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Equipe de France : Comment fonctionne le staff de 20 personnes

Un coach, un préparateur physique, un docteur, un kiné et un délégué fédéral invisible. C’était le staff de l’équipe de France aux Jeux Olympiques de 1984 à Los Angeles. Une explication à la déroute sportive. Que les temps ont changé ! On dénombre pour l’EuroBasket un staff de 20 personnes autour de

Un coach, un préparateur physique, un docteur, un kiné et un délégué fédéral invisible. C’était le staff de l’équipe de France aux Jeux Olympiques de 1984 à Los Angeles. Une explication à la déroute sportive. Que les temps ont changé ! On dénombre pour l’EuroBasket un staff de 20 personnes autour des Bleus. Tout s’est professionnalisé avec comme leitmotiv la division du travail chère à… L’attaché de presse, Fabrice Canet, nous explique les contours et le fonctionnement.

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« Je suis arrivé à la FFBB en 1998, et mon premier vrai contact c’est l’Euro de 1999 en France avec la volonté de Jean-Pierre Dusseaulx (NDLR : l’attaché de presse de l’époque, ancien journaliste de L’Equipe) d’essayer d’accompagner au plus près l’équipe nationale. Au départ, c’était un peu une chasse gardée, c’était un peu compliqué de rentrer dans le staff. Il y a eu cette volonté d’intégrer une personne en plus, un représentant des médias de la FFBB dans le staff. Il n’y en avait jamais eu jusque-là. Et Jean-Pierre De Vincenzi (NDLR : le coach des Bleus et DTN) ne souhaitait pas intégrer quelqu’un qui ne soit pas de son giron. C’est ainsi que c’est Patrick Cham qui a été nommé sur cette compétition comme interface avec les médias. Ce qui, à mon sens, était une erreur de stratégie par rapport à l’importance d’un EuroBasket dans ton pays. C’est quelqu’un qui n’avait pas l’expérience de ce type de métier. Jean-Pierre Dusseaulx était le référent pour le comité olympique et l’USJSF (Union Syndicale des Journalistes Sportifs Français) pour les deux équipes nationales qui étaient à Sydney. J’ai repris la main à partir de 2001, et j’ai intégré les staffs. Cela a été un travail de longue haleine d’explication du métier pour être intégré, « convoqué » en équipe de France. A partir de 2001, à la fois avec le championnat d’Europe en Turquie masculin et le championnat d’Europe féminin en France, ça a permis de marquer un peu le territoire. C’était important que quelqu’un s’occupe de ces relations presse au quotidien avec l’équipe nationale.

Photo : L’attaché de presse des Bleus, Fabrice Canet, est aussi arbitre de haut niveau (FFBB)

« On a pris exemple sur les Espagnols et Team USA. Comme la NBA, qui est toujours inaccessible financièrement, mais qui est une référence »

A l’époque, en 2001, il y avait très peu d’ostéopathes dans les staffs. Il y avait parfois un kiné ou deux mais pas de manière systématique. Il pouvait y en avoir deux sur un EuroBasket, mais pas sur toute la prépa. Aujourd’hui, sur toute la préparation, il y a systématiquement deux kinés et un ostéo, Et là, on a augmenté le staff au fur et à mesure de l’approche de la compétition pour faciliter les temps de récupération et les soins des joueurs. Avec douze joueurs, quand il y a deux kinés et un ostéo, les temps d’attente sont importants. Quand on rentre en compétition, avec une personne en plus, on réduit les temps de soin. Alain Weisz, Claude Bergeaud, Vincent Collet et aussi l’arrivée de Boris Diaw ont fait augmenter un peu plus le nombre de personnes dans les staffs.

On a pris exemple sur les Espagnols et Team USA. Comme la NBA, qui est toujours inaccessible financièrement, mais qui est une référence. On se rend compte qu’à partir de 2003 lorsque Tony Parker et Boris Diaw prennent pieds dans l’équipe nationale, leur expérience américaine et l’augmentation du staff pour améliorer la performance, commencent à rentrer dans les gênes de l’équipe nationale. Pourquoi n’y a-t-il pas de machine à glaçons dans l’hôtel ? Pourquoi on n’a pas assez de tables de massage ? Au fur et à mesure, le standard s’est élevé. Il y a eu des intendants, mais ponctuellement. C’était des gens des services de la fédération, qui se mettaient à disposition sur une compétition. Au fur et à mesure, ce poste a pris de l’envergure, et Théo Gallois a maintenant la mission de préparer toute l’intendance des 23 équipes de la fédération. Un intendant de ce niveau-là n’existait pas encore il y a six ou sept ans.

L’achat de malles pour transporter toute la partie médicale, maillots, etc, et remplacer les sacs à roulettes, c’est l’exemple turc. Ils venaient faire des matches amicaux ou de qualification chez nous et on les voyait débarquer avec x malles. Le fait de prendre dans la figure ces exemples-là nous ont obligé à augmenter notre niveau. C’est dû aussi aux échanges entre les joueurs et le staff, leurs expériences en clubs Euroleague ou en clubs NBA. Ça a vraiment transpiré sur l’organisation, comment améliorer les choses, sans pour autant être éloigné de ce qui fait l’équipe de France.

Savoir dans chaque ville où l’on peut faire une IRM, un scann rapidement, c’est quelque chose que l’on n’avait pas anticipé puisque dans un club NBA, tout le monde peut faire un scann en pratiquement cinq minutes du fait qu’aux Etats-Unis, le système est différent : tu payes et tu as ton scann rapidement.

Bien sûr, il faut mettre les moyens. Le budget déplacements, salaires, prestations de services, des équipes nationales, a doublé, triplé, en vingt ans. C’est hallucinant.

Photo : L’ostéo Fabrice Gautier avec Rudy Gobert (FFBB).

« On a pris conscience que cette augmentation de staff participait à la performance »

L’hébergement pour l’équipe de France masculine est au minimum dans des hôtels quatre étoiles. Antoine Rigaudeau était monté au créneau en disant que ce n’était pas normal qu’en France on soit dans des chambres doubles. Depuis les années 2005, on est en chambres individuels lors des déplacements en France, alors que sur les compétitions internationales, on est toujours deux joueurs par chambre. Pour eux, la référence toute l’année en NBA, c’est qu’ils ne partagent pas leurs chambres.

Pour les compétitions, le niveau des hôtels est imposé. Comme les délégations sont de plus en plus grandes, elles peuvent être dispatchées dans plusieurs hôtels. On a souvent pour nous un étage plus quelques chambres sur un autre étage. On met en priorité les joueurs tous ensemble, le médecin, les kinés et les salles de soins à l’étage. A Cologne, on sera sur trois ou quatre salles de soins, avec celles pour les kinés, les ostéos. On a Doris Martek, qui est neuropathe et qui fait aussi des massages, deux ostéos, Fabrice Gautier et Benoit Mahieu, plus deux kinés avec Serge Krakowiak et Nicolas Barth. C’est la première fois que l’on sera dans un standard complet comme ça.

Il n’est pas clairement exprimé dans le cahier des charges qu’il doit y avoir un service de sécurité à l’hôtel. On demande que la sécurité soit assurée par l’organisateur dans les hôtels. Y a-t-il spécifiquement des agents de sécurité pour checker ? Je pense que c’est demandé à l’hôtel par l’organisateur. Ici, au Novotel à Paris, des fans se sont renseignés et sont venus demander des signatures aux joueurs. Je pense que sur l’EuroBasket en Allemagne, ça sera sécurisé.

Les référents de l’ensemble du staff sont Boris Diaw, le general manager, et Yann Barbitch, le general manager adjoint. Geoffrey Panzi Wandji chapeaute le staff médical et moi le staff les deux autres personnes de la com. L’intendant est en direct avec le GM. Et Vincent Collet est sur la partie technique.

A la base, il y a deux assistants-coaches plus un analyste vidéo. C’est ajouté un préparateur physique, un assistant, et une autre personne chargée de la préparation individuelle, Jo Gomis.

L’Espagne est pratiquement au même niveau que nous. Peut-être un peu plus. C’est un élément de référence. La Turquie, je pense que c’est un peu moins. A Team USA, ils sont très nombreux à la com. Aujourd’hui, il n’y a pas d’autres pays qui arrivent à ce niveau de staff… pléthorique comme disait Yvan Mainini (NDLR : l’ancien président de la FFBB), qui parlait d’armée mexicaine. On a pris conscience que cette augmentation de staff participait à la performance. Ce n’était pas encore le cas il y a quelques années. Il faut bien sûr que ça soit fait à moyens maîtrisés.

Sur la partie analyse vidéo, préparation des matches sur les compétitions, Bryan Gorges se fait aider à distance, avec quelqu’un qui prémâche son travail, en analysant les équipes, du premier tour ou du futur second tour, en amont, ce qui n’était pas le cas avant. Bryan Georges va tout d’abord se « focuser » sur l’Allemagne, ensuite la Lituanie, etc. L’analyste à distance va regarder tous les matches, les analyser, ça gagne du temps, et ça permet de livrer un produit encore plus abouti aux préparations de match. Pour l’instant, ça se fait à distance. Demain, sera-t-il en présentiel dans les salles ?

A la com’, très clairement, on pourrait améliorer. Aujourd’hui, on est quatre. Il y a un chargé du contenu, qui est Julien Guérineau, qui s’occupe de la coordination de ce qui est purement rédactionnel, On a quelqu’un qui est spécialisé sur la partie digitale, Clément Daniou, et quelqu’un qui nous fournit des images, Tommy Hombert. On pourrait imaginer avoir un photographe que l’on n’a que ponctuellement. On a fait un combo en féminin avec quelqu’un qui a la triple compétence photo/vidéo/montage, alors que Tommy Hombert ne fait que vidéo et montage. C’est lui qui fait les « quotidiens », les « insides ». On l’a intégré au staff il y a cinq ans.

Photo : FFBB

« Un Sarajevo-Cologne en ligne régulière, c’est 20 heures de déplacement ! Donc là aussi, ça sera un vol privé »

Aux Jeux Olympiques de Tokyo, Julien Guérineau était accrédité parce qu’il est journaliste, qu’il a une carte de presse. Et moi, je suis invité par le CNOSF en tant qu’attaché de presse multisports mais pour le basket. Le staff n’était pas au complet. C’est très compliqué au niveau des accréditations, un vrai jeu de cartes. Il n’y avait que deux kinés et un ostéo. Très peu ont eu le droit d’accéder au bord du terrain. L’analyste vidéo n’est pas référencé par le CNOSF pour les accréditations, aussi c’est hors village, et il faut des pass à la journée pour rencontrer le staff.

Les déplacements ne se font pas systématiquement en avion privé. Ça dépend de la difficulté du transport. Quand c’est de ville à ville, que c’est facile, on va utiliser les lignes régulières commerciales, avec des accès privilégiés, des salons. On va dire qu’on le fait à 70%. Là, c’est un peu plus compliqué car on est sur des temps de récupération très court, et surtout des voyages qui ne sont pas faciles. Par exemple, le Paris-Sarajevo, ce n’est pas simple. Il n’y en a pas beaucoup, pas toujours en direct, etc. Pour gagner du temps, on a pris un avion privé. Un Sarajevo-Cologne en ligne régulière, c’est 20 heures de déplacement ! Donc là aussi, ça sera un vol privé. On gagne 17 heures. On sait que lors de la Coupe du Monde 2019 en Chine, on a été impacté par les déplacements. Ce n’était pas évitable, c’est la compétition qui voulait ça.

Ça nécessite aussi une logistique particulière. Par exemple, la moitié de nos affaires va partir directement de Paris à Cologne, sans passer par Sarajevo.

Je pense que la vision qu’avait à l’époque le président Mainini était celle d’un gestionnaire, d’un bon père de famille. Il avait l’impression que l’on pouvait être multi-tâches. Aujourd’hui, le multi-tâches, ce n’est pas la performance. Si on demandait à Laurent Foirest ou Rudy Nelhomme de s’occuper du scouting vidéo, ça serait moins bien fait.

Les Espagnols ont eux-mêmes pris exemple sur les Américains. Ils ont eu également un fort contingent de joueurs en NBA, des retours d’expérience. Aujourd’hui, nous, on a un general manager, Boris Diaw, qui a cette expérience-là, qui sait ce qu’il faut faire, qui voit comment les joueurs sont traités au quotidien. A une époque, il fallait réduire le gap entre ce qu’ils vivaient 9 ou 10 mois en NBA et ce qu’ils retrouvaient en équipe nationale. Je pense que Boris estime que ce qu’il vit aujourd’hui en équipe de France se rapproche de ce qu’il a vécu en NBA. Je me souviens de cette discussion que l’on a eu avec Tony Parker, qui ne comprenait pas pourquoi le bus ne rentrait pas directement sur le tarmac pour entrer dans un avion privé, pourquoi on devait passer par la sécurité pour enregistrer les bagages. C’était juste la différence entre la réglementation américaine et la française. On a pris un vol privé pour aller du Monténégro à Mouilleron-le-Captif/La Roche-sur-Yon, un tout petit aéroport, et le bus ne nous attendait pas sur le tamarc, il a fallu passer par la sécurité. Par contre, sur certains déplacements, on arrive à ne pas s’occuper de nos bagages, et on gagne une demi-heure, trois quarts d’heure. Les bagages arrivent via des bénévoles. C’est du temps supplémentaire pour le repos.

Il y a beaucoup plus de préparation, d’anticipation, pour que ce soit plus précis, étape par étape. Quand on reçoit le programme, c’est très militaire ! Avec, encore une fois, les limites budgétaires que l’on a. Après, il y a un problème majeur avec les accréditations. Pour que Tommy Hombert puisse prendre des images inside sur le championnat d’Europe, il nous faut un accord des détenteurs de droits français. Sur l’EuroBasket, c’est Canal+. J’ai demandé l’autorisation à Canal+, il y a trois mois, et j’ai reçu un mail la semaine dernière pour que la FIBA dise « OK, il aura un chasuble ! ». Clément Daniou, qui fait tous nos contenus Insta, twitter, facebook, tiktok, etc, est accrédité presse mais n’a pas le droit d’être en contact avec l’équipe, il ne peut pas être dans la zone vestiaires. Il va se contenter de la zone mixte. Notre objectif est de faire plaisir aux fans et aussi d’en augmenter le nombre. Il faut augmenter le nombre d’abonnés sur Insta, combien d’interactions sur tel post ? Etc. Ça parle aux partenaires que la communauté soit importante. La FIBA veut bien gérer ça, sauf qu’entre la FIBA communication et la FIBA règlementation sportive, ce n’est pas forcément évident. Moi, je suis accrédité zone 1 car je gère les droits TV à la fin du match. J’aide à ce que Rudy Gobert réponde à telle chaîne car la FIBA le souhaite, Evan Fournier à Canal +, etc. Et aux Jeux, c’est une frustration de ne pas pouvoir faire un suivi, l’image est très protégée. »

General Manager :
Boris DIAW
General Manager adjoint :
Yann BARBITCH
Entraîneur :
Vincent COLLET
Assistants :
Pascal DONNADIEU
Laurent FOIREST
Ruddy NELHOMME
Assistant en charge de la vidéo :
Bryan GEORGE
Assistant en charge du développement individuel :
Joseph GOMIS
Préparateur Physique :
Manuel LACROIX

Médecin :
Geoffrey WANDJI
Kinésithérapeutes :
Serge KRAKOWIAK
Nicolas BARTH
Ostéopathes :
Benoit MAHIEU
Fabrice GAUTIER
Thérapeute neuromusculaire :
Doris MARTEL
Intendant :
Théo GALLOIS
Attaché de presse :
Fabrice CANET
Responsable des contenus :
Julien GUERINEAU
Chargé de Communication :
Clément DANIOU
Vidéaste :
Tommy HOMBERT

Photo d’ouverture : Autour de Boris Diaw, le general manager, et du coach Vincent Collet, les trois assistants coaches des Bleus (FFBB)

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« Je suis arrivé à la FFBB en 1998, et mon premier vrai contact c’est l’Euro de 1999 en France avec la volonté de Jean-Pierre Dusseaulx (NDLR : l’attaché de presse de l’époque, ancien journaliste de L’Equipe) d’essayer d’accompagner au plus près l’équipe nationale. Au départ, c’était un peu une chasse gardée, c’était un peu compliqué de rentrer dans le staff. Il y a eu cette volonté d’intégrer une personne en plus, un représentant des médias de la FFBB dans le staff. Il n’y en avait jamais eu jusque-là. Et Jean-Pierre De Vincenzi (NDLR : le coach des Bleus et DTN) ne souhaitait pas intégrer quelqu’un qui ne soit pas de son giron. C’est ainsi que c’est Patrick Cham qui a été nommé sur cette compétition comme interface avec les médias. Ce qui, à mon sens, était une erreur de stratégie par rapport à l’importance d’un EuroBasket dans ton pays. C’est quelqu’un qui n’avait pas l’expérience de ce type de métier. Jean-Pierre Dusseaulx était le référent pour le comité olympique et l’USJSF (Union Syndicale des Journalistes Sportifs Français) pour les deux équipes nationales qui étaient à Sydney. J’ai repris la main à partir de 2001, et j’ai intégré les staffs. Cela a été un travail de longue haleine d’explication du métier pour être intégré, « convoqué » en équipe de France. A partir de 2001, à la fois avec le championnat d’Europe en Turquie masculin et le championnat d’Europe féminin en France, ça a permis de marquer un peu le territoire. C’était important que quelqu’un

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