 naissait Comsport, une agence qui a commencé à faire parler d’elle en mettant en lumière la Slam Nation, une prestigieuse troupe de dunkers. Un quart de siècle plus tard, toujours avec à sa tête Bouna Ndiaye et Jeremy Medjana, Comsport a pignon sur rue en NBA avec la signature de quelques-uns des plus beaux fleurons du basket français à des sommes qui donnent le vertige. L’agence est aussi très présente en France avec notamment dans son écurie une large majorité des internationales.

Jeremy Medjana nous parle de son agence, du marché, et d’un métier à qui il consacre environ 180 jours par an à se déplacer.

L’interview est en trois parties. Voici la deuxième.

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Intervenez-vous dans le conflit qui oppose la fédération sénégalaise et la fédération française à propos de Youssoupha Fall, qui aimerait rejoindre les Bleus ?

Bouna est intervenu. Il y a eu dans un premier temps un accord du président sénégalais. Il est revenu sur son accord à partir du moment où la FIBA n’a pas donné son aval, en disant qu’il voulait le récupérer. Tout ce que je sais c’est que Youssoupha ne jouera pas pour le Sénégal et donc à un moment donné, il n’y a aucun intérêt à empêcher un joueur de jouer ailleurs. La décision appartient à la FIBA.

C’est le fait que la NBA ne recherche plus trop les big men qui fait qu’il n’a pas intéressé ses clubs ?

S’il continue d’évoluer, il a toujours une chance de faire la NBA. Il y en a moins mais il y a encore quelques grands comme (Boban) Marjanovic. On ne peut pas dire que c’est impossible. C’est un joueur qui progresse d’année en année. D’un point de vue moteur, technique. Quand on voit les progrès qu’il a fait cette année aux lancers-francs. Il a aussi progressé sur sa main gauche. Lui comme Vincent (Poirier) arrivent à maturité tardivement. Ce sont des grands qui ont commencé très tard. On sait bien que le fait d’avoir joué au basket avant 18 ans au Sénégal ne l’a pas mis dans les meilleures dispositions.

« Sekou montre plein de prédispositions pour le basket moderne. Il est capable de défendre sur plein de postes, il fait partie des athlètes d’élite. Il y a toujours plein d’aléas mais je suis assez confiant »

Cet été, votre joueur numéro 1 qui se présente à la draft NBA, c’est Sekou Doumbouya. Il va faire des camps ?

Oui, bien sûr, il y a tout un plan qui est mis en place. On ne l’accompagne pas à chaque fois, ça n’a pas de sens. Ce n’est pas comme ça que tu lui apprends à devenir fort et à être autonome. Comme la plupart il va s’entraîner à Dallas mais ça dépend de Limoges par rapport aux playoffs. Sekou montre plein de prédispositions pour le basket moderne. Il est capable de défendre sur plein de postes, il fait partie des athlètes d’élite. Il y a toujours plein d’aléas mais je suis assez confiant. Je le suis aussi pour Vincent Poirier, qui aura peut-être la chance d’y aller plus tardivement en terme d’âge. Il sera peut-être plus prêt avec l’expérience acquise en Euroleague.

Il va aussi faire des tryouts cet été ?

Non. Si Vincent y va, il le signe en garantie en direct. Il ne fera pas de summer league. Il n’a plus à prouver sa valeur, il fait partie des meilleurs intérieurs de l’Euroleague. Le meilleur essai à faire c’est d’aller le voir jouer en live.

Revenons sur votre activité. Combien de temps passez-vous chaque jour au téléphone ?

Entre 13 et 15 heures.

Vous avez aussi le décalage américain dans la tête ?

Bien sûr, on regarde les matches importants surtout les playoffs. Je n’irai pas cette année car ma femme doit accoucher mais j’étais l’année dernière en playoffs. Mais par exemple, Bouna était avant-hier au match à Houston pour voir Rudy (Gobert). Il rend visite à nos joueurs quasiment une fois par mois sur toute la saison. C’est fatigant mais pour nous ce n’est pas un métier c’est une passion. Tant que la passion reste intacte, ça va (rires). Pour l’instant c’est le cas, on adore ce que l’on fait et quand c’est le cas c’est évidemment plus facile. L’avantage que l’on a avec Bouna c’est que l’on a une réussite qui a fait que l’on a pu étoffer le staff en interne, ça permet de déléguer beaucoup de choses et ça nous permet de nous concentrer sur le cœur de notre métier qui est le suivi et le conseil. Les premières années ont été vraiment intenses en terme d’investissement. Parfois avec Bouna on ne dormait que quatre heures par nuit. Je ne sais pas comment il fait mais Bouna dort très peu. Moi, quand je dors sept heures j’ai l’impression d’avoir fait une grasse mat’. C’est un rythme que l’on a pris.

« On fait un peu exception car avec Bouna on a capitalisé mais ce n’est pas si simple que ça que de rentrer dans la cours des grands dans le métier d’agent »

Comment êtes-vous jugés par les instances aujourd’hui ?

J’étais au Final Four de l’Euroleague féminine avec Kamil Novak (NDLR : le Directeur Exécutif de la FIBA Europe) et franchement ça se passe super bien. Plus on a avancé et mieux ça s’est passé, il y a une forme de respect qui s’est instaurée. Quand tu es sérieux, les gens reconnaissent ton travail et quand tu rentres dans la cour des plus grandes agences, forcément il y a un travail derrière. C’est comme un joueur, quand il rentre dans la cour des grands c’est qu’il a travaillé pour ça. J’ai vu l’évolution des relations avec la fédé et avec la ligue, elles sont allées dans le bon sens au fil des années.

Vous avez l’impression de faire partie du mécanisme de fonctionnement du basket alors qu’à une époque, vous étiez les trublions ?

Autant le métier d’agent est reconnu aux Etats-Unis à part entière, autant ici ça a mis du temps. On a quelque part malheureusement la malchance que le métier d’agent est souvent décrié à travers ce qui se passe dans le football. Aux Etats-Unis, les sports majeurs sont représentés par des syndicats puissants mais selon moi les choses y sont mieux réglementées. Dans le football, il y a tellement d’argent mais j’ai du mal à comprendre qu’un (Mino) Riola à travers un (Paul) Pogba puisse gagner 40 ou 50 millions d’euros sur un transfert. Au final, le joueur est floué. C’est pourquoi aux Etats-Unis, tu ne peux pas toucher plus de 4% et les transferts sont limités à 700 000 dollars cette année, je crois 725 000 l’année prochaine. C’est mieux car je crois que grâce à ça, il n’y a pas de déboires.

L’examen fédéral pour devenir agent est-il devenu aussi un moyen de faire un tri sur la qualité des gens qui veulent faire ce métier-là ?

Je pense. Matthieu Nicolas l’a eu cette année du premier coup. Ce n’est pas un examen si évident que ça, mais si tu as la motivation, que tu le prépares et que tu as un peu de capacité, il n’y a pas de raison que tu ne l’aies pas. C’est vrai que dans le football et les sports en général, ils veulent qu’il y ait moins d’agents car ils estiment qu’il y en a déjà beaucoup trop. Il n’y en a pas beaucoup qui peuvent vraiment vivre de ce métier.

Une dizaine en France ?

Une petite dizaine. On fait un peu exception car avec Bouna on a capitalisé mais ce n’est pas si simple que ça que de rentrer dans la cours des grands dans le métier d’agent.

Comment jugez-vous aujourd’hui le marché français vis-à-vis du marché étranger ?

Le basket est toujours à une place un peu anonyme même si l’arrivée de l’ASVEL va être forcément une bonne chose. Ils ne vont pas avoir un très gros budget et ils vont lutter contre des mastodontes, mais on ne va pas se plaindre, ce que fait Tony (Parker) à l’ASVEL, ça se respecte, c’est exceptionnel. Ça va faire du bien qu’un club français puisse rejouer l’Euroleague pendant deux ans garantis. Il faut espérer que ce soit une locomotive et que l’on en ait peut-être un deuxième dans les années à venir tels que Strasbourg ou Paris. On a besoin d’avoir un peu plus d’exposition et ainsi un peu plus d’intérêt d’un point de vue médiatique. Quand Nanterre ou Strasbourg ont fait des exploits contre des grands d’Europe, ça a tout de suite eu un retentissement bien plus important même si on n’est pas sur des chaînes hertziennes et on reste très peu vu. Et la NBA passe la nuit et très peu de gens vont se lever à 2 ou 3h pour regarder les matches. On travaille le lendemain !

Votre agence Comsport est-elle beaucoup impliqué dans l’Euroleague ? Avez-vous beaucoup de joueurs ?

Quelques-uns. On est content que Valence soit qualifié pour l’Euroleague de la saison prochaine du moins avec Louis Labeyrie puisque Antoine (Diot) est en fin de contrat et on va voir ce qui va se passer avec lui. On voit ce que fait Vincent Poirier à Vitoria, l’année prochaine, Youssoupha Fall y sera aussi. On a Kevin Séraphin qui est à Barcelone. C’est important d’avoir des joueurs en Euroleague et je pense qu’il y a beaucoup de joueurs talentueux dans les nouvelles générations et ceux qui n’arriveront pas en NBA, pas mal d’entre-eux auront une chance d’accéder à l’Euroleague. C’est important pour nous d’avoir des jeunes qui jouent la meilleure compétition européenne de clubs. On le voit par rapport à Vincent Poirier. D’être performant en Euroleague ça peut permettre à un moment donné d’accéder à la NBA. Ça pourrait se passer pour lui.

De la Nationale 1 au top de l’Euroleague en si peu de temps, c’est peut-être progression comme on en n’a jamais vu ?

Pourquoi ? Le travail et aussi le fait que Vincent a commencé le basket très tard et sa marge de progression est encore très importante. J’avais vu ça avec Sandra Dijon. Quand je l’ai récupérée, elle avait 25 ans. Elle faisait une première saison en Ligue Féminine avec Istres et derrière, elle a progressé beaucoup car elle a commencé tard. Pareil pour Jean-Michel Baptiste Adolphe. A son arrivée de Guadeloupe, il avait 25 ans. Vincent a commencé à 17 ans sauf qu’il fait 2,13 ou 2,15m et que le potentiel est d’autant plus important. Alors, oui, Vincent Poirier a une ascension qui est assez fulgurante. Du jamais vu effectivement. Il a commencé à être performant en N1 avec l’INSEP, ça a été un déclic et derrière, il y a eu le changement de coach à Levallois avec Freddy Fauthoux qui était plus enclin à faire jouer les jeunes. Freddy, ça fait partie de sa fibre et on le voit avec Ivan Février cette année. Je suis content pour Vincent car il le mérite, c’est un bosseur. Et il a encore une belle marge de progression, elle est où sa limite ?

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Intervenez-vous dans le conflit qui oppose la fédération sénégalaise et la fédération française à propos de Youssoupha Fall, qui aimerait rejoindre les Bleus ?

Bouna est intervenu. Il y a eu dans un premier temps un accord du président sénégalais. Il est revenu sur son accord à partir du moment où la FIBA n’a pas donné son aval, en disant qu’il voulait le récupérer. Tout ce que je sais c’est que Youssoupha ne jouera pas pour le Sénégal et donc à un moment donné, il n’y a aucun intérêt à empêcher un joueur de jouer ailleurs. La décision appartient à la FIBA.

C’est le fait que la NBA ne recherche plus trop les big men qui fait qu’il n’a pas intéressé ses clubs ?

S’il continue d’évoluer, il a toujours une chance de faire la NBA. Il y en a moins mais il y a encore quelques grands comme (Boban) Marjanovic. On ne peut pas dire que c’est impossible. C’est un joueur qui progresse d’année en année. D’un point de vue moteur, technique. Quand on voit les progrès qu’il a fait cette année aux lancers-francs. Il a aussi progressé sur sa main gauche. Lui comme Vincent (Poirier) arrivent à maturité tardivement. Ce sont des grands qui ont commencé très tard. On sait bien que le fait d’avoir joué au basket avant 18 ans au Sénégal ne l’a pas mis dans les meilleures dispositions.

« Sekou montre plein de prédispositions pour le basket moderne. Il est capable de défendre sur plein de postes, il fait partie des athlètes d’élite. Il y a toujours plein d’aléas mais je suis assez confiant »

Cet été, votre joueur numéro 1 qui se présente à la draft NBA, c’est Sekou Doumbouya. Il va faire des camps ?

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Photos: (ouverture) Vincent Poirier (Euroleague). Sekou Doumbouya (Limoges CSP). Jeremy Medjana et Bouna Ndiaye entourés de Ian Mahinmi, Rudy Gobert et Kevin Seraphin.

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