Il y a deux ans et demi, il faisait encore des matches en Nationale 1 avec le Centre Fédéral. Vincent Poirier (2,13m, 24 ans) sort cette fois d’une saison à Vitoria qu’il a clôturé par un quart-de-finale d’Euroleague et une finale de l’ACB face au Real Madrid (défaite 1 manche à 3). Sa place en équipe de France est devenue une évidence. Peut-être la progression la plus fulgurante observée dans le basket français à l’époque contemporaine.
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Que pensez-vous de votre saison ?
A la fin ça se finit bien. Ça avait mal commencé mais avec le changement de coach (NDLR : l’Espagnol Pedro Martinez a remplacé l’Argentin Pablo Prigioni), ça a tout changé. Il y a eu une meilleure cohésion dans l’équipe et une meilleure hiérarchie et on finit la saison sur une très bonne note même si on ne gagne pas. On a montré qu’on était une équipe combattive, qui avait du talent et qui était importante dans le championnat. Si ça n’avait pas été Madrid en face, il y avait de grandes chances que l’on gagne. Ils avaient une grosse armada, ils venaient de gagner l’Euroleague, ils ont des joueurs dangereux et doublés à tous les postes. C’est difficile avec la fatigue, ils ont pris le dessus au bout d’un moment. On fait l’erreur de laisser partir le match 3 chez nous alors que si on gagne je pense que ça change beaucoup de choses. On avait gagné chez eux, on avait fait le plus important on va dire, mais comme je le disais, ils ont une armada et c’était compliqué.
Quelle image positive gardez-vous de cette saison ?
La qualification en Euroleague et puis l’accession à la finale de l’ACB. Quand on voit que l’on a commencé la saison à 0-4, tout le travail que l’on a fait, on méritait ça.
A quels niveaux pensez-vous avoir progressé cette année ?
Beaucoup ! (sourire) J’ai progressé partout. J’ai eu un coach qui était très minutieux sur ce qu’il voulait, très discipliné. J’ai progressé sur la vision du jeu, la défense, l’attaque, à peu près tout. J’ai eu la chance d’avoir sa confiance et d’avoir des minutes sur le terrain pour lui montrer que je pouvais être dominant. Je pense que j’ai pris surtout beaucoup de confiance en moi pour l’avenir.
C’est indispensable de jouer l’Euroleague ?
Je pense. L’Euroleague, c’est un niveau très, très élevé. Quand tu vois les matches que l’on a fait, tu ne peux que progresser en les jouant. C’est une compétition qui donne envie de jouer. Les salles sont pleines partout, tu joues contre de grands joueurs. Et en plus à côté il y a l’ACB. Donc deux fois par semaine tu joues de grosses équipes et même contre les derniers tu sais que ça va être compliqué car tout le monde a un public. C’est quelque chose à faire ! On peut prétendre à quelque chose en Euroleague en jouant à Vitoria surtout que l’année prochaine le Final Four est chez nous. Ça va être l’occasion d’avoir une grosse équipe et de grosses ambitions.
Là, vous êtes passé dans un autre monde ?
La saison est super longue et tu sens que tous les matches sont importants. Au niveau du public, il y a beaucoup plus d’attente qu’à Levallois ou même, je pense, dans les autres équipes françaises. Il y a vraiment là-bas un engouement incroyable. On l’a vu sur les matches de finale où il y avait 15 000 personnes à chaque match.
Sur le plan médical, vous êtes mieux suivi qu’à Levallois par exemple ?
On a deux kinés, deux coaches sportifs, un médecin, on a accès à ce que l’on veut. Il y a un sauna, un hammam. Il y a tout qui fait que l’on peut bien récupérer. Quand il y a besoin de faire des analyses, c’est rapide, on a tout en priorité. Ils font souvent des tests pour savoir si on ne prend pas du poids.
Vous avez aussi plus de tatouages que l’an dernier ?
Ça continue ! Le basket prend beaucoup de temps et il faut bien faire autre chose.
Et la vie à Vitoria ?
J’ai pris une grande maison avec un grand jardin pour mon chien. J’en avais marre de me lever à 8 heures du mat pour aller le promener. Là, tu ouvres la fenêtre et hop ! J’aime bien avoir mon lieu de vie à moi. Je sais que quand je vais rentrer, je vais être bien, je vais penser à autre chose. La famille vient de temps en temps quand ils peuvent mais la plupart de la saison, tu es tout seul. Il faut être bien mentalement, se reposer, etc.
Et les médias sont encore plus pénibles que les Français ?
Déjà, ils parlent en espagnol, alors ça évite d’avoir beaucoup de contacts. Je comprends ce qu’ils disent mais pour parler c’est beaucoup plus dur, je parle en anglais. Ils veulent que je parle espagnol, c’est le seul truc où ils sont relou ! En général, ils prennent les Espagnols pour parler avec les journalistes et comme ça je suis tranquille. J’ai dû leur parler deux fois dans l’année. Ça va ! (sourire)
https://www.youtube.com/watch?v=pYIcApl5Peg
« En début d’année, je suis retombé sur terre »
Vous êtes un cas unique dans le basket français : il y a deux ans, vous étiez encore en Nationale 1. Il n’y a jamais eu une telle progression. Vous n’êtes pas un peu ébloui par votre propre performance ?
Je le réalise, forcément. Parfois on me le rappelle (rires). Mais, non, par exemple en début d’année, je suis retombé sur terre. Je jouais mais pas bien, je découvrais le haut niveau. A chaque fois j’ai quelque chose qui me fait réaliser qu’il faut travailler et que ce n’est pas acquis. Ce n’est pas parce qu’on t’a pris dans une équipe d’Euroleague que tu vas jouer trente-cinq minutes. Même si ça va vite, je prends quand même mon temps dans les choses. Je me dis que ça ne se fait pas en un jour. Il faut travailler au jour le jour pour être performant.
Ce sont vos anciens partenaires qui vous rappellent ce parcours assez incroyables ?
Les journalistes souvent ! (Rires). Comme je suis en Espagne, mes équipiers ne savent pas tout ça. Ce sont les anciens coaches qui me rappellent ça aussi, « tu as vu que ce que tu as fait ? C’est incroyable ! » Mais sinon pas plus que ça.
Quel a été le déclic entre le moment où vous pouviez espérer une bonne petite carrière en France et celui où vous vous êtes retrouvé à ce niveau européen ?
A partir du moment où une équipe d’Euroleague s’est intéressée à moi, j’ai réalisé qu’il y avait encore beaucoup de choses à faire, à aller chercher. Mon objectif quand j’étais en Pro A était de devenir un joueur majeur en Pro A. Je ne pensais pas qu’un jour j’irai jouer l’Euroleague ou que j’irai en équipe de France, etc. Quand ça vient, tu ne peux pas le refuser. Tu te dis « je peux le faire, je peux encore monter. »
Il n’y a plus de limites ? La NBA ?
Je ne sais pas, on verra. C’est dans ma tête. Je sais qu’il y a des équipes qui me suivent car j’ai vu des gens à Vitoria mais pour l’instant il n’y a rien de concret. Il y a le Final Four à Vitoria alors pourquoi ne pas y aller et y faire quelque chose. Je vis un peu au jour le jour en me disant qu’on verra ce qui me tombe dessus. Pour l’instant ça a marché, on va continuer comme ça.
L’année dernière, vous étiez le petit nouveau en équipe de France. Vous pensez que votre statut a changé cette année ?
Je pense. L’année dernière, je venais avec un statut de joueur de Pro A. On était deux avec Louis (NDLR : Labeyrie. Son équipier alors à Levallois). Là, j’ai un statut de joueur d’Euroleague qui n’est peut-être pas le même que celui que peuvent avoir Nando (De Colo), Thomas (Heurtel) ou Fabien (Causeur) mais j’ai montré durant la saison que j’avais le niveau, que je pouvais jouer. Je viens avec cet objectif que je peux aider, que je peux faire ce que je fais en club.
Là, vous êtes en forme car la saison vient à peine de se terminer pour vous alors que pour certains elle s’est achevée en avril ? C’est plus facile de pouvoir montrer ce que l’on vaut ?
C’est sûr. J’ai pu me reposer un peu et j’ai toujours mon cardio, je peux courir, je ne suis pas en galère (sourire). Je suis bien. C’est sûr que j’ai un temps d’avance sur ceux qui ont arrêté la saison depuis un moment. J’ai toujours la sensation d’un match.
Vous avez idée de ce qui vous attend en Bosnie, à Tuzla, dans une salle surchauffée ?
On sait que ça va être davantage un match de guerriers que de basket véritable. Ils nous attendent en mode baston. Ils n’ont pas les noms que l’on peut avoir. Ils vont avoir le couteau entre les dents. On sait que ça va être beaucoup de bagarres, que ça va être très compliqué. On a tous vécu ce genre de match, on sait ce qui nous attend, ce que l’on a à faire. La plupart des joueurs sont habitués à jouer dans de grosses ambiances. Tout le monde sait sur quoi on doit rester concentré.
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Que pensez-vous de votre saison ?
A la fin ça se finit bien. Ça avait mal commencé mais avec le changement de coach (NDLR : l’Espagnol Pedro Martinez a remplacé l’Argentin Pablo Prigioni), ça a tout changé. Il y a eu une meilleure cohésion dans l’équipe et une meilleure hiérarchie et on finit la saison sur une très bonne note même si on ne gagne pas. On a montré qu’on était une équipe combattive, qui avait du talent et qui était importante dans le championnat. Si ça n’avait pas été Madrid en face, il y avait de grandes chances que l’on gagne. Ils avaient une grosse armada, ils venaient de gagner l’Euroleague, ils ont des joueurs dangereux et doublés à tous les postes. C’est difficile avec la fatigue, ils ont pris le dessus au bout d’un moment. On fait l’erreur de laisser partir le match 3 chez nous alors que si on gagne je pense que ça change beaucoup de choses. On avait gagné chez eux, on avait fait le plus important on va dire, mais comme je le disais, ils ont une armada et c’était compliqué.
Quelle image positive gardez-vous de cette saison ?
La qualification en Euroleague et puis l’accession à la finale de l’ACB. Quand on voit que l’on a commencé la saison à 0-4, tout le travail que l’on a fait, on méritait ça.
A quels niveaux pensez-vous avoir progressé cette année ?
Beaucoup ! (sourire) J’ai progressé partout. J’ai eu un coach qui était très minutieux sur ce qu’il voulait, très discipliné. J’ai progressé sur la vision du jeu, la défense, l’attaque, à peu près tout. J’ai eu la chance d’avoir sa confiance et d’avoir des minutes sur le terrain pour lui montrer que je pouvais être dominant. Je pense que j’ai pris surtout beaucoup de confiance en moi pour l’avenir.
C’est indispensable de jouer l’Euroleague ?
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Photo: FIBA