La salle Salusse-Santoni d’Antibes, alias salle Foch, est un haut lieu de pèlerinage pour qui aime les bâtisses historiques du basket français. Elle servit de cadre aux titres de champion de France de l’OAJLP version Jacques Cachemire, Jean-Claude Bonato et Henry Fields en 1970 et du coach Jacques Monclar en 1991 et 1995. L’équipe antiboise y revint même il y a une huitaine d’années, le temps de faire la transition entre l’Espace Piscine et l’Azur Arena.
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1991, L’Olympique d’Antibes abandonne Salusse-Santoni et prend ses aises dans la salle Jean-Bunoz, alias l’Espace Piscine, une immense tente qui peut abriter 4 500 spectateurs.
Septembre 2009, L’OAJLP revient à Salusse-Santoni. C’est comme si l’ASVEL était retournée à la Maison des Sports, Le Mans à Gouloumès et le Paris Levallois à Japy. Rembobinons le film en noir et blanc pour mieux comprendre.
Nous sommes en janvier 1950. Dans le journal du club, Bleu et Blanc, vendu 10 (anciens) francs, un édito parle d’un bon exemple à suivre. Celui de Pont-l’Évêque, ville de 2 500 habitants ravagée par les bombardiers alliés, qui vient de se doter d’une salle de 1 200 places. « Comme toujours, Antibes se doit d’être la première du département à posséder son terrain couvert », écrit l’éditorialiste. À cette époque, les Antibois jouent sur un terrain en plein air du Stade Foch, qui deviendra « préau », puis « salle » quand on y ajoutera quatre murs en 1954. Salusse-Santoni fut alors aligné contre une salle de cinéma dont certains fauteuils furent d’ailleurs longtemps présents dans les tribunes.
Salusse-Santoni, c’est une chapelle qu’un pèlerin de la balle orange se doit de visiter. En tendant l’oreille, on entendra peut-être encore les clameurs qui saluèrent les pirouettes de Dan Rodriguez, un meneur de jeu portoricain binocleux de la fin des années soixante, où les performances des Antibois deux fois demi-finalistes de la Coupe Korac, en 1984 et 86. La première fois, cela donna lieu à un affrontement franco-français puisqu’en face, c’était le Orthez de Mathieu Bisseni qui filait tout droit vers la victoire finale. 2 500 personnes s’étaient entassées, paraît-il, dans le sanctuaire. Ça dégorgeait de partout, on avait refusé deux milliers de prétendants et ça faisait un boucan du diable.
Des poêles pour réchauffer la salle
Il existait une atmosphère magique à Salusse-Santon propre à ces enceintes minuscules remplies comme un bus égyptien. « Il y a eu des tonnes de matches couperet où la salle nous a portés, surtout lors de la belle de la finale face à Limoges en 1991. Des gens étaient installés partout. On ne pouvait pas les empêcher de rentrer. Personne ne pouvait se targuer de s’imposer chez nous. La température montait rapidement, » s’est souvenu dans Nice Matin Alain Trichot qui fut le président du club lors des titres nationaux de 1991 et 1995. Des propos repris par l’international Georgy Adams qui fut l’un des acteurs de l’époque. « Il y avait une ambiance de folie. Pour les adversaires, c’était mission impossible. On connaissait tous les spectateurs et on les entendait parler ou nous gueuler dessus pendant les matches. Cette proximité me faisait un peu penser aux stades de foot anglais. C’était convivial et bon enfant. »
Autre témoignage, toujours dans Nice Matin, celui de Jacques Monclar qui y fut joueur puis entraîneur: « En frappant avec les pieds les gradins en bois, les spectateurs donnaient un souffle terrible sur le terrain. On a connu deux envahissements de terrain mémorables, en 1989 lors des barrages et en 1991 avec le titre. » Jacques Monclar évoquait cette invraisemblable retournement de situation. Vaincus de 38 points à l’aller à Toulouse, les Antibois s’imposèrent de 39 au retour avec un panier au buzzer de l’Américain Norris Coleman. Salusse-Santoni, c’était le pendant de La Moutète à Orthez. « On y a affronté le grand Barcelone durant l’automne 1991 en Euroleague. Quand les joueurs ont vu les vestiaires, ils étaient ahuris. L’hiver, il y faisait un froid de gueux. On a du mettre des poêles aux extrémités du terrain. »
Salusse-Santoni était depuis longtemps totalement inadaptée, dépassée par les exigences du basket spectacle. En allongeant leurs jambes, les spectateurs du premier rang pouvaient faire trébucher les arbitres. La table de presse était réduite comme s’il s’agissait de couvrir des matches de promotion départementale. La place 11bis était rarement vendue, car son possesseur avait le droit d’admirer… un poteau pendant tout le match avec le son et la lumière ! La télévision s’était juré de ne plus mettre de nouveau ses caméras après quelques après-midi passés à filmer sans recul le mur d’en face : le gros des spectateurs étant regroupé derrière les panneaux. Il lui fallut pourtant y revenir puisque l’OALJP s’est retrouvée en finale du championnat en mai 90. Une finale cauchemardesque pour Antenne 2, car un orage fit sauter les plombs de la salle et interrompit le match et le direct ! « Sur une salle de 1 686 places assises, on a fait… 1 938 spectateurs de moyenne avec sept matches à guichets fermés, » déplora le manager général Bernard Gaume. Le manque à gagner fut évalué à 3,5 millions de francs. Le double l’année suivante.
Un millier de fidèles
Le transfert à l’Espace Piscine fut donc une bénédiction. L’OAJLP y gagna un autre titre national, y joua la Coupe des Champions et y organisa un All-Star Game. C’était du provisoire qui se prolongea deux décennies. La bâtisse fut démolie pour faire place à une salle de spectacle. Et comme la future aréna ne devait être livré qu’en septembre 2011, les basketteurs n’eurent pas d’autres choix que de revenir à leur camp de base. “Le maire aurait aimé qu’on fasse le transfert dès l’été 2008, mais ça posait d’énormes problèmes. Par un effet dominos, le club amateur aurait été pénalisé. Il a fallu lui construire une petite salle pour jouer les matches. Le maire a accepté le délai”, commenta le président Jean-Marc Casabo.
L’aménagement de Salusse-Santoni se fit en deux temps. La municipalité avait tout d’abord consolidé la toiture, intensifié l’éclairage et dépoussiéré les bureaux. Elle a ensuite installé de nouvelles issues de secours, des toilettes, refait les vestiaires, apporté l’un des deux panneaux de marque de l’Espace Piscine, donné un bon coup de peinture et agrandi les tribunes. “En Nationale 1, nous avions touché le fond avec 500 spectateurs par match”, expliquait le président. “Mais lorsque les résultats sont venus, on est monté à 3 500/4 000 avec une pointe à 4 100 pour le dernier match. Comme quoi, c’est le plaisir de gagner qui compte. Un argument qui a convaincu le maire d’agrandir un peu Salusse-Santoni.”
Ceci dit, une fois les abonnés et les partenaires satisfaits, il ne restait plus que 471 places à vendre. “À vue de nez, on fait un millier de spectateurs de moyenne. Déjà, il y a un problème de stationnement puisque seuls les VIP ont accès au parking du stade. Et pour avoir une place en ville pour sa voiture, c’est comme partout, c’est la croix et la bannière. On escomptait que les gens du centre-ville aillent à la salle à pied. C’était vrai à l’époque, ça ne se vérifie plus. Les anciens ne viennent plus, ils ont peut-être trop vieilli ! C’est vrai aussi que les résultats ne plaident pas en notre faveur.”
Miloud Doubal, qui est né à Antibes, était lui ravi de ce retour aux sources. Ses parents habitaient à cinq minutes de la salle et, gamin du temps de Robert Smith, il allait aux matches des pros avec sa sœur. “C’est sûr qu’en termes d’infrastructures, on était mieux à Jean-Bunoz, il y avait plus de monde, mais moi, j’ai appris à jouer au basket dans cette salle, à partir de la catégorie benjamin. Ce sont les mêmes paniers, les mêmes repères, et j’étais plutôt content d’y retourner. C’est un petit chaudron et c’est un avantage pour nous de jouer là, les gens sont proches du terrain.”
L’avenir valait de toute façon de petit sacrifice. L’OAJLP bénéficia quelques mois plus tard d’un nouvel écrin. L’Azur Arena d’une contenance de 5 000 places fut l’oeuvre d’un groupement d’architectes allemands, celui-là même qui avait édifié les installations des jeux Olympiques de Munich en 1972. Elle fut inaugurée le 15 août 2013 à l’occasion d’un match France-Serbie et ce sont bien les Sharks qui en sont depuis le club résident. “On a essayé d’argumenter sur le fait que l’on ferait plus facilement de l’événementiel avec une salle de 7 000 places”, estimait le président Jean-Marc Casabo. “C’est vrai qu’il faut trouver de l’argent, et qu’en ces temps de crise, c’est encore plus difficile. On n’a pas réussi à les faire fléchir, mais il y aura un superbe espace VIP qui sera directement relié aux loges.”
En 2019, Salusse-Santoni est une salle encore bien vivante mais on n’y reverra plus de matches de Jeep Elite. Espérons le.
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1991, L’Olympique d’Antibes abandonne Salusse-Santoni et prend ses aises dans la salle Jean-Bunoz, alias l’Espace Piscine, une immense tente qui peut abriter 4 500 spectateurs.
Septembre 2009, L’OAJLP revient à Salusse-Santoni. C’est comme si l’ASVEL retournait à la Maison des Sports, Le Mans à Gouloumès et le Paris Lavallois à Japy. Rembobinons le film en noir et blanc pour mieux comprendre. Nous sommes en janvier 1950. Dans le journal du club, Bleu et Blanc, vendu 10 (anciens) francs, un édito parle d’un bon exemple à suivre. Celui de Pont-l’Évêque, ville de 2 500 habitants ravagée par les bombardiers alliés, qui vient de se doter d’une salle de 1 200 places. « Comme toujours, Antibes se doit d’être la première du département à posséder son terrain couvert », écrit l’éditorialiste. À cette époque, les Antibois jouent sur un terrain en plein air du Stade Foch, qui deviendra « préau », puis « salle » quand on y ajoutera quatre murs en 1954. Salusse-Santoni fut alors aligné contre une salle de cinéma dont certains fauteuils furent d’ailleurs longtemps présents dans les tribunes.
Salusse-Santoni, c’est une chapelle qu’un pèlerin de la balle orange se doit de visiter. En tendant l’oreille, on entendra peut-être encore les clameurs qui saluèrent les pirouettes de Dan Rodriguez, un meneur de jeu portoricain de la fin des années soixante, où les performances des Antibois deux fois demi-finalistes de la Coupe Korac, en 1984 et 86.
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Article paru dans BasketNews en janvier 2010 revu pour BasketEurope.
Documents photographiques issus de la page facebook, histoires du basket d’Antibes, passé et actuel.
