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Top 50 des meilleurs joueurs français de l’Histoire : de la 50e à la 41e place (1/5)

La rédaction de Basket Europe dévoile au jour le jour son top 50 des meilleurs joueuses et joueurs d’un siècle de basket français. Voici le premier épisode du classement masculin, de la 50e à la 41e place, avec un unique joueur plébiscité sans sélection sous le maillot bleu : Rodrigue Beaubois.

Rodrigue Beaubois © Euroleague

50e / René CHOCAT – 1,86 m – 1920-2000 – 68 sélections – 200 points

René Chocat fut non seulement médaillé de bronze aux JO de Londres en 1948 mais il fut classé à l'unanimité dans l'équipe-type où il était le seul européen. « Ses qualités naturelles et son style, pendant les matchs de ces Jeux de Londres, ont tellement frappé les Américains que leurs managers déclarèrent que Chocat aurait pu figurer honorablement dans l'équipe des USA », relata son entraîneur Robert Busnel.

Autre témoignage d’époque, celui de Miroir Sprint : « Outre les grands progrès techniques qu'il a obtenus grâce à son sérieux et à son désir de se perfectionner, le brun Marseillais est aussi doué d'un magnifique tempérament de lutteur. Lorsqu'il joue, il se donne sans réserve et plus rien ne compte que la victoire à arracher coûte que coûte. On le vit bien à Londres où, après un match particulièrement pénible, il s'évanouit d'épuisement. »

49e / Etienne ROLLAND – 1,80 m – 1912-2003 – 40 sélections – 204 points

Selon son contemporain, Robert Busnel, futur entraîneur des équipes de France, il fut considéré comme le meilleur joueur européen de son époque, tout en se distinguant en athlétisme, handball et tennis. Il était ardent, infatigable et bondissant et il aurait probablement signé ses contre-attaques par un dunk s’il avait su que ce geste existait et à la condition de ne pas jouer sur un terrain dehors détrempé comme parfois. 

Son patronyme est une légende à lui seul car il avait trois prénoms : Jean, Rolland - avec deux L suite à une erreur de l’officier d'État civil, et qui lui servit en quelque sorte de nom de scène - et Antoine. Employé au métro parisien, il a joué pour des clubs de la capitale, l’US Métro, l’AL Paris, l’US Suisse, et l’US Palissy Nord. Il fut de l’équipe de France qui participa sans gloire au premier tournoi olympique de basket à Berlin. « Peur d’aller là-bas ? Ah non j'étais heureux d’être sélectionné et ça reste mon plus grand souvenir sportif », nous confia-t-il.

48e / Freddy HUFNAGEL – 1,87 m – 1960 – 103 sélections – 219 points

Frédéric, dit le plus souvent Freddy, Hufnagel représente l’archétype du joueur qui a vécu la transition entre basket semi-amateur et professionnel, symbolisée notamment par le transfert de la mythique salle de la Moutète à Orthez vers le Palais des Sports de Pau en 1991.

En club, il a tout connu, notamment avec la « French team » d’Orthez, comprenant Freddy Fauthoux, Fabien Dubos, Laurent Foirest, Antoine Rigaudeau ou les frères Gadou. Trois titres de champion de France, avec une couronne de MVP en 1987 à la clé, une coupe Korac en 1984, MVP de Pro B en 1995 avec La Rochelle… Côté sélection, il a participé à son premier Euro, en 1981, avec « l’ancienne » génération, celle des Hervé Dubuisson, Jacques Cachemire, Eric Beugnot, Jacques Monclar, puis a connu celle de ses compères béarnais mais aussi de Greg Beugnot, Stéphane Ostrowski ou Jim Bilba. Des équipes nationales qui n’ont jamais remporté la moindre breloque. Ce qui n’a pas empêché le natif de Villeneuve-sur-Lot de rejoindre l’Académie du basket français en 2016 et d’être intronisé Légende du basket français.

A propos de l'ambiance à Coubertin, à Paris, pour la finale de la Coupe Korac, voici ce qu'il déclara à Basket Europe : « Même à Orthez ou à Limoges tu nʼavais pas ces montées dʼadrénaline. Là, cʼétait un four. On était sublimés. Je ne me souviens pas dʼavoir vu un mec essouflé pendant le match. Personne ne voulait sortir, on voulait jouer à dix ! Il faudrait demander à Maljko (Bozidar Maljkovic, futur coach du Limoges CSP, champion dʼEurope 1993, était alors assistant à lʼEtoile Rouge), mais jʼai lʼimpression que tellement pris par lʼenvironnement, les Yougos nʼont pas joué sur leur vraie valeur. Ils ne sʼattendaient pas à ça pour une finale à Paris. »

47e / Jacques MONCLAR – 1,93 m – 1957 – 197 sélections – 224 points   

« The Voice » du basket français, devenu le consultant le plus recherché par les chaînes de télévision, à la fois pour sa voix rocailleuse inimitable et pour son franc-parler. Mais, avant cela, Jacques Monclar a été un grand joueur de basket français, ne fréquentant que des écuries aussi prestigieuses que l’ASVEL, Le Mans, Limoges ou Antibes. Avec à la clé deux titres de champion de France (1981 avec Villeurbanne, 1988 avec Limoges, avec qui il gagne également la Coupe des Coupes, la C2). Au tableau de chasse, notons également deux coupes de France (1984 avec l’ASVEL, 1988 avec Limoges ainsi qu’une finale de la coupe Korac en 1987, encore avec le CSP). Il faut dire qu’il a de qui tenir, en tant que rejeton de Robert Monclar, lui aussi présent dans ce Top 50. Une lignée qui s’est poursuivie avec deux de ses fils, Julien et Benjamin.

Après sa carrière de joueur, il devient entraîneur, décrochant deux titres de champion de France avec Antibes (1991 et 1995) et une coupe de France avec Dijon en 2006. 1995 sera également l’année où il est nommé « entraîneur de l’année ». Il a reçu la Légion d’honneur des mains d’André Buffière en 2005 et la médaille de l’Académie du basket français en 2011 des mains de son père.

46e / Rodrigue BEAUBOIS – 1,90 m – 1988 – 0 sélection – 235 points

A l’instar de Toni Kukoc, Manu Ginobili ou Bob McAdoo, le Guadeloupéen fait partie des 12 hommes sur cette planète à avoir remporté à la fois le titre NBA et celui d’Euroleague, à deux reprises. Le premier, glané avec les Dallas Mavericks en 2011 aux côtés de Jason Kidd et Dirk Nowitzki malgré une vilaine blessure qui l’a privé de playoffs, est l’un des plus beaux que la dite Grande Ligue ait connu. Une décennie plus tard, il a soulevé l’Euroleague à deux reprises avec l’Anadolu Efes (2021, 2022), considéré comme la meilleure équipe du Vieux Continent pendant trois saisons (pas de titre décerné en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19), en ayant un rôle important des deux côtés du terrain.

Après la NBA, le meneur-arrière formé à Cholet a fait escale à Charleroi en Belgique, est revenu en France au Mans avant de goûter au gratin européen avec Strasbourg puis deux saisons à Vitoria et depuis 2018 à l’Anadolu Efes. Soit au total près de 300 rencontres d’Euroleague. Mais 0 en équipe de France, la plus grande incompréhension du basket moderne… « Parfois, c'était de mon côté : des histoires de blessures, des problèmes tantôt personnels, tantôt professionnels ; des fois du leur, un choix car ils n'étaient pas intéressés, ce que je respecte car on a beaucoup de talent en France », résumait-il dans L'Équipe en 2023.

Rediff – Turquie, Euroleague, équipe de France… Le grand entretien avec Rodrigue Beaubois – Basket Europe
Double champion d’Euroleague en titre avec l’Anadolu Efes, Rodrigue Beaubois s’est confié en cours de saison à Basket Europe sur sa carrière, son titre NBA, sa première épopée en Euroleague, sa vie en Turquie, ses occasions manquées avec l’équipe de France, son éventuel retour en France d’ici à la f

45e / Jean-Claude BONATO – 2,00 m – 1946 – 174 sélections – 261 points

Le père de Yann fut l’un des premiers très grands attaquants français. Le natif de Hayange (Moselle) a laissé des cartons monumentaux aux six coins de l’Hexagone comme un peu partout en Europe : en 1971, il passait ainsi 35 points à la Finlande. Au pays, il a terminé deux fois meilleur marqueur français, en 1969 avec 26,8 points de moyenne et en 1972 avec 27,4 points de moyenne. Grâce notamment à sa marque de fabrique : un imparable bras roulé, qui aurait inspiré le « skyhook » de Kareem Abdul-Jabbar (on plaisante).

Pour autant, celui qui a surtout sévi avec Antibes n’a pu accumuler un palmarès très fourni. Il a tout de même gagné un titre de champion de France en 1970 avec Antibes et décroché une médaille d’argent en 1975 aux Jeux Méditerranéens. Et son talent a été maintes fois reconnu : meilleur basketteur français en 1969, Académie du basket français en 2009, Légende du basket français. 

44e / Vincent POIRIER – 2,13 m – 1993 – 60 sélections* – 262 points

Venu au basket sur le tard à 17 ans, Vincent Poirier est de ceux qui ont grimpé les échelons à vitesse grand V. Propulsé chez les pros via Paris-Levallois, le pivot de 2,13 m n’a eu besoin que de deux saisons à Vitoria - où il était le meilleur rebondeur de l’Euroleague - pour intégrer les Bleus et obtenir les faveurs de la NBA via Boston et Philadelphie. Si son expérience américaine, de 2019 à 2021, n’a pas laissé un souvenir impérissable, il a bien garni son palmarès à son retour en Europe au Real Madrid où il a atteint trois fois la finale d’Euroleague, remportant le titre en 2023, plus deux championnats d’Espagne, une Coupe du Roi et trois Supercoupes. 

Mais il a quitté le club le plus titré du continent pour rejoindre l’Anadolu Efes l’été dernier. Il nous l’expliquait ainsi : « J’ai senti que j’étais un peu bridé au niveau du temps de jeu avec la présence de Edy (Tavares). J’avais envie de repartir dans un rôle comme à Baskonia, où c’était moi le poste 5 titulaire ». En équipe de France, il a eu un rôle central dans le gain de la médaille de bronze à la Coupe du monde 2019, de l’argent aux JO de Tokyo et à l’Euro 2022 alors que la concurrence dans la raquette tricolore n’a jamais été aussi féroce. Une vilaine blessure à la cheville a empêché le natif de Clamart, dans les Hauts-de-Seine, de participer aux JO de Paris. 

43e / Mickaël PIETRUS – 1,98 m – 1982 – 44 sélections – 279 points

Dans notre sport, il n’y a qu’un seul « Air France » et il se nomme Mickaël - alias Mike - Pietrus. Le petit frère de Florent, champion d’Europe junior à Zadar en 2000, est l’un des premiers Frenchies à avoir évolué quasiment exclusivement en NBA après ses débuts prometteurs à l’Elan Béarnais (2 titres, 2 coupes de France et 1 semaine des As entre 2001 et 2003). Drafté en 11e position en 2003 - une cuvée historique, celle de LeBron James -, le Guadeloupéen a disputé 500 matches outre-Atlantique entre Golden State, Orlando (finale en 2009 contre les Lakers, gagnant le respect d’un certain Kobe Bryant), Phoenix, Boston et Toronto (8,3 points de moyenne). 

Jamais épargné par les blessures, sa carrière s’est arrêtée tôt, après plusieurs saisons sans contrat et une courte escale par Porto Rico puis Nancy pour finir en 2016. On se souvient aussi de son sens de la répartie bien à lui. En 2011, il disait ceci : « Ce qui a manqué aux Bleus cet été, c’est Joakim (Noah) et moi. L’équipe de France n’est pas très loin de gagner un Championnat d’Europe, mais il va falloir arrêter de faire des choix de copinage. Pour moi, ça n’a aucun sens ». Au final, son palmarès sous le maillot bleu se résume à une médaille de bronze à l’Euro 2005 et une 5e place au Mondial 2006. Trop peu pour un joueur de son calibre.

42e / Philip SZANYIEL – 2,04 m – 1960 – 192 sélections – 291 points

Le basket est fan d’intérieurs gauchers, adroits avec leur « papatte gauche ». L’un des premiers modèles du genre fut « Sza-Sza », petit pivot précis face comme dos au cercle et bien rugueux en défense. Après avoir démarré sa carrière à Avignon, il connaîtra ses meilleures années (1980-1986) à l’ASVEL avant de prendre la direction de Monaco puis Mulhouse. Avec Villeurbanne, il s’est constitué un joli palmarès : champion de France 1981, Coupe de la Fédération 1984, finale de la Coupe des coupes Saporta en 1983, MVP du championnat français en 1984, meilleur intérieur français en 1985 et 1987. En sélection, comme tous les joueurs de l’époque, il a pâti d’une génération moins forte sur le plan international, le conduisant à un palmarès vierge. Il a été élu à l’Académie du basket en 2011 et fait partie des Légendes du basket français.

Interrogé sur son apprentissage auprès de l'entraîneur d'André Buffière, il confiera à Maxi-Basket : « À l'entraînement, il me prenait souvent dans son collimateur. Il ne voyait que moi. Dès que je faisais un mauvais dribble, que je ratais un shoot, il me critiquait. Parfois, j’en avais vraiment marre, mais jamais je n'ai rien dit. Avec Buffière, il  ne faut pas être susceptible. Il peut sortir un joueur comme le détruire. Il n'en a pas détruit beaucoup. J'en garde un très bon souvenir. J'aurais aimé l'avoir un an de plus. Alain Gilles c'est différent. C'est un copain. »

41e / Joffrey LAUVERGNE – 2,11 m – 1991 – 85 sélections – 293 points

L’unique médaille d’or du basket français masculin reste à ce jour l’Euro 2013, la toute première compétition chez les A de Joffrey Lauvergne, plus tard médaillé de bronze au Mondial 2014 et à l’Euro 2015. Toujours convoqué chez les Bleus, y compris aux JO de Rio, l’aventure internationale du fils de Stéphane Lauvergne (21 sélections) s’est arrêtée brutalement après l’Euro 2017, ce qu’il expliquait ainsi : « J’ai refusé une fois l’équipe de France pour des raisons personnelles. À partir de ce moment-là, ils ont cessé de m’appeler. Les gens me demandent si je veux y aller ou non. Il n’y a aucune raison d’en parler parce qu’ils ne m’appellent pas. Donc, il ne s’agit pas de savoir si je veux y aller ou si je suis disponible ou non ». 

Pour apprécier pleinement la carrière de « Jo-Lo-Lo », il faut regarder son parcours de globetrotteur. Après l'incroyable triplé Pro A - Coupe de France - Semaine des As avec l'Élan Chalon en 2012, l’intérieur (4 ou 5) a réalisé plusieurs exploits dont celui d’être le premier capitaine étranger du Partizan Belgrade, qu’il a tatoué sous son bras gauche, il a connu des expériences dans les plus grands clubs d’Europe à Valence, Khimki Moscou, Fenerbahçe et au Zalgiris Kaunas. Il compte aussi 208 matches NBA entre Denver, OKC, Chicago et San Antonio : « Sur les cinq dernières années, j’ai changé de club huit fois. Quand on voit ça de loin, on pourrait se dire que je n’en ai rien à faire, mais ça me dérange un peu quand même. En Europe, je changeais de clubs parce que c’étaient des caps à passer. En NBA, c’est parce que je n’étais pas maître de mon destin », commentait-il en 2017 à Basket USA. Il n’a plus changé de club depuis son retour en France en 2022, à Villeurbanne, où il s’est remis d’une nouvelle blessure au genou qui avait déjà ralenti sa courbe en Lituanie.

La hargne de Joffrey Lauvergne © Jacques Cormarèche

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